LE SUD OUEST N’EXISTE PAS.
Marrant. Il faut être lourd, insistant… la finesse a
disparu. Avec elle, la litote, l’euphémisme, tout ce qui fait qu’on peut parler
à demi-mots, être léger, sérieux mais amusant.
Signature. Lecteurs inquiets
« qu’est ce que c’est que ce titre ? »
C’est l’expression d‘une vérité. Le Sud Ouest qui n’existe
pas est le Sud Ouest des clichés, un Sud Ouest bâti sur une
pseudo-authenticité, une ruralité rêvée, toutes choses qui n’ont rien à voir
avec la réalité. Le Sud Ouest qui n’existe pas est le Sud Ouest des rêveurs de
Sud Ouest.
Je le regarde avec le recul nécessaire. L’authenticité est
fille de l’Histoire. Que n’ai je lu de sottises, de fadaises sur mon
sud-ouest ? Il est devenu un passage obligé du bien-vivre alors qu’on y
vit moins bien qu’avant.
Voilà. Le mot est lâché. Avant. Avant que certains de nos
paysans aient plongé dans le productivisme, avant que changent les paysages et
que les banlieues soient devenues les verrues de nos villes, avant que tant
aient cru que l’argent achetait tout. Pire. Avant que tant aient pensé que tout
pouvait se vendre et ceux là sont les miens.
Elle est là, la blessure. Profonde, vivace. Le Sud-Ouest a
vendu son âme, ses paysages, ses traditions. Non. Le Sud-Ouest a bradé. Parce
que les acheteurs étaient…radins… fauchés..stupides. Surtout stupides…
N’hésitant pas à chouiner devant les ortolans ou les toros de combat. Mais ils
sont nôtres.. Les « petits oiseaux » se réchauffant à la flambée de
l’Armagnac n’ont jamais été un problème écologique pour aucun de mes ancêtres,
ni pour moi. Nous n’étions pas assez nombreux pour être des destructeurs de
Nature et nous n’y avions pas d’intérêt : on ne salope pas la maison où on
vit.
Mais l’acheteur croit qu’il peut tout acheter, même
l’Histoire. Il croit que son chèque achète la Vie et qu’il en fera une vie
idéale. Au prix de tous les renoncements, de tous les changements, ceux qui
l’arrangent même s’ils me dérangent.
Ils veulent un Sud-Ouest mondialisé. Pas moi. Le monde, je
le connais un peu. J’ai passé trente ans à le parcourir, à l’étudier. Jusqu’à
ce jour de 1999, à San Miguel de Aralar, où j’ai eu brutalement conscience que
j’avais cherché bien loin ce que j’avais sous la main. Et que la mondialisation
était un marché de dupes où je déposais les vêtements de mon Histoire pour
enfiler les défroques de tout un chacun.
Il est devant moi, rue Déodat de Séverac. Il m’explique
qu’il va faire de la boite du vieux une icône du luxe. Le vieux, je le
connaissais un peu. Mon père allait chez lui acheter des foies gras quand Tante
Marie avait mal calculé la consommation annuelle. Le gamin a réussi. Le nom du
vieux illumine les rayons du Carrouf d‘Hénin-Beaumont. A vil prix, à vile
qualité. Le gamin a réussi : il a vendu mon passé à la grande distribution..
Il a fait une belle carrière sur les débris de ma vie.
Et donc, oui, je ne suis pas content.. Et j’en ai fait un
livre.
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