La force des grands livres, c’est qu’ils donnent les
réponses aux questions qui se poseront plus tard.. Parce qu’entre nous,
répondre à une question qui se pose, c’est très con.. Les sciencepotards et les
experts font ça en permanence. Mais répondre avant, c’est plus futé.
J’entends autour de moi des tombereaux d’âneries sur Trump,
le climatosceptique. Moi, avant de dire qu’il est con, je cherche un synonyme.
Trump n’est pas con, il est américain.
Et donc, je repense à Daniel Boorstin et à son Histoire des
Américains traduit en 1981 chez Armand Colin (le vieux librairie vous informe,
chez Laffont, c’est une réédition et je n’ai pas comparé les textes, ne croyez
pas Wikipedia).
Il nous dit quoi Boorstin ? Que l’histoire des
Américains est sous-tendue par l’obsession de faire reculer la frontière. Ça va
jusqu’à Kennedy expliquant que l’espace est la « nouvelle frontière »
qu’il convient de repousser. Or, quand tu peux, sans cesse, repousser la
frontière, ça veut dire que tu n’as plus de limites.
Et quand Trump dit aux Américains que l’accord sur le climat
est une limite qu’il va faire reculer, les Américains approuvent. C’est leur
histoire. Ils vivent dans un monde fini comme s’il était infini. Voilà deux
siècles qu’ils rusent avec la limite, en collant la variole aux Indiens des
Plaines ou en bricolant des fusées. Des fois,ils prennent une baffe, mais ils s’en
vantent pas. Par exemple, quand les Chinois leur disent que la frontière, c’est
la côte du Pacifique à l’Est de l’océan. Pas à l’Ouest vu qu’à l’Ouest du
Pacifique, c’est la Chine. Ils ont rusé, ils ont colonisé les îles Sandwich,
ils ont aidé Formose, ils ont pris pied au Japon et bloqué Okinawa et Guam,
mais c’est rien que des ruses. Ils ont essayé, ils essayent encore, c’est plus
fort qu’eux, il faut qu’ils déplacent les bornes.
Trump et le climat, c’est ça. On sort de l’accord et on va
déplacer les bornes. On se démerdera bien avec les Indiens. Or, les Indiens, c’est
nous. On n’a aucune chance d’expliquer à quelques millions de rednecks que le
monde est fini, limité. Ils rigolent. On leur a dit pour le pétrole, ils ont
trouvé le pétrole de schiste. Déplacer la frontière encore.
Boorstin nous donne une clef, une clef qu’on ne peut pas
utiliser vu qu’on ne peut pas concevoir comment marche la serrure. Le seul qui
ait compris, c’est Jacques Maillot quand il crée Nouvelles Frontières.et
transforme un concept en marque commerciale.
C’est pas après Trump qu’il faut râler. Toute l’Amérique est
responsable. Tous les Américains qui pensent que leur mode de vie doit être
étendu à toute la planète.
Sans limites
On en reparlera…
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