Il y a quarante ans, Le Gendarme de Saint Tropez faisait un
carton en narrant la chasse aux seins nus par les gendarmes. Aujourd’hui, les
mêmes gendarmes s’obsèdent sur les seins couverts. Deux bornes temporelles
comme marqueurs d’un changement social qui demande analyse.
Les seins nus étaient alors la première étape de la
libération de la femme du pouvoir « phallocrate » (terme inventé par
les lumpenlacaniennes de Psy et Po pour définir le pouvoir bénéficiant aux
hommes) On trouvait dans l’aile marchante de ces combattantes, beaucoup d’intellectuelles
comme Hélène Cixous ou Luce Irigoyen, quelques pseudo-intellectuelles
groupées autour d’Antoinette Fouque, les passionarias de Psy et Po déjà nommées
et l’habituelle piétaille des sous-bibliothécaires désséchées, des enseignantes
racornies et des libraires sous-vitaminées auxquelles souvent le saphisme
tenait lieu d’analyse politique.
Ce discours était un copié-collé de l’analyse marxiste où le
godemichet remplaçait Das Kapital et acquit bien vite le statut de discours
dominant car il ne vint à l’idée de personne que le capitalisme n’avait pas de
sexe comme le prouvait déjà le statut de Madame Bettencourt. Dès lors, la cause
des femmes remplaça la cause des peuples et la libération de la femme tenait
lieu de lutte des classes.
En quarante ans, de lois en décrets, la société s’est féminisée,
parifiée, les seins nus ne sont plus un combat valide et les anciennes actrices
du porno ont désormais le statut d’intervenantes culturelles, personne n’imaginant
que s’appeler Lahaie est un simple appel à se faire sauter. Et on s’excite sur
le burkini.
Les sociétés ont une obligation de résultats. La « phallocratie »
avait bâtie l’industrie française, mis sur pied un système scolaire performant,
conquis un immense empire colonial et assuré un réel développement économique
du pays. Le bilan de 40 ans d’anti-phallocratie, ce n’est pas que le burkini, c’est surtout 10% de chômeurs, des
enfants illettrés à l’entrée en sixième, des médias stupides et une société
plongée dans le gnangnan de la télé-réalité. Comme souvent, on s’est trompé d’adversaires
et on protège Liliane Bettencourt, femme plus que capitaliste ou Elizabeth
Badinter, femme plutôt qu’adversaire politique. Bref, nous avons plongé dans la
vaginocratie.
Bien entendu, le capitalisme s’est marré. La féminisation
offrait de nouveaux marchés ou élargissait les marchés existants tandis que l’essentiel
n’était pas mis en cause. Les femmes acceptaient les salaires indécents dont
elles avaient besoin et les conditions de travail qu’elles n’étaient pas en
mesure de refuser. Déjà, dans Germinal, les femmes rejetaient la grève….
Le burkini est dans la droite ligne : on parle plus des
femmes que de l’islam. Elles sont mal les femmes musulmanes, vu qu’il est
interdit de « stigmatiser » leurs mecs. Le féminisme baisse le voile,
ce n’est plus qu’un moyen de cession et non un moyen de pression, une manière d’évacuer
la guerre. Dans le droit fil d’une partie de la pensée féministe qui voit les
femmes du côté de la vie qu’elles donnent. Peut être, mais dans l’éternelle
lutte, c’est toujours la mort qui gagne. Choisis ton camp, camarade.
Ceci est juste une graine de réflexion. Il est des moments
où un bilan est utile. Qui le fera ?
En attendant, vous pouvez lire Chloé Delaume dont le dernier
livre Les Sorcières de la République montre la prise d pouvoir des femmes et
les catastrophes qui s’ensuivent. Du moins si j’ai bien compris, vu que l’écriture
en est féminine et expérimentale et donc inaccessible à un vieux phallocrate
comme moi.
On en reparlera…
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