La discussion a été lancée par un historien. Avec une
argumentation sur les chiffres qui ne lui ressemble pas.
Les chiffres, ça fait sérieux, scientifique, objectif, mais
c’est rien que des conneries. Exemples.
Premier constat stupide : les ventes de biens culturels
sont supérieures aux ventes d‘automobiles. Tous ceux qui se croient cultivés
frétillent du croupion.
Relativisons : les jeux vidéos sont inclus dans les biens culturels. Super
Mario et Flaubert, même combat. Discussion : normal, c’est la culture
populaire. La culture populaire, magnifique oxymore qui justifie que le
personnel du musée de la faïence de Longwy soit affecté au tout nouveau musée
du fer repasser !! La culture
a vocation à l’élitisme et l’héritier de Balzac, feuilletoniste populaire, est
Robbe-Grillet, tout comme Roland Kirk est le successeur de Fats Waller.
L’orchiclaste de service pose alors la question qui fache.
Mais comment vous faites pour les ventes de livres anciens, notamment en salle
des ventes ? Evident : les ventes aux enchères, toutes, sont
comptabilisées avec les meubles puisque c’est leur titulature officielle :
ventes aux enchères mobilières. Ainsi, une vente expertisée par Blaizot vient
s’ajouter aux ventes d’Ikea, lequel Ikea retrouve les meubles de Hache ou
Jacob-Desmalter. Un tableau vendu un million d‘euro à Drouot est dans la même catégorie statistique que la table
basse de ma belle sœur ! Vivent les statistiques !
Je ne parle ici que de ce que je connais, mais je peux
imaginer sans peine que les autres catégorisations sont de la même eau et
qu’une Bugatti rarissime vient se coller aux ventes des Clio de l’an passé.
Les biens culturels ont ceci de particulier que leur valeur
vient de leur rareté. Ils sont donc inaccessibles à la statistique. On peut
toutefois noter des incohérences. La question qui agitait était de savoir
comment qualifier la mort d’un automobiliste accidenté bourré. Relève t’il de
la mortalité automobile ou de la mortalité alcoolique ? Dès lors qu’on
peut rentrer chez soi à pied et calciné mais sain et sauf, la réponse va de
soi. C’est l’automobile qui tue. Ajoutons que la question est simplette :
un mien ami est mort dans les Landes après avoir heurté un chevreuil au sortir
d’une boite de nuit. Qui l’a tué ? L’alcool, la voiture ou le
cervidé ? En hiver, on aurait pu rajouter le verglas. Mais la pluie
d‘orage aurait pu aussi être impliquée. Tout dépend des conclusions de la
gendarmerie.
La statistique est donc à géométrie variable lors de sa
conception mais également lors de l’analyse. Les batailles napoléoniennes
coûtaient au pays environ 10 000 morts par engagement, les bombardements de Dresde
ou Hiroshima ont flirté avec le demi-million. Nous sommes émus par 800 morts
chaque mois. Soyons sérieux puisque les chiffres sont sérieux.
Le grand public qui réfléchit peu et est impérialement
sous-informé adore les statistiques, surtout biaisées et mal foutues, dès lors
que les chiffres confortent ses certitudes. C’est le boulot des journaliste que
de l’abreuver en lui donnant raison et en guidant ses conclusions. Jamais un
journaliste n’expliquera comment on trompe en truquant. Expliquer, c’est
toucher au cœur du système dont la finalité est de décérébrer le citoyen. Et
c’est du boulot. Il faut identifier les spécialistes, les interroger de manière
précise, décrypter leur réponse et la mettre à la portée de tout un chacun.
C’est du boulot, alors on bacle. On l’a bien vu lors du
passage aux 80 km/h. Combien de kilomètres étaient concernés ? Combien de
morts justifiés (ceux qui étaient morts sur ce kilométrage
exclusivement) ? Chercher, gratter, fouiller. Déterrer les questions
annexes. Par exemple, l’état d‘entretien. Je pense à une route en particulier.
Super-accidentogène voici trente ans. Et donc, améliorée, refaite, signalisation
impeccable. Tous ces travaux ont fait baisser le nombre d’accidents. Tous ces
travaux ont augmenté la mortalité car il y avait plus de véhicules qui
roulaient plus vite. Moins d’accidents, plus de morts. C’est logique. Du moins
dans un système à multiparamètres.
Mais voilà. Nous vivons au milieu des piliers de comptoir,
les rois du yaqua dans tous les bistros du monde.. Les mecs qui éructent UNE
solution pour UN problème. Quand ils sont au gouvernement, il écrivent UNE loi
pour imposer UNE solution, la leur. Et ça ne marche pas. Ça ne marche jamais.
Le monde est complexe, divers, subtil. Tu règles UNE
difficulté, t’en as une autre qui apparaît. Ou une petite insignifiante qui
devient prépondérante. C’est simplement que ton analyse est mauvaise. Raymond Boudon a construit son œuvre là
dessus.
Je regardais hier le Grand Débat. Je regardais Macron et
Schiappa et je les voyais accoudés au zinc. « Mets m'en une autre Jeannot,
on peut pas partir sur une jambe. Je vais te dire, moi, ce qu’il faut
faire ».
« Ouais, t’as raison, Manu. Et d’abord, faut féminiser
les noms. Ça évite d’augmenter les salaires. »
Quand t’as écouté Schiappa, tu as compris.. C’est même pas
l’alcool qui tue. C’est le discours dans lequel tu baignes, la marée des
sottises qui te conduisent à la mutité alcoolique.
L’alcool est coupable de tout et nos gouvernants portent la
responsabilité de nos addictions. Le monde est complexe et Marine remplit les
verres. Ha ? Elle n’est pas au gouvernement ? Elle le mérite. « Vas
y Jeannot, mets moi une dose de migrants. Ça soigne tout, comme le
Fernet-Branca. Et d’abord, c’est Salvini qui me l’a dit »
On en reparlera…
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