Je pense beaucoup à un dessin de Reiser en ce moment. Le
pseudo-orgasme d’une pute vietnamienne griffant le dos du GI qui la baise pour
y écrire US Go Home.
C’était une couverture de Hara Kiri Hebdo aux temps où les
capitales européennes se couvraient de manifs contre l’impérialisme américain.
C’est l’une des raisons pour lesquelles je comprends mal la
mobilisation actuelle anti-Trump. Ce mec est un bonheur. Tout seul et en peu de
temps, il va réussir ce que des milliers de militants n’ont pas réussi à faire
en un demi-siècle : détruire les USA.
Il a déjà réussi à fissurer la société américaine. Certes,
elle l’était avant lui mais il se
maintenait une fiction selon laquelle les red necks de l’Alabama et les bobos
de Greenwich Village partageaient certaines valeurs. Tout ça vole en
éclats, Trump exprime crûment cette vérité : il y a deux Amériques
irréconciliables. On va pas rentrer dans les détails, mais c’est dit. Le
Kentucky applaudit à l’interdiction de visas pour les Yéménites, Silicon Valley
hurle au suicide. Silicon Valley dont la belle santé financière est une insulte
aux difficultés des villes industrielles en déshérence. Ce qui, notons le,
justifie d’autant plus la menace : voyez tous ces étrangers aux indécents
salaires qui pompent le fric de l’Amérique, votre fric. Renvoyons les chez eux
et gardons le fric.
C’est le fonctionnement même du populisme : retourner
les arguments pour renforcer sa position. Et donc, un boulevard s’ouvre devant
Donald et va lui permettre toutes les erreurs, toutes les conneries. La
destruction des USA est en marche, cinquante ans après la chute de Saïgon. Pas
la peine de m’engueuler, de me dire que ça ne marchera pas, qu’il y aura
un sursaut, ou que sais je encore ? Je n’ai pas voté Trump, je me contente
d’observer. Ce que je vois, c’est que les réseaux sociaux ne servent à rien,
que la mobilisation citoyenne est inefficace et que, tout ce qu’on me vend
depuis des années comme des instruments de progrès vers un avenir meilleur ne
fonctionne pas. Parce que, réseau ou pas, derrière ton ordinateur, t’es tout
seul. Et qu’un individu seul ne va jamais bien loin. On te fait croire que t’es
un groupe, mais c’est faux, ton groupe n’existe pas. Il est virtuel.
Inexistant. Quand tu pètes, personne ne sent.
Avec Trump, les USA vont disparaître parce que la pseudo-modernité
va disparaître et qu’elle est le seul moteur économique du capitalisme
moribond. Quand tes principales forces économiques s’appellent Facebook ou
Twitter, t’es moins puissant que quand c’est Lockheed ou Gruman. Les USA ont
préféré investir dans Twitter que dans Lockheed. Il va falloir payer. Un pays
ne se défend pas en échangeant des bisous ou des likes mais en échangeant des
baffes.
Mais, méééhhh…. C’est ça la modernité. On est civilisés, on
n’échange pas de baffes. C’est exact. Mais si le mec en face te colle une
baffe, tu fais quoi ? Concrètement. Tu le supprimes de tes amis Facebook ?
Trump, il est niqué grave. Il va le découvrir. Il va
découvrir que son armée n’est plus la plus puissante du monde. Il va même découvrir
que ça n’a jamais été le cas. Jour après Jour, il va s’apercevoir qu’il ne
peut plus faire que les USA soient « Great again », que toutes les
cartes sont biaisées. Il va devoir s’adapter et il va accumuler les erreurs, tout
simplement parce qu’il n’est pas prêt. Pas prêt à découvrir le réel.
On en reparlera
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