Préliminaire : j’ai une admiration éperdue pour les cartographes du Dépôt de la Guerre. Ils ont rendu possible la victoire de 1918, avec des principes simples conduisant à un travail prodigieux tendu vers un seul but : mesurer le territoire, notre territoire, colonies incluses.
Liminaire : j’ai une détestation profonde, confinant à la haine, pour tous ceux, gouvernants inclus, qui ont barbouillé cette œuvre par bêtise et fainéantise, deux défauts mis au service d’un vice : la passion du lucre. Le tout sous l’égide de la perversion du sens et d’une communication anorexique : non, Monsieur Lacoste, la géographie ne sert pas à faire la guerre, c’est la cartographie qui se charge de gagner les guerres.
Il y avait à Biarritz, un quartier nommé La Négresse. Un collectif d’imbéciles autoproclamés protecteurs de la dignité humaine s’est indigné d’un toponyme jugé dévalorisant, sexiste et racisant et a demandé son interdiction ce que le Tribunal administratif a accepté, écornant un peu plus la confiance des Français en leur justice.
L’association Mémoires et Partages a t’elle une légitimité à traiter d’histoire ? Fondée par un juriste sénégalais, Karfa Diallo, elle peut être suspectée de partialité. Diallo est un patronyme peul fréquent dans toute l’Afrique de l’ouest et connu en Pays basque où Maître Nouhou Diallo est une éminente personnalité du barreau bayonnais. Mais Karfa Diallo a préféré la défense de maître Capdevielle dont le mari est sénégalais. Comment expliquer ce choix ? Est-ce du sexisme ? Du racisme ? Elue socialiste de la circonscription bayonnaise, Colette Capdevielle n’a aucun risque à s’aliéner les électeurs biarrots.
Reste la cartographie. Mémoires et Partages veut déclarer illégal un arrêté municipal de 1861 qui nomme ce quartier. En 1861, la cartographie de Biarritz (et donc la toponymie) est en voie d’achèvement. La municipalité biarrote suit les cartographes du Dépôt de la Guerre. Il y a là un problème de parallélisme des formes. L’arrêté est la conséquence d’une activité nationale codifiée par la loi qui lui est supérieure. Le Tribunal administratif a fait preuve d’une coupable légèreté sur ce point, mais je soupçonne Karfa Diallo d’avoir manipulé son dossier, comme il l’a fait en excipant d’une légende selon laquelle une femme noire tenait un débit de boissons dans le quartier. Il n’existe aucune preuve de ce fait. Aucune.
En revanche, l’étymologie gasconne qui s’appuie sur une mauvaise transcription du toponyme Lana Grese (la lande argileuse) tient bien, l’argile est encore là et l’activité des tuiliers et briquetiers a duré jusqu’aux années 1960. Le Dépôt de la Guerre s’est planté. Ça arrive. Mais la Justice doit corriger ces erreurs, pas les justifier. Mais il est préférable que les cartographes soient irréprochables et ils n’en prennent pas le chemin.
Pour ma part, je préfèrerai que Karfa Diallo me parle des signares, ces femmes sénégalaises qui ont ouvert le Sénégal à la France et servaient d’intermédiaires aux négriers qu’il poursuit de sa pathétique hargne. Il n’existe pas de colonisation sans collaborateurs ou collaboratrices. Les Noirs portent le fardeau de la traite, pas seulement comme victimes mais comme associés. C’est pénible à avouer, mais l’Histoire peut être pénible. Va-t-il demander le changement de titre de La Négresse blonde, merveilleux recueil du merveilleux Georges Fourest ?
Pour éviter toute accusation de racisme latent, je précise que mes deux enfants tardifs sont afro-descendants. Mais ils sont blonds !! Oui, ils descendent en droite ligne d’un cordonnier martiniquais libre de couleur selon le Code noir. Ils ont été blanchis par six générations de copulations métissées. Dont une avec le descendant d’un cartographe du Dépôt de la Guerre ayant dessiné le plan de Biarritz sur lequel Napoléon III a choisi l’emplacement du Palais.
C’est dire que je me sens légitime d’en parler.
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