De Gaulle, après le putsch avait réussi se débarrasser de l’armée comme force
politique. Ça a duré une cinquantaine d’années qui nous ont fait oublier cette
vérité première : les militaires sont des citoyens comme les autres. Et,
comme tels, ils peuvent juger de l’action du gouvernement. Voire s’y opposer
comme n’importe quel syndicaliste ou zadiste nantais.
Ha ! mais non ! ils doivent obéir au chef des
armées…..En principe, oui. Mais on obéit mieux à qui sait le sujet. Autour de
De Gaulle qui avait quelques lumières, il y avait des pros : Chaban,
Billotte, Messmer pouvaient montrer leurs états de service. On était entre
pairs. Voilà quelques années que les gouvernements sont désespérément civils.
Il n’existe aucune passerelle de communication. En écoutant Macron aujourd’hui,
je pensais que la plupart des militaires que je connais devaient se sentir pris
pour des cons. Et ça, c’est pas bon. Surtout que les militaires savent que les
économies ne sont pas économes de l’essentiel : leurs vies.
Ce sujet, le retour de l’armée en politique, voilà longtemps
qu’il est perceptible. J’avais commis un roman sur le sujet, refusé par de
nombreux éditeurs, où je suggérais que le cursus de l’ENA ne puisse pas être
complété sans une année de service militaire dans un régiment
« action ». Je me suis fait accuser de sexisme. Il me paraissait
pourtant évident qu’on ne peut pas gouverner sans connaître le poids de la
chose militaire et que seuls ces régiments connaissent la guerre.
Quand on parle de militaires, il faut, bien entendu, compter
les anciens militaires. Tous ceux, surtout sous-officiers, qui ont passé cinq
dix, quinze ans sous les drapeaux, ont connu les théâtres d’opérations
extérieures et sont revenus à la vie civile. Je n’ai trouvé aucune statistique
sur leur nombre mais ils sont quelques milliers et eux ne sont tenus à aucune
réserve ni à une quelconque obéissance.
Peu sont politiquement corrects. Certains ne sont
franchement pas présentables. Mais ils sont là, plus nombreux que beaucoup qui
tiennent le haut du pavé. Je pense souvent à mon copain Loulou qui me parlait
de ses copains morts dans l’attentat du Drakkar. En 1983. Morts et jamais
vengés. Peut être que c’est pas bien mais la vengeance est l’ADN des guerriers.
Loulou, il estimaait que ses copains étaient morts pour rien. Pas pour la
France. Pour rien. Et pour Loulou, la France, c’était pas rien.
Macron et ses copains énarques sont incapables de
comprendre. Pour eux, l’armée est un simple poste budgétaire. Et ça, les
militaires supportent pas. Bien entendu, les gradés de haut niveau peuvent
donner le change.. Mais dès qu’on descend dans la hiérarchie, dans les rangs de
ceux qui vont mourir, ça ne passe plus.
C’est qu’il existe un mental militaire. Un truc bizarre fait
de nationalisme, de haine de l’ennemi, d’un zeste de racisme (c’est qui
l’ennemi ? celui qui tue mes copains), d’un poil de rejet. Ce mental, on
l’aime ou pas. Mais ça, on s’en fout. En avons nous besoin ? Avons nous
besoin d’un groupe de citoyens prêt à mourir pour nous défendre ?
Mais ceci suppose que nous acceptions l’idée d’une menace.
Si nous évacuons la menace, la réponse va de soi. Ce que nous n’aimons pas chez
les militaires, c’est qu’ils nous voient menacés. Ils nous voient avec des
ennemis alors que nous voulons que tout le monde nous aime.
On peut y croire….C’est vrai que quelques plaques de marbre
ne grèveront pas le budget de la Défense..
On en reparlera….
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