C’est une citation de Jean Cocteau qui est désormais le
leitmotiv des politiques de tout bord
Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être
l’organisateur
C’est assez clair et j’y pensais ce matin en lisant Sud-Ouest
qui s’émerveille de l’augmentation démographique de la « Nouvelle
Aquitaine ». Premier point, cette Aquitaine n’est nouvelle que pour ceux
qui ne savent rien de l’Histoire. Elle correspond, peu ou prou au Duché de
Poitiers au XIIème siècle. Y’a plus nouveau, sauf pour Rousset qui est moderne
et fait du nouveau avec de l’ancien.
En lisant ça, je pensais au vieux Xavier de Planhol, l’un
des plus intéressants géographes français que plus personne ne lit car il était
plutôt de droite et être caractérisé « faf », ça condamne une pensée,
même si elle est intéressante et structurée.. Nous sommes aux temps où
l’étiquette suffit pour parler.
L’un des thèmes de recherhe de de Planhol, c’était la
naissance des villes au Proche-Orient, leur développement et leur capacité de
polarisation, c’est à dire de structuration d’un territoire. Doit on dire que
c’est un sujet parfaitement actuel dont certains géographes font leur miel sans
jamais citer de Planhol. S’appuyant sur le données géographiques, de Planhol
décrivait très tôt des migrations saisonnières, des bouts de population qui
allaient dans les montagnes du Liban chercher la fraicheur l’été. Un
pré-tourisme, 2000 ans avant notre ère.
Ces migrations ont continué avant de culminer au XIXème
siècle dans la fréquentation balnéaire des « têtes couronnées ».
Sissi la tubarde sur la Côte d’Azur, Napo et sa montijotte à Biarritz. Quand
ces gens là se déplacent, leurs copains viennent leur rendre visite. Leurs
copains mais aussi tous les lèche-culs qui ne peuvent s’éloigner du pouvoir.
Attention : ils ne viennent pas lécher les culs, ils viennent pour
d’excellentes raisons rabachées à l’envi par les hygiénistes. La douceur du
climat, le soleil qui tue les bacilles, l’air marin qui décrasse les bronches.
Que le soleil favorise le mélanome, ils le savaient pas. Ils savaient pas tout,
mais ça allait.
Après, y’a plus qu’à attendre. Les lèche-culs, ils
continuent à venir vu qu’ils ont acheté la maison pas loin de la tête couronnée,
et puis leurs enfants viennent pour rentabiliser l’investissement, puis leurs
petits enfants, qui finissent par t’expliquer qu’ils sont d’ici alors qu’ils
votent à Neuilly. Lèche-culs, radins, menteurs, ça fait de belles générations
pour le CAC 40. Année après année, le stéréotype gonfle et embellit, le cadre
fait comme son patron et achète une villa en banlieue du balnéaire pour pouvoir
lécher le cul à son tour. Bon, on s’éloigne un peu du palais d’origine mais si tu vas à Soorts tu peux
toujours affirmer aller en vacances sur la Côte basque. Y’a que moi qui râle,
ça va pas bien loin.
Le tropisme est en marche. Les vacances, c’est au Sud, pas
au Nord. La retraite emboite le pas. La population gonfle, plus exactement,
elle fait de la gonflette, les populations allogènes ou exogènes agissent comme
les endorphines chez les haltérophiles.
Le politique local, il voit ça, il éructe « Qu’est ce
que je suis bon, ils viennent chez moi ». Il refuse de voir qu’il peut
faire n’importe quoi, comme construire une grosse merde sur la Grande Plage à
Biarritz, le mouvement n’en sera pas inversé.
L’action des politiques compte moins que la vision mise dans
la tête par les médias, vision toujours simplificatrice ou simplifiée,
amplifiée par les hordes de couillons de base qui balbutient leur bonheur
d’être venus dans ce quasi-paradis. Parenthèse : après trente ans de
tourisme, je continue de constater que personne, jamais, n’affirme s’être
trompé sur le choix d’une destination et avoir passé des vacances de merde.
Et donc, les politiques font semblant d’avoir organisé une
croissance qui ne leur doit rien. Alors qu’ils ne font rien et poursuivent leur
aménagement basé sur un état des lieux obsolète ce qui explique que les plans
de circulation ou l’aménagement des parkings ne tiennent jamais compte des
variations saisonnières, ni des prévisions de croissance. Ne parlons pas des
réseaux d’épuration ou de la politique culturelle.
Avant de voter, pensons y. Aurons nous des candidats avec
une vision intelligente, structurée, cohérente, ce qui signifie aussi une
vision limitative car aucune croissance, jamais, ne s’est poursuivie ad
libitum.
C’est une simple question d’équilibre. On ne peut imaginer
une croissance démographique basée sur le bétonnage du littoral.
En fait, on ne peut imaginer une politique dont le maître
mot est « feignons ».
Parce qu’on ne feinte pas avec le réel.
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