Monsieur le Président, je vous fais une lettre…que vous ne
lirez pas.
Vous êtes le Président de la République française. Nous
avons donc une histoire commune…que vous méprisez avec une arrogance coupable.
Une histoire qui a ses racines dans notre grande révolution de 1789, laquelle
s’est poursuivie en 1830, 1848, 1871 et jusqu’en 1945 quand le peuple de Paris
s’est levé pour libérer le pays. Je doute, Monsieur le Président, que nous
ayons eu les mêmes enseignants. Vous devriez savoir que le peuple français ne
descend pas dans la rue pour jouer aux cubes. Notre peuple se révolte pour
changer les choses, fut-ce au prix du sang.
Tout ce que vous faites, c’est d’appeler au calme et à la
structuration de la révolte. Vous me faites penser à Louis XV ; il n’a jamais demandé à Camille Desmoulins de structurer la manifestation qui a pris la
Bastille. Une manifestation, c’est violent quand les citoyens ne sont pas
écoutés et quand les paroles ne remplacent pas les actes.
Vous croyez que la communication est l’alpha et l’oméga de
la gouvernance. Chez moi, quand on vous écoute, la réaction est unanime :
« Que de la gueule !! ». Comme votre débat que vous entamez en
affirmant que rien ne changera, alors même que la demande est là :
Changez !!
Face à votre immobilité, la violence se poursuivra. Au prix du
sang. Ce sang qui tâchera vos mains et qui pourrait bien être le vôtre, si vous
ne cédez pas. J’ignore ce que sont vos accords avec ceux qui vous ont aidé à
accéder au poste suprême. Vous aurez, plus tôt que vous croyez, à comprendre
qu’un dirigeant qui suit son peuple ne cède rien. Bien au contraire. On vous
demande d‘être en accord, en symbiose, avec votre peuple. Ce peuple qui se
contente de réclamer votre démission. Il le fera jusqu’au jour où il finira par
comprendre que la guillotine purifie et met d’accord.
Votre peuple va réussir à se structurer et à parler. Il
parlera à vos CRS qui sont simplement les Suisses qui protégeaient Louis XVI.
Il leur expliquera qu’ils sont des citoyens comme eux, méprisés comme eux et que
leur meilleure défense est de mettre les crosses en l’air. Ne doutons pas, ne
doutez pas. Votre défense craquera. Vous finirez par avoir le mot de trop, vos
séides auront le geste de trop et le peuple envahira les lieux qui vous
protègent sans que personne ne s’y oppose.
Trois mois de manifestations et vous êtes encore à votre
place. Ce qui vous rassure. Soyons sérieux. De la Bastille à la mise en cause
de Louis XVI, il fallut trois ans, de juillet 1789 à août 1792. Le peuple a le
temps, même s’il a faim. Vos amis vivent au rythme de l’économie financière, le
trimestre pour faire simple. Votre peuple veut des décisions inscrites dans le
temps. Pas dans votre temps, dans le sien. Des décisions qui vous obligent à
imaginer une politique planifiée. Votre peuple ne veut pas dépendre des
décisions de Wall Street dont la versatilité a pour but de le détruire.
N'oubliez pas l'Histoire : les actes forts de la Révolution ont été accomplis par ces minorités actives que vos stipendiés appellent "casseurs". Oui, monsieur le Président, une révolution, ça casse. Ne pleurez pas sur l'Arc de Triomphe, la Commune a brûlé les Tuileries. Vos croyances sont ridicules : vous pensez qu'une crise sociale"se gère" et que cette gestion passe par votre parole dont vous nous abreuvez au point de nous en dégouter.
Le plus grand économiste basque avait dit à Louis XV : « Dans
un pays bien conduit, Sire, le fort protège le faible ». Méditez cette
phrase. Dans le pays que vous conduisez, le fort écrase le faible. Il lui
semble pouvoir le faire sans danger, sans risque, car sa force l’y autorise et
vous laissez faire. Vous avez été élu pour protéger votre peuple. Vous refusez
cette tâche. Il se protégera donc seul et constatera votre inutilité. Et vous
finirez au rebut, comme tout ce qui est inutile.
Monsieur le Président, croyez vous être recyclable ?
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