Je me suis promené dans Biarritz aujourd’hui. Et j’ai
retrouvé, face au Musée de la Mer, la plaque qui commémore le bombardement de
mars 1944. Il va de soi que ça m’a fait penser.
Pas à cause des 117 morts. Non. A cause de la manière.
L’objectif était de rendre l’aéroport inutilisable. Pour ce
faire, il y avait deux manières, l’américaine et l’intelligente. Comme
toujours.
L’intelligente eut consisté à envoyer quelques avions dont
certains auraient bombardé l’objectif avec des frappes qu’on qualifie
aujourd’hui de chirurgicales. C’était possible, la RAF avait avions et pilotes
pour ça. Les Allemands faisaient ainsi avec leurs Stukas. Sans parler des
Japonais
Les Américains ont choisi la manière américaine…. Une
escadrille de B 24 qui ont lâché un tapis de bombes dès la côte en vue au Port
Vieux. Pas très efficace de surcroît. Les bombes tombées près du Rocher de la
Vierge n’ont pas fait de mal à l’aéroport. Couper la jambe pour guérir le
genou.
Je ne rigole pas. On peut toujours prendre un problème de
deux manières, même si je pense qu’une seule est intéressante.
Quand on se trouve face à un corpus, la meilleure manière de
faire est de chercher les signes pertinents, ceux qui vont conduire à la
solution. Ils sont le plus souvent rares, cachés. Ils demandent savoir,
intelligence. Pour un médecin, c’est distinguer dans une cohorte de plusieurs
milliers, les deux ou trois cas sur lesquels se concentrer. Mais c’est aussi le
cas pour un assureur : trouver dans quelques milliers de sinistres, ceux
qui parlent.
Bien entendu, les gens capables de ça sont rares. Comme le
pilote capable de détruire un pont au milieu des obus de DCA. Comme le
généticien qui va s’attaquer à une allèle signifiante. Et donc, comme ils sont
rares, on les remplace par des troupes de brèles, statisticiens ou
actuaires, chargés de baliser le
terrain. Un bel exemple fut le séquençage de l’ADN au tournant des années 2000.
Le gouvernement américain avait mis sur le sujet des dizaines d’équipes avec
quelques millions de dollars et un objectif à 5 ans. Un an plus tard, un homme,
Axel Kahn, avec son équipe du Généthon, avait terminé. La science américaine
était ridiculisée. L’histoire est connue de tous et pourtant, personne n’y
pense.
Comme les gens intelligents sont rares, au lieu de les
chercher, on cherche à les remplacer. C’est le bombardement de Biarritz que je
pense très caractéristique d’une vision épistémologique qui consiste à analyser
beaucoup pour penser peu. C’est la pensée Google : si tu as 3 millions de
followers, tu as raison. Si tu vends beaucoup, ton produit est bon…
Celui qui est mal, c’est Galilée…
On en reparlera…
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