dimanche 30 mars 2025

LES TITRES DU MONDE

 Bonne nouvelle pour mes chers lecteurs : sur certains sujets, vous êtes mieux et plus tôt informés que les lecteurs du Monde. En effet Le monde publie un grand article où il se demande si la Chine ne serait pas en train de montrer la voie aux autres pays en matière économique.

 

Je ne suis plus journaliste, je peux donc aller à la conclusion d’emblée : la Chine montre à l’univers la voie économique définie par De Gaulle, plus précisément par les gaullistes de gauche groupés autour de Pierre Billotte.. Le général Billotte était la courroie de transmission entre De Gaulle et Mao par le biais de Zhu Enlai, premier ministre francophone et francophile qui était son ami. Zhu Enlai dont le principal collaborateur était Deng Xiaoping. J’espère qu’un jour, leur correspondance sera publiée. En ces temps, je travaillais avec Billotte et je suivais le chemin qu’il traçait avec Zhu pour construire une nouvelle société, libérée des excès du communisme et du capitalisme, dans le respect de la souveraineté de chaque pays.

 

Et donc, depuis une bonne quarantaine  d’années, je continue à suivre les évolutions de la France et de la Chine et je suis affligé des commentaires, frappés du sceau de l’incompétence et d’une absence flagrante de savoir. Mes billets sur ce blog avaient pour but de donner quelques informations et pistes de réflexion, et je me régale de voir un peuple suivre la pensée gaullienne.. Tout en me désolant de voir la rédaction du Monde être larguée.

 

Bon, je vois pas le Monde titrer : Economie : De Gaulle avait raison. Tant pis pour vous.

jeudi 27 mars 2025

LA GUERRE, ÇA SE PRÉPARE - Lettre à mon fils

 Mon fils,

 

Je sais qu’en ce moment, tu t’inquiètes du risque de guerre auquel je t’ai bien mal préparé. Je sais aussi que ton écosystème actuel, tant familial qu’universitaire, n’est pas favorable à l’apprentissage de la confrontation. Il est temps que je te parle de moi. C’est après tout le rôle d’un père.

A 27 ans, sursis résilié, libraire, géographe, linguiste, jeune marié, je me vois dans l’obligation de rejoindre l’armée. J’étais pacifiste, non par conviction mais par confort et sans menace avérée sur ma tête. Fait comme un rat dans un labyrinthe, en testant les échappatoires je m’adresse à un colonel sympathique et bon vivant jovial qui me propose une exemption à condition que je sois réserviste sous ses ordres au service géographique de la DGSE et qu’il soit mon « officier traitant ». Tout plutôt que balayer pendant un an la cour de la caserne de Lunéville !

J’ai donc découvert l’armée dans les meilleures conditions. Pour le dire simplement, j’ai découvert un monde quasi-universitaire où des officiers généraux sélectionnaient les meilleurs de chaque discipline pour former les troupes : les transmissions ou le chiffre recrutaient aux Langues O’. Ben oui, quand tu vas en Afghanistan, t’as intérêt à avoir avec toi des locuteurs du pashtoun. Pour comprendre une négociation, des psychologues sont utiles. En terre inconnue, le savoir des ethnologues compte. Et l’école de guerre abrite des spécialistes des guerres médiques ou des archéologues voués à la poliorcétique médiévale.

 

L’armée, lieu de savoir, personne n’y pense. Et même de savoir « mou » celui des sciences humaines ou des arts : depuis Colbert, la Marine entretient des peintres officiels. L’armée a besoin de musiciens, de rédacteurs et même de « gameurs » (pour piloter des drones). Chacun peut trouver dans l’armée son lieu d’épanouissement à condition d’avoir le gout de l’excellence et de la transmission. Dans mon poste non officiel, j’avais la chance d’être en liaison avec les meilleurs chefs de corps, généralement des paras..Je n’oublierais jamais la préparation d’une mission avec le colonel Erulin. J’étais allé chercher des cartes en Belgique. Il a posé ma récolte sur la grande table. En dix minutes, il m’a donné une leçon de lecture cartographique telle qu’aucun de mes profs n’en était capable. L’armée est un lieu de savoir car le savoir est une arme.

 

Réfléchis et parlons en. Et n’oublie pas mes conseils statistiques : les civils meurent plus que les militaires  et les hommes du rang meurent plus que les officiers généraux. La guerre, ça se prépare.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

lundi 24 mars 2025

NOUVELLES DE CHINE

Ce dimanche, j’ai fait un truc que je n’avais pas fait depuis longtemps : j’ai lu le Quotidien du Peuple.

 

OK, c’est de la propagande. Je sais, mais je voulais faire une comparaison avec le F-47 de Trump dont la conférence de presse était, à mes yeux, pure propagande. Or le Chengdu J-36 vole déjà tandis que Boeing n’a pas commencé à tirer un trait sur les plans du F-47.

 

Première remarque : la Chine ne parle pas d’avion de 6ème génération. Prudence : si c’est une daube, il restera dans la cinquième génération et les Chinois ne perdront pas la face.

 

Deuxième remarque : confier la réalisation d’un prototype à Boeing aujourd’hui, c’est osé. A moins qu’il ne faille filer des contrats à Boeing, lié à Musk dans la galère SpaceLink. Financement déguisé.

 

Troisième remarque : les dessins montrent une réelle parenté entre le J-36 et le F-47, notamment l’aile delta et l’absence d’empennage. Trump a pompé sur la copie de Xi mais son F-47 ne vole pas encore. Dossier à suivre, on risque de rigoler.

 

Pour le reste, j’ai appris que les fusées Longue Marche étaient toujours en service et qu’elles ne cessaient de mettre des satellites en orbite avec une préférence pour les satellites Internet en orbite basse qui sont le fer de lance du réseau StarLink. Je suis prêt à parier qu’un de ces jours, le conflit va éclater. Avec une différence : la Chine signe des partenariats avec des pays en voie d’émergence qui veulent s’équiper.  L’avenir commercial de Musk s’assombrit, du moins chez les pauvres. En Europe, Eutelsat se réveille.

 

La station spatiale chinoise va bien et les rotations d’équipages y sont régulières. Le mois dernier, la Chine a lancé une invitation aux pays voulant l’utiliser à des fins scientifiques : c’est la mort de l’ISS.

 

Tout ceci pour dire que la domination américaine sur les airs et l’espace a vécu et que le duo Donald-Elon ne fera qu’accélerer l’extrême onction.

 

En écologie, les Chinois ont terriblement avancé en matière de lutte contre la désertification, surtout dans le Xinjiang, terre promise des Ouighours. Ils ont notamment créé des bambous génétiquement modifiés qui produisent de la biomasse. Ils commencent à travailler sur la mise en valeur des zones arides. On sait du moins qui nous remplacera au Sahel, et ce ne sera pas Poutine.

 

Le Quotidien du Peuple ne cesse de parler de la France. Normal. Je lis l’édition française. On m’a rappelé que 2024 marquait le 80ème anniversaire de la reconnaissance de la Chine par la France. 


Pour une fois qu’un grand peuple nous aime…

mercredi 12 mars 2025

ENCORE LES TERRES

 Trump attend la réponse de Poutine qui prend son temps. Normal…..

 

Coup de projecteur… Le cœur de la négociation, ce sont les terres rares. Tout le reste, Trump s’en  fout. Je vous explique… Pour ses aventures technologiques,  Musk a un impérieux besoin de terres rares. Et pas que Musk. Toutes les sociétés technologiques ont le même besoin, amplifié par l’émergence de l’IA. On a une estimation des réserves mondiales par pays exprimées en kilotonnes d’oxydes. Jetons un œil :

 

La Chine abrite 44 000 kilotonnes de ces réserves, le double du Brésil (21 000 Kt) Après, ça baisse : 3 800 Kt pour la Russie (avec l’Ukraine), 1900 Kt pour les USA, 1500 Kt pour le Groenland, 850 Kt pour le Canada…. Tout est clair : les USA sont un nain pour les minerais de l’avenir et les technologies qui en dépendent.

 

Complétons l’information : ces terres, il faut les extraire et les raffiner et c’est un sacré boulot : on estime qu’il faut de 10 à 15 ans entre la découverte du gisement et l’utilisation du minerai. Mais bon, tout ce qui est rare est cher.

 

Mais pas pour tout le monde. La Chine tient en mains le marché. Voilà trente ans que la Chine a préparé ce moment qui a été d’abord géré par Fosun, aujourd’hui actionnaire du Club Med. Trente ans que les Chinois mettent sur le marché des terres rares raffinées, prêtes à l’emploi, à un prix un poil de grenouille en dessous du prix de revient. De ce fait presque personne n’a investi dans le traitement des terres rares et la RPC a un monopole de fait.

 

Vous avez compris : les USA et la Chine se confrontent pour la technologie du futur et Poutine se trouve entre le marteau et l’enclume. Alors pour une décision rapide…..

 

Quant à Musk, il sera pas demain sur Mars….

 

mardi 25 février 2025

TERRES RARES ET SLAVES

 J’écoute les commentaires et je pleure. Je pleure devant tant d’ignorance tartinée sur le pain de l’Histoire. Le sujet : les terres rares et slaves. Je ne suis ni géologue, ni responsable politique mais j’ai une idée sur le sujet. Chez moi à Bayonne, j’ai deux copains : les deux sont descendants d’athmans cosaques, cosaques du Don pour l’un, cosaques du Dniepr pour l’autre.

 

Comment se fait ce ? Simple. En banlieue, au Boucau, les forges du Creusot avaient une filiale métallurgique : les forges de l’Adour. Les paléo-capitalistes du Creusot envoyaient dans toute l’Europe, notamment en Ukraine, de jeunes et aventureux ingénieurs des Mines pour en inventorier les richesses minières et certains (au moins deux) de ces jeunes gens sont revenus de leurs explorations avec une beauté blonde et slave et de bonne famille avant de s’installer à Bayonne pour y faire  souche.

 

Alors quand je vois Trump et Macron se partager les richesses minières d’Ukraine, je pense à des hyènes se gobergeant dans les entrailles d’un zèbre, cadavre dont ils ignorent tout. Je mets Poutine à part : les cosaques étaient troupes du Tsar. Je sais seulement que ces minerais sont français par droit de découverte. J’aimerais que les icono-cartes de la télé indiquent ces découvertes, avec de petits drapeaux, histoire de rappeler une histoire commune. Il doit bien y avoir dans les archives du Creusot ou de l’Ecole des Mines des concessions ou des traités garantissant à la France l’exploitation de ces minerais. Trump et Macron pourraient prévoir un virement à la Mairie du Boucau avec indemnités de retard.

 

Je ne délire pas. La géopolitique, c’est ça : on part du sous-sol pour arriver à la chambre à coucher. D’un siècle à l’autre… Je veux dire que tout compte, même et surtout ce qu’on ignore. Ça m’apprend aussi comment naissent les idées erronées. Beaucoup pensent que la cathédrale orthodoxe de Biarritz est née de la colonie slave installée dans la ville pendant les années impériales alors que l’inauguration date de 1892, bien après la mort de Napoléon III. Et bien avant l’arrivée des tsaristes chassés par Lénine. Ceci me dit une colonie stable, pas forcément aristocratique mais peut être anorexique. Et peut être liée au carré slave du cimetière de Salies-de-Béarn.

 

Encore une piste… c’est le bonheur de la géographie

dimanche 23 février 2025

LES GODILLOTS

 Bien. La France est en guerre, ou plutôt en quasi-guerre.Le Président l’a dit, nous nous mettons en économie de guerre. Traduction : nous nous préparons.

 

Pour nous rassurer, regardons l’Histoire. Avons-nous gardé nos élèments de guerre ?Avons nous conservé nos atouts ? Ou avons-nous tout détruit ? Et comment se prémunir ? Ne nous compliquons pas la vie. Regardons froidement une entreprise de défense créée dans une vallée basque au début des années 1950 : Pataugas.

 

Au départ, c’est un petit fabricant d’espadrilles de Mauléon en pays de Soule. Son problème : les semelles. L’espadrille, avec ses semelles de corde, résiste mal à l’abrasion des nouveaux revêtements de routes. Et donc René Elissabide cherche et trouve un type de vulcanisation permettant de réaliser des semelles solides en caoutchouc. Pataugas devient fournisseur de l’Armée. Ce qu’on ignore, c’est que l’Armée offre à ses fournisseurs un super retour d’expérience ce qui permet à Pataugas d’améliorer son brodequin de marche mais aussi de créer des produits dérivés comme des bottes de saut pour parachutistes. La guerre d’Algérie est à son apogée, la conscription bat son plein, l’usine tourne avec 400 ouvriers (moins de 6000 habitants pour la ville) ce qui en fait un acteur économique de premier plan pour la vallée.

 

Tous ceux qui ont fréquenté l’Armée savent que ses relations économiques avec ses fournisseurs sont un écosystème avec un vocabulaire, des habitudes, des références qui le distinguent des systèmes économiques traditionnels. A vouloir gérer l’Armée comme une entreprise, on fait nécessairement fausse route.

 

A la fin des guerres coloniales, les ventes de Pataugas déclinèrent mécaniquement avec la baisse des troupes qui s’accompagnat de la mort du fondateur. Pataugas ne s’était pas doté d’un réseau commercial adapté aux temps modernes. La marque restait intéressante et les vautours financiers étaient posés en Soule.  L’Europe imposait des règles libérales d’achat qui permettaient à des industriels étrangers de répondre à des appels d’offres français. Plongé dans l’écosystème du lucre et de la mode, Pataugas était condamné. Aujourd’hui, une usine tunisienne fabrique les godillots de l’armée française et les politiques dégoulinent de souveraineté.

 

De cette petite histoire, je tire quelques leçons :

 

1/ gérer le public comme le privé est stupide.

 

2/ gérer l’armée comme une compagnie de commerce est stupide

 

3/ imaginer que certaines marchandises sont plus stratégiques que d’autres est stupide. Une armée a besoin de chaussures comme de papier toilette ou de savon. La guerre est, sur le terrain, un immense bricolage où tout compte.

 

Il semblerait normal de donner à certaines entreprises un statut du type « entreprise de défense » qui l’exonèrerait de certaines obligations et l’empêcherait de passer sous pavillon étranger en protégeant sa gouvernance

samedi 22 février 2025

LE CADEAU DE L'ÉTERNITÉ

 Pouf ! quelle soirée ! Pendant que l’Aviron se faisait étriller à Toulouse, les télés bruissaient de commentaires sur l’assassinat d’un retraité portugais à Mulhouse par un islamiste. Tout a été décortiqué, la psychiatrie, le politique, le droit tant français qu’international. Tout sauf la religion, alors que le mec a planté quatre personnes en criant « Allah Akhbar ».

 

Ça m’est venu en réfléchissant un peu. Une idée que même Retailleau n’a pas eu, c’est dire. Le mec, il est croyant. Mahométan au point de tuer les mécréants. La religion, ça se respecte, tout le monde vous le dira, même Mélenchon. Respectons le mahométan haut-rhinois. Mieux aidons-le.

 

Les religions ont toutes une échelle graduée, des punitions comme des récompenses. Aidons les islamistes à atteindre le niveau suprême et offrons leur la palme du martyre.

 

Pour un croyant, il n’est rien de supérieur au martyre. Un croyant n’a pas peur de la mort que sa croyance supprime. Par voie de conséquence, pour lui, mourir est un cadeau car la mort est une porte ouverte sur l’éternité.

 

Offrons l’éternité aux mahométans !