jeudi 31 décembre 2020

LA MORT ET LE MOU

 Nous sommes en guerre. Expression littéraire. La guerre suppose un ennemi identifié avec lequel un échange est possible. Par exemple pour faire la paix.

 

Nous sommes donc dans la littérature, dans l’expression littéraire, et c’est ainsi que nous devons l’appréhender, comme un jeu de mots. Avec des morts. Et des mots insuffisants.

 

La guerre n’est pas un jeu et surtout pas un jeu de mots. C’est le lieu ultime de l’action politique, le lieu où le chef de l’Etat ramasse tous les matins  les cadavres créés par son action. Ou son inaction.

 

Le chef de l’Etat est un chef de guerre, qu’il le veuille ou non. A regarder, à écouter le notre, je doute qu’il en ait conscience lui qui, quotidiennement, nous explique que nous portons la responsabilité des cadavres que son action aurait évités. Il se pose dans le champ du conditionnel, au milieu des anges qu’il affectionne. C’est tellement confortable !!

 

Notre délicat Président (et ses séides) ne connaît rien à la politique : il veut être aimé Etre aimé c’est être réélu. C’est son obsession. Le volume du tas de cadavres importe peu dès lors qu’il obtient la majorité chez les survivants. Et donc, il navigue au gré de la sondagière estime, oubliant de ce fait que la haine est à la base de l’efficacité politique.

 

Plus personne ne hait Macron et c’est le début de la fin. Les Français n’ont rien à lui reprocher et rien à remercier non plus. Le peuple lui a collé la pire des étiquettes : inactif. Ecoutons les commentateurs de tous bords. Tous attendent un fonctionnement régalien, en clair de l’action, eventuellement coercitive et pas nécessairement efficace. Bref, le peuple attend un chef. Un homme de mort, pas d’amour.

 

Un chef de guerre puisque nous sommes en guerre. Parce que la guerre, c’est betement ça : tuer pour ne pas etre tué. C’est la limite de la littérature quand les mots n’épousent point les choses et quand l’image se dérobe. A convoquer la guerre où elle n’a que faire on se doit d’en vêtir l’uniforme. On se doit d’en adopter les manières et d’y être exemplaire. Murat à Austerlitz.

 

Mais de la guerre, ne reste plus que le vocabulaire. L’armée a disparu du paysage politique après que De Gaulle l’ait sévèrement purgée. Il n’y a plus d’officiers félons pour soulever des  régiments désireux d’ordre. Moyennant quoi, on discute à l’envie de tactique et de stratégie. Et on sent, dans le peuple, comme un désir d’action. De Gaulle enveloppe le monde politique de l’ombre raide du Commandeur.

 

Le Vieux Général avait ses fidèles. Tous combattants, tous issus des cadres de la Résistance et de la France Libre. Ils savaient mettre le pays en ordre de bataille et l’entrainer vers le but assigné. Plus aucun Président n’a ce vivier.  En fait, Macron est seul sans en avoir conscience, multipliant les organes de décision pour celer l’incapacité à décider. On ne regarde jamais assez les points secondaires. De Gaulle avait Pasqua. Qui est le Pasqua de Macron, l’exécuteur des basses œuvres prêt à se salir les mains pour protéger le chef ? Ne poussez pas des cris de chaisière effrayée. La politique a des exigences.

 

Pour répondre à une question, récurrente sur les plateaux télé : oui, l’armée peut….ramener le calme dans les quartiers, organiser la vaccination, sécuriser les frontières et bien d’autres choses. A sa manière qui peut manquer de bienveillance mais pas d’efficacité. La guerre,  soit on la gagne, soit on la perd. Les soldats savent cette vérité que les politiques ignorent qui pensent toujours qu’un communiqué de victoire vaut victoire.

 

Toujours la sémantique : la langue de la guerre n’est pas la guerre. Il faut bien que quelqu'un paie le prix du sang et des larmes

samedi 19 décembre 2020

LA LITTÉRATURE ET LE PIVEAU D'OR

 C’est l’assassin de la littérature : Bernard PIVOT. Regardez les vieux numéros d’Apostrophes. C’est toujours la même question : de quoi ça parle ? Alors que la question littéraire, c’est : comment ça parle ? Question impossible : la réponse implique la forme ultime du savoir littéraire : la référence. Forme insupportable pour Pivot et l’édition contemporaine qu’il a largement contribué à façonner : la référence magnifie les lacunes qui détruisent l’ego. 

 

Dans l’édition post-pivotarde, l’essentiel est le « nouveau ». Normal. Pivot est un journaliste dont l’horizon intellectuel est hebdomadaire, le rythme est celui de son émission. Journaliste, il valorise ses confrères dont, logiquement, les meilleures ventes se font en maisons de la presse. Pas en librairie.

 

Pivot a imposé une stupidité : l’ontologie du livre. Je le crois sincère. Inculte mais sincère. L’édition est généalogique. Au départ, un livre : la Bible de Gutenberg. Ce livre suscite ses successeurs : commentaires, nouvelles traductions. Année après année, siècle après siècle, la nappe s’étend. Chaque nouveau livre dérive de Gutenberg. C’est de moins en moins évident, les chemins sont complexes, mais le lien est toujours là, parfois intellectuel, souvent technique. Qui écrit a lu et ces lectures ont laissé des traces. Il n’est d’écriture sans lecture préalable. Rien n’est nouveau sous le soleil.

 

Les trois millions de livres exposés chaque année à la Foire de Francfort sont tous de lointains héritiers de Gutenberg, le voisio,. Par eux, tout libraire est un tutoyeur d’éternité. Tout éditeur également. Certains le savent. D’autres veulent l’oublier : tous ceux qui rêvent d’être des découvreurs et qui s’émerveillent que la donzelle qui leur fait face a écrit 300 pages sur son désir de tromper son mari. Sans même s’appeler Emma. Nihil novem sub sole.


Pivot se prend pout Moise, descendant de la montagne avec les Tables de la Loi, alors qu'il se contente de façonner le veau d'or des gros tirages. Les signes ne trompent pas : combien d'auteurs de José Corti en tant d'années ? Barthes ? deux fois, trois fois ? Greimas ? Jamais Alors que Greimas a plus fait pour la langue française qu'Ormesson.

 

Pivot s’est toujours planté……Son interview d’Umberto Eco est un moment d’anthologie. Le Nom de la Rose n’est pas un polar médiéval, c’est un catalogue stylistique universel quoique largement médiéval C'est une Mimésis. Déjà Melk…l’abbaye renfermait la plus grande bibliothèque du Moyen Age. Et l’allusion au Livre de Sable in fine…Eco baigne dans la référence que Pivot ignore avec superbe. Comme ses spectateurs.

 

Tu es méprisant, disent mes copains. Non. J’ai conscience d’être un héritier. Un héritier des temps anciens, des textes anciens, des mots anciens. Je n’abandonne rien. J’écris en latin à mon fils. Qui amat bene castigat bene. Je lui transmets mon héritage. Mais personne ne parle comme ça !!

 

Personne ne parle non plus comme Pagnol dans les dictées que Pivot affectionne.

 

Tant pis pour eux.

 

dimanche 13 décembre 2020

TROIS DROITS.....SANS HOMMES

Mon copain, il est rond de flan. « T’es contre les droits de l’Homme ? » qu’il me dit….. Non, je suis contre la mauvaise utilisation de l‘Histoire et les déformations de la langue. Et sur ce sujet, y’a à dire…. Tout le monde le sait : je suis Bayonnais. Comme René Cassin. Et donc, tous les ans, j’ai droit au colloque baveux sur l’apport de mon compatriote à la sagesse mondiale. Je vois alors se rapprocher ceux qui, au dernier conseil municipal, s’étripaient pour le remplacement des poubelles dans les quartiers septentrionaux de la ville. Quand il y a consensus, y’a problème. On a le droit de réfléchir. Première question : de quoi parle t’on ? On doit discuter d’un texte…Lequel ? Avec mes copains seiziémistes, quand on veut parler de Montaigne, on commence par choisir l’exemplaire des Essais qui nous servira d’arbitre. Mais bêlent ceux qui ne savent pas lire, les droits de l’Homme, c’est les Droits de l’Homme. Justement, non. Premier texte : l’original, celui de 1789-1792 qui figure dans le préambule de la Constitution française. De ce fait, il a force de loi en France. Il est connu sous son nom de Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Second texte : la Déclaration Universelle, celle de Cassin, adoptée par l’ONU. Ce n’est pas une loi mais une déclaration. Normalement, elle n’a aucun effet coercitif. Troisième texte : la Convention européenne. C‘est un traité qui s’impose aux lois nationales. Seule peut juger la Cour européenne. Mais pourquoi trois textes sur le même sujet ? Et les deux derniers à cinq ans d’intervalle ? La Déclaration française n’était pas perçue comme universelle. Elle parlait de droits garantis par la Nation à ses citoyens. Les autres….. Cassin était le scribe de Madame Roosevelt…. Je dis le scribe pour pas dire le valet vu qu’il a fait ce qu’elle voulait. Il a re-écrit des articles pour lui plaire. Sur la propriété, par exemple : le bon René ajoute la propriété collective, simplement pour plaire à Staline qui devait approuver la rédaction. Sur la religion, Cassin autorise les manifestations dans l’espace public. La vieille Eleanor, elle avait pas envie de se mettre à dos les prédicateurs évangéliques du Sud profond ni les wahabites saoudiens. Moyennant quoi les prières de rue au nord de Paris sont un droit de l’homme. Et on veut que j’admire !! Mais il y a pire. Outre l’immonde traduction en « human rights », Cassin introduit un bouleversement sémantique : la plupart des articles commencent par « toute personne ». Clairement, les droits de l’Homme deviennent les droits de l’individu. Ce n‘était pas la position des Constituants de 92 qui ne considéraient l’Homme que comme élément de la Nation et la Nation comme élément de l’univers. Les Droits de l’Hommeétaient un texte libérateur, libérateur de l’oppression sociale, et donc libérateur de l’oppression religieuse. C’est le sens de la majuscule, laquelle offre la Liberté à un concept pour libérer une matière, l’individu. En fait, la déclaration de 48 prend le contrepied de l’original de 92 en réintroduisant la religion dans l’espace public. Les rédacteurs de la Convention européenne ontflairé le piège. Chaque fois qu’ils le peuvent, ils réaffirment la primauté de la loi nationale sur la Convention. Y compris pour la peine de mort car on peutcondamner à mort « en exécution d’une sentence capitale prononcée par untribunal » (art. 2). La Convention protège le droit de se réunir et de manifester dans son art. 11 tout en précisant que l’article « n’interdit pas que des restrictions légitimes soient imposées à l’exercice de ces droits par les membres des forces armées….. ». Clairement, la Nation garde la main : le Droit garde les droits, nous sommes chez Bernanos : »Ce n’est pas la Loi qui nous garde, c’est nous qui gardons la Loi ». Et donc, un sujet, trois textes. Trois textes inégaux en Droit, comment voulez vous que le citoyen s’y retrouve ? Déjà faudrait qu’il les lise. En pesant les mots. Par exemple en comprenant que « légitime » signifie « autorisé par la loi » et pas « conforme à mes désirs ». Et donc que la déclaration universelle n’est pas légitime. Elle n’a pas force de loi. Sauf pour les pleureuses de l’humanitaire. En comprenant aussi que la Déclaration eleanoroscriptée, comme le Plan Marshall, est un instrument de conquête colonialiste. Il s’agit de transformer l’Europe en succursale intellectuelle des USA. Les ONG qui s’installent dans le nid façonné par Cassin sont toutes anglo-saxonnes. Tu crois installer l’humanisme, tu achètes Coca-Cola. Les journalistes bêtifiants ont marché dans tous les coups(Soljenytsine, Pasternak, Svetlana Staline) sans même flairer la manipulation. La DUDH était une arme démocrate. C’est évident aujourd’hui avec Trump. Tu crois humaniser la politique, tu renforces un paraplégique. Et donc Bayonne, va encore fêter son seul Prix Nobel. Et je vais encore ronchonner dans mon coin. Et me faire traiter de facho. Chaud devant !!

mardi 8 décembre 2020

LA MORT DE L''ÉGALITÉ

C’est la devise de la République : Liberté-Egalité- Fraternité. Ha, bon ??? Violée tous les jours la devise. Par les services de l’Etat. Au point qu’on se pose des questions. Prenons la SNCF. Jadis, au temps du Vieux Général, la SNCF respectait strictement l’égalité. Tous les ans, le Parlement fixait le prix du kilomètre qui était le même quel que soit le trajet.Tu faisais 1000 kilomètres, tu payais le double du mec qui en faisait 500. Egalité parfaite. Puis vint Reagan et la dérégulation des tarifs. Hé !! Reagan c’était aux States !! Oui, mais la connerie n’a pas de frontières. Avec la dérégulation est arrivé le yield, technique destinée à améliorer les revenus en remplissant mieux les sièges. C’est un vrai boulot. En segmentant la clientèle et les trajets et en branlouillant les statistiques, tu arrives à définir le meilleur prix de vente pour un trajet donné à une date donnée. Meilleur prix pour la SNCF, ça va sans dire. Alors, t’es content ? La SNCF va te couter moins cher, happy tax payer !! Mouais…. Quand tu mates les pertes de la SNCF sur vingt ans, ça saute pas aux yeux. Mais l’effet pervers, lui, il se laisse pas oublier. Rappelons d’abord une évidence : la SNCF n’est pas une compagnie de transport, c’est un outil d’aménagement du territoire. Le yield a un fonctionnement pervers, il avantage certains trajets, voire certaines gares. Un exemple : un TGV Bordeaux Paris est bien moins cher si tu vas à Marne-La-Vallée plutot qu’a Montparnasse. Et donc, Disneyland deviendra une destination statistiquement importante. On appelle ça les prophéties autoréalisatrices. Le yield est un magnifique aiguillage. Il a justifié la politique TGV et l’abandon de centaines de gares ainsi que la désertification de zones entières. Les trains sont mieux remplis mais ne vont plus partout Sans oublier la mise à mort de l’égalité tarifaire. A cet égard, on peut se demander pourquoi un quelconque aréopage de juges n’a pas condamné ce passage de l’égalité républicaine à la gestion différentielle. La SNCF n’est pas seule en cause. EDF a aussi des tarifs différenciés comme tous les fournisseurs d’énergie. C’est la mise a mort du programme du CNR fondé sur une stricte égalité des couts pour tous les citoyens. Après quoi l’idéologie s’est mise au boulot comme quoi les fonctionnaires et assimilés étaient rien que des gaspilleurs de deniers publics, un peu fainéants et que l’Etat devait être géré. Comme une entreprise. A l’américaine. Tout le monde a oublié que les entreprises s’occupaient de consommateurs et l’Etat de citoyens. Mais les citoyens sont des consommateurs !! Non. Les citoyens sont AUSSI des consommateurs. Des consommateurs contraints. Un malade dans un hôpital consomme des soins mais il n’a pas le choix. Et donc, depuis quarante ans, les fonctionnaire techniciens (surtout les ingénieurs, polytechniciens, centraliens, médecins) ont été remplacés par les gestionnaires et le résultat nous saute aux yeux. Les services publics sont en complète déshérence, l’industrie st délocalisée sans que pour autant le pays aille mieux, la dette est abyssale et se creuse de jour en jour, une ministre nous annonce que nous allons manquer d’électricité et les ronds points permettent aux citoyens de bloquer une circulation qu’ils devaient faciliter. Tu parles d’un succès !! Cherchez pas, c’est très simple. Les gestionnaires détestent les contraintes qui détruisent les budgets : contraintes géographiques, investissements à long terme, recherche et développement, les contraintes liées au temps et à l’espace sont niées. Sauf si elles ont un intérêt en termes de communication. Le temps de la gestion est un temps court, le temps de l‘Etat est l’éternité. On est en droit de se poser des questions. Nous avons vendu deux EPR à la Chine et les deux fonctionnent. Année après année, l’EPR de Flamanville accumule les retards : où est le problème ? A l’évidence, c’est le mode de gestion. Plus on gère, plus on perd. Il faudra bien comprendre qu’un Etat n’est pas une entreprise. Il faudra bien nettoyer les cerveaux lavés. J’ai déjà fait cette remarque : la Chine est devenue la première puissance économique e, adoptant le fonctionnement français du CNR au moment même où notre pays l’abandonnait. Devise gaullienne : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille »+ Traduction brutale : le politique conduit l’économique. L’économie n’a que faire des principes politiques fussent ils inscrits aux façades des mairies. L’égalité est la première sacrifiée. D’aucuns prétendent que la liberté suivra. On en reparlera …..

jeudi 3 décembre 2020

TITANIC D'ESTAING

J’avais l’épitaphe dans ma besace depuis 1974 : »Giscard, c’est Vichy qui revient ». Dixit Pierre Billotte nous appelant à voter Mitterrand. Voilà, mon Général, on en est débarrassés. Giscard, c’etait l’anti-France. Particule achetée comme tout épicier qui se respecte. Au point que personne, jamais, ne l’a utilisée. On ne disait pas »Estaing » comme l’aurait voulu la règle, mais « Giscard ». C’était bien suffisant. Arrivé au pouvoir par la trahison. Pas la belle et flamboyante trahison, façon Talleyrand, le petit retournement de veste. Le risque de la trahison était laissé aux complices comme Chirac. Giscard maniait la traitrise de l‘adverbe : Oui, mais…. Soucieux avant tout d’affaiblir la France. Au point d’abandonner le Concorde que son ame damnée JJSS avait qualifié de Viet Nam industriel. Je viens de voir un reportage présentant le projet de l’USAF pour le nouvel Air Force 1, l’avion présidentiel. Dessin maquette, performances, ils refont le Concorde. Cinquante ans après. Sans même être surs d’y arriver !!! Il est vrai qu’en matière d’aéronautique, le polytechnicien Giscard croyait aux avions renifleurs !! Il y a eu pire.. Le Président Giscard envoie les troupes françaises au Tchad. Immédiatement SOS. Sur le terrain, les homme n’ont pas de cartes. Le chef des armées a signé un accord avec Khadafi pour que l’IGN cartographie la Lybie. L’accord comporte un codicille assurant aux Lybiens le blocage de toutes les cartes aux alentours de la bande d’Aozou. L’IGN ne peut pas fournir de cartes aux troupes françaises !! On se démerdera mais pour la première fois dans l’histoire de la cartographie française, un Président envoie des troupes au combat avec des photocopies et des cartes d’occasion. Il ne faut rien oublier. L’acmé politique de Giscard fut l‘établissement de Khomeini aux commandes de l’Iran qui marque l’exactitude de la prévision de Billotte ; Vichy était bien au pouvoir avec la soumission aux U.S.A. Toute la politique giscardienne tourne autour du pétrole et elle est calamiteuse, c’est la marque américaine. Ce matin Jacques Séguéla vantait l’irruption de la modernité dans la société que Giscard avait offert au pays. La communication avait changé. Je repense a mon vieil oncle Adrien. Quand il parlait de Giscard, ll disait « Que de la gueule !! ». Son diagnostic rejoignait Séguéla. En plus concis. Pour le reste…… Giscard introduit brutalement la gestion en politique. Il abandonne l’Asie et le tiers monde. Le modèle américain acquiert force de loi. Il nous embarque dans une chaloupe qui coule. Titanic d’Estaing va toucher le fond

dimanche 29 novembre 2020

jorion et l'avenir de l'homme

On m’a filé ça à lire en m’affirmant qu’il s’agissait d’une pensée remarquable. Admettons. Et donc, pour savoir où je suis, je regarde la biblio du mec. Ça ne trompe jamais. On commence pat Hermann, puis par MSH, Masson, Gallimard-BSH, Odile Jacob, que du nanan. Je devrais me régaler. Ce qui me chagrine, c’est que je ne trouve pas d’infos sur le cursus universitaire du mec. Formation, enseignement, chaires. Rien. Rien non plus sur son champ de réflexion. Le prière d’insérer m’annonce un anthropologue et sociologue. Il »révolutionne depuis dix ans le regard que nous portons sur la finance et l’économie ». Bon. Un financier caché sous la peau d’un philosophe. Rien de neuf. L’éditeur me dit également qu’il a enfourché la Rossinante de la collapsologie, variante quasi-millénariste de l’écologie. Un coup d’oeil a la biblio. Pas un titre. Ma petite sonnette interne grésille. Pipeau. Lisons quand même. Après tout il s’agit du génie humain. Y’a des trucs à apprendre. D’emblée, il fait fort en traitant du transhumanisme. Il doit être un peu niais pour croire qu’on pense à Silicon Valley. Il manque juste l’essentiel : Boorstin. On en déjà parlé : Daniel Boorstin une sorte de Leroy-Ladurie étatsunien qui affirme que les USA ont une obsession historique : repousser les frontières et donc les limites. C’est le transhumanisme. Avec un détail qui change tout : la frontière à déplacer, elle est biologique. Mais sur le sujet, pas un mot .C’est con parce que cette idée, elle éclaire aussi les rapports Chine-USA. Il faut dire que le Jorion et moi, on a pas les mêmes lectures. Il parle de l’extinction de l’espèce mais s’il avait lu Gould ou Bakker, il saurait que le Vivant ne s’éteint pas : il se transforme. Je choisis exprès des références étatsuniennes parce que Jorion,il a que ça. Sur les cinquante premières pages,, une allusion à Weber, deux ou trois à Kojève. Le corpus référentiel est américain. Jorion est cohérent. Trader, spécialiste d’IA, mollo-libéral (un mollo-libéral est un libéral mou qui garde toujours une échappatoire), il baigne dans la pensée mythologique américaine, fondée sur la quantité. Il ne lui vient pas à l’idée que UN est pertinent.p En bon americano-penseur, il se vautre dans la religion, la plus présentable, celle de St Paul, justifiant ainsi la fin de l’Histoireo Sa pensée devient alors erratique, mélangeant données théologiques, psychanalyse simplifiée et philosophie wikipédiesque. Les chapitres sur la Chine sont à la limite de la caricature. Jorion commence par convoquer Billeter pour nier l’altérité de la Chine !! Ici encore les références sont triées. On ne rencontre ni Chesneaux, ni Gentelle, ni François Martin, ni Viénet et la jolie page sur l’harmonie évite Van Gulik ce qui est un comble. C’est que la Chine adossée à la pensée marxiste et dopée aux biens physiocratiques est aux antipodes de Jorion et du transhumanisme. Aux antipodes également de la collapsologie. J’ai bien rigolé en lisant les dithyrambes adressés aux services de recherche scientifique de l’armée américaine. De la Corée à l’Afghanistan, voilà cinquante ans qu’ils n’ont pas gagné une guerre. Moi qui suis un con, j’en déduis qu’il faut fuir leurs pistes de recherche. Mais Jorion trouve admirable que l’intelligence artificielle ait permis à un computer de bluffer au poker. Comme Patrick Bruel. La science avance. Voilà cinquante ans que les Chinois bluffent et manipulent les Américains. Quand tu as l’intelligence naturelle, l’artificielle est inutile

samedi 19 septembre 2020

LAVIGERIEMaintenant, ça suffit !!!! Revenons en arrière. En 1890. A Alger. Charles Lavigerie. Bayonnais. Comme moi. C’est tout ce qu’on a en commun. Jusqu’à ce jour de novembre 1890 où il lève son verre devant les officiers d’une escadre française en escale à Alger, ville dont il est l’archevêque. Pour dire quoi ? « Quand la volonté d'un peuple s'est légalement affirmée, quand la forme d'un gouvernement n'a rien de contraire aux principes qui seuls peuvent faire vivre les nations chrétiennes et civilisées ; quand, pour tenter d'arracher son pays aux abîmes qui le menacent, il faut l'adhésion à cette forme de gouvernement, le moment vient de déclarer, enfin, l'épreuve faite et de sacrifier tout ce que la conscience et l'honneur ordonnent à chacun de nous de sacrifier pour le salut de la religion et de la patrie. » C’est bien écrit et c’est clair : les catholiques doivent adhérer à la République. Bien entendu, il se trouve quelques extrémistes pour regimber mais ça va se calmer. Le cardinal Lavigerie a ouvert la voie à la loi de 1905. L’homme et le lieu ne sont pas innocents. Charles Lavigerie est un missionnaire et de ses missionnaires, il exige le savoir. L’oeuvre intellectuelle des Pères blancs est gigantesque. Ils parlent les langues, éditent des dictionnaires, traduisent les textes arabes. Impliqués dans une énorme croisade anti-esclavagiste, il leur faut des arguments. Remarquons au passage que, de Lavigerie à Livingstone, ceux qui combattent l’esclavage sont des chrétiens convaincus et des missionnaires. Et que l’islam est leur adversaire. Plus que la République. Alors, ça suffit !! A tous les incultes niaiseux qui tiennent des discours convenus sur la laïcité et la multiculturalité……. Regardez l’oeuvre et lisez les mots du Cardinal Lavigerie. Oui, c’était un curé mais il a plus fait pour la connaissance et la compréhension des cultures que la majorité d’entre vous. Vous qui remplacez la connaissance par une bouillie de poncifs et d’approximations. Oui, c’était un curé mais il a plus fait pour la liberté des hommes que vous. Vous qui êtes complices des réseaux de passeurs que lui détruisait, sans tendresse excessive. Oui, c’était un curé, mais il a remis de l’ordre dans la maison républicaine que vous vous acharnez à détruire. Il a redressé cette République dont vous voulez vous séparer et il l’a confortée. C’était pas un facile. En classe de seconde, il se fait virer du séminaire de Larressorre pour indiscipline. Bien des années après, archevêque et cardinal, les autorités diocésaines de Bayonne lui demandent poliment une photo dédicacée pour accrocher dans l’entrée du séminaire. Il s’est exécuté. La photo était dédicacée « Aux élèves de seconde du séminaire de Larressorre ». Elégante manière de ne pas être pris pour un benêt. Je ne comprends pas que Lavigerie ne soit pas une icône. La situation politique et religieuse est identique : la République est menacée et la laicité est en danger. Il faut créer des clubs Lavigerie.

vendredi 21 août 2020

HUMANITAIRES

Les ONG sont des nids d’escrocs.

C’est quoi une ONG ? Ben, comme son nom l’indique une Organisation Non Gouvernementale. Une agglomération de gens qui ne veulent rien à voir avec les gouvernements. Question de liberté…. ou de dignité… Ceci est respectable…Jusqu'au moment où l’ONG demande une subvention.

Je n’ai toujours pas compris pourquoi les ONG pouvaient être subventionnées par les Etats qu’elles rejettent. Le beurre et l’argent du beurre..

L’argent, mais pas que… Un groupe de ces dames patronnesses voit six de ses employés envoyés aider les girafes dézingués par des habitants. Que fait l’ONG ? Elle demande l’aide de la France. Ho les mecs ! Vous etes non-gouvernementaux et donc, si les mots ont un sens, hors des préoccupations du gouvernement. Des quasi-apatrides. Mais dès qu’il y a un problème, vous appelez le Ministre d’un gouvernement que vous rejetez. Vous nous prendriez pas, un peu, pour des cons ??

Mais notre action… Ton action, Loulou, les habitants n’en veulent pas.Ils le montrent. D’une manière un peu sévère, certes. Mais le message est clair. Laisse tomber. Tu n’es pas le bienvenu. J’admets. C’est dur pour l’ego mais bon, le gouvernement que tu repousses t’offrira un bon psy.

Ma conception est simple. : Il faut aider les gens qui le veulent. Et tu n’as pas a savoir ce qui est bon. Tu es un étranger. Décider ce qui est bon pour les gens c’est faire œuvre de néo-colonialiste. Ce qui justifie les réactions excessives. Tu veux réparer le puits. Un puits, ce n’est pas de l’eau. C’est une histoire, des relations humaines, des légendes parfois, tout un tissu humain qui ne laisse pas de place à ta technologie. Alors oui, y’aura toujours un mec qui rejettera ton intervention sur le puits de ses aïeux.

En te demandant de t’occuper de ton cul. Les humanitaire ne s’occupent jamais de leur cul mais de leur ego. Ils se voient beaux, compassionnels, porteurs d’un avenir lumineux, vecteurs de civilisation. Ils répondent aux questions qu’on ne leur pose pas.

Tu veux pas admettre que t'es pas chez toi. On te l'a seriné et tu répètes : le monde est à tout le monde. Ben non.Le petit bout d'Afrique que t'as sélectionné pour faire joujou,il est aux mecs qui triment dessus et qui veulent pas que tu fasses leur bonheur malgré eux.

Ça existait avant vous, les mecs. Sous le nom d’administrateurs coloniaux ou de commandants de cercles. Avec quelques différences. C’étaient de farouches colonialistes. Ils restaient des années en poste , ils parlaient la langue. Ils n’aimaient pas forcément les autochtones mais ils accumulaient les connaissances. Allez retrouver leurs rapports dans les bibliothèques spécialisées.

Là est la différence. Ils voulaient connaître avant d’aimer. L’amour rend con. Croyez en un spécialiste.

jeudi 30 juillet 2020

HALIMI, LE FEMINISME ET LES MOTS

Il est mal vu de critiquer une icône même si iconoclaste peut être un compliment. Mais il est des icônes intangibles.

Il faut s’intéresser aux mots. Gisele Halimi, avocate, a utilisé les mots comme des armes, contribuant ainsi à déplacer, fausser, biaiser le débat. Tactique basochienne et médiatique. Lorsqu’elle arrive sur la place publique, on utilise pour désigner une société dominée par les hommes le terme non connoté de « adamocratique ». C’est une société dominée par Adam. Leroy-Ladurie l’utilise régulièrement plutôt que « patriarcat » qui est connoté par l’âge du patriarche. Une société adamocratique est une société où les hommes ont le pouvoir. Le terme est neutre, précis et clair. Il n’a pas d’antonyme : on ne connaît pas de société dominée par les femmes, sinon les Amazones, mais il s’agit d’un mythe.

Gisèle Halimi crée le terme de « phallocratique » qui va vite renvoyer adamocratique au rang des vieilles lunes. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le mot est réducteur qui enferme l’homme dans son phallus et simplifie la domination au pouvoir du sexe. On feint d’oublier que l’homosexuel possède aussi un phallus ce qui l’enferme dans le groupe des dominants même s’il est plutôt dominé dans la vie réelle. Clairement, le mot le plus précis cède devant le vocable le plus brouillon. Mal nommer, c’est ajouter au malheur du monde.

A partir d’Halimi, le pénis devient donc un sceptre dont il suffit de s’emparer pour régner. Le droit pénien remplace le droit pénal dans l’esprit de l’avocate, puis dans les cerveaux de ses séides. La domination masculine était le résultat d’une évolution historique, de changements juridiques…Je prends un seul exemple : les sociétés pyrénéennes et aquitaniques pratiquaient la primogéniture absolue, l’ainé était chef de famille quel que soit son sexe. Règle détruite par la Croisade contre les Albigeois, en même temps que la poésie des troubadours et la civilisation d’oc. Il n’est nul phallus dans ce basculement.

Halimi simplifie la structure sociale : « j’en ai une et pas toi » bientôt suivi par « j’en ai une plus grosse ». On admettra qu’il s’agit là d’une structuration maigrelette, mais nous sommes dans la com’ et la lectrice de Cosmopolitan peut comprendre. Le féminisme s’est fondé sur cette opposition structurale et hemingwayenne : « En avoir ou pas » épicée de psychanalyse mal comprise et de symbolisme réchauffé.

Ceci pour dire que le chœur des vierges qui accompagne Maitre Halimi à sa dernière demeure me laisse froid. Je déteste les simplificateurs et les communicants : le monde est riche, les sociétés sont complexes, rien n’est simple. Simplifier, c’est penser au bistro. Une seule raison, une seule cause, et je ne veux voir qu’une seule tête. Tout le monde peut comprendre et c’est bien le problème, car tout le monde n’est pas équipé pour comprendre. Par exemple celui qui préfère Hanouna à Leroy-Ladurie.

Etre élitiste n’est pas en avoir une plus grosse. C’est simplement accepter que l’autre peut comprendre. Quel que soit son sexe. Halimi parlait à celles qui n’avaient pas la lumière à tous les étages.

Je me pense plus féministe qu’elle.

mercredi 29 juillet 2020

LES VONTAS

Mot oublié…les Vontas, en mes jeunes années étaient ceux qui vont a la messe. Lot important de pucelles livides, de vieilles bigotes et quelques bonshommes confits. Ceux qui vont-a la messe.

Les maitres d’une magnifique escroquerie.

1905 : loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les édifices religieux entrent dans le giron de la Nation. Les Vontas montent au créneau : ils veulent l’usufruit des églises. Ce a quoi la Nation consent. Les églises (mais aussi un bon paquet de synagogues et de temples protestants) sont confiés à des associations cultuelles qui vont les utiliser et les entretenir.

Le problème est que les Vontas ne vont pas tarder à oublier la loi de 1905. Ils sont chez eux dans les églises. Point barre. Au point que l’accord de base est oublié.

Ils inondent les réseaux sociaux de messages à la con sur les catastrophes ecclésiales. La dernière étant Nantes. Restons calmes et clairs. La cathédrale de Nantes appartient à tous les Français, moi inclus, qui crache à la gueule de Dieu mais pas sur l’œuvre des hommes qui ont bâti l’édifice. Nous l’avons confié à un groupe de gens qui affirment en avoir besoin et qui en font quoi ? Ils filent les clefs de MON bien à un réfugié plus ou moins hors la loi qui y fout le feu.

Nantes, mais aussi Notre-Dame, et quelques milliers de lieux de culte ont été confiés ou concédés à des gens qui en jouissent et les laissent détruire. Pour de mauvaises raisons.

Ho ! les excités de la Manif pour tous !! J’ai fait ce soir le tour de ma cathédrale, à Bayonne. On vous la prête mais qui la protége ? Monseigneur Aillet, évêque de choc, où sont vos gardiens du temple ? Parce que vous vous trompez Monseigneur. Cette Cathédrale n’est pas à vous, mais à nous. On vous en a confié les clefs mais pas pour que tout un chacun en ait un double. Car elle est autant à moi qu’à vous. J'y ai des souvenirs que vous n'avez pas.

Vous faites, Monseigneur, l‘erreur que font tous les conseils de fabrique de toutes les religions. Mes copains du consistoire croient que la synagogue leur appartient. Au nom de Dieu. Mais nous sommes loin de la Loi de 1905. Propriétaire, l’Etat vous assure le clos et le couvert. A vous d’assurer l’entretien courant et surtout le gardiennage du bien.

Alors mes amis Vontas, au lieu de chouiner sur la destruction des lieux de culte, pensez plutôt à vos responsabilités d’usufruitiers. S’ils sont détruits, c’est que vous avez été incapables de les protéger, incapables de protéger les biens de la Nation. Vous avez failli.

Vous avez failli car vous voulez le beurre et l’argent du beurre, les églises à votre disposition et leur entretien courant aux frais de la société. Vous croyez être chez vous dans les églises alors que vous y êtes seulement tolérés

Et si on faisait un état des lieux ? Que vous rendiez a l’Etat les lieux de culte qui vous détruisent le budget ? Et si l’Etat vous ôtait l’usage de ce que vous avez laissé détruire ?

Si vous preniez enfin vos responsabilités ?

samedi 4 juillet 2020

JE NE CROIS PAS EN JEAN CASTEX

Les commentateurs s’esbaudissent. Jean Castex semble Guilluy-compatible. On trouve son accent gascon sympathique, quasi-exotique, on insiste sur sa ruralité (encore que Prades est une vraie ville), bref c’est un premier ministre taillé sur mesure pour les gilets jaunes et les ruraux désertifiés.

Vu de l’ENA, surement.

Je vais donner un truc aux commentateurs des télés lutéciennes. Castex est né à Vic. Prades est voisine de Céret.. Deux villes taurines. On va vite voir quelle est la valeur de son enracinement territorial, surtout avec les scores des Verts. La corrida sera le marqueur de sa sincérité.

Le sport aussi. Il dirigeait l’Agence Nationale du Sport, gros bouzin étatique chargé d‘harmoniser le sport français. Gros bouzin dont l’inutilité n’échappera à personne. Pendant des décennies, le sport en France était géré par les Fédérations avec un fonctionnement proche de l’orpaillage : des tamis successifs écrémaient les clubs locaux afin de faire remonter les meilleurs éléments vers les équipes nationales, sport par sport. Vu le nombre de Fédérations et le nombre de clubs, ça n’allait pas sans frottements, sans erreurs et sans chicailleries personnelles. Après plusieurs tentatives, l’Etat a fini par créer l’ANS pour mettre de l’ordre et organiser les subsides. Avec dans la ligne de mire les JO de Paris 2024.

Le sport est un excellent marqueur territorial. Chaque village a son club et parfois même plusieurs : on ne met pas les cyclistes avec les footballeurs. C’est vrai que c’est parfois assez bordélique. Comme la vie. Mais cette dentelle reflète la diversité de nos territoires. Il importe de l’accompagner. Pas de tailler dedans.

J’ai déjà dénoncé cette dérive qui consiste à tout niveler pour faciliter l’administration car elle est mortelle pour notre civilisation française, comme toute simplification. A Prades et dans le Conflent on mange des escargots. Des petit-gris, pas des escargots de Bourgogne. C’est le plat emblématique local, la cargolade où les escargots sont grillés avec des herbes. A Bayonne, on mange aussi des petit-gris mais en sauce avec du jambon. Rien a voir avec les gros bourguignons et leur beurre manié. Pour l’instant, on a échappé à la normalisation de l’escargot. Mais on y viendra.

Je ne crois pas en Castex car il est haut fonctionnaire, formaté pour niveler, pas pour magnifier les taupinières. Nos territoires sont variés et pas nécessairement égaux.Le rôle de l’administration est d’injecter de l’égalité dans cette diversité, en la respectant.

Elle y arrivait au temps des calepins et des fiches quadrillées. Elle n’y arrive plus à l’époque de l’ordinateur.

Et si la vraie question était celle là ?

jeudi 2 juillet 2020

LES ECOLOS SONT DES CONS (1-) AYHERRE

Chapitre 1 :  DÉTRUIRE AYHERRE

Les écolos sont des cons.

Supprimer les vols intérieurs est l’idée la plus stupide qui soit. Motif : le train peut remplacer l’avion. C’est faux, évidemment.

Ça parait évident quant ta vision est limitée. T’as pas besoin d’un avion quand tu prends l’avion de Paris à Biarritz pour aller voir Mémé (on dit Amatxi pour faire couleur locale).

Mais si tu veux aller de Mexico à Ayherre, c’est pas pareil. Là, c’est plus un vol intérieur. C’est la dernière jambe d’un vol international. Pour info, une jambe, c’est la désignation d’un trajet d’aéroport a aéroport : un Québec-Ayherre a deux jambes : Québec-Paris et Paris-Biarritz. Oublier la dimension internationale de l’avion, c’est être un con.

Je suis a l’aéroport de Bayonne. J’attends une copine qui vient de loin. Mon téléphone sonne : elle a loupé l’avion. Elle avait choisi un vol avec escale à Paris. Mais son comparateur n’avait pas bien expliqué qu’elle arrivait à Paris-CDG et repartait de Paris-ORY. Deux heures quand tout va bien et que tu parles bien français. Elle s’est ramassée.

Info pour les écolos. Le comparateur n’intègre pas le CO2 du taxi qui va de Roissy à Orly. Vous pouvez vérifier.

Mais pourquoi Ayherre ? C’et un très joli village de Basse-Navarre, avec une tradition chocolatière et un petit millier d’habitants. C’est surtout le berceau du groupe Lauak. Pour les Marseillais, c’est aussi le berceau de la famille Belzunce, comme le cours. Tout le monde connaît Belzunce. A Marseille.

Lauak est un groupe aéronautique, section sous-traitant.  Naturellement, ils ont commencé avec le voisin Dassault Comme chaudronniers. Et puis, comme ils étaient plutot bons chaudronniers, ils se sont développés. Aujourd’hui, ils bossent avec Airbus, Bombardier et quelques boites moins connues. Et ils ont des sites au Mexique, au Quebec et en Inde. Depuis Ayherre. Et avoir un aéroport pas trop loin , pour un groupe aéronautique international, c’est pas idiot.

Lauak s’est un peu développpé localement. Surtout à Hasparren, le bourg le plus proche d’Ayherre que tous les Chinois de Paris connaissent C’est le berceau du maire du 13ème, Jérome Coumet. Détruire Ayherre, c’est détruire un noeud de savoir qui enserre la planète.Détruire les vols intérieurs, c'est détruire Ayherre. Et Lauak.

Les écolos s’en foutent. Ils font des calculs à la con en pensant à leurs vacances à Tunis. Ce sont de petites gens qui réfléchissent à leurs pistes cyclables quand ils regardent le globe. Ce sont de petites gens incapables d’imaginer que leur petit territoire existe  sur la terre.

Parce qu’ils ne le connaissent pas….. Parce qu’ils ne l’aiment pas…

Mon territoire, ce territoire sur lequel je vis depuis un paquet de générations, j’essaye de le connaître et de le comprendre. Il est l’objet, non de convoitises, mais de concurrence. Le plus souvent médiocre. A courte vue. Tiens, Jérome Coumet. Je le rencontre au hasard d’une interview.Je fais sonner le T final, il réagit. On parle, il me dit « Je suis haspandar ». Tu parles !! Il est né à la Salpé !! D’un père haspandar, philosophe et épistémologiste de haut niveau. Aspiré à la capitale par le système. Jacobin, le système ? Non. Système de filtration pour que la Nation bénéficie du meilleur des provinces. Ce n’est pas une vidange, au contraire. Aujourd’hui, le fils du bon élève de philosophie continue à se revendiquer comme haspandar, fils de sa terre, tout en gérant la plus importante communauté chinoise d’Europe. Jérome Coumet est une passerelle.

Les écolos ne sont pas des passerelles. Ils érigent des barrages. Le problème, c’est qu’ils vont détruire les autres passerelles. Ou les chasser. Je suis bien certain que Lauak n’est pas la seule entreprise internationale de haute technologie implantée sur notre territoire. Il en est d’autres, menacées par des gens irréfléchis. Des gens qui croient que le problème, c'est l'avion, quand le problème c'est le prix de l'avion (et le bordel des correspondances).

Ils semblent penser à la planète. Mais ils ne sont pas foutus de penser au village d’à côté.


Les écolos se croient trop intelligents pour penser aux villages.

mercredi 1 juillet 2020

LE BEURRE ET L'ARGENT DU BEURRE

Vague verte qu’ils disent. Les mêmes qui ont parlé de vague rose ou bleue. Vachement bons les commentateurs : change la couleur, tu changes le message. Après quoi t’analyses. Vachement intelligentes les analyses : dégagisme par ci, inquiétude pour la planète par là…Faut te conforter et te surprendre. C’est le but des analyses à la télé : que tu puisses les reprendre demain matin au bistro ou devant la machine à café. Parce que les commentateurs hyper pro, c’est pas des prévisionnistes. Ils passent leur temps à expliquer ce qui s’est passé, jamais ce qui va se passer.

Faisons simple. Je n’aime pas la simplicité dans la réflexion ou les sciences. Là, il s’agit de politique, le degré zéro des sciences sociales. On peut simplifier. La vague n’a submergé que des villes. L’électeur vert est urbain. Normal, disent certains commentateurs. Ils veulent ce qu’ils n’ont pas. C’est encore plus simple ; ils veulent les deux, le beurre et l’argent du beurre. L’électricité abondante mais sans centrales nucléaires.. Tous les déchets de la consommation et le tri sélectif pour la bonne conscience.

Parce que on ne le dit jamais : vivre en ville est un choix. C’est en ville que git le fric. C’est en ville que sont les emplois bien payés et parfois les emplois tout court. Alors, mon cousin Jean-Marc, il quitte son village béarnais et il va vivre à Toulouse. Et il votera écolo parce que ses collines le gratouillent un peu. Il n’imagine même pas (même plus) qu’un monde où on peut vivre bien dans un village est possible.

C’est quoi un maire écolo ? C’est pas simplement une étiquette avec un adjoint à l’environnement. On pourrait exiger un service Ecologie du niveau du service des Ecoles, avec un plan d’action. Par exemple,  établir un relevé faunistique de la commune. Un vrai, avec  les insectes, les arachnides et les reptiles. Pas juste les oiseaux et les jolis rongeurs. Imagine : tu trouves un lieu de reproduction de tritons sur l’emprise de la piste cyclable. Tu agis comme un vrai écolo : tu vires les vélos. Pour la flore, normalement, le service des Espaces verts peut faire : ils savent ce qu’ils plantent. On peut leur demander d’aller voir les terrains privés et de signaler les arbres remarquables afin d’enrichir le PLU  et d’empêcher les constructions qui abimeraient le patrimoine écologique local.. C’est le préalable à une gestion écologique de la ville. Je vous rassure, pas un maire EELV ne l’a fait. L’écologie, c’est pour être élu, pas pour etre emmerdé.

Les autres rigolos, ils ont fait une belle loi d’urbanisme, mais personne n’a jamais exigé un état des lieux écologique. Le maire de Grenoble, réélu, ne l’a pas fait non plus en six ans. Par contre, il a autorisé le burkini à la piscine, comme si l’islam était un élément de la biodiversité !!

Et moi, je me répète : l’écologie est un savoir qui s’appuie sur les sciences naturelles. Comme tous les savoirs, il se tricote avec les autres savoirs. Tu te poses des questions sur la géologie, ça t’aide à comprendre les plantes, évidemment, mais aussi les monuments de la ville. On appelle ça l’environnement. Il paraît que c’est la spécialité des écolos. Mais pas au point de préférer des tritons à une piste cyclable.

Le savoir est un peu rigide. Il te dit, c’est triton OU vélo. L’écolo veut triton ET vélo. Seul le politique peut accepter ça et tordre le cou aux raisons naturelles, les raisons de la Nature.

La vague verte n’est pas une victoire de l’écologie. C’est une victoire de l’écologie politique, celle qui promet le beurre ET l’argent du beurre. Tu peux toujours promettre. T’es jamais obligé de tenir.


Les tritons ont du souci à se faire.

lundi 29 juin 2020

LA PENSÉE NÉGATIVE

Période d’élections….¨Période favorable à l’introspection, surtout dans une petite ville. J’avais oublié. Beaucoup de candidats me sont connus. J’ai mon Jiminy Cricket avec moi. Il m’interroge ; et lui ? Tu n’y penses pas.. Il n’a qu’un neurone, et encore on lui a greffé.

Le jeu est facile : avec lesquels de ces candidats aimerions nous diner ? L’avantage, c’est que ça va pas nous détruire le budget.

Jiminy revient a l’essentiel, la littérature. On parle de nos favoris ; Céline, Cioran, Bernanos. Se profile ainsi une parenté : les auteurs qui savaient dans quel monde ils vivaient. Les auteurs négatifs. Race disparue. Ce sont les auteurs de la lucidité, ceux qui voient les dangers qui se profilent. Ceux qui consultent l’Histoire et la convoquent dans leur réflexion. Ceux qui ne cèdent pas aux sirènes de la modernité et appellent Sénèque au secours pour comprendre Macron.

Ils ne sont pas audibles. Souvent par la forme. La lucidité rend violent avec le temps qui passe et l’époque hait la violence. L’époque hait la haine et l’affiche sans cesse car elle a encagé la haine dans des lieux réservés à cet effet. On a le droit de haïr les groupes haineux. Je hais la haine et ma haine n’est plus haine car son objet est haïssable. Quand une réflexion commence ainsi, elle est intellectuellement morte.

Ils ne sont pas audibles. Souvent par leur culture. Cette culture sans cesse appelée au micro, mais toujours rejetée dès lors qu’elle existe, au motif de son élitisme. Il est inutile de parler de Jules César dans un groupe LBGT. César, le mari de toutes les femmes, la femme de tous les maris. Jules devrait être une icône. Mais, comme je l’ai entendu, personne n’a lu César. Pas grave, la formule est de Suétone que personne n’a lu non plus.

Ils ne sont pas audibles. La doxa leur est indifférente. Ils savent bien que les moutons vont en troupe. Eux sont des béliers et n’ont que faire de la taille du troupeau. Ils écrivent pour peu. Parfois, on se demande : écrivent ils pour quelqu’un ?

Il est temps de refonder le négativisme Jiminy me souffle à l’oreille : personne ne te lira.. Jiminy se trompe. Ils seront peu nombreux. J’en connais déjà quelques uns. Peu nombreux, il est vrai. Peu modernes, il est vrai également.

Nous sommes dimanche 28 juin. J’écoute les commentaires électoraux stupides. L’abstention augmente. Faux. Les Français de base, ceux avec qui je m’entends bien, ont déjà voté et ont élu leur Maire. Nous votons pour les maires des métropoles, la fausse France. L’abstention est urbaine, citadine. Car le citadin, je l’ai déjà écrit, veut le beurre et l’argent du beurre : il vote pour qui lui promet les deux et comme tous promettent les deux, il hésite, vacille et s’abstient. Les commentateurs me filent des boutons. Après avoir passé des mois à analyser les Gilets jaunes, ils les gomment de la réflexion et reviennent aux antiques logiciels. On s’oriente vers une vague verte. En ville. Il n’y a pas de vague verte dans la France périphérique. Et encore moins dans la France rurale : elle est déjà verte.

A Escos, il n’y a pas eu de second tour. Le premier tour enregistrait 86% de participation, en nette baisse par rapport aux 91% de l’élection précédente. Abstention ? A côté, à Labastide, 74% des habitants avaient voté au premier tour (baisse de neuf points, note le commentateur) pour porter à la mairie le frère de Maryse et le fils d’Albert, le menuisier. Abstention ?

La France, c’est ça. Un pays rural, émietté, une dentelle de territoires administrés par des individus qui bossent sur le curage des fossés et la réparation du mur du cimetière. Des individus oubliés, méprisés par une administration imbécile et des médias inconséquents. Des territoires qui échappent à la statistique et sur lesquels le discours de la science politique glisse sans trouver prise. Des territoires tellement nombreux, tellement divers qu’on ne sait pas comment les regrouper. Ils échappent à la discursivité ; il n’y a rien à en dire que puisse entendre la masse laquelle justifie les tarifs de la pub. La ruralité est économiquement transparente.

La pensée négative semble se draper dans les oripeaux de  Barrès ou Giono mais c’est une vision d’écolo. La ruralité est une incessante lutte contre la Nature, une lutte raisonnée devenue déraisonnable par la pensée quantitative. Les gestionnaires des villes s’opposent sur les moyens de gérer la campagne. En laissant les campagnards sur le bord de la route. Que l’on remplace l’instituteur par le bus de ramassage ou par le télé-enseignement est pareil : c’est enlever un homme à un lieu qui en a besoin.

J’ai vu disparaitre les instituteurs-secrétaires de mairie au nom de la rentabilité. Personne ne voulait voir que l’instituteur était d’abord un truchement, l’homme qui expliquait au responsable rural la volonté de l’administrateur urbain. Un lien entre discours opposés. Un lien humain, pas économique.

Jiminy m’écoute. Il sait de quoi je parle, il a été carassoneur. Métier ingrat, fatigant, indispensable au vigneron, non mécanisable, un métier de la terre. C’est l’homme qui vérifie, chaque année, les piquets de la vigne et la conduite de la plante, c’est à dire, in fine, sa production. Le métier n’existe pas dans les statistiques : on écrit « ouvrier agricole ».

Remettre l’homme au centre. Tout le monde en parle. Mais personne ne sait. Il faut simplement gommer le mépris. L’administrateur sciencepotard n’a plus besoin de l’instituteur truchement. Il a imposé son discours et méprise les autres.

La pensée négativiste ne méprise rien, sauf les égos surgonflés. C’est une pensée de l’erreur, plus encore de l’erreur créatrice, une pensée qui valorise la création quel que soit le chemin choisi.

Surtout s‘il est solitaire. Le chemin du bélier est toujours solitaire. Seuls les moutons, derrière, vont en groupe.



jeudi 25 juin 2020

LE MONDE EST A NOUS

C’est intéressant. Voit naitre une boite, la voir grandir et assister à sa déconfiture, ça permet de comprendre plein de choses. C’est le privilège des vieux.

Et donc, je regarde avec intérêt les soubresauts de l’agonie de TUI-FRANCE. C’est la maison-mère de Nouvelles Frontières, Corsair, Look et Marmara. Va y avoir du cadavre dans le plan social !!

Pour moi, Nouvelles Frontières, c’est la rue Croulebarbe, chez Jacques Maillot, avec Claude Verrien et Claude Sauvageot…Je vous parle d’un temps… Un temps où le voyage en France appartient à peu de monde : Havas est le plus gros, appuyé sur son réseau d’agences de province, et derrière….. Rien. Le voyage est affaire de boutiquiers de province. Le Club Med émerge mais il s’agit essentiellement de séjours, pas de voyages. Acceptons l’existence de Fram.

Les deux poids lourds qui émergent sont Jacques Maillot avec Nouvelles Frontières et Maurice Freund avec Point Mulhouse. Je ne les sépare pas. Ces deux là se tiennent à la culotte, s’observent, se copient.  Les deux sont d’anciens scouts, ce qu’on appelait alors des chrétiens de gauche. Les deux sont appuyés sur des associations 1901 avec une nuée de bénévoles, dévoués, bosseurs, connaissant le monde. Ils sont imités. Le modèle associatif structure le monde du voyage. Le challenger est la FMVJ, la Fédération Mondiale des Villes Jumelées, encore une association 1901. Air France crée Jet Tours qui s’empresse d’avaler Jumbo dont le modèle économique est proche. Naissent dans la foulée des dizaines d’entreprises souvent oubliées et des créateurs passés à la trappe… Se  fondent des généalogies, oubliées également. Jean-Pierre Picon fonde Explorator qui donnera naissance à Terres d’Aventure ou Déserts, voyagistes nés du désir de faire mieux par des collaborateurs impatients.

Ainsi nait le voyage à la française. Dans un fouillis de petites boites, de gens de haute qualité qui vont de l’une à l’autre, qui inventent, qui foutent un bordel pas possible. Tous ces voyagistes sont éditeurs : la FMVJ a créé les guides Delta, les guides NF sont distribués par Hachette qui a l’expérience du Guide du Routard, Jacques Klein s’évertue a décrire l’Asie, les Van der Vynckt font un carton avec des guides polycopiés. Le voyage est un savoir, un bien culturel. C’est le lieu de l’unique.

Mais voilà. Au lieu de comprendre que ces centaines de petites boites créent un biotope unique, comparable au stock d’un fromager, le système est à l’œuvre, la normalisation est en marche. Toutes ces petites boites font un marché et il importe de le structurer. Et la structure va détruire le savoir des hommes sans voir qu’elle n’existe que par ce savoir. Ce savoir qui n’apparaît pas dans les bilans. Parce que tous ces gens dont je me souviens cinquante ans après : Jacqueline Milcamps, Jean Labarthe, Pierre Vernay, Claude Saulière, Jean Sudriez, sur les bilans ils sont sur la même ligne : Salaires et honoraires. Il faut qu’ils disparaissent pour être valorisés.

Maillot a vendu à TUI. Pourquoi pas ? Et TUI a pensé que Nouvelles Frontières était un bilan. Le groupe TUI a géré sa filiale française comme si elle était hors sol. Le groupe TUI n’a pas imaginé que le voyage unique à la française n’était pas soluble dans le voyage teutonique. Le Bavarois ne voyage pas comme le Bourguignon. Voilà des années que TUI accumule les pertes sur le marché français. What else ? Gérer le voyage comme des vélib, c’est déjà con…Mais comme des Allemands, c’est encore plus con…

J’exagère. TUI a été trompé… Il a acheté des bilans. Et il a nommé comme président un lecteur de bilans…Personne n’a dit à TUI que l’esperanto financier n’existait pas.

Je fais vieux con, allons jusqu’au bout. C’est un basque qui va liquider Corsair. C’est le moment de rendre hommage à un autre basque, le bras droit de Jacques Maillot quand il a racheté Corsair, Mikel Landaburu, directeur financier de NF, une sorte de Mozart de l’échange des devises. TUI avait des ordinateurs, Maillot avait Landaburu. NF valait cher, TUI ne vaut rien.

Je dis ça, je dis rien…. Fosun va racheter TUI. On parie ?



mercredi 24 juin 2020

DEFENSE D’AMAZON

+ 26% pour Amazon pendant le confinement !!! Ça suffit pour que les chevaliers blancs du petit commerce enfourchent leurs destriers et enjoignent d’abattre le géant américain. Faut donc rappeler quelques évidences. Amazon a pris ses parts de marché en s’appuyant sur le marché du livre pour lequel j’ai quelques connaissances. Ce qui me permet d’affirmer qu’Amazon n’a pas tué la librairie laquelle s’est suicidée toute seule avec une désarmante bonne volonté.

1/ le premier coup de poignard fut porté par la loi Lang. Les libraires affirmaient, à juste titre, que le livre n’était pas une marchandise comme les autres et exigeaient qu’on le traite comme le roquefort ou les yaourts, sur le prix, ce qui est une infâme banalisation. Vision thatchérienne et incomplète cat ils n’ont pas osé aller plus loin en affichant le prix à la page (équivalent du prix au kilo du gruyère) qui aurait démontré que Pleiade était la collection la moins chère du marché.

2/ ils ont laissé croire que les maisons de la presse étaient des librairies alors que tout les sépare. Ce n’est pas parce qu’on vend des livres qu’on est un libraire. Le public en déduira qu’Auchan est un libraire. Ce qu’il a fait.

3/ ils se sont mis entre les mains des distributeurs en adhérant en masse au système des offices avec droit de retour.

Bref, ils ont abandonné tout ce qui faisait leur savoir de libraire, y compris dans ce qu’il avait de plus rentable, le mélange entre livres récents et livres épuisés et l‘importation de livres étrangers. Car, en librairie comme ailleurs, c’est le savoir qui crée la marge.

Les débuts d’Amazon furent difficiles. Dix ans de pertes. Bezos est un génie : se faire aider par les banques pendant dix ans relève du génie. Mais il a réfléchi. Il a confié l’analyse de sa boite à un surdoué, Kevin Anderson, qui en a extrait le principe de la Longue Traine. Règle : en matière de biens culturels, chiffre et marges sont créés par les échecs. Facile à comprendre : dans le temps où tu vends 100 exemplaires d’un best-seller, tu vends aussi 200 bouquins à l’unité dont le total est supérieur à celui des ventes du best-seller. Bezos a donc réorganisé Amazon pour bénéficier de la Longue Traine et la boite a enfin décollé. En suivant des habitudes de libraires qui savent que la demande client ne peut être satisfaite que par un stock colossal. Ce qu’un libraire entend le plus souvent est : « C’est une caverne d’Ali Baba chez vous ».

Ne rentrons pas dans le détail ou l’anecdote : Amazon affiche le plus important stock du monde ce qui est la caractéristique d’une bonne librairie. Amazon surfe sur l’abandon du métier de libraire par des milliers de libraires qui se mouraient avant que le géant américain ne porte le coup de grâce.

C’est beaucoup plus grave, en fait. Amazon tue les meilleurs. Prenons un exemple facile : Spinoza. Tout libraire sait qu’il est un éditeur spécialiste de Spinoza : Brill à Leyde. Avant Amazon, un seul libraire avait tous les ouvrages Brill dans son stock : Vrin place de la Sorbonne. Amazon pioche dans les ventes de Vrin et c’est grave parce que ça affaiblit la diffusion de la philosophie dans le pays.

Je n’ai pas suivi l’itinéraire d’Amazon. Mais s’ils ont bossé sur la mousse à raser comme sur le livre, ils boufferont aussi le marché de la mousse à raser. Ça arrive quand les gens réfléchissent.


Ce que ne font pas les chevaliers anti-Amazon.

dimanche 21 juin 2020

L’ART NÈGRE

Bon…Quelques pseudo intellectuels veulent enlever de nos musées ce qu’ils jugent être leur patrimoine culturel, enlevé et quasiment razzié par les colonialistes. Les Grecs avaient déjà fait le coup avec les frises du Parthénon.

Et donc j’ai envie de parler de Griaule. Marcel Griaule est l’initiateur de la première grande expédition ethnographique française, Dakar-Djibouti, dans les années 1930, avec pour secrétaire Michel Leiris. La force de Griaule est de réinsérer l’art africain dans un contexte religieux et social. Il abolit « l’art négre » du vocabulaire en se référant au peuple dogon dont il passera sa vie à analyser la production artistique. Griaule s’opposera vivement à Leiris qu’il trouve scientifiquement médiocre tandis que Leiris critique ses méthodes jugées colonialistes. Vu de loin, les deux avaient raison.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est le regard. Griaule porte sur les arts primitifs le regard que les historiens « classiques » portaient sur l’art minoéen ou étrusque. Ce regard qui fait d’un masque un objet d’étude et de musée. Griaule intègre l’art africain dans la culture universelle.

Il n’a pas été le seul. Au moment où la Nouvelle-Calédonie va accéder à l’indépendance, on peut penser à Maurice Leenhardt et à son travail sur la civilisation kanak ainsi qu’à la création de la chaire de houaïlou à l’ENLOV. Et oui, Leenhardt fait du houaïlou un universal du langage. Bien avant Google

Alors, je m’énerve. L’intégration des peuples « primitifs » à la culture universelle fut le fait du colonialisme. On peut toujours jeter le bébé avec l’eau du bain mais on ne peut pas nier l’immense travail accompli par les universitaires occidentaux au service des civilisations extra-européennes. Nous avons bâti des musées, des archives et des bibliothèques pour conserver, étudier et magnifier un patrimoine qui n’est pas à nous et lui donner une dimension universelle.

Je m’énerve quand je vois les innombrables citations de Fanon qui oublient toutes de dire que Fanon put faire des études de médecine grâce à une bourse octroyée par le général Salan. Dès qu’ils ne sont plus des salauds, on occulte les colonialistes.

Pensée manichéiste propre à détruire tout ce qui pourrait apparaître comme positif dans les relations humaines. Je suis un Blanc septuagénaire provincial. Détestez moi, je vous emmerde. Le jour où j’irais mal, je chercherais conseil et réconfort auprès de mon petit frère kanak ou de mon cousin gwada qui ont la peau noire et l’esprit ouvert. Avec eux, je peux parler sans trucage, sans anathème, sans mythes. Sans couleur. Sans barrière.


Et si vous vous emmerdez, intéressez vous à Solange Faladé. Béninoise. Ha ? black, comme Fanon ? On peut le dire comme ça. C’est pas vraiment pertinent, mais c’est pas faux. Psy. Ha ? comme Fanon ? On peut le dire comme ça. Fondatrice et première présidente de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire….Bloquez….Il ne s’agit pas des étudiants noirs d’Afrique. Ce qui est noir, c’est l’Afrique, pas les étudiants. Elle connaissait le sujet, elle était la petite fille de Béhanzin. C’est de la légitimité coloniale, ça.

Je sais. Pour ce genre de personne, vous avez inventé un mot : Bounty. Noir dehors, blanc dedans. Seule compte la couleur. Avec vos conneries, vous allez détruire le pays qui a permis à Fanon, Senghor, Césaire, mais aussi Faladé , Monnerville ou Houphouet-Boigny d’exister. C’est se tirer une balle dans le pied.


Restent Taubira et Sibeth N’Diaye. Je parie qu’elles ne connaissent pas Solange Faladé. Elles pourraient comprendre que la couleur de l’épiderme n’influence pas le développement neuronal.

vendredi 12 juin 2020

L’ENTASSEMENT

Bien. L’épidémie se calme. On va faire les comptes. Ou plutôt on ne va pas les faire. Il ne s’agit pas de remettre en cause quelques années de gestion stupide ou paraissant telle et de remettre la vie humaine au centre du jeu.

Les iconocartes départementales sont totalement inutiles : elles indiquent simplement la localisation des hôpitaux. Les cas les plus graves ont été transférés au CHU le plus proche. Par voie de conséquence, les meilleurs hôpitaux enregistrent le plus de morts. C’est parfait. Il suffira d’affiner un poil pour prouver que la mortalité a été supérieure dans le public que dans le privé.

Une surprise malgré tout : Toulouse a été misérablement impactée. Tout comme Clermont-Ferrand et Grenoble. Le virus est il sensible à l’altitude ? Ou à l’anorexique démographie des régions montagneuses ? On choisira l’explication en fonction du résultat désiré.

La gestion énarchique, c’est comme ça que ça marche, à coup de prévisions autoprévisibles. Ainsi, ma chère ville de Bayonne enregistre le plus fort taux de naissance de la région. Il ne faut pas imaginer les habitants comme des lapins lubriques. Mais, la plupart des maternités de proximité ayant été supprimées, les parturientes viennent pondre à Bayonne, justifiant ainsi le choix de départ On l’a déjà dit. L’ENA n’est pas une école d’administration, c’est une école qui rend le territoire administrable par un certain système. Une grosse couveuse à feignasses. Prenons un exemple : Laurent Nunez. Il a été deux ans sous-prefet chez moi. Il avait à s’occuper de villages comme Arancou ou Orsanco. En deux ans, combien de fois a t’il visité ces hauts lieux de civilisation pour en rencontrer les édiles ? Je déconne pas : à Arancou, il y a un abri sous roche magdalénien qui est un des plus anciens habitats du Pays basque. Il y a aussi une église du XIIème siècle érigée pour les pèlerins allant à Compostelle car Arancou est un village compostellan. Avec ses 150 habitants, le maire ne peut tout simplement pas mettre en valeur son patrimoine. Une visite annuelle du sous-préfet me semble être le service minimum. Mais les sous-préfets ne vont plus aux champs. Et Nunez, comme ses homologues, a laissé Arancou être englouti par la modernité.

Administrer un territoire, c’est un travail de dentellière. Chaque village a ses spécificités, son patrimoine, ses routes, ses productions et ses difficultés. Et chaque village participe, à sa manière, à la richesse de la France. Mais l’époque n’est plus aux dentellières. Ne compte que ce qui peut être compté. Et encore à condition de le vouloir. Car l’énarchie a oublié cette vérité première = toute statistique commence par UN. Un mec qui plante de la vigne, un mec que son voisin imite pour améliorer son ordinaire, puis un autre…Et on crée une appellation. A ce moment, la quantité est suffisante pour justifier la statistique qui n’est possible que par l’unique du départ.

On voit cette idéologie à l’œuvre sur le territoire national : regrouper pour faciliter. La première régionalisation comportait 22 régions conçues comme les arrière-pays de 22 métropoles. La dernière n’en compte plus que 13 avec des chimères géographiques comme la Nouvelle-Aquitaine qui englobe désormais le Poitou-Charentes et le Limousin. Cela signifie d’abord une perte d’influence pour Poitiers et Limoges dont la croissance se trouve menacée  en devenant des métropoles secondaires. La théorie du ruissellement restant à l’œuvre, cela signifie également un affaiblissement de l’ensemble. Bordeaux va capter l’essentiel de la croissance démographique au détriment de Limoges ou Brive. Tous les énarques sont d’accord : il est plus facile de gérer 13 métropoles que 22.

L’entassement de la population est en bonne voie. C’est profitable aux virus. Plus les humains sont nombreux et serrés, plus le virus circule. Si l’on excepte Toulouse, les villes les plus touchées sont les villes possédant un métro. Il y aurait une corrélation à chercher entre mortalité et transports en commun, le tramway me paraissant avoir les mêmes effets que le métro.

L’hygiénisme est né au XIXème siècle. Il s’agissait de limiter l’entassement pour protéger les hommes de la pandémie du temps : la tuberculose. Rien n’a changé sauf la manière d’administrer les hommes. Désormais, on les entasse de nouveau, avec de nouveaux arguments. Mais l’entassement est toujours aussi assassin. Avec un détail : on ne peut pas d’un coup, revenir en arrière, rouvrir les écoles, les postes, les hopitaux fermés afin de permettre aux citoyens de vivre dans un environnement plus protecteur.

La métropole idéale, on la connaît. Une ville moyenne (de 10 à 20 000 habitants) sans zone commerciale, sans grande distribution agressive, avec un ou deux marchés de producteurs locaux par semaine, un hopital et une maternité, et un arrière-pays organisé en villages où le citoyen peut trouver les services essentiels avec guichets uniques (mairie, CPAM, CAF, poste), une école à taille humaine. Un seul inconvénient =  l’omniprésence de la voiture individuelle tempérée par la proximité. On peut y pallier par le covoiturage et quelques pistes cyclables.

Oui, il faut vingt métropoles de cette taille pour équivaloir une métropole régionale de 400 000 habitants. Et beaucoup plus d’équipements, de fonctionnaires, d’investissements. Et alors ? Nous l’avions il y a cinquante ans. L’Europe veut faire vivre un géant comme la France à la manière d’un nain comme le Luxembourg. La seule réponse possible est NON. Et oui, c’est un changement d’habitudes, de vie quotidienne, c’est surtout un changement d’administration.


L’entassement est mortel. Il faut le desserrer. Nous devons apprendre a vivre avec les pandémies qui aiment le bouillon de culture qu’est la ville. Il faut casser l’écosystème du virus. Le capitalisme finira bien par comprendre qu’il a besoin de travailleurs pour prospérer

mardi 9 juin 2020

TRAHISON ET RACISME

On est en 2015. Je viens de publier un livre sur un général napoléonien. Jean Tulard qui est LE spécialiste français de Napoléon m’a accablé de compliments. Ça brosse l’ego.

C’est vrai que je suis fier. Le général en question est l’ancêtre direct de mes enfants. Au départ, il est cordonnier. Martiniquais (Pierrotin, pour être précis), il a eu une carrière exceptionnelle. J’ai tout vérifié à Vincennes. Les avancements, les batailles, les blessures. Faisons court. De batailles en prisons, le cordonnier pierrotin a été nommé général par Napoléon lui même sur demande de Murat pendant la campagne de Russie. C’est pas rien quand même ! Je rappelle que mon cordonnier était né d’une famille d’esclaves, il était « libre de couleur », soumis au Code noir. Nègre pour le dire simplement avec le vocabulaire du temps. Même qu’avec son copain Louis Delgrès, il a proclamé l’abolition de l’esclavage à Pointe-a-Pitre en décembre 1792. Ça a pas duré longtemps. Il a fallu recommencer plu tard.

Il y avait une légende familiale mais après avoir bossé j’offre à mes enfants un aïeul exceptionnel, un mec dont ils peuvent être vraiment fiers, le seul général noir de l’Empire, les autres, Dumas, Changatte, avaient été nommés par la Révolution. Avec le temps, je suis devenu copain avec Joseph Serrant. Grâce a lui, mes enfants sont afro-descendants ce que la légende familiale avait un peu oublié.

A l’époque je bosse à la télé, une télé antillaise. Je m’entends bien avec Jeff, mon boss, nous partageons des galères. J’ai parlé à Jeff de mon nègre. J’ai envie de faire un scénario et Jeff fonce. Il se démerde pour que j’ai un rendez-vous avec un gros producteur martiniquais de la télé nationale. Rendez-vous dans ses bureaux, Jeff veut être certain qu’on bosse en équipe. Il va jusqu'à nous faire le café.

Je raconte l’histoire. Je fais court, c’est un producteur, pas l’effrayer avec trop de figurants, trop de batailles. Pour la campagne de Russie, j’insiste sur Eugène de Beauharnais, c’est un compatriote.

Quand j’ai fini, le producteur gouvernemental me regarde, apitoyé. « Je ne peux pas financer un film sur un traitre ». Un traitre !! Traitre à qui ? Près de quarante ans de guerres, une collection de blessures qui aurait du le tuer, un mec apprécié par Murat, reconnu par Napoléon, aimé par Molitor et par Eugène. Elle est où la trahison ? Je m’énerve. Jeff va faire un café de plus, il veut me calmer.

« Il a trahi sa race ».  Blouf ! Le producteur développe. Napoléon était esclavagiste, tout le monde sait ça. Mon général avait oublié son copain Delgrès, bla-bli, bla-blo…..

Je suis espanté. Je pouvais tout attendre mais pas « traitre ». J’étais fier d’avoir rendu aux Antilles un grand soldat oublié. Chez ACI, le racisme est inexistant. Je bosse avec Jeff, Philippe, Loulou, Jean-Claude, sans que le sujet n’ait seulement  été évoqué.

A force, on se coupe. A force d’être ordinaire, on se coupe des anormaux. Alors quand ils débarquent dans ton quotidien, forcément, ça surprend. Dans notre écosystème, le producteur gouvernemental introduisait le racisme qui en était absent.

Pour nous, « traitre » c’était traitre à la Nation. Parfois à sa femme, mais c’était moins grave. Pour être traitre à sa race, il faut avoir la « race » dans son logiciel. Je comprends aujourd’hui que le vrai raciste est le producteur qui se prétend antiraciste parce que lui ne fonctionnait que sur la race. Et il voulait la glisser entre nous comme un coin mortifère.

Il n’y a pas de négres aux Antilles, depuis, au moins, la Révolution. Il n’y a pas non plus de Noirs, ni de coloured, ou de je ne sais quoi. Juste des Antillais.
Un traitement différent installe le racisme et dire « j’aime les Noirs » est aussi raciste que « Je n’aime pas… » parce que ça met en avant la couleur. Même positive la discrimination reste une discrimination.

C’est pour ça que j’aimé Joseph Serrant. Il s’est saisi de la Révolution comme d’une arme. Avec les droits de l’homme, il  effacé sa couleur, il a gommé sa modeste origine. Ce n’est pas allé sans mal : il a aussi abandonné le créole car le français est la langue de la République. Caractéristique du traitre ? Militaire, il fut jacobin. Est ce une traitrise ? Il a passé sa vie à se battre pour la Nation.

Je sais, ça sonne désuet de nos jours. Mais il faut choisir ses mots. Et traitre ne convient pas.


Pas plus que « vendu ». En traitant un policier noir de vendu, on le renvoie à sa couleur de peau. On agit comme un raciste

vendredi 5 juin 2020

SE FAIRE BIAISER

Pauvre Ruth ElKrief…Comment qu’elle s’est faite renvoyer dans ses 22 par Panoramix !! J’avais honte pour elle, mais je dois admettre qu’elle a été un  toro brave. Plus elle en prenait, plus elle y retournait. Dans l’ensemble, Raoult a été sympa. Il a eu dix occasions de porter l’estocade dont il n’a pas profité.

Elle ne se rendait absolument pas compte du décalage épistémologique. Raoult l’a dit à plusieurs reprises, en termes assez galants. Quand un journaliste cite un journal scientifique de haut niveau et parlant de ses sources, commence à se remplir la baignoire du mensonge. Personne ne peut imaginer Madame Ruth lisant  Cell ou le NEJM au petit déjeuner. Elle a ses décodeurs qui lui disent ce qu’il faut lire et ce qu’elle doit comprendre. Ses vraies sources ne sont pas les périodiques qu’elle cite, mais les conseillers qu’elle a choisis et dont je ne sais rien. Elle ment sur ses sources. Tous les journalistes affirment qu’il faut protéger ses sources ce qui évite d’avoir à dévoiler les sources qui les protègent.

Le titre du décodeur semble une protection. Sur tous les plateaux, on a vu se promener les Professeurs de Médecine. Il y en a une tétrachiée dans le pays, donc y’a du stock. Ce qui permet d’interroger un urgentiste qui va intervenir en matière de microbiologie. C’est pas comme ça que ça marche. Il y a dans l’écosystème médical des affinités, des complicités, des coteries, des intérêts croisés, et même des histoires de cul qui dessinent des réseaux. Et là, je pense que Madame Ruth ne sait pas dévoiler l’écheveau.

Mais elle en joue parce que son salaire est décidé par ses auditeurs qui la veulent « sachante » même si elle sait peu ou mal. Et donc, elle se précipite vers le degré zéro du savoir : la statistique, cette merveille qui permet d’asséner des chiffres sur tout et n’importe quoi sans avoir rien à justifier. Avec la prime à la méthodologie qui devient déontologie pour se parer des plumes de l’éthique. Avec la fuite du toro quand la pique devient forte : et vous, si je vous propose un traitement et un placebo, que choisissez vous ? Ce n’est pas le problème. Ben si. C’est même le seul. Soigner.

En fait, Madame Ruth pense que les chiffres sont une passerelle qui lui permet de « conduire » son interview. C’est faux, évidemment. Raoult, il lui a fallu une petite demi-heure pout décrypter l’étude du Lancet : biblio, analyse des chiffres et de leur origine, un nom ici, une équipe là, plein de signes lui sont apparus à la lecture. Des signes qui ne parlent qu’aux pros, ce qui lui permet de conclure : « foireuse ».  Mais jamais ces signes ne sauteront aux yeux de Madame Ruth, car elle n’est pas une pro en virologie et parce que ses décodeurs n’ont pas attiré son attention. Sur le sujet, elle est comme le toro : limpio, naïve. D’où ma comparaison.

48 heures plus tard, le Lancet se rétractait. Ça arrive souvent qu’une revue se rétracte, mais rarement aussi vite. En général, ça vient un mois ou deux plus tard, sous forme de compléments ou de nouvelles informations.. A priori, il y avait le feu au lac.

Raoult, avec tact, l’avait prévenue : nous ne sommes pas dans le même écosystème. Elle doit avoir des lacunes dans l’écosystème des revues scientifiques. Dans la vie, il y a ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Raoult a vraisemblablement posé son arme sur la table. Et le Lancet creuse.

Toute étude a des biais. Mais si tu ajoutes les glissements sémantiques aux manipulations statistiques, t’as  intérêt à être bordé. Madame Ruth, elle croit que les journalistes sont légitimes quel que soit le sujet dès lors qu’ils pratiquent l’art de la synthèse qui est à la base de leur travail et qui leur permet de squelettiser une pensée pour plaire à ceux  qu’ils pensent être leur public. Et donc, elle se vautre et entraine dans son naufrage une gamine qui devra se reconvertir dans l’art du maquillage.

Elle oublie les bases. Elle a cité Hippocrate en oubliant Galien. Pour définir la médecine, Galien avait imaginé un triangle :  le malade, la maladie, le médecin. Trois singularités. Dix fois, Raoult l’a ramenée à la singularité. Le problème n’est pas de gérer des cohortes, mais de soigner des individus. Le problème est la médecine du talent, pas la médecine du chiffre. Dix fois, elle s’est dérobée, revenant à son écosystème et se ridiculisant.

Là où j’ai eu le plus de honte pour elle, c’est quand elle a demandé à Raoult s’il n’avait jamais pensé à émigrer et qu’il a répondu qu’il était la quatrième génération d’officiers de la Légion d’honneur. Sans insister.


Entre les deux, le fossé était béant.