J’ai déjà été manipulé. Mais l‘histoire la plus belle reste
celle du DDT. Pour nos jeunes amis, j’avais vingt ans et une sensibilité
écologique. A la suite de la sortie du livre de Rachel Carson, je me laissais
embarquer dans la lutte anti-DDT Manifs, tractages, pétitions, la lutte était
internationale. La planète était menacée, surtout sa composante essentielle,
les hommes. On a gagné : le DDT fut interdit.
C’est après que les langues se délièrent. Le DDT avait été
breveté par la société suisse Geigy. Or voilà t-y pas que le brevet allait
tomber dans le domaine public. Fin des bénefs pour les helvètes qui
s’évertuaient pour mettre sur le marché de nouvelles molécules. La condition
essentielle était que le terrain soit libre. Il l’était. Et il semblait évident
que la coalition internationale avait été fomentée et peut être financée par
l’adversaire dont nous étions la dupe.
Alors, depuis, je me méfie des grands mouvements
d’indignation. Je regarde avec curiosité les vegans, par exemple. Tous ces gens
qui semblent être sortis de leur terrier pour me vilipender. Je ne doute pas de
leur sincérité, je doute de leurs arguments. Je sens à l’œuvre une main
invisible.
Les grands capitalistes de la bourse ne sont pas des anges
mais pas non plus des imbéciles. Ils analysent froidement le marché avec leurs
complices de la grande distribution.
Tout commence avec des analyses économico-écologiques. La
viande coûte cher à produire. En plus, les vaches pètent. Oui, ils sont allés
jusque là, le calcul de la flatulence bovine dans l’effet de serre…Mais ce
n’est que le plat de résistance…On y ajoute les conditions d’abattage, un poil
de conditions d’élevage, on joint le canard aux cornus. Se profile l’image de
l’horreur carnivore. Déjà, les plus faibles basculent
La stratégie est claire. Les blocs de tofu laissent de
meilleures marges que la côte de Charolais tout au long de la chaine. Consommer
du tofu enrichit Nestlé et Carrefour (et les autres). Cependant, la demande
doit venir du consommateur. Il se méfie le consommateur, il a pas envie d’enrichir
Nestlé ou Carrefour, ni même les autres. Mais on ne lui dit pas
l’essentiel : le légume est pas vraiment traçable. Carrefour a plusieurs
centrales d’achat en Chine, mais aussi en Espagne et au Maroc ; Dans tous
ces pays, le légume a tous les avantages : Peu cher à produire et à
conditionner, peu contrôlé et susceptible d’être jugé sur sa mine, il laisse
des marges confortables à toutes les époques. Le végétarien rend l’actionnaire
heureux.
Et donc, l’actionnaire va créer le végétarien. Il va faire
de lui le héros du monde nouveau, un monde où les bénéfices seront garantis
grâce au tofu. Plus tard, on verra..
Quand la viande aura disparu, il sera temps. On analysera
les méfaits du tofu. Il y en aura, ce sera du tofu industriel.
Les tarés de L214 se croiront dans le camp des vainqueurs,
avec plein d’autres. Et ce sera vrai.. Ils auront du mal à comprendre les mécanismes de leur
victoire. Les marionnettes ne voient jamais ceux qui les manipulent.
Etre vegans en ce début 2017, c’est être fourrier du CAC40…
On en reparlera
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