dimanche 6 avril 2025

DONALD DONNE LES CLEFS A XI


 

Personne ou presque (sauf Donald) ne l’a remarqué.. L’économie mondiale appartient aux producteurs, pas aux marchands. Les « commerciaux », à force de réduire la guerre commerciale à la notion de prix, se sont déshabillés. Le commerce avait été créé dans un monde limité, un monde agricole où la météo assignait à chacun son rôle productif, rôle développé et exploité par les marchands qui pensaient que la production était adaptable au désir des marchés.

 

Mais ce n’est pas aussi simpliste que ça. La mondialisation a détruit le triangle producteur- produit-marchand et leurs rapports. Il faut dire que le triangle d’origine a été compliqué, agglomérant transport, emballages et communication. Le produit devient minoritaire mais entraîne les annexes dans le jeu mondial, parfois au point de les survaloriser.

 

Alors, c’est vrai, Donald avec ses taxes va rebattre les cartes du jeu producteur-vendeur, mais la clef reste le transport, et là, l’analyse doit être revue. Le transport maritime par container est dominé par une troïka occidentale (le danois MAERSK, l’italo-suisse MSC et le français CMA-CGM) et le chinois COSCO. On peut se demander pourquoi Cosco n’est pas le leader avec les moyens que lui donne le gouvernement chinois. C’est que le plan des Nouvelles Routes de la Soie va rendre secondaire le transport maritime. Le commerce mondial va replonger vers le train.. Sauf pour les USA. Donald veut s’isoler, il va être exaucé.

 

La mondialisation va changer et redevenir bipolaire : vieille Eurasie contre jeune Amérique. Vieille Eurasie irriguée par les trains chinois et armée par le bloc de l‘OSC. Jeune Amérique isolée et affaiblie et fracturée par le déclin de la doctrine Monroe dont les Latins du sud vont se débarrasser comme on fait d’une vieille houppelande.

 

Voilà 30 ans que la Chine travaille à son plan de domination du monde ou, plus justement, à son retour sur la plus haute marche du podium. Les USA, démocrates et républicains associés, sont incapables de comprendre la partie. « Propagande » bèlent ils à l’envi, persuadés que le dollar achètera leur avenir. Ils ont persuadé le monde que leur pensée, quantitative et donc financiarisée était la seule possible. On pourrait faire un livre des conneries qu’ils nous ont fait gober.

 

Mais la réalité est insurpassable et n’est pas soluble dans les tableaux Excel qui gomment la diachronie. Les USA ont passé des années à travailler sur le raffinage du pétrole en oubliant les terres rares. La Chine a eu le temps de prendre de l’avance et tient aujourd’hui 90 % du marché au moment où les terres rares deviennent un enjeu stratégique pour les activités spatiales et l’informatique.

 

Confronté à la réalité, Donald cède non sans quelques soubresauts qui évoquent la course du canard décapité. Parmi ces soubresauts figure l’intelligence artificielle. Personne n’a du lui dire que la capitale mondiale de l’IA est à Saclay.