mardi 25 février 2025

TERRES RARES ET SLAVES

 J’écoute les commentaires et je pleure. Je pleure devant tant d’ignorance tartinée sur le pain de l’Histoire. Le sujet : les terres rares et slaves. Je ne suis ni géologue, ni responsable politique mais j’ai une idée sur le sujet. Chez moi à Bayonne, j’ai deux copains : les deux sont descendants d’athmans cosaques, cosaques du Don pour l’un, cosaques du Dniepr pour l’autre.

 

Comment se fait ce ? Simple. En banlieue, au Boucau, les forges du Creusot avaient une filiale métallurgique : les forges de l’Adour. Les paléo-capitalistes du Creusot envoyaient dans toute l’Europe, notamment en Ukraine, de jeunes et aventureux ingénieurs des Mines pour en inventorier les richesses minières et certains (au moins deux) de ces jeunes gens sont revenus de leurs explorations avec une beauté blonde et slave et de bonne famille avant de s’installer à Bayonne pour y faire  souche.

 

Alors quand je vois Trump et Macron se partager les richesses minières d’Ukraine, je pense à des hyènes se gobergeant dans les entrailles d’un zèbre, cadavre dont ils ignorent tout. Je mets Poutine à part : les cosaques étaient troupes du Tsar. Je sais seulement que ces minerais sont français par droit de découverte. J’aimerais que les icono-cartes de la télé indiquent ces découvertes, avec de petits drapeaux, histoire de rappeler une histoire commune. Il doit bien y avoir dans les archives du Creusot ou de l’Ecole des Mines des concessions ou des traités garantissant à la France l’exploitation de ces minerais. Trump et Macron pourraient prévoir un virement à la Mairie du Boucau avec indemnités de retard.

 

Je ne délire pas. La géopolitique, c’est ça : on part du sous-sol pour arriver à la chambre à coucher. D’un siècle à l’autre… Je veux dire que tout compte, même et surtout ce qu’on ignore. Ça m’apprend aussi comment naissent les idées erronées. Beaucoup pensent que la cathédrale orthodoxe de Biarritz est née de la colonie slave installée dans la ville pendant les années impériales alors que l’inauguration date de 1892, bien après la mort de Napoléon III. Et bien avant l’arrivée des tsaristes chassés par Lénine. Ceci me dit une colonie stable, pas forcément aristocratique mais peut être anorexique. Et peut être liée au carré slave du cimetière de Salies-de-Béarn.

 

Encore une piste… c’est le bonheur de la géographie

dimanche 23 février 2025

LES GODILLOTS

 Bien. La France est en guerre, ou plutôt en quasi-guerre.Le Président l’a dit, nous nous mettons en économie de guerre. Traduction : nous nous préparons.

 

Pour nous rassurer, regardons l’Histoire. Avons-nous gardé nos élèments de guerre ?Avons nous conservé nos atouts ? Ou avons-nous tout détruit ? Et comment se prémunir ? Ne nous compliquons pas la vie. Regardons froidement une entreprise de défense créée dans une vallée basque au début des années 1950 : Pataugas.

 

Au départ, c’est un petit fabricant d’espadrilles de Mauléon en pays de Soule. Son problème : les semelles. L’espadrille, avec ses semelles de corde, résiste mal à l’abrasion des nouveaux revêtements de routes. Et donc René Elissabide cherche et trouve un type de vulcanisation permettant de réaliser des semelles solides en caoutchouc. Pataugas devient fournisseur de l’Armée. Ce qu’on ignore, c’est que l’Armée offre à ses fournisseurs un super retour d’expérience ce qui permet à Pataugas d’améliorer son brodequin de marche mais aussi de créer des produits dérivés comme des bottes de saut pour parachutistes. La guerre d’Algérie est à son apogée, la conscription bat son plein, l’usine tourne avec 400 ouvriers (moins de 6000 habitants pour la ville) ce qui en fait un acteur économique de premier plan pour la vallée.

 

Tous ceux qui ont fréquenté l’Armée savent que ses relations économiques avec ses fournisseurs sont un écosystème avec un vocabulaire, des habitudes, des références qui le distinguent des systèmes économiques traditionnels. A vouloir gérer l’Armée comme une entreprise, on fait nécessairement fausse route.

 

A la fin des guerres coloniales, les ventes de Pataugas déclinèrent mécaniquement avec la baisse des troupes qui s’accompagnat de la mort du fondateur. Pataugas ne s’était pas doté d’un réseau commercial adapté aux temps modernes. La marque restait intéressante et les vautours financiers étaient posés en Soule.  L’Europe imposait des règles libérales d’achat qui permettaient à des industriels étrangers de répondre à des appels d’offres français. Plongé dans l’écosystème du lucre et de la mode, Pataugas était condamné. Aujourd’hui, une usine tunisienne fabrique les godillots de l’armée française et les politiques dégoulinent de souveraineté.

 

De cette petite histoire, je tire quelques leçons :

 

1/ gérer le public comme le privé est stupide.

 

2/ gérer l’armée comme une compagnie de commerce est stupide

 

3/ imaginer que certaines marchandises sont plus stratégiques que d’autres est stupide. Une armée a besoin de chaussures comme de papier toilette ou de savon. La guerre est, sur le terrain, un immense bricolage où tout compte.

 

Il semblerait normal de donner à certaines entreprises un statut du type « entreprise de défense » qui l’exonèrerait de certaines obligations et l’empêcherait de passer sous pavillon étranger en protégeant sa gouvernance

samedi 22 février 2025

LE CADEAU DE L'ÉTERNITÉ

 Pouf ! quelle soirée ! Pendant que l’Aviron se faisait étriller à Toulouse, les télés bruissaient de commentaires sur l’assassinat d’un retraité portugais à Mulhouse par un islamiste. Tout a été décortiqué, la psychiatrie, le politique, le droit tant français qu’international. Tout sauf la religion, alors que le mec a planté quatre personnes en criant « Allah Akhbar ».

 

Ça m’est venu en réfléchissant un peu. Une idée que même Retailleau n’a pas eu, c’est dire. Le mec, il est croyant. Mahométan au point de tuer les mécréants. La religion, ça se respecte, tout le monde vous le dira, même Mélenchon. Respectons le mahométan haut-rhinois. Mieux aidons-le.

 

Les religions ont toutes une échelle graduée, des punitions comme des récompenses. Aidons les islamistes à atteindre le niveau suprême et offrons leur la palme du martyre.

 

Pour un croyant, il n’est rien de supérieur au martyre. Un croyant n’a pas peur de la mort que sa croyance supprime. Par voie de conséquence, pour lui, mourir est un cadeau car la mort est une porte ouverte sur l’éternité.

 

Offrons l’éternité aux mahométans !

jeudi 20 février 2025

FICTION TRISTE

 A peine arrivé dans le bureau ovale et après les politesses d’usage, le Président français s’adresse au Président américain :

 

MACRON : Mister President, après examen de la situation militaire, la France a décidé de libérer l’Amérique du fardeau de la défense européenne et accepte que vos troupes quittent le continent européen dans les délais les plus brefs.

 

TRUMP : Vous n’avez pas les moyens !!

 

MACRON : L’Europe a les moyens et la France sait intégrer des troupes étrangères, elle l’a prouvé tout au long de son histoire. Pour assurer une parfaite cohésion, les corps européens seront intégrés à l’armée française qui assurera le commandement de l’ensemble. Les USA n’auront qu’un interlocuteur : la France. Vous pourrez vous concentrer sur le Pacifique en faisant des économies.

 

TRUMP : Good deal ! Mais les délais….

 

MACRON : Immédiatement. Vous aimez la rapidité, vous allez être servi…. Demain, le système GPS sera rendu inopérant en Europe et remplacé par le système Galileo, plus performant et totalement européen. Prévoyez quelques troubles au niveau aéronautique, mais rien de grave. Nos troupes sont prêtes et notre aviation est équipée. Vous ne voulez plus payer… la France vous remplace.

 

TRUMP : Vos finances ne le permettent pas….

 

MACRON : Ce soir, la Banque Asiatique d’Investissement annoncera une ligne de crédit à 0 % au profit de la France pour nous permettre de réinvestir dans les domaines industriels notamment liés à la défense. Ne vous fixez pas sur la monnaie, la France a des neurones et des amis qui font plus confiance à un pays avec 15 siècles d’histoire qu’à un débutant bardé de défaites. Quant à moi, j’ai dans ma poche une liste de plus de mille sites répartis sur tout le territoire qui vont pouvoir à nouveau vivre de leur travail pour l’Armée. Mon peuple me soutiendra.

 

L’ambiance est lourde, même si le Président français semble crispé et l’Américain sonné. Ce n’est ni plus ni moins qu’un renversement d’alliances préparé par un bras de fer.

 

C’est seulement une fiction. Impossible vu les acteurs. Formellement, rien ne s‘y oppose, sauf les blocages mentaux. Depuis plus de cinquante ans, les Français ont oublié Staline, Normandie-Niemen, le parti aux 500 000 fusillés, l’alliance contre Hitler et les 30 millions de soviétiques sacrifiés pour ne plus voir que le jour le plus long et Kirk Douglas en battle-dress. Les USA ont gommé l’histoire avec l’appui d’une classe politique majoritairement démocrate chrétienne et anti-communiste au motif que le communisme est athée. 

 

La dimension chrétienne qui a vu les années 70 et l’arrivée de l’œcuménisme a été une dérive grave de la pensée française.

 

 Etymologiquement, l’œcuménisme est ce qui concerne l’oekoumène, la Terre habitée par les hommes. Le terme était utilisé par l’église catholique pour réunir des conciles réunissant les tendances déviantes du catholicisme romain, comme Nicée en 305. Dans les années 1960, on a vu surgir des mouvements « oecumèniques » regroupant seulement les chrétiens. Bouddhistes, musulmans, animistes sortaient de la terre des hommes. C’était conforme à l’esprit de la colonisation. J’étais outré : ma mère, calviniste, était autorisée à enseigner le catéchisme dans la cathédrale Sainte-Marie, Vierge dont elle niait la Sainteté. Les iconoclastes reprenaient le pouvoir qu’Ignace leur avait arraché. La théologie cédait à la médiatisation et l’Eglise catholique romaine se dépouillait devant Luther lequel devenait maître du nouvel oekoumène.

 

L’œcuménisme dépouillait surtout le catholicisme de son caractère local, c’est-à-dire national, en évacuant  les intercesseurs, derniers vestiges d’une divinité incarnée dans les sources, les rivières et les montagnes. C’est le pillage spirituel dénoncé par Bernanos.

 

Les lutheriens, abrités derrière leur christianisme et usant de leur variété réussirent à mettre la main sur le calvinisme qui leur offrait l’argument sémantique de la réforme. Il y a peu, être réformé était être refusé, rejeté, la novlangue se mettait en place qui attribuait tout mérite à la réforme et valorisait les chevaux de réforme, jadis envoyés à l’abattoir. Luther avait enfourché mon amie Flicka.

 

Toute colonisation commence par la langue, moyen efficace de capturer les esprits, mais la pénétration ne se quantifie pas : que le mot clebs soit généralement utilisé ne signifie pas une invasion de l’arabe. A l’opposé, on peut s’interroger sur le remplacement de gestion par management ou sur la récente utilisation généralisée de l’acronyme qui envahit les textes. 

 

Depuis 1945, l’Europe s’est couchée aux pieds de l’Amérique. De Gaulle avait pris deux précautions en incluant les droits de l’homme en préambule de la Constitution et en stipulant que le français était la langue de la République. En clair, la Constitution garantit la liberté d’expression dès lors qu’on s’exprime en français. On pouvait imaginer que le droit français avait bâti un barrage contre les anglicismes. C’était compter sans les collabos communiquants et avides de lucre qui ont passé un demi siécle à limer et annihiler ma langue avec des arguments breneux acceptés par une magistrature pourtant soucieuse de protéger son vocabulaire. La langue française est riche, variée et précise et s’exprime grâce à un corpus important et disponible. Elle accepte des variations lexicales qu’elle regroupe sous le nom d’idiolectes afin de préciser quelles communautés les emploient.

 

Nous franchissons une nouvelle étape : la diplomatie civilisationnelle passe le relais à la diplomatie transactionnelle. Il est temps de dire non car viennent les temps rugueux, binaires. Trump dévoile ses besoins : des terres rares et des chercheurs. Refusons les. L’Université Paris-Saclay est une couveuse à chercheurs. Moi, Français de base, je ne veux pas payer pour former des chercheurs aux ordres d’Elon Musk. Aidons les Ukrainiens à garder leurs minéraux rares. Et prenons l’argent où il est : chez ceux qui foutent la trouille à Donald le matamore. Les temps binaires sont ceux du Oui ou Non. Les USA ont été créés par la France : il est temps de détruire notre créature.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

dimanche 16 février 2025

LE MÂLE BÉTA

 Bon, je vous avais prevenu le 2 février : Trump est une figure de male alpha, un simulacre gonflé à l’encre de la presse et prêt à se dégonfler, une grande gueule qui affirme avoir la plus grosse. Pour croire ne fut ce qu’un mot de Donald la dégonfle, il faut avoir un QI de poisson rouge. Ou être Président de la République française, ce qui n’est pas incompatible. Souvenez vous : au début du second quinquennat, le chef d’Etat-major des Armées démissionne car le Président lui a refusé les crédits nécessaires. Trois ans plus tard, le même Président accepte les contraintes budgétaires du canard américain, affirmant de la sorte qu’il se moque des demandes du plus haut gradé de l’armée française. Et ce, sans même s’excuser ce qui montre son respect de ses collaborateurs. J’ai honte pour lui.

 

J’ai honte de la faiblesse de mon Président qui ne cesse de croire en la puissance américaine et aux rodomontades assurées, sans jamais tester le prétendu chef de bande. Qu’attendons nous pour remplacer le GPS par Galileo ? Qu’attendons nous pour rappeler à Donald que notre reconnaissance de la Chine emportait reconnaissance du statut de Taiwan ? Ou pour signer avec Xi un protocole de recherche sur l’ IA ? Bref un signe de renversement d’alliance discret mais fort, genre : « tu fais comme je veux ou je change de bande ». Déjà, ça permettrait d’identifier les collabos, ceux qui s’écrasent quand Donald fait machine arrière c’est-à-dire tout le temps.

 

On peut changer de pied avec finesse. Trump veut que nous renforcions notre défense ? Finançons ce renfort avec l’aide des instruments financiers chinois. Et en le faisant, pas en faisant semblant ou en laissant des portes ouvertes. Ce serait une belle claque diplomatique, surtout avec un volet spatial qui affaiblirait Musk.

 

A la fin du siècle précédent, le républicain Reagan avait lancé un plan pour décrypter le génome humain, mettant 50 milliards de dollars sur la table pour attirer les meilleurs chercheurs américains qui avaient cinq ans pour réussir. Mes copains scientifiques étaient vent debout : le but caché était de breveter les résultats du décryptage pour réserver aux firmes américaines les avancées en thérapie génique. Un an plus tard Kahn, Cohen et leurs équipes du Généthon avaient fini le boulot, sans brevet pour permettre à la communauté scientifique de bosser librement et ridiculisant les généticiens américains. Ridiculisant du même coup les journalistes qui avaient confondu montant de la dépense et résultats de recherche. N’oublions jamais cette histoire. N’oublions jamais nos résultats sans cesse opposés aux annonces étatsuniennes. Le capitalisme est pragmatique, pas la science. Et n’oublions jamais qu’une armée de va-nu-pieds a viré du Vietnam la plus puissante armée du monde. Les Américains ont beaucoup de soldats et peu de guerriers. Simplement, à force de penser comme eux, nous agissons comme eux. Aujourd’hui, Sciences Po remplace Saint Cyr dans la formation de nos officiers généraux et je ne suis pas sûr que Sciences Po apprenne à mourir pour la France.

 

Trump est d’une inculture crasse, esprit falot mu par la réaction plus que par la réflexion. C’est un toro de combat qui n’a pas appris que le toro meurt toujours à la fin. Mais c’est un jouisseur effrayé par la mort et qui reculera devant la menace ultime. Faites la liste de ses menaces et de ses menaces exécutées. Ça rassure. En un mois le mâle alpha a appris l’alphabet : il est désormais un mâle béta.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

dimanche 9 février 2025

LA NEGRESSE

Préliminaire : j’ai une admiration éperdue pour les cartographes du Dépôt de la Guerre. Ils ont rendu possible la victoire de 1918, avec des principes simples conduisant à un travail prodigieux tendu vers un seul but : mesurer le territoire, notre territoire, colonies incluses.

 

Liminaire : j’ai une détestation profonde, confinant à la haine, pour tous ceux, gouvernants inclus, qui ont barbouillé cette œuvre par bêtise et fainéantise, deux défauts mis au service d’un vice : la passion du lucre. Le tout sous l’égide de la perversion du sens et d’une communication anorexique : non, Monsieur Lacoste, la géographie ne sert pas à faire la guerre, c’est la cartographie qui se charge de gagner les guerres.

 

Il y avait à Biarritz, un quartier nommé La Négresse. Un collectif d’imbéciles autoproclamés protecteurs de la dignité humaine s’est indigné d’un toponyme jugé dévalorisant, sexiste et racisant et a demandé son interdiction ce que le Tribunal administratif a accepté, écornant un peu plus la confiance des Français en leur justice.

 

L’association Mémoires et Partages a t’elle une légitimité à traiter d’histoire ? Fondée par un juriste sénégalais, Karfa Diallo, elle peut être suspectée de partialité. Diallo est un patronyme peul fréquent dans toute l’Afrique de l’ouest et connu en Pays basque où Maître Nouhou Diallo est une éminente personnalité du barreau bayonnais. Mais Karfa Diallo a préféré la défense de maître Capdevielle dont le mari est sénégalais. Comment expliquer ce choix ? Est-ce du sexisme ? Du racisme ? Elue socialiste de la circonscription bayonnaise, Colette Capdevielle n’a aucun risque à s’aliéner les électeurs biarrots.

 

Reste la cartographie. Mémoires et Partages veut déclarer illégal un arrêté municipal de 1861 qui nomme ce quartier. En 1861, la cartographie de Biarritz (et donc la toponymie) est en voie d’achèvement. La municipalité biarrote suit les cartographes du Dépôt de la Guerre. Il y a là un problème de parallélisme des formes. L’arrêté est la conséquence d’une activité nationale codifiée par la loi qui lui est supérieure. Le Tribunal administratif a fait preuve d’une coupable légèreté sur ce point, mais je soupçonne Karfa Diallo d’avoir manipulé son dossier, comme il l’a fait en excipant d’une légende selon laquelle une femme noire tenait un débit de boissons dans le quartier. Il n’existe aucune preuve de ce fait. Aucune. 

 

En revanche, l’étymologie gasconne qui s’appuie sur une mauvaise transcription du toponyme Lana Grese (la lande argileuse) tient bien, l’argile est encore là et l’activité des tuiliers et briquetiers a duré jusqu’aux années 1960. Le Dépôt de la Guerre s’est planté. Ça arrive. Mais la Justice doit corriger ces erreurs, pas les justifier. Mais il est préférable que les cartographes soient irréprochables et ils n’en prennent pas  le chemin.

 

Pour ma part, je préfèrerai que Karfa Diallo me parle des signares, ces femmes sénégalaises qui ont ouvert le Sénégal à la France et servaient d’intermédiaires aux négriers qu’il poursuit de sa pathétique hargne. Il n’existe pas de colonisation sans collaborateurs ou collaboratrices. Les Noirs portent le fardeau de la traite, pas seulement comme victimes mais comme associés. C’est pénible à avouer, mais l’Histoire peut être pénible. Va-t-il demander le changement de titre de La Négresse blonde, merveilleux recueil du merveilleux Georges Fourest ?

 

Pour éviter toute accusation de racisme latent, je précise que mes deux enfants tardifs sont afro-descendants. Mais ils sont blonds !! Oui, ils descendent en droite ligne d’un cordonnier martiniquais libre de couleur selon le Code noir. Ils ont été blanchis par six générations de copulations métissées. Dont une avec le descendant d’un cartographe du Dépôt de la Guerre ayant dessiné le plan de Biarritz sur lequel Napoléon III a choisi l’emplacement du Palais.

 

C’est dire que je me sens légitime d’en parler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

mercredi 5 février 2025

MONDANITÉS UNIVERSITAIRES

 Et voici qu’on m’envoie un gloubi-glouba pseudo-intellectuel sur  la cartographie. Un de plus.Et qui me renvoie à Audiard qu’on peut plagier : c’est fou ce besoin qu’ont les cartographes de faire des phrases. Mes amis connaissent ma définition : la cartographie est l’art de la tricherie vraisemblable. Ce qui permet d’oublier Borges et son texte sur la carte à l’échelle 1/1.

 

Voici donc le énième texte sur la prétendue fausseté des cartes que l’on doit à deux cartographes dont l’un s’autoqualifie d’information designer (c’est plus chic) et l’autre appartient à un centre CNRS consacré à l’urbanisation du monde arabe. De Planhol revient ! et c’est plutôt une bonne nouvelle.

 

Et donc, j’apprends que l’université de la Réunion va organiser une conférence sur la cartographie et ses enjeux actuels, sujet tant rebattu que personne n’osera dire que ces pseudo-enjeux sont les mêmes qu’au XIIème siècle, le seul changement étant que les Cassini sont passés par là, rendant caduque le sous titre : représentation du réel ou acte social et politique ?

 

Depuis les Cassini, stipendiés par Louis XV, Louis XVI et la Constituante, on sait que la cartographie est une représentation mesurée du réel financée par le pouvoir en place. Donc ce n’est pas OU mais ET. Seuls les Etats ont les moyens de payer cette mesure, le binôme organisateur, fonctionnaire du CNRS, doit le savoir. On parle de cartes et de mesure du monde, pas de taches plus ou moins colorées que les gens sérieux appellent des iconocartes pour discriminer. On parle de géographie et pas d’illustrations au rabais. Je ne suis pas méprisant, je respecte les cartographes et leur travail. Et je n’oublie pas que mon trisaïeul, agent voyer du département de l’Aude, était fier de devenir cartographe au Dépôt de la Guerre d’où Napoléon III l’a tiré pour en faire son cartographe personnel. Pour être complet, ajoutons que la Constituante a chargé les Cassini de définir le système métrique afin d’unifier la mesure de la Terre : cartographier, c’est mesurer, pas dessiner seulement.

 

Quant aux enjeux, il n’y en a qu’un, c’est s’approprier le foncier qu’il s’agisse d’une abbaye médiévale ou d’un Président blond et contemporain. S’approprier le foncier et les ressources qu’il couvre. On ne peut parler cartographie si on en ignore l’histoire qui commence dans les scriptoriums des monastères. Dame ! pour dessiner, il faut des supports, velin ou parchemin, des outils, pinceaux et plumes, du savoir et si Dieu bénit le  tout, c’est mieux. Or les clercs sont assurés de l’onction divine qui manque aux cartographes laïques. On l’a vécu en vallée d’Ossau quand les habitants ont voulu connaître les estives et ont choisi pour les délimiter le curé de Béost qui a parcouru les pentes de l’Aubisque, évangile en mains en jurant sur les dits évangiles qu’il marchait sur la terre de telle ou telle paroisse. Les estives assurent la croissance et la lactation du bétail, la production du fromage et la richesse de la paroisse. La promenade évangelo-pédestre du curé de Béost avait offert à ses paroissiens les meilleures estives et les plus nombreuses, leur garantissant ainsi une certaine aisance qui se reflétait dans les dîmes perçues par le curé. Le pot-aux-roses apparut pour l’extrême-onction du curé, moment critique où le vénérable ecclésiastique dut avouer que le jour du métrage des estives, il avait rempli ses sabots de la terre de son jardin de Béost ce qui lui permettait d’affirmer sans mentir qu’il foulait partout la terre de sa paroisse. Je pense que ce pieux mensonge se reflète encore dans les cartes de l’IGN et je me remémore le mantra de Pierre Gentelle : tout territoire a une histoire et donc, toute géographie est historique. Par suite, toute cartographie est historique et un cartographe ignorant de l’histoire n’est pas un cartographe mais un clown.

 

Ignorant de l’histoire, mais également de la linguistique, de la sociologie, des religions, car tout territoire a été parcouru par des hommes et, par voie de conséquence, tout territoire est sociopolitique. Ce qu’on attend du cartographe, c’est la représentation synthétique de ce territoire. Représentation, pas simplification. Avec précision car le cartographe est avant tout un discriminateur.

 

Le cartographe est devenu un deus ex machina et la question n’est plus ce qu’on montre mais ce que voit le lecteur-spectateur ce qui est une simplification. On ne vise plus l’exhaustivité mais la sélectivité, ou plus exactement la sélectivité supposée, en fonction de ce que le binôme appelle le « commanditaire ». En clair, je dessine la carte qui convient à celui qui me paye. Le cartographe est un larbin. Un larbin gouvernemental quand il est fonctionnaire, un lumpen-larbin médiatique le plus souvent, à l’image de Gérard Chaliand qui a fait de l’expression cartographique un manuel de géopolitique pour les nuls.

 

Pierre Gentelle me l’avait dit : geo-graphein, écrire la Terre, mais comment écrire sans sémiotique et sans un traité des tropes ? Le seul à l’avoir tenté était Jacques Bertin qui avait compris que la clef de la carto était la légende. Quand la légende est anorexique, la carte est squelettique. Sans texte, le dessin ne vaut rien. Mais trop de texte détruit le dessin car la carte, synthétique, doit être lue et comprise immédiatement et globalement ce qui suppose que la lecture est disjointe de la réalisation. Dans le cas le plus simple, se crée un triangle terrain-cartographe-lecteur où le sens n’existe qu’au prix d’une circulation des signes entre les trois pointes du triangle, circulation compliquée par l’aspect téléologique de la cartographie : on fait une carte POUR. Pour partir en vacances, pour préparer une randonnée, pour choisir un lieu de pêche…

 

A cet égard, je me souviens d’une longue conversation avec le colonel de Turckheim qui commandait alors le 1er marsouins, mais aussi avec le colonel Erulin, chef de corps du 2ème étranger. Ces deux là avaient le même souci : il leur fallait des cartes POUR ne pas crever. Les erreurs des cartographes se payaient cash en vies humaines. J’en ai tiré la conclusion que la cartographie militaire était la seule qui valait et qu’affaiblir l’IGN revenait à assassiner des hommes.

 

Tout cartographe devrait avoir dans son bureau une reproduction du tableau El barranco de Waterloo du peintre espagnol Ulpiano Checa qui montre comment une erreur de cartographie a conduit à la défaite de Waterloo quand les hommes de Ney ont été décimés par un chemin creux non cartographié. Juste pour se souvenir que le réel mal représenté conduit à la mort. On n’est pas dans les conversations mondaines d’universitaires en mal de sujets de conversation.

 

Mais c’est une autre histoire. 

 

dimanche 2 février 2025

LE MALE ALPHA

 Bon, nous y voilà….Il va falloir corriger Trump. On a des précédents historiques. Mais pour ça, il faut en avoir….comprendre que Trump n’est pas un mâle alpha et qu’une bonne baffe le mettra aux ordres.

 

Souvenons nous de la prohibition. Les USA se torchaient au rhum de Cuba, avec des liaisons commerciales organisées par la Mafia. Faisons de même.

 

Basons nous sur les Antilles françaises et faisons en une zone franche où les bateaux de croisière américains seront reçus à bras ouverts sans les taxes trumpiennes voire sans taxes d’octroi, bref à un prix à rendre cirrhotique toute la population étatsunienne. Du coup, on sauve la viticulture et disciplines associées. On double avec une taxe patrimoniale interdisant la vente en Europe de produits patrimonialement français, comme le bourbon. Personne ne peut nier que « Bourbon » est un nom français utilisé sans autorisation et sans redevances par des distillateurs yankees. Il serait normal qu’une taxe versée à Stephane Bern soit perçue. De même « denim » abréviation yankee de « De Nimes ».

 

Une telle action n’est possible qu’avec l’appui de l’armée (c’est une guerre économique)et en dégageant des instances les losers professionnels (ceux qui privilégient la quantité contre la qualité) qui sont le plus souvent des péteux.

 

Mais voilà : les collabos sont au pouvoir, Vichy est à l’Elysée. La France n’est pas protégée. On n’est pas poli avec un homme impoli. Trump est grossier et vulgaire, Macron doit donc lui répondre dans le même registre, la baffe est de saison. Et oui, c’est la porte ouverte à l’escalade, et donc la porte ouverte au savoir de la dégonfle : à quel moment le mâle alpha va-t-il se dégonfler ?

 

Car il va se dégonfler, n’en doutons pas. Il a des points faibles que Macron connait. Notre problème, c’est que Macron ne sait rien de l’usage de la violence, on l‘a vu avec Poutine. Pour ma part, je n’aurais jamais accepté de m’assoir à cette humiliante table. Quoique je suppose que le décor avait été approuvé par un larbin du Quai d’Orsay dont j’espère qu’il a été viré.

 

On est au poker, Trump va cesser de bluffer, c’est écrit. Il est con, c’est-à-dire sous-informé et mononeuronal. Il dirige le plus riche pays du monde. Comme en 1975, quand les GI quittaient Saïgon en se chiant dessus. C’était il y a un demi-siècle et rien n’a changé.

 

On va devoir couler un ou deux bateaux yankees. C’est la dernière étape que Trump peut franchir : envoyer un croiseur dans nos eaux territoriales. Si on ne le coule pas, tout est perdu….