dimanche 17 novembre 2024

POUR L'HONNEUR

 Ben voilà ! TF1 veut mettre la main sur le rugby. C’est lié aux audiences. Chaque match international explose les compteurs. On va avoir droit à des tombereaux d’explications pseudo-socio-psycho-logiques. Explications concoctées par les intellectuels qui ne sont jamais entrés en mêlée. Avec la trouille au ventre.

 Ma première réaction a été d’y voir une victoire de la ruralité d’autant que pour la première du film Pour l’honneur, j’étais à Meymac. Ben oui, l’une des équipes venait de la vallée de la Vézère, l’autre représentait un bourg nommé Tourtour qui est le nom des crèpes au sarrazin de Corrèze. Les journaleux nous ont rebattu les oreilles avec la culture de la France méridionale car ils ignoraient tout des tourtours au ris de veau de chez Françoise. A Meymac. En plein Limousin.

J’ai aimé le film. Pas pour la Corrèze. Pour l’honneur. L’expression a bercé ma jeunesse. Au lycée, nos entraineurs le serinaient : Battez vous pour l’honneur. Ça voulait dire qu’on pouvait être fiers de prendre une branlée. Après la projection, on est allé boire une Salers chez Arlette, siège du rugby-club de Meymac. On était bien dans le Sud, le sud rural et rugbystique, inconnu de l’ENA.

 

C’est un signe. Un signe qui vient doubler la victoire de Trump, la colère paysanne et le retour en force des gilets jaunes.  Les audiences télé signent la fin de la déconstruction. Les ruraux savent que tu peux déconstruire un outil, mais pas trop, sinon la déconstruction devient destruction. TF1 vient de le découvrir.

 

Ce soir, je pense à Maité et à Laurent Mariotte. Maité, elle faisait la cuisine pour des tablées de rugbymen, Laurent Mariotte, pour…..…je sais pas. Enfin, si, je sais, mais je veux pas être considéré comme un –phobe. 

 

Le peuple (français, les autres je sais pas) n’est pas con. Il préfère les salles des fêtes aux maisons de la culture. Tout simplement parce qu’il sent que la culture qu’on lui offre est une culture au rabais : je me souviens d’un programmateur officiel auquel je reprochais d’avoir produit un Opéra de quat’sous sans le texte de Brecht et qui me répliquat : Tout. le monde connait la musique, mais le texte est chiant.

 

Doublons le signe. Philippe Guillard a fait plusieurs films Pour l’honneur est le dernier, j’ai trouvé facilement les critiques, une seule est très négative : Télérama. Ça m’étonne pas : j’ai aimé beaucoup de films que Télérama n’aimait pas.

 

Ma première réaction était la bonne.

samedi 9 novembre 2024

LE PEUPLE DERRIERE SON CHEF

 L’élection de Trump nous éclaire. Non pas sur les Américains, mais sur les commentateurs, journalistes et politiques et sur leurs séides

 

Election après élection, on nous informe que les sondeurs se sont trompés. Au point que ce n’est plus une information, mais une banalité. Les sondeurs ne peuvent que se tromper : ils analysent des quantités pour prévoir des qualités. Je me demande où est l’intérêt des journalistes à payer pour de l’information fausse et/ou faussée et à m’imposer les mêmes vieillards incompétents scrutin après scrutin.

 

Pas besoin de chiffres pour prévoir la défaite de Kamala, semblable à celle de Ségolène il n’y a pas si longtemps :  quand on a besoin d’un chef, on ne vote pas pour une femme. La guerre est affaire d’hommes, d’hommes violents et mal élevés, capables d’appuyer sur le bouton et de sacrifier quelques milliers ou millions d’êtres humains au désir de victoire. Les officiers supérieurs sont ainsi en étant également présentables parce qu’ils sont froids et connaissent le prix de la vie : les hommes formés coûtent cher et les régiments ne sont pas égaux entre eux.

 

Trump est vulgaire. Etymologiquement, ça veut dire qu’il est proche du peuple (vulgus) ce qui devrait plaire aux commentateurs. Sauf qu’ils ne savent rien du peuple qu’ils imaginent à travers les enquêtes des sondeurs et ils sont incapables de subtilité discursive. Quand Trump dit que Kamala a un QI faible, le peuple traduit : c’est une conne. Le peuple a besoin d’un vocabulaire simple, ça le change de la discursivité pseudo-universitaire dont on l’accable. Un pays n’est pas « doté », il a la bombe. Trump n’est pas un « mâle alpha », il a des couilles et peut utiliser la bombe. Pour les commentateurs (et trices), Trump est imprévisible Le peuple traduit : il peut en coller une à Poutine. Doit-on détruire le peuple ? Ou lui parler ? Avec ses mots bien entendu.

 

Ce que révèlent ces élections, c’est le fossé entre le peuple et la presse. Le peuple ne comprend plus les journalistes qui ne savent plus lui parler. La presse parle baise-main, le peuple parle main au panier. La guerre renforce ce fossé car les armées fonctionnent avec l’esprit de chambrée qui exprime un rite de passage réunissant les jeunes hommes d’une même classe d’âge. Or, réunissez cinquante jeunes en passe d’être adultes, de quoi parleront-ils ? De copulation, avec le sexe complémentaire généralement. L’esprit de chambrée sent la petite culotte. C’est vulgaire, pas distingué…. Comme Choron. A l’heure où on se veut être Charlie pour être fréquentable, je rappelle que Choron a créé Charlie ; Ancien militaire, il connaissait l’esprit de chambrée et il connaissait le peuple. Comme Trump. Et il a créé un mythe. Ce que ne feront jamais les minets aux mocassins à pompons qui n’osent pas dire qu’ils aiment mettre la main  au cul des femelles.

 

On tourne toujours autour du même pot. Le peuple veut être protégé, c’est ce qu’il attend d’un chef  et ça passe par la force et la violence, pas par la tendresse et la compassion. Mais ça conduit à la dictature !! Pas nécessairement, mais ça peut y ressembler. Henri IV a protégé son peuple  sans être un dictateur, en utilisant son pénis plutôt que son épée. Car le peuple aime les baiseurs, il se reconnait en eux. Ou s’identifie.


On n'apprend pas le peuple rue Saint-Guillaume ou on ne trouve ni pastis, ni gas-oil, ni jurons populaires. Quand les rédactions parleront comme les ronds points, l'information reviendra.

 

Face à cet électorat, je ne comprends pas qu’aucune chaîne n’ait programmé Deliverance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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mercredi 16 octobre 2024

LA LAÏCITÉ

 J’en ai plein le cul de ces discussions sur la laïcité. Ça fait 120 ans que la laïcité est une des bases de la République et que je pense aussi souvent à mon oncle Adrien, républicain de gauche et maire de son village pendant 40 ans. Quarante ans pendant lesquels, il n’a pas mis une fois les pieds dans l’église. Il savait l’importance de certaines cérémonies, surtout les enterrements, pour la cohésion du groupe. Il exigeait que la porte de l’église soit ouverte et assistait à la célébration de l’extérieur, même sous une pluie battante. Il était avec ses concitoyens, mais pas avec Dieu.

 

Pour Tonton Adrien, la laïcité, c’était pas un jeu. Il s’était battu pour ça. Avant 1905, il participait aux actions d’un groupe qui s’attaquait aux bâtiments de la Calotte, essentiellement les maisons de bonnes sœurs où se fabriquaient les hosties dominicales. « Attaquer », c’est pas de la littérature parce que les Calotins se défendaient et les expéditions laïques laissaient plaies et bosses aux combattants. Tonton Adrien savait qu’un croyant est un danger. Physique. Il me l’a raconté, avant que les mahométans ne remplacent les calotins. Tonton Adrien, fallait pas lui insinuer que ne pas croire est une croyance. Pour lui et ses amis, le problème était Dieu, ce Dieu auquel l’Homme abandonnait son libre-arbitre. Un croyant est un esclave, on ne peut pas laisser un esclave diriger la République.

 

Bon, le Président De Gaulle était croyant mais lui, était un être à part et surtout pas un esclave.

 

je l’ai dit, Tonton Adrien était maire. De ce fait, il entretenait l’église mais aussi les calvaires : ils sont à tous et je suis le maire de tous. J’avais 10-12 ans et j’apprenais l’inexistence de Dieu, la tolérance et la République des champs. Pour être tout à fait franc, Tonton Adrien  avait un chef d’Etat-Major, l’instituteur du village, par ailleurs secrétaire de mairie, quasi-caricature de Pagnol père, hussard noir de la République quasi-parfait. Ce duo était complété par le médecin du village lequel visitait régulièrement les fermes isolées. Tonton Adrien savait tout de son village, jour après jour. Comme tous les maires de la région.

 

Et donc, au nom de la laïcité, rien n’était imposé ni même favorisé. Tonton Adrien connaissait les calotins du village qu’il ne traitait pas comme des ennemis. Lui avait gagné, excluant Dieu du village comme il l’avait exclu de sa vie. Inutile de rejouer ce combat au quotidien. Sauf le mercredi soir. C’était l’heure de la partie de manille coinchée entre l’équipe du maire assisté de son secrétaire de mairie contre le curé et son bedeau, le village rejouait 1905. L’équipe perdante payait les consos (le stade était le bar du village).

 

La laïcité avait entraîné la disparition de Dieu, du Dieu qui dominait la France depuis vingt siècles. Les soutanes et les cornettes disparaissaient du paysage et plus personne ne croassait au passage des grenouilles de bénitier. A sa mort, Tonton Adrien avait gagné le combat de sa vie. Personne ne lui avait dit que le ventre était toujours fécond.

jeudi 10 octobre 2024

LA MORT DES LIBRAIRES

 Nous y sommes ! Il aura fallu quarante ans mais la  première étape se termine. La grande presse découvre que la librairie se meurt sans pour autant nommer l’assassin : Jack Lang et la loi de 1981 nommée en son honneur. Je l’avais dit et redit depuis 40 ans, la moindre des injures reçues était « élitiste » : je m’opposais à une démocratisation offerte par Lang à un peuple avide de culture.

 

Première étape : la confusion des genres

 

C’est la force de la réification. Le livre est un bien culturel. Mais comment mesure t’on la culture ? Il n’existe aucun étalon-culture avec une échelle comme celle de Scoffield qui mesure la force des piments. il suffit de décréter que le livre est un « bien culturel » et de faire entrer tous les livres dans la case statistique ad hoc. Case statistique qui devient mesurable par sa valeur i.e.. son prix. Bon, c’est pas très culturel mais ça permet de coller André Soubiran avec André Gide ou Annie Ernaux avec Christine de Pisan. Sans stigmatiser les acheteurs. Les pauvres achetaient des Harlequin, les moins pauvres des Pléïade, mais les deux valorisaient la Culture que Jack Lang démocratisait en parfait socialiste. Enfin presque : le Président Mitterrand venait à la librairie Javelle acheter une originale de Molière qui valait plusieurs SMIC du temps. A chaque socialiste sa démocratisation.

Lang fit du prix l’alpha et l’oméga de la Culture, aux applaudissements d’une presse stipendiée et de libraires emplissant leurs braies de leur peur de disparaître. Personne ne dit qu’on ne pouvait pas comparer la valeur d’une originale grand papier avec un livre de poche. Il s’agissait de protéger les libraires contre la FNAC qui axait son développement sur ses remises : personne ne dit que les propriétaires de la FNAC avaient participé au financement du candidat Mitterrand ce qui laissait suspecter un ministre du dit Mitterrand de félonie.

A traiter le livre comme le cassoulet en boite on s’exposait à voir les marchands de cassoulet devenir libraires. Ça ne tardât pas.

J’avais suggéré que les biens culturels ne soient pas considérés comme biens de consommation, qu’on sépare les livres et les boites de cassoulet. Elitiste !

 

Seconde étape : la destruction sémantique

 

C’était la plus simple : remplacer les librairies par les « points de vente du livre ». Ça allait dans le droit fil de la pensée économique du socialisme triomphant. On pouvait admettre qu’une librairie était le lieu où on vendait des livres alors que tout libraire sait qu’une librairie est d’abord le lieu où un individu achète des livres. Pour les revendre. Mais pas à n’importe qui.

En ce temps-là on distinguait avec soin « librairies » et « maisons de la presse ». Les deux commerces vendaient des livres. Pas les mêmes livres, mais ne chipotons pas. Les maisons de la presse favorisaient les livres de journalistes, signatures connues, les librairies préféraient les livres d’universitaires. Manque de chance, les points de vente du livre étaient représentés par Monsieur Daelman, maison de la presse à Compiègne qui ne vit aucun obstacle à lever la barrière. Et c’est ainsi que le petit Leclerc, de marchand de laitues devint « acteur culturel ». Ceci permet à Lang, au fil des ans, d’affirmer qu’il a maintenu le réseau des libraires français, tout simplement parce qu’il y a toujours (statistiquement) autant de lieux où on vend des livres. Mais ce ne sont ni les mêmes lieux, ni les mêmes livres. Parce que ce ne sont pas les mêmes libraires.

 

Troisième étape : la destruction économique

 

Au tournant des années 1990, on vit, logiquement, poindre le début de la destruction économique des librairies, conséquence obligée du remplacement de la qualité par la quantité. D’autres commerces furent frappés de même, mais on doit admettre que l’informatisation a accéléré le mouvement.

En 1981, libraire spécialisé, je gérais environ 400 comptes fournisseurs dont plus d’un tiers à l’étranger et en devises variées. Aujourd’hui, on peut créer une librairie avec moins de 20 fournisseurs représentant 80% de l’édition française. HEC a pris le pouvoir.

Avec la loi Lang, des avantages spécifiques ont disparu comme le tarif postal des imprimés (livres, cartes géographiques et partitions de musique) qui permettait de payer moins cher l’envoi d’un livre en France, et beaucoup moins cher à l’étranger. Mécaniquement, le coût d’accès au livre a augmenté chez les libraires, compensation acceptée du prix unique : mon prix de vente est protégé, je peux payer le port. Sauf que la mesure avantage les gros distributeurs, les gros colis bénéficiant d’un tarif au kilo plus avantageux. Logiquement, les petits éditeurs ont cherché des solutions de distribution moins onéreuses et les regroupements ont fleuri. C’était pain bénit pour les libraires qui avaient moins de comptes à gérer. C’était aussi pain bénit pour les grosses structures qui se mettaient en place à l’instar d’Amazon : en toute hypothèse, leur accès au livre coûtait moins cher qu’aux petits indépendants.

Les petites structures éditoriales se sont multipliées aidées par la simplification de la distribution. C’est la grande époque de la croissance de l’office. L’office est le coup de grâce : le distributeur s’engage à livrer les nouveautés au libraire en fonction d’une grille (romans français, essais politiques, poésie moldovalaque…) laquelle autorise le libraire à retourner les invendus pour être crédités. Le libraire se trouve dépossédé du choix de son assortiment mais a droit à l’erreur, oubliant que l’office est encadré par des dates strictes : on doit retourner entre tel et tel jour. Ceci le conduit à être avant tout un magasinier qui passe ses journées à retourner des livres qu’il a receptionnés et mis en vente pour le plaisir de leur faire prendre l’air. Ajoutons que l’office est facturé à la date du jour d’expédition par le diffuseur et crédité à la date de réception du retour : clairement, les libraires assurent la trésorerie du diffuseur.

 

Les petites librairies ont mis, seules, leur tête sur le billot. Elles ont oublié, par facilité, les règles essentielles du commerce :

1/ un bon commerçant a des clients meilleurs que lui. J’ai vendu des livres à Maurice Herzog sans jamais lui donner un conseil, mais en notant avec soin ce qu’il cherchait ce qui m’a permis de découvrir des auteurs, des éditeurs, des lieux. Le vrai client ne demande pas un conseil, il demande un titre.

2/ un bon commerçant ne regarde jamais ses statistiques de vente. Il a choisi ses produits et il sait pourquoi. Le jour où un client trouve ce produit et l’achète, il a gagné plus que sa marge : il a gagné la fidélité d’un client.

3/ un bon commerçant ne dit jamais « Ça n’existe pas ». Parce qu’il n’en sait rien. Dire « Je ne connais pas » ne flatte pas l’ego mais n’injurie pas l’avenir.

vendredi 4 octobre 2024

POINT GEOPOLITIQUE

 Parlons un peu de géopolitique. Parlons du Kim de Corée du nord, l’homme qui a détruit mon ressenti de Kim qui, jusqu’à lui, se limitait à Kim Novak. Kim-Jong-Truc, c’est une vedette. Les télés du monde entier nous le montrent jusqu’à la nausée, plus (hélas) que Kim Novak.

Rappelons quelques évidences jamais énoncées. La Corée du nord n’est pas membre de l’OCS. Elle n’est donc alliée ni à la Chine, ni à la Russie, ni à l’Iran. Pays isolé qui manque d’atouts dans sa main. Il fera ce que voudra Xi Jiping, point barre, question de survie. Remettez nous Kim Novak.

Lisez Kipling. Pas Mowgli et autres disniaiseries. Les textes sur le Grand Jeu. L’avenir du monde se joue en Asie centrale. Autour de l’Iran. Le Grand Jeu se jouait entre l’Empire russe et la puissance anglo-saxonne dominante. Comme aujourd’hui, avec l’appui (ou pas) de pays plus modestes (L’Homme qui voulut être roi), pays désormais fédérés dans l’OCS. Il s’agissait de contrôler la Chine, c’est-à-dire le Pacifique occidental. L’OCS a rendu ce but caduque. Un ersatz de stratégie consistait à contrôler l’Océan indien oriental. Avec l’entrée de l’Inde, du Pakistan et de l’Iran dans l’OCS, la Stratégie globale s’est effondrée, la domination anglo-saxonne sur les océans est partie en fumée. La Chine, grâce aux Nouvelles Routes de la Soie, a un coup d’avance.


La partie n’est pas finie. Aujourd’hui, l’arbitre est absent pour causes d’élections ce qui tempère les Chinois qui ne savent pas jouer seuls. J’ai le sentiment qu’Israël va dérouiller et pas seulement à cause de l’alliance Chine-Iran. Dans une stratégie globale, Israël n’a aucun intérêt, ce pays ne contrôle rien, ni axe de communications, ni ports, ni matières premières. Raisons pour lesquelles l’Europe l’a créé. Ses alliés sont rares surtout dans ce qu’on appelle le Sud global. Armée et économie sont sous perfusion américaine ce qui fait que les USA ont intérêt à sa survie et les USA sont des alliés peu fiables.


J’attends avec intérêt le retour de la francophonie que les Chinois vont soutenir car c’est une arme d’affaiblissement des USA. J’attends aussi une prochaine attaque écolo contre le pétrole de schiste, attaque qui viendra de Chine et d’Iran. J’ai passé l’Ukraine par pertes et profits comme l’Allemagne.Les Chinois sont rancuniers et connaissent l’Histoire : ils savent que le « péril jaune » est une invention prussienne et ils n’ont pas oublié le soutien allemand aux Tibétains. J’en ai déjà parlé, Hitler aimait le Dalaï-Lama, comme Robert Ménard. Pendant qu’Hitler envoyait ses alpinistes dans l’Himalaya, Malraux soutenait la révolution chinoise provoquée par le PCC fondé dans la concession française de Shanghaï.


En géopolitique, Israël n’a aucun intérêt, sauf pour la diaspora juive qu’il ne faut pas surestimer.

samedi 21 septembre 2024

38 à 26

Ce n’est pas un score de rugby. Même si c’est, en quelque sorte, un résultat.

 

38, c’est le nombre de ministres de l’équipe Barnier.


26, c’est le nombre de ministres du gouvernement Debré en 1958, le premier de la Vème République.

 

La France s’est-elle agrandie ? Pas que je sache. En outre, en 1958 elle avait à gérer un empire colonial dans lequel l’Algérie posait quelques problèmes. Ça faisait des kilomètres carrés et des millions d’habitants en plus. Moi, con de base, je regarde le score et je me pose des questions :

 

1/ le QI des ministres a-t-il baissé ? C’est plus que probable, d’autant que des attributions ont changé : Debré avait un Ministre des Armées ET un Ministre des Anciens Combattants qui aujourd’hui n’en font plus qu’un.

 

2/ les Ministres sont-ils devenus fainéants ? C’est possible. Ils passent tant de temps à communiquer que le temps leur manque pour travailler.

 

Je crois surtout qu’on a créé des sujets sans intérêt. On nous balance un Ministre de la Discrimination Hommes-Femmes (déjà surnommé Ministre des Bites et Foufounes) qui n’aura strictement rien à foutre. Notre appareil législatif est plutôt bien foutu et les plaintes suivies de résultats abondent. Restent les faits divers et incivilités, mais on peut pas avoir un Ministre de la Main au Panier. Déjà qu’on doit se fader les professeures et autres autrices. Je pense à la tête que ferait ma professeur Marguerite Bonnet si on la qualifiait d’autrice (Hongrie ?) parce qu’elle a dirigé l’édition d’André Breton en Pléïade. Marguerite qui, au détour d’un cours sur la dispute Breton-Cocteau à propos de « guitare, bidet qui chante » avait laissé entendre (sans le dire crûment) que Breton était homophobe (le mot n’existait pas).

 

Mais le Ministre de la Communication a disparu, nous laissant pantois face au raz-de-marée des fautes d’orthographe et des impropriétés (raz-de-marée, c’est mieux que tsunami) que nous infligent les « communicants » en tout genre. On m’affirme que la communication relève désormais de la Culture où Dati Danielle s’efforce de faire oublier Lang Ochat. La langue, empire du subtil, partage la couche de Guetta, roi  du poumpoum. Il est vrai que « Marquise vos yeux beaux » a été remplacé par « T’es bonne ? »

 

Alors, je deviens aigri et je traite de merde un jeune con qui écrit « battre leur plein », confondant un pronom personnel et un substantif et ignorant les usages militaires et musicaux.

 

Il est vrai que plus personne ne fait cattleya.

mardi 27 août 2024

LE POKER ET LES ECHECS

Les militaires, y compris les généraux, sont fils de leurs nations et des jeux de leur nation.

 

Quand ils font la guerre, les militaires américains jouent au poker : rapidité, changements de cartes, un peu de bluff, ça va vite et fort.

Les militaires chinois jouent au weiqi : plus le plateau est grand, plus ils sont heureux et ils adorent les évolutions des petits pions qui deviennent importants au fil de la partie ; au weiqi, on ne détruit pas, on immobilise.

Les chefs russes jouent aux échecs. Ils prennent leur temps, réfléchissent, acceptent leurs pertes, positionnent leurs pièces loin de leur objectif et savent qu’une tour vaut plus qu’un pion. C’est lent et imprécis jusqu’à la fin.

 

La stratégie de Poutine est celle d’un joueur d’échecs. Il accepte de perdre des pièces mineures dans l’oblast de Koursk. Son objectif est le Donbass et la mer d’Azov, le lieu de la puissance industrielle et agricole de l’Ukraine. Je l’ai dit : l’Ukraine enclavée sera ruinée. Zelensky devra abandonner Koursk faute de moyens. 

 

Au début, je pensais que Kharkiv était une pièce maitresse, mais sans communications Kharkiv est un poids. Ses usines métallurgiques et militaires ne sont plus approvisionnées et sont à l’arrêt mais il faut malgré tout permettre à ses deux millions d’habitants de survivre et sa défense dévore les ressources ukrainiennes. Comme objectif, Odessa est plus intéressante et s’insère mieux dans une stratégie globale avec la proximité de la Moldavie.

 

Aux échecs, chaque pièce dispose d’un pouvoir d’attaque et de défense. Dans la vraie vie, le poids des civils est une composante essentielle. Poutine va détruire l’Ukraine en l’affamant. La terre brûlée est une stratégie efficace. surtout à l’entrée de l’hiver. Si l’Ukraine ne peut pas approvisionner son armée, elle quittera Koursk.

 

Les experts admirent la qualité des drones ukrainiens mais un drone ne peut pas transporter une charge de 400 kilos ; les F16 n’ont pas donné à l’Ukraine la maîtrise du ciel et des bombardements. Certains experts affirment que l’Ukraine les conserve pour une attaque sur la Crimée. Je ne suis pas sûr qu’il y en ait en suffisance. Poutine veut se positionner à l’embouchure du Dniepr après avoir désorganisé les communications de Zelensky, les « vraies » communications, celles des trains et des routes, afin de protéger la Crimée

 

Poker contre échecs. Dans les deux cas, l’atout est Odessa.