samedi 30 mai 2020

GLOAGUEN, FLAUBERT, BARTHES

Il n’y a pas de littérature de voyages. Il peut y avoir des récits, des rédactions, pas une esthétique. Sauf dans un cas.

Il n’y a pas de littérature de voyages car la littérature, ce n’est pas un sujet, c’est une forme, ce qu’on appelle, pour simplifier, le style. L’important est de savoir, de comprendre comment c’est écrit. Tout livre est d’abord le vecteur d’une écriture, c’est à dire d’une mise en forme. A cet égard, Exercices de style est l’un des meilleurs livres contemporains. Or le voyage a suscité cette forme ultime de la littérature qu’est le guide touristique. Le guide est sorti de l’aporie du contenu en l’affichant. C’est son titre. Dès la couverture, on est fixé : on sait de quoi ça parle. Ce que cherche le voyageur, c’est comment ça en parle. Il est à noter que le guide touristique suscite de très nombreuses réactions stylistiques : « J’aime pas le ton, le style, comment c’est écrit », bien plus que le dernier ou le prochain Goncourt. Dans une librairie de voyages, on parle essentiellement de stylistique, c’est à dire de littérature. On ne peut pas en dire autant de toutes les librairies.

C’est simple à comprendre. Soit un contenu commun et des formes multiples. Un Louvre dans son unicité et les formes du Louvre Un Louvre, un Orsay, un Galliera, un Cernuschi, un Guimet et nul raton laveur. Déclinés, délavés, désossés, décrits. Tous là. Une ville, trois villes, un pays. …
Un livre, deux livres, cinq, dix…et tous ont le même contenu. L’imaginiez vous ? La même histoire racontée par tous., tous axés sur la forme : dire le même mais différemment. Dix versions de Madame Bovary, c’est impossible (Exercices de style, encore) Dix versions du Louvre, dix versions de la Joconde, c’est possible. D’ailleurs ça existe

Le guide touristique est la plus haute forme de la littérature car c’est la seule écriture sans contenu. Ici, seuls comptent le regard et l’écriture. Prenons l’exemple le plus proche : Paris. Un énorme système de signes enchevêtrés.  Dix, vingt rédacteurs ou vingt équipes rédactionnelles : le morceau est gros. Chacune va sélectionner avec soin les signes qu’elle juge pertinents. On aura les passages obligés (Louvre, Tour Eiffel, Sacré-Cœur, Notre-Dame) mais ensuite ? Et même les passages obligés, que va t-on y sélectionner ? Au Louvre, la Joconde, bien entendu. Mais ensuite ?
Ecrire un guide touristique, c’est bâtir une sémiotique et en adapter l’expression au lecteur présumé. On revient à Stendhal qui écrivait « To the happy few », on revient à une expression proprement littéraire.

D’ailleurs, le guide touristique est un exercice tellement littéraire, au sens le plus formel du terme que, depuis vingt ans, l’image l’envahit car elle est une immense simplification. Un immense appauvrissement aussi. L’image, le plus souvent petite, multiplie les signes sélectionnés, évite d’avoir à les décrire, mais aussi de les mettre en perspective. On parle moins de plus de choses. L’image, dans un guide touristique, a perdu son statut deictique (illustrer un propos) pour acquérir un statut apodéictique (remplacer un propos) Il y a banalisation du style qui perd toute pertinence. Banalisation qu’il convient de rapprocher des brochures touristiques car, bien entendu, les images sont les mêmes (le Taj Mahal, la Tour Eiffel…)

Rares sont les guides qui échappent au reproche et le Guide du Routard est peut être le seul. Tout d’abord parce qu’il est le seul à garder dans son idéologie le substrat étymologique du guide. Par définition, le guide est appelé à montrer ce que l’on ne verrait pas sans lui. La sémiotique du Routard est simple qui ajoute aux signes obligatoires des signes inconnus. Aux sites que tout le monde connaît et veut voir, le Routard ajoute des lieux que lui seul connaît (ou semble connaître) et que personne, sauf lui, ne désigne au voyageur. Ce faisant, il met en scène la différence et permet au voyageur de faire un voyage autre. S’il y a un style Routard, il n’est pas dans le lexique, mais dans la conception sémiologique du voyage. Pour simplifier, que le Routard écrive « resto » ou « restaurant » importe peu. Mais qu’il arrive à signaler, à l’autre bout du monde, que « le patron parle français » vient signifier la pertinence et le décalage de son discours. Objectivement, dans un restaurant, les compétences linguistiques du patron importent moins que la performance gastronomique du cuisinier. Sauf s’il s’agit de marquer une différence qui, dans ce cas précis, viendra signifier une certaine complicité et un confort supplémentaire. Le style du Routard naît d’une rigoureuse structuration sémiotique.

Bien entendu, rien de tout ceci n’est innocent. Peu importe pourquoi on va ailleurs. Les raisons ne sont d’ailleurs pas innombrables. On voyage parce que c’est économique : une semaine en Tunisie peut coûter moins cher que dans la Creuse. On voyage parce que c’est dans l’air du temps. Il peut arriver que l’on voyage par goût du voyage, tout simplement. Les autres raisons ne sont qu’habillage.

Il n’est pas nécessaire de voyager pour apprendre. Deux exemples suffisent : dans les années 50, Rolf Stein, professeur au Collège de France, était considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du Tibet au niveau mondial : il n’y avait jamais mis les pieds. Quant à Elisée Reclus, maître incontesté de la géographie, sa Géographie Universelle a longtemps fait autorité et sa description de la Chine est une merveille. A l’exception d’un voyage en Colombie avec son frère, Reclus n’a jamais quitté la France. Personne ne peut sérieusement prétendre qu’il importe de voir pour savoir : à ce compte, on ne pourrait faire confiance à un historien dont l’objet d’études est, par nature, invisible.

On part en voyage escorté d’une armée de stéréotypes. Le jeu devrait être de les débusquer, de les interroger, de s’interroger. De savoir pourquoi l’Islam est folklorique à Marrakech et pas à Hénin-Liétard. Plus précisément, pourquoi une femme voilée est un élément du paysage dans un cas, une interrogation politique dans l’autre. Ou à l’inverse, pourquoi la vue d’un bâtiment qui fleure bon la Troisième République ne nous choque pas dans un pays africain tandis qu’une mosquée heurte nos sens en Aquitaine ?
Ce que je préfère à Marrakech, ce n’est pas la Koutoubia. Ce sont les plaques d’égout de la Medina qui arborent fièrement le nom et le sigle des Fonderies de Pont-à-Mousson. Ces plaques me disent Lyautey, une tentative de coloniser différemment, un pan d’histoire que je peux retrouver aussi, par exemple, dans les Jardins Majorelle. Elles ont plus à me dire qu’une mosquée car, après tout, ici, la mosquée est à sa place, elle n’est porteuse d’aucun sens : une mosquée à Marrakech n’est pas plus étonnante qu’une cathédrale à Chartres. Mais qu’on trouve les productions de Pont-à-Mousson dans les deux villes n’est pas innocent.

Le stéréotype n’est jamais un signe pertinent car il est ce que tout le monde partage, c’est à dire le plus petit dénominateur commun du savoir. Il forme la base du Dictionnaire des Idées Reçues, cette admirable clôture de l’admirable Bouvard et Pécuchet. La vision flaubertienne du ridicule était pourtant bien mince car, en son temps, le stéréotype était véhiculé seulement par le livre et ne se diffusait donc que dans les couches de la société capables de lire et de se procurer des livres. Bouvard et Pécuchet sont des copistes, mais des copistes de l’écrit. Leurs tentatives de maîtriser, l’une après l’autre, les sciences et techniques dessinent le projet encyclopédique de Flaubert qui vient poser un miroir devant l’œuvre de Larousse, son contemporain, mais pour s’en moquer. D’ailleurs, la base du savoir de Bouvard et Pécuchet, c’est l’œuvre de Roret, le travail d’éditeur de Migne, autres tentatives encyclopédiques contemporaines de Flaubert. Bouvard et Pécuchet tentent tout, ratent tout et se lassent et leurs ratages viennent de la simplification du discours induite par ce qu’on appellerait aujourd’hui la littérature de vulgarisation qui procède par stéréotype dans la mesure où le stéréotype est le seul discours qu’on puisse tenir à qui ne sait pas et à qui ne veut pas apprendre.

Ainsi envahi, le « livre de voyage », guide ou récit, ne peut plus que refléter un discours endoxal, un discours politiquement correct, un discours qui respecte l’opinion commune que les Grecs appelaient doxa. Il attire tellement l’attention sur ce que l’on connaît déjà qu’il empêche un regard autre sur des signes plus discrets mais souvent plus pertinents.

J’ai eu la chance de devoir expliquer à des voyageurs un pays complexe. J’ai surtout eu la chance de devoir l’expliquer en commençant par le commencement, l’Espagne non espagnole. Au nord-ouest de la Péninsule se trouve l’Espagne Verte. C’est de là, de cet arc de cercle qui va de l’Aragon à la Galice que s’est construite l’Espagne. On n’y trouve pas de flamenco, peu de traces musulmanes et pratiquement pas de toros (sauf en Navarre), on n’y mange pas de paella et on n’y boit pas de sangria. La partie la plus espagnole, ce sont les Asturies où l’on joue de la cornemuse et pas de la guitare et où on boit du cidre, pas du vin. Les Asturiens ont un dicton : « Asturias es España, lo demas tierras conquistadas », l’Asturie c’est l’Espagne, le reste ce sont des colonies. La vérité historique est là : les Asturies sont la seule partie de l’Espagne où les Musulmans n’ont jamais mis les pieds et c’est de là qu’est partie la Reconquête. Les Asturiens ont raison, ils ont colonisé l’Espagne et même la monarchie actuelle le reconnaît qui donne au prince héritier le titre de Prince des Asturies. La vallée de Liebana, à la limite des Asturies et de la Cantabrie, abrite le Monastère de Santo Toribio où le moine Beatus rédigea et enlumina un Commentaire de l’Apocalypse qui reste l’un des plus beaux manuscrits du Haut Moyen-Age. Beatus est également connu des théologiens pour avoir été l’un des plus ardents adversaires du mouvement adoptianiste. Les adoptianistes étaient Chrétiens et ils professaient que le Christ n’était pas Dieu, mais adopté de Dieu. Ils refusaient donc la Sainte Trinité ce qui était loin d’être innocent car ils se rapprochaient dangereusement des Musulmans et de leur conception unitaire de Dieu. Le triomphe de l’adoptianisme aurait vraisemblablement tué dans l’œuf la Reconquista. Théologie et politique avaient partie liée et le destin de l’Espagne s’est joué dans ces quelques vallées autour des Pics d’Europe.
On ne peut pas comprendre l’Espagne méridionale si on la coupe du nord. C’est au nord que s’est forgé un christianisme intransigeant, un christianisme de guerre appuyé sur quelques sanctuaires-clefs (Santiago, Covadonga, Santo Toribio) et une série d’abbayes cisterciennes. C’est ce christianisme de combat qui s’est exprimé pendant la guerre civile, pendant le franquisme et encore aujourd’hui. La chaîne est ininterrompue entre Beatus l’Asturien, Franco le Galicien, Ignace le Navarrais et Jose Maria Escriva l’Aragonais, fondateur de l’Opus Dei. Il y a même quelques personnages moins connus comme Rodrigo Jimenez de Rada, archevêque de Tolède au XIIIème siècle, l’un des artisans de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. La bataille a été gagnée par Sanche le Fort, roi de Navarre, dont les Rada étaient les hommes-liges. L’archevêque castillan était un Navarrais et sa forteresse domine les Bardenas. Et c’est encore un Navarrais, Ramon de Fitero, qui fonde l’ordre des moines-chevaliers de Calatrava pour protéger les accès de Tolède. Les processions de pénitents andalous prennent racine dans le christianisme de Leyre et de San Millan.
On peut même aller plus loin : Ignace de Loyola découvre Dieu après avoir été blessé lors du siège de Pampelune que les Castillans veulent prendre aux grands-parents d’Henri IV, cette famille d’Albret qui implante subrepticement l’Eglise réformée dans le sud de la France. Dès lors, il est tentant de penser que si Ignace a mis en place une machine de guerre contre les Réformés, ce n’est pas seulement pour avoir été blessé mais parce qu’il était en première ligne pour apprécier le danger que la religion nouvelle faisait courir à l’Espagne. Le baroque de la Contre-Réforme, omniprésent dans tout le monde hispanique, est également né sur les terres du nord.
Visiter l’Espagne en voulant ignorer cette dualité, c’est ouvrir un boulevard au stéréotype, prendre le risque de ne rien voir d’autre que ce qu’on a déjà vu et de continuer à enfoncer des portes ouvertes. Lo demas, tierras conquistadas….. Mais, comme le stéréotype est confortable ! C’est la chaise longue du voyageur. Et de l’agent de voyages.

Toutes ces découvertes, Gloaguen, avec la complicité de Pierre Josse, m’a laissé les exprimer. J’ai pu, l’espace d’un instant, dynamiter le stéréotype, prendre place aux côtés de Flaubert et rire de Bouvard et Pécuchet. Faire de la littérature. Convoquer Barthes à la table du Routard.



vendredi 22 mai 2020

PRODUIT/TROUVÉ

A ne juger l’économie que par les chiffres, on oublie les lettres. Heureusement qu’il y a des virus pour remettre les choses en place. Du coup, je me suis replongé dans un économiste oublié mais qui eut son heure de gloire dans les années 1970.

Il avait été surnommé « l’économiste renégat » ce qui aurait du suffire à sa gloire s’il n’avait finalement été étouffé par la doxa. Le livre d’Ernest Schumacher, Small is beautiful est dans le droit fil des préoccupations du temps, de Jean Dorst au Club de Rome. Ce petit rappel pour tous les imbéciles qui pensent que l’écologie a été créée par Nicolas Hulot ou Brice Lalonde.

Schumacher nous donne un outil épistémologique précieux et littéraire. Il explique que nous de devons pas confondre les biens produits avec les biens trouvés. Les premiers sont renouvelables, les seconds sont irrémédiablement gachés. L’homme exploite le pétrole mais ne le produit pas.

Cette distinction est fondamentale dans la mesure où la production est un facteur de la création de monnaie. Si ton économie produit moins, ta monnaie est moins forte.

De cette opposition fondamentale entre produit et trouvé, Schumacher extrapole une vision plus globale qui prend en compte les transports, plaidant pour le localisme et pour une économie à taille humaine d’où le titre du livre. Traduction française en 1969, la plupart des locavores n’étaient pas nés.

Renégat parce qu’économiste classique, collaborateur de Galbraith et de Keynes et spécialiste de la monnaie. Il écrivait dans une revue, Resurgence, qui fut la première à publier sur des thèmes collapsologiques. Nihil novem sub sole. D’où l’oubli dans lequel il est tombé ; d’où le travail de récupération qu’il a suscité. Travail essentiellement sémantique : l’opposition produit/trouvé était une bombe épistémologique qu’il convenait de désamorcer.On ne peut pas dire que Total s’enrichit sur des objets trouvés comme n’importe quel chiffonnier fouillant dans une benne.

L‘attitude vis a vis de la pensée des années 1960/1970 est devenue un marqueur fort. Par exemple, les déchets. Dorst avertissait que la production croissante de déchets était un danger. Il voyait une seule solution : produire moins de déchets. Insupportable pour le capitalisme qui sait bien que la croissance des déchets est un signe fort de la sacro-sainte croissance économique. Il importe donc de ne pas limiter les déchets mais d’en faire un outil pour plus de croissance. D’où le tri qui a pris la place symbolique de cette horreur écologique qu’est le papier recyclé. Il ne faut pas sortir d’une grande école pour comprendre que 10 poubelles de 10 kilos de déchets triés pèsent autant qu’une poubelle de 100 kilos.. Oui, mais quand on trie on recycle. Pas tout, mais admettons.

Le seul point noir, écolo mononeuronal, c’est que tu viens de basculer dans l’idéologie de ton ennemi. Ton tri est un outil de croissance qui l’aidera à te détruire parce que tu admets la possibilité d’une croissance infinie dans un monde fini. Il suffit désormais de parler de croissance verte pour cacher l’arme de destruction (la croissance) dans le fourreau de la doxa repeint en vert. Penser comme son ennemi, c’est se mettre entre ses mains.

On l‘avait bien vu avec le papier recyclé qui devait lutter contre la déforestation. Trente ans de papier recyclé et on n’a jamais autant déforesté. Tu parles d’un combat ! Tu te sens pas cocu toi qui envoie tes grisâtres messages dans des enveloppes grisâtres ?

Hé ! ho ! je sais bien moi que le papier c’est fait avec du bois. Ouais. Avec du bois de résineux subarctiques, pas avec du bois d’Amazonie C’est pas pareil. Le bois qu’on utilise, il subit le climat et le déroulé des saisons qui ne sont pas les mêmes en Finlande qu’au Brésil. Le résineux de Finlande va donc avoir des fibres de cellulose plus longues qui donnent un papier plus résistant et plus facile à imprimer que le papier brésilien. C’est de l’écologie en action, du sol, des saisons, du climat. En plus, les forêts sont des puits à carbone quand elles poussent. Quand elles arrivent à maturité, on les rase, on replante, c’est bon pour le climat.

Et nous voici à nouveau chez Schumacher. Il y a des bois qu’on trouve (au Brésil) et des bois qu’on produit (en Finlande), et c’est pas pareil. Ajoutons que quand t’as vu le jus produit par le blanchiment du papier recyclé, tu comprends vite où est l’intérêt écologique. Mais voilà. Ton ennemi a glissé sa pensée dans tes neurones. Tu es manipulé. Ça fait pas plaisir, je peux comprendre.

Et le virus dans tout ça ? Ça m’est venu hier, devant une émission où étaient indiqués les secteurs menacés de chômage. Les commentateurs avaient pas eu le temps de peaufiner les arguments, alors ils se lâchaient. « On voit bien, disait l’un, que les secteurs les plus menacés sont les plus inutiles ». Exact camarade ! 40% de chômeurs prévus dans le marketing, l’événementiel, la pub, c’est le poids des inutiles parfois malfaisants. Si ceux qui restent en profitaient pour réfléchir, ça serait mieux.

Faut pas rêver. Adopter la méthode Schumacher serait un bordel incommensurable. Rien que refaire les catégories INSEE ou les nomenclatures de la douane, y’en a pour des mois. On est dans la dentelle, cette dentelle que rejettent les mecs formés à l’administration ;formatés pour inventer des ensembles de plus en plus gros qu’ils imaginent plus faciles à  gérer Ainsi de l’Europe qui, année après année, enjoint à la Ftance de diminuer le nombre de ses communes. Qu’est ce que ça peut leur  foutre ?

Relisez Schumacher…


Small is beautiful…

mercredi 20 mai 2020

LA GUERRE CHINE-USA

C’est devenu une tarte  à la crème de l’information politique. Il y aurait une guerre économique américano-chinoise et nous (l’Europe) sommes sommés de prendre parti sinon tout ceci pourrait bien dégénérer en vraie guerre.

Il est exact qu’il y avait une guerre économique . Elle est née en 1841 lorsque la Grande-Bretagne a imposé  la Chine les premiers traités inégaux afin d’ouvrir le marché chinois de l’opium. Guerre parfaitement économique, on est dans le commerce. Sans OMC, mais c’est un détail. On va pas rentrer dans près de deux siècles de guerre ininterrompue, les humiliations infligées à l’Empire fleuri, notamment l’obligation de recevoir les missionnaires et les extraterritorialités imposées. Chaque pays européen (colonisateur) a joué différemment et les Chinois savent que l’extraterritorialité de la concession française de Shanghai a permis la  création du Parti Communiste chinois quand les Anglais utilisaient le même privilège pour créer des banques. Mais les Traités inégaux étaient une atteinte à la souveraineté de la Chine qui devenait une puissance secondaire. Et les dirigeants de tous bords cherchaient à alléger le fardeau et à renverser la vapeur. De Li Hong Zhang, premier ministre de l’Impératrice Cixi à Xi Jiping aujourd’hui, c’est une constante de la politique chinoise.

Deux siècles de guerre, c’est pas rien. J’ai donc le plaisir aujourd’hui de vous annoncer que cette guerre est terminée et que la Chine a gagné. Les journalistes qui bêlent que Trump va déclarer la guerre à la Chine se trompent : ils ont deux siècles de retard et la guerre a été initiée par Van Buren que tout le monde ignore superbement. Trump ne va pas déclarer la guerre mais il va payer la facture.

Il y a eu sur ce blog divers billets pour vous informer. La création, puis le développement de l’OCS, le remplacement du FMI et de la Banque mondiale, la reprise en mains des terres rares, la construction d’un conglomérat touristique autour du Club Med, la mise en œuvre des Routes de la Soie en s’appuyant sur la technologie TGV, le fonctionnement des EPR, les investissements en Allemagne, les signes succédaient aux signes et personne ne savait lire. Encore n’avais je que les infos distillées par les Chinois car je peux supposer que le Quai d’Orsay savait des choses que j’ignorais.

Aujourd’hui le flipper affiche Game Over et Trump le secoue comme un malade espérant changer le score. Il appelle les copains de la bande qui ignorent que casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre. Voici dix ans que Pierre Gentelle m’expliquait déjà que l’un des joueurs jouait au poker et l’autre au weiqi et que le perdant voudrait renverser la table. Retenez moi ou je fais un malheur, est le fonctionnement de Trump dont on peut soupçonner que ses militaires le retiennent. Ils savent que l’OCS est une alliance militaire, comme l’OTAN, et que ses armements sont supérieurs en nombre et en qualité aux armements américains. On peut toujours laisser Wikipedia affirmer que les « capacités militaires de l’OTAN ont telles qu’aucune autre alliance de défense ne possède » mieux. Propagande pipeau ! L’OTAN a un partenariat avec la Russie qui est membre de l’OCS, partenariat destiné  garder le contact avec les militaires russes, lesquels construisent des avions de chasse en coopération avec les Chinois.

J’ai entendu hier un insignifiant journaliste affirmer que la Chine de Xi Jiping avait changé et devenait arrogante. Ce n’est pas exactement ça. La Chine est arrivée au point où elle ne peut plus cacher ses muscles. Ça a marché pendant trente ans, mais ça ne marche plus. Surtout après le Covid. On croyait être dépendants pour les piles des lapins sous le sapin de Noêl, et voilà qu’on risque le manque de Doliprane. Du coup les médicaments deviennent stratégiques. Les pseudo-souverainistes s’insurgent et le doliprane devient grande cause nationale !

Rappelons aux enfoirés de tous bords qu’ils ont applaudi à la vente d’Arcelor à l’Hindou milliardaire. Si, demain, on veut construire un second porte-avions ou quelques sous-marins supplémentaires, voire doubler le nombre de nos Rafales, nous n’avons plus de sidérurgie. Relocaliser le Doliprane me semble moins « stratégique » que l’acier.

Il faut une secousse pour changer de modèle. On va créer des commissions d’enquête parlementaires qui enquêteront dans l’entresoi des pompiers pyromanes et n’aboutiront à rien. Imagine t-on une mise en cause de Xavier Bertrand qui fut Ministre de la Santé, ferma des lits, modifia notre système de santé, détruisit des stocks de masques et avait comme directeur de cabinet Jean Castex que Macron a chargé du déconfinement ? Tous copains !

Je suggèrerai plutôt la création d’une cour martiale économique chargée de juger les délocalisateurs comme traitres à la Nation. De tous les fonctionnaires, les militaires me semblent être les moins susceptibles de copinage, ce cancer de la haute administration. J’imagine que le crime de haute trahison peut encore être puni de la peine de mort, mais c’est à vérifier. Il resterait malgré tout la confiscation des biens et quelques peines symboliques qui calmeraient la colère du peuple.

Je sais, je rêve. J’essaie d’être logique. Quand je vois Lafarge, pris la main dans le sac de ciment pour avoir aidé les islamistes en Syrie, je me dis que les collègues de ceux qui sont morts face au terrorisme ont pour juger une légitimité que je n’ai pas.

Tu légitimises la vengeance ? Et pourquoi pas ? La vengeance vaut bien la compassion, non ?



lundi 11 mai 2020

LES MOYENS ET LE RÉSULTAT

J’écoute le charmant et inutile Jean Baptiste Djebbari. Il explique tout ce qu’il a fait. C’est certainement très bien. A un détail près : il est ministre. Me saute alors à la figure une opposition juridique ancienne et dévoyée, l’opposition entre moyens et résultat.

Pour le dire simplement, dans un cadre contractuel, tu peux échapper à tes obligations en excipant du fait que tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour les remplir. C’est l’ancienne « bonne foi ». L’exemple qui revient sans cesse est celui du médecin qui doit faire tout ce qu’il peut pour guérir sans que guérir soit une obligation.

Exemple bien choisi. Mauvais exemple car exemple non généralisable. Et d’abord parce qu’il n’existe aucun contrat entre le médecin et son malade. A l’inverse, l’élection est un contrat entre l’électeur et l’élu lequel doit son poste à sa capacité supposée ou proclamée de régler les problèmes.

Là, Djebbari dévidait la litanie des mesures qu’il avait prises et qui devaient régler les problèmes. Sans que nulle part, il ne s’engage. Et aucun journaliste en face pour dire : « Vous etes certain ? ». C’est pas un plateau télé, c’est du babillage.

Je pensais à des choses plus triviales. Djebbari, il a fait l’ENAC. Respect. S’il avait échoué, serait il allé voir son père pour lui dire « J’ai fait tout ce que je pouvais, mais j’ai été bullé » ?. On me permettra de douter. L’excuse des moyens, c’est ça. J’ai fait tout ce que je pouvais. Excuse que pas un athlète n’oserait sortir pour justifier d’être au pied du podium. Excuse de gamin face à la maitresse qui gronde. Excuse qui va bien avec le nez qui coule et Maman qui tend le mouchoir.
Mais ce n’est pas une excuse d’adulte responsable. Ni a fortiori une excuse de gouvernant. Même pas de chef d’entreprise. Le chef d’entreprise justifie ses émoluments souvent indécents par ses qualités anticipatrices. Anticiper le drame justifie ces émoluments. Mais, comment pouvais je prévoir ? J’en sais rien mais tu étais payé pour ça. La hauteur du barreau de l’échelle définit la hauteur du couperet qui doit tomber.

Petit Djebbari, ce que tu as fait, c’est bien. Ou pas. Seul compte le résultat. Le peuple n’est pas ta maman qui va sécher tes larmes en cas d’échec. C’est un maitre qui exige un résultat et ne peut pas tolérer l’échec. Tu as fait tout ce que tu as pu ? Si ça ne marche pas, c’est que tu n’as pas assez fait. Ou que tu as mal fait. Dans les deux cas, tu es responsable. Seul. Le poste que tu occupes, tu l’as accepté, voire sollicité. Ton acceptation vaut engagement, engagement de réussir. Pas simplement d’essayer, parce que n’importe qui peut essayer. « J’ai fait de mon mieux » n’a aucun sens en politique. Nous avons tous dans la tête le pathétique « responsable mais pas coupable » de Fabius. Si responsable, coupable.

Les gouvernants se cachent derrière leurs conseillers, oubliant qu’ils sont responsables du choix de leurs conseillers. Si tu as mal choisi tes conseillers, tu en es responsable.

L’opposition entre obligation de moyens et obligation de résultats pourrit notre vie, tant économique que politique, car c’est le socle de la déresponsabilisation. Depuis, au moins, la grande Peste de 1346, tout gouvernant sait que la pandémie existe, tout comme existent les phénomènes climatiques et les tremblements de terre. Tout ceci est prévisible. Ce qui est imprévisible, c’est la date. Seulement la date.

Le fonctionnement-Bachelot n’a pas été commenté correctement. Roselyne a adopté une ligne « fausse modeste » que je ne comprends pas. La constitution d’un stock de masques était un acte de gouvernement. La destruction du dit stock était un acte de gestion. Dans ce cas précis, l’obligation de résultat dépendait de l’obligation de moyens et nous sommes dans un cas emblématique : celui de la responsabilité de la destruction de moyens. « J’ai fait tout ce que j’ai pu » ne peut plus être énoncé. « On m’a empêché d‘avoir les moyens » devient acceptable.

A tout prendre des arguments chez les assureurs, utilisons donc la notion de « fait générateur ». Le covid n’est pas le fait générateur de l’encombrement des services de réanimation. Le covid est une pandémie qui nécessite des respirateurs. L’encombrement a pour fait générateur la suppression de lits, voire d’hopitaux, François Salachas l’a verbalisé : « Nous sommes au bout » dès avant l’explosion du covid.

D’où une piste de recherche. Le résultat dépend des moyens. Dès lors, pourquoi ne pas pénaliser la destruction de moyens ? puisque détruire les moyens revient à induire un résultat négatif.

Il faut, à mon sens, revoir les leçons de l’Histoire. Nous avons lutté avec succès contre la tuberculose, avec des gestes-barrières simples qui doublaient une vaccination obligatoire. Cracher dans la rue était une infraction. Punissable. Depuis combien d’années n’avons nous pas dressé de contravention pour crachat dans la rue ? Il me semble que le mollard est un plus gros réservoir que le postillon.

Et l’hygiaphone ? Les guichets publics ont été « libérés » de la contrainte de l’hygiaphone qu’on re-installe aujourd’hui à grands frais. Quels sont les textes qui ont supprimé l’hygiaphone ? Quel est le salopard qui a pris ce risque ? Le ou les mecs qui ont décidé que les épidémies n’existaient plus ?

A l’obligation moyen/résultats vient se superposer une stupidité hyperbolique : « dans l’état actuel des connaissances » que l’on applique toujours mal. L’état actuel des connaissances ne s’applique pas à la tuberculose, mais aux contraintes épidémiologiques en général. Parce que, faut pas rêver : partout les hordes virales se préparent. On va les nommer, les mesurer, bref nous faire revivre la pantalonnade du covid-19. Les virus qui s’attaquent aux poumons, on trouvera des solutions. Imaginons un virus qui cible les intestins.


Ben, on sera dans la merde…..

mardi 5 mai 2020

PLENEL ET BRIGNEAU

Je viens de recevoir un article de Mediapart où Edwy Plenet étrille Macron.

Bien écrit, bien documenté mais tellement journalistique. Plenel dézingue le Président pour lequel il a appelé à voter. Mental de journaliste qui vit, écrit et pense aujourd’hui. Macron est mauvais ? Tu le savais pas Plenel ?

Trotskyste, Plenel ? Non. Opportuniste et incohérent. Je connais sa justification. Macron plutôt que Le Pen. La justification de tous les imbéciles qui ont porté Macron au pouvoir. Pas de vagues. Je pense à Trotsky debout sur les locomotives militaires qui portaient la guerre aux quatre coins de la Russie. Le Pen c’était l’assurance du bordel, prélude à la révolution. La Révolution avec son cortége d’exactions purificatrices.

Plenel porte en lui la haine trotskyste du nationalisme qui est une pulsion d’échec partagée par de nombreux autoproclamés « gens de gauche ». Il préfère soutenir un banquier d’affaires qui détruit le code du travail protégeant le prolétariat. Rien ne justifie ça. Sauf une déviation psychanalytique. Parce que finalement, toute sa vie, Edwy Plenel s’est accommodé des prébendes du capitalisme et a fonctionné comme un journaliste intégré, un idiot utile qu’on augmente quand il sert la soupe.

Plenel pense peu et écrit bien. Il devrait parfois penser à Hébert et au premier chapitre du Degré Zéro que son épouse doit connaître. L’écriture est un acte social. Et le pamphlet un acte stylistique. N’est pas Bloy ou Céline qui veut. Il voudrait, dans son article que Macron soit destitué. Vocabulaire de menchevik, bien loin de la colère du peuple qui l’aimerait décapité. C’est que Plenel est un porteur de mots, pas un porteur de colères. Il écrit pour son monde, le monde policé de l’oligarchie qui se partage le pouvoir.

Il aime bien son étiquette de trotskyste qui l’identifie pour un danger politique qu’il n’est absolument pas. En fait, Mediapart est un peuplier à l’orée d’une forêt de marronniers. Il baigne dans le politiquement correct et canalise les rancœurs de petits bourgeois qui seraient effarés de tout passage à l’acte. Résumons : Edwy Plenel n’est pas François Brigneau.

Il n’y a plus de journalistes, plus de polémistes pour conduire à l’excès. Plenel a levé l’affaire Cahuzac. Pour en faire quoi ? Un pâle procès qui a laissé l’escroc quasiment indemne. Barthes appelait ça la vaccine. On dénonce un fait secondaire pour faire oublier le reste. Cahuzac faisait oublier El Khomry qui préparait Macron et Plenel appelait à voter Macron.
Plenel a levé l’affaire Benalla lequel plastronne aujourd’hui et donne des interviews. A quoi ça sert ? Politiquement. A rien. Aux temps heureux du vieux Général, Benalla aurait eu un accident de trottinette ou aurait plongé dans une flaque d’eau aux Tuileries.

Mais ça Plenel ne le dira pas : Macron ne peut pas protéger les Français de la mort parce qu’il est incapable de la donner.

Et donc je pense à Lev Davidovich et aux locomotives ornées de l’étoile rouge. Quand la politique était une esthétique. Quand Jaurès dirigeait l’Humanité.

Pourquoi j’ai comparé Plenel à  Brigneau ? Parce qu’avec Plenel, on est comme le berger de Francis Blanche.


On s’emmerde

lundi 4 mai 2020

LE LABO ET LE BISTRO

Ce matin, j’écoute par hasard, Jean-François Toussaint. Allez voir sa fiche sur Wikipedia, on gagnera du temps+
En l’écoutant, je pense à quelques vieilles connaissances, et surtout à Bernard Canguilhem et Nicolas Jaeger, deux médecins également. Après quoi je farfouille pour comprendre mon ressenti. Toussaint, il est physiologiste, comme Canguilhem, et spécialiste de l’extrême comme Nicolas. Il est de surcroit spécialiste du sport et notamment de l’épidémiologie du sport.

Il dit quoi ? Pour simplifier, le gouvernement a tout faux. Comme Raoult, il pense que l’épidémie est en phase de décrue sans que le confinement ait joué un rôle. Là, je biche. Comme tout le monde, même mon épicier portugais, croit aux vertus du confinement, c’est qu’il y a mythologie. Il est sérieux, il produit des statistiques. Selon lui, comme Raoult, l’important c’est masques et tests. Pour accélérer la fin de l’épidémie qui est inéluctable.. La différence avec Raoult, c’est la saisonnalité. Or, il a publié deux bouquins avec le MNHN et il bosse avec le GIEC, il n’est donc pas un écolo-puceau.

Toussaint est physiologiste. Son boulot, c ‘est de savoir comment fonctionne le corps humain. Incluant les conditions exceptionnelles.. C’est d’ailleurs sa spécialité. Les pathologies émergentes. Comme Raoult. Mais un peu plus. Il travaille sur les limites du corps, notamment chez les sportifs. Pensée scientifique pure qui pense que les solutions se trouvent aux extrêmes de la courbe de Gauss. On en a déjà parlé. Les épiciers regardent la bosse de la courbe ; les spécialistes analysent les extrêmes. D’ailleurs c’est le cœur de la pensée de Toussaint : quelles sont les limites du corps humain ? Ce qui est la première question que pose le sport. Qui fera mieux qu’Usain Bolt ? est un problème médical, pas médiatique. Quant au dopage, c’est une question de physiologie, pas de réglementation. Et ça se traite dans un labo, pas au bistro.

Le discours de Toussaint, comme celui de Raoult, n’est pas audible par les politiques. Ni par les journalistes qui veulent lécher le cul de leur public en lui offrant des certitudes alors que la science est doute. D’ailleurs le résultat le plus net du corona, c’est que de plus en plus de médecins interviewés disent « Je ne sais pas » ou « on ne sait pas ». Avoir l’air d’un con a ses limites et quand, jour après jour, tu dois confronter ta pensée à un réel mouvant, il y a forcément un moment où tu as l’air d’un con. Le journaliste n’a pas perçu le changement de paradigme : son boulot, c’est l’actualité. Aujourd’hui. La pandémie a allongé le temps et l’actualité d’aujourd’hui est celle d’hier comme celle de demain. Ça influence les méthodes. Tous les jours, il te faut un plateau avec des invités. Et donc, tous les jours, c’est les mêmes vu que le sujet, c’est le même. Et il faut qu’ils se renouvellent, actualité oblige. Plus casse-gueule, y’a pas. Pour l’invité et parfois pour le journaliste.

On a remplacé de triangle de Galien, revisité par Balint voici quelques années. Médecin- malade-maladie est devenu médecin-journaliste-politique.. Galien était grec et savait que dans la Grèce classique on mettait à mort celui qui annonçait une mauvaise nouvelle. Or, la mauvaise nouvelle sort toujours de la bouche du médecin. Impossible pour le politique. Le journaliste, ça dépend.


Tout ceci ne plaide pas en faveur d’une information de qualité, ni en faveur d’une prise de décision rapide et efficace. Quand on ne comprend pas le labo, on ne peut pas parler au bistro

vendredi 1 mai 2020

PARLONS DU VIVANT

Je reviens sur une évidence. Le virus est une forme de la vie..Forme simple mais ça ne change rien. Pour parler comme les écolos au rabais, c’est un élément de la biodiversité, comme les baleines ou les pangolins ou Nicolas Hulot. Lequel défend la biodiversité, virus exclus.

Comme toute forme de vie, le virus a une niche écologique où il se développe et se multiplie. C’est souvent la même que celle de ses hôtes. C’est souvent le cas dans les symbioses, ce qui permet de poser une question : la niche écologique de l’hôte suffit elle à définir celle du virus ?

Dans le cas qui nous occupe, l’hôte est le pangolin, petit mammifère de l’Asie des moussons. A priori, la niche écologique est donc une zone subtropicale humide qui va du centre de la Chine aux iles de la Sonde.
Déjà, ça aide à douter. Les Chinois ont publié des études in vitro montrant que la chaleur tuait le virus et qu’il fallait attendre l’été.. Je doute que l’été en Picardie soit plus chaud que dans les vallées du Yunnan.. C’est juste un paramètre. In vitro.

Après, je regarde comment ça fonctionne quand les infos sont bonnes. En Italie, la vallée du Po en février, c’est pas le bas Yangzi. Pouilles et Calabre semblent épargnées. Il n’y pleut pas. Aux USA, la région de Seattle n’est pas particulièrement subtropicale. Laissons agir Trump = le corona sera bien dans les Everglades, le temps d’y arriver.

En fait, le Pays basque m’intrigue. Nous sommes proches de la Chine centrale. Humide avec une végétation adaptée au pangolin. Beaucoup de théacées, les magnolias vont bien pour des arbres américains, la fougère prospère. Or, nous sommes la région la moins touchée. De l’autre côté de la frontière, Hegoalde, le sud, est la région la plus touchée d’Espagne avec Madrid. Excluons la capitale dont la population justifie les chiffres. En revanche, la logique écologique semble respectée.

En Europe, les rives de la Baltique ne semblent pas être la terre promise du Covid.. Logique écologique, la mousson n’arrose pas Leningrad. Il me semble qu’il faut au Covid une dose d’humidité et que la chaleur n’est pas le seul critère.. Un temps à moustiques, à malaria et à paludisme. Clin d’œil à cette bonne vieille Nivaquine.

Autant j’ai défendu Raoult dès le 20 février, autant je doute sur ce coup. Il me paraît être un naturaliste de paillasse plus que de terrain et la saisonnalité est liée au terrain. Les autres pandémies venaient également de l’Asie des moussons ce qui renforce sa position et affaiblit la mienne vu qu’elles étaient saisonnières. Je dois oublier un paramètre. La chauve souris ?

J’aime ce virus car il est compliqué. Il dévoile notre discursivité simpliste. J’aime ce qui est complexe et le vivant est complexe. Les interviews de Raoult sont pathétiques tant les journalistes veulent squelettiser sa pensée… Pour l’Audimat….Pour que les start upers se croient dépositaires d’un savoir quand ils sont simplement des manipulateurs de symboles….Comme les curés.

Je dois le dire : voilà 70 ans que les chifffres me cassent les….neurones. Mais je résiste…