vendredi 29 mars 2013

LE LITTERATRON

Hier, en écoutant Flamby le Magnifique, je pensais à Robert Escarpit et au Litteratron. Vous ne connaissez pas Le Litteratron ? Précipitez vous pour l’acheter. D’occasion, il n’est plus disponible.

C’est l’histoire d’un linguiste, spécialiste du discours politique. On est dans les années 60 mais il dispose d’un gros ordinateur aimablement prêté par le CNRS dans lequel il mouline inlassablement les discours des hommes politiques. Il finit par le programmer pour sortir le discours parfait. Et là ! Patatras ! l’ordinateur lui sort une bouillie informe, dénuée de sens, une sorte de discours phatique où reviennent sans cesse des mots comme espoir, France, victoire, je, moi. Naturellement, il est effondré.

Mais c’est un scientifique. Bien entendu, il ne peut pas publier ses résultats, il serait la risée de ses collègues. Alors, il reprend tout son boulot pour voir où il s’est trompé. Il cherche, il cherche et il en arrive à la conclusion qu’il ne s’est pas trompé.

Et donc, plutôt que de publier sa grosse daube et de se faire moquer, il va, scientifiquement, l‘expérimenter. Pour cela, une seule solution : se présenter à une élection et débiter sa litanie de conneries. Il choisit une élection cantonale, c’est la plus facile. Le premier soir, inutile de dire qu’il balise sec. Il débite son discours. Et il fait un triomphe. Pendant toute la campagne, il va recommencer, soir après soir, en peaufinant sa diction. Son discours n’est pas trop long, il le connaît vite par coeur, ajoute de la conviction, de la gestuelle. Comme de juste, il est élu.

L’expérience ne lui suffit pas. Après tout, on est dans les années 60, le canton, c’est un peu rural, un peu analphabète. Vous devinez la suite. Député, ministre, Président, toujours avec le même discours débile, inlassablement répété. J’ai oublié la fin du roman, mais ce n’est pas le plus important.

Spécialiste des sciences de l’information, Escarpit était un visionnaire. Il avait compris avant tout le monde qu’une connerie répétée devient une vérité. Il avait compris que le discours politique n’était pas fait pour avoir un sens. C’est juste un défilé de mots comme une manifestation est un défilé de pancartes.

Hier soir, c’était ça. Pas seulement le discours présidentiel, mais toute la bouillie servie après, ad libitum, sur toutes les chaines. Chacun débitait les mêmes antiennes, préparées par des spécialistes qui n’avaient pas lu Escarpit. Enfin, je suppose. Parce qu’après avoir lu Escarpit, on ne devrait plus oser. On devrait avoir un peu de vergogne.

Mais que compte la dignité face aux prébendes ?

On en reparlera……

mercredi 20 mars 2013

LE CAS HUZAC

Toutes les TV ne bruissent que de ça : le beau Jérôme a démissionné. Et, encore une fois, la moulinette à conneries fonctionne à plein.

Premier point : Cahuzac, c’est comme Woerth. NON. Woerth est l’héritier d’une longue cohorte de politiciens de droite, réactionnaires et tripatouilleurs. Tricher, truquer, quand on est à droite, c’est la norme, ça ne gêne personne. On a mis l’argent avant l’homme.

Cahuzac, il est l’héritier d’une tradition de gauche, de Robespierre à Jaurès. A gauche, on a une exigence de morale et on place l’homme avant l’argent. En principe, parce que là, on est loin du compte. Mais, en toute hypothèse, le curseur n’est pas au même endroit et ces comparaisons sont dérisoires.

Second point : Cahuzac, il aurait cherché à purger son compte suisse en devenant Président de la Commission des Finances. Pourquoi ? C’était légal avant, de planquer son fric dans un paradis fiscal ? Avant sa nomination, Cahuzac, il était déjà socialiste, député, hiérarque. Qui peut trouver normal qu’un héritier de Jaurès se comporte comme un petit délinquant ? Parce que la fraude fiscale, c’est un délit, faut pas l’oublier. Mais bon, lui, ça lui posait pas de problèmes de frauder le fisc tout en soutenant une politique de gauche.

En plus, il se dit qu’il a vidé le compte suisse pour le transférer à Singapour. La norme eut été de rapatrier les avoirs en France et de s’acquitter des droits et taxes, éventuellement en s’excusant. Mais là, non. Il est Président de la Commission des Finances, alors il cherche une planque mieux planquée. Pas se faire prendre. Comme n’importe quel petit mafieux. Pas vu, pas pris. C’est minable. Minable. Le qualificatif utilisé par le Premier Ministre pour qualifier Depardieu qui a eu, au moins, la dignité et le bon goût de tout faire en pleine lumière, avec un panache qui manquera toujours à Cahuzac.

Troisième point : il aurait touché du fric d’au moins un grand laboratoire. Ça a un nom : notre Ministre du Budget était stipendié. C’est ce fric, illégal, qu’il aurait mis au sommeil en Suisse. Là, on touche à la forfaiture. Le fric versé par les laboratoires aux médecins est strictement encadré. En plus, faut être sérieux. La spécialité de Cahuzac, c’est les implants capillaires ! Ça intéresse qui, les implants capillaires ? Les conseils qu’il donnait aux laboratoires, c’était pour les moumoutes ? Ou pour orienter les positions du PS où il a été successivement conseiller de Evin et Jospin pour les questions de santé ? Faudra éclaircir ce point, Monsieur le Procureur….

Bref, on nage dans les eaux glauques du socialisme actuel, libéral, prêt à tous les arrangements et à toutes les compromissions. C’est du socialisme de droite, évolution naturelle du Congrès de Tours.

Le PS a t’il réagi ? A ce jour, non. Il se réfugie derrière une rhétorique attentiste au lieu de réunir une commission de discipline et d’expulser le présumé coupable. Présumé, ça suffit. Le PS est sali, de toutes façons et quel que soit le résultat judiciaire. Aux prochaines élections, Cahuzac sera partout. Mais peut on attendre d’un mollusque comme Harlem Désir une attitude de dignité ? C’était plus simple d’exclure Falorni…. Les socialistes modernes tapent sur les faibles et protègent les puissants. Au fait, ont-ils exclu DSK ?

Glavany a cru, comme toujours, être intelligent en comparant Cahuzac à Bérégovoy. Glavany a loupé son coup car il n’avait pas la bonne mesure, la mesure de la dignité. Bérégovoy aussi était « présumé ». Comme Salengro. Tous deux ont choisi la seule voie digne et responsable. Justement parce qu’ils étaient « présumés ». Le suicide n’est pas un signe de culpabilité c’est une marque d’innocence.

Cahuzac n’aura pas cette dignité. Il va faire traîner, procédurer, « se battre » comme il dit, c’est à dire espérer que des erreurs de procédure seront faites pour permettre leur annulation. Classique. Il aura un bataillon d’avocats qu’il pourra payer avec des virements singapouriens, peut-être sur des comptes suisses. Il n’est plus ministre, il peut revenir à ses vieilles habitudes.

Nous baignons dans la honte. Un homme politique devrait être irréprochable car il représente la Nation. Un homme politique de gauche devrait être irréprochable car il représente le Peuple. Irréprochable, ça commence par insoupçonnable. On n’y est pas. Cahuzac n’a pas besoin de la présomption car il l’a déjà. Il est présomptueux. Arrogant, menteur et présomptueux. Il a l’arrogance des grands bourgeois, la présomption des médecins et le mensonge des politiques. Vous pouvez mélanger dans tous les sens.

On en reparlera…

mardi 19 mars 2013

ALZHEIMER VAINQUEUR !!!

Z’ont peur de rien ! Et surtout pas d’être rattrapés par l’Histoire. On le sait bien : Alzheimer a gagné. Il n’y a plus de mémoire. Je veux dire plus de mémoire historique, plus de mémoire politique. On vit l’instant présent.

Hier, l’instant présent, c’était les salons de l’Elysée et le Président mollasson se félicitant de la vente miraculeuse d’Airbus à un musulman bridé. Faut pas oublier que l’Indonésie, c’est le premier pays musulman du globe. Le Coran comme carnet de chèques, c’est comme ça que ça marche.

Airbus, au regard de l’Histoire, c’est une toute jeune entreprise, fondée à la fin des années 1970. Et avant ? Avant, ils ont tous la mémoire qui flanche.

Avant, il y avait Sud-Aviation. Petite entreprise française, grosse entreprise toulousaine. Un modèle phare : la Caravelle, l’avion préféré du Vieux Général parce que 100% français. La Caravelle, ça se vendait pas trop. Juste Air France et Air Inter (vous avez oublié Air Inter et ses Fokkers à hélice ? Air Inter, Fokker et Caravelle, que de l’avion européen). Le Vieux Général, il voulait des avions français. Européen, il tolérait. Américain, ça lui mettait la gerbe.

Sud-Aviation subventionné à n’en plus pouvoir, mais ça suffisait pas. Alors Sud-Aviation construisait aussi de l’électroménager, des téléviseurs (Téléavia) ou des frigos (Frigéavia), ça mettait du beurre dans les épinards, ça justifiait l’emploi. Le Vieux Général, il était réaliste.

Trente ans de subventions, d’argent public (horreur !) pour faire la nique aux Ricains pendant que le Sardou bêlait « Si les Ricains étaient pas là ». Trente ans d’efforts nationaux pour pas sortir des dollars chaque fois qu’Air France avait besoin d’un avion. Aujourd’hui, ça serait pas possible. L’Europe hurlerait à la distorsion de concurrence. Pour faire des avions plus gros, la France pouvait pas toute seule. Les réacteurs SNECMA suffisaient pas. Dieu merci, les Anglais avaient Rolls-Royce. Pour le fuselage et les ailes, il y avait Messerschmidt ou Hawker, des mecs qui savaient construire des avions aussi et qui étaient Européens.

Alors, les politiques ont pris les choses en mains et ils ont fait un consortium : Airbus. Pas vraiment une entreprise, une association d’entreprises, toutes financées par les Etats. Tout ça pour un bide. Car le premier Airbus, le A-300, est un bide. Pas grave : les Etats payent. Heureusement vu qu’il faudra attendre cinq ans la première commande non européenne. Pendant ce temps, Air France, Lufthansa et British Airways achètent, contraints et forcés, des avions dont ils ont pas vraiment envie. Y’a pas un investisseur privé qui aurait accepté ça.

Airbus, c’est ça : une volonté politique appliquée à l’industrie, avec des subventions qui font hurler les Ricains. Arrive alors l’ultralibéralisme : faut plus d’entreprises nationalisées. En 1999, Jacques Chirac vend l’Aérospatiale, chef de file d’Airbus, à son copain Lagardère. Airbus marche bien. Les citoyens qui ont payé pendant trente ans sont couillonnés. Merci Chirac !

Alors, y’a pas de quoi être fiers. Airbus gagne peut être du fric mais les valeurs qui ont présidé à sa création ont été bradées. On a complètement occulté que, sans argent public, Airbus n’existerait pas. Que les Etats, c’est leur boulot d’investir. Qu’il vaut mieux payer des emplois subventionnés que des chômeurs. C’est mieux pour tout le monde. On a oublié qu’à chaque crise, il faut un New Deal.

On en reparlera….

jeudi 14 mars 2013

FILS D’IGNACE

Bon. Ils ont un Pape. A peine élu, voilà que la moulinette aux conneries recommence à fonctionner à plein.

Pape historique, vu que c’est le premier non-Européen. Balivernes ! Pape historique parce que c’est le premier Jésuite. Et pas qu’un peu ! Vous l’avez écouté ? Les quatre premières phrases, trois références à la Vierge. Première visite : Sainte-Marie-Majeure. Chez les Jésuites, on déconne pas avec la Vierge, c’est leur fonds de commerce. Depuis leur création. En face, y’a les parpaillots qui dénient toute sainteté à la Vierge. Alors, les fils d’Ignace, la Vierge, ils la brandissent. C’est leur étendard. Ils vont inventer le miracle de Lorette et plein de mômeries pour dire que le catholicisme, c’est la Vierge. La Mère de Dieu. Avec tout ce qui va avec, la famille et tout le toutim. La Vierge que l’Eglise arbore pour s’opposer à la Réforme. Jésuite, c’est pas réformateur, faut pas croire.

Après quoi, il décide de s’appeler François. Tous les commentateurs bêlent et y voient une référence à François d’Assise, le benêt qui préférait parler aux petits oiseaux plutôt que de les coller dans une poêle avec de l’Armagnac. Tu parles ! La référence, elle est jésuitique en plein. C’est François de Xavier, le compagnon d’Ignace. Oui François DE Xavier, vu qu’il était seigneur de Xavier. Xavier, c’est pas un prénom, c’est le nom de son fief. Francesco, señor de Javier. Il aurait pu s’appeler Francisco de Pont-à-Mousson. T’imagines ? On aurait eu Pont-à-Mousson Bertrand, ministre. Javier, c’est devenu un prénom par hasard, parce qu’on a tout mélangé. Le nouveau Pape, il mélange pas. Il y a peut-être aussi une référence à Francisco de Borja, le troisième général jésuite. En français, on dit Borgia. Borgia. Pas le genre à causer aux petits oiseaux.

Les commentateurs s’étonnent. Pressenti en 2005, il avait décliné. Pourquoi a t’il changé d’avis ? Simple. En 2005, son supérieur général avait 77 ans et pensait à démissionner. Pas le moment de bousculer les choses. Depuis, les Jésuites ont un nouveau général, pas beaucoup plus jeune, mais nettement plus actif.

C’est le Pape des pauvres. Tu parles ! Les jésuites, ils aiment les pauvres comme le peintre aime son escabeau. Les Jésuites sont fins politiques : il leur faut des troupes.

Ça va bouger, moi je vous le dis. Le contre-pouvoir jésuite va se mettre en place face à la Curie. Il existait déjà : on appelle le général des Jésuites le « Pape noir ». François, il a du monde autour de lui, des mecs formés, informés, assis sur des réseaux puissants, des réseaux de pouvoirs comme ils ont su en tisser depuis des siècles. Ça va valser au Vatican.

Les Jésuites sont des missionnaires, mais pas des mollusques façon Congrégation de la Mission. C’est des combattants, des qui rigolent pas. Les Chinois qui pensent à Matteo Ricci ont été parmi les premiers à féliciter François. Bien sûr qu’ils forment les pauvres, ils savent que sans soldats il n’y a pas d’armée. Et comme tous les missionnaires, ils s’intéressent aux pauvres des pays pauvres.

Sans le savoir, les catholiques viennent de changer d’époque. On va plus discuter sur la capote et le célibat des prêtres. On va revenir aux fondamentaux : comment faire de l’église catholique la première puissance religieuse du monde ? Face à ce but, le mariage des homos ne pèse rien. Les Jésuites savent bien qu’on n’évangélise pas avec les homos.

On va peut-être aussi revenir à une spiritualité plus intéressante. Les Exercices Spirituels vont revenir à la mode. Dépêchez vous de les lire.

Je dois quand même donner la palme de la connerie à une journaliste qui a déclaré à peu près « Pour un Argentin, il a quand même l’air très italien ». Connasse ! Il s’appelle Bergoglio, pas Olafsson.

La nouvelle Contre-Réforme est en marche. Y’a qu’à voir la gueule satisfaite de Mâme Boutin.

On en reparlera….

lundi 11 mars 2013

LE PORC DU VOILE

Madame Lathifa, c’est la dernière icône des médias. Digne, respectueuse, propre sur elle, mater dolorosa comme on les aime. Une sorte de Mère Térésa qui se promène dans les collèges pour prôner l’amour et le respect de l’autre.

Sauf qu’elle est pas trop cohérente, je trouve. Son fils a été abattu, vilainement, par un mec qui voulait imposer la charia, kekchose come ça pour faire bref. On va pas encore revenir sur Merah, il va finir par devenir un symbole. Il a tué au nom de l’Islam. Là dessus, tout le monde est d’accord.

Et Mâme Lathifa, elle va de collège en caméra, avec les cheveux soigneusement cachés sous son voile. Elle prêche en mettant en avant son appartenance islamique. Moi, je vois que ça et je trouve ça pas cohérent du tout.

J’aimerais qu’elle soit « en cheveux », Mâme Lathifa. « En cheveux », c’est comme ça qu’on disait au XIXème siècle pour définir les dames qui portaient pas de chapeau ou de foulard. Une femme en cheveux, c’était une femme de mauvaise vie, pas une dame. Une gourgandine, une cocotte, une pute pour la faire courte.

Parce que, au cas où vous l’auriez pas remarqué, Dieu, il aime pas les cheveux des femmes. On se moque des musulmanes voilées, ça nous permet d’oublier la mantille, le foulard obligatoire pour entrer à l’église, la calvitie des juives orthodoxes. Devant Dieu, les femmes du monothéisme cachent leurs boucles. C’est valable pour quasiment tout le monde méditerranéen. J’ai vu un jour dans une église espagnole, une sorte de bombe avec la jupe à ras la moule qui se couvrait la tête d’une jolie mantille de dentelle blanche, assortie à son string. C’était assez fantasmatique. Enfin, pour moi. J’imaginais qu’elle assortissait avec soin sa mantille et son string. Peut-être les chaussures aussi, je me souviens plus des chaussures. La mémoire oublie l’insignifiance.

Couvrir ses cheveux, pour une femme, c’est obéir aux prescriptions divines, valables pour toutes les religions du Livre. C’est comme pas manger de porc ou faire maigre le vendredi. La mater dolorosa, avec son voile, elle justifie Merah, elle justifie tout, toutes les folies, toutes les sottises, elle admet que Dieu gère sa vie. Alors, moi, je n’y crois pas à son discours. Avec son voile, si j’ose dire, elle ouvre la porte à tout le reste. On commence par le voile, on finit dans le djihad tout comme la mantille couvre les horreurs de l’Inquisition.

La religion est un tout. Accepter les détails, c’est agréer l’ensemble. J’ai plein de copains qui me disent « Bah, c’est pas le plus grave ». Ben si. Le seul moyen de lutter contre Dieu, c’est de lui faire un bras d’honneur chaque fois qu’on peut, histoire de montrer qu’on n’en meurt pas, qu’il est impuissant. Que quand t’ouvres une boite de pâté de porc le vendredi saint, le Ciel ne se déchaine pas et la Terre ne s’ouvre pas sous les pieds du pêcheur maudit à tout jamais. Que la caractéristique de Dieu, c’est son impuissance.

On appelle ça la théodicée.

On en reparlera…