Bien. Voilà que les professionnels du tourisme de ma chère
région survitaminée se plaignent que la saison n’est pas bonne. C’est une
rengaine annuelle que les sites de voyage en ligne nourrissent année après
année. Que nous disent ils ces pauvres gens ?
1 : les destinations balnéaires résistent mal. Voilà
des années que ça dure. Personne ne veut dire que le balnéaire tire le tourisme
vers le bas. Le balnéaire, c’est l’industrialisation du voyage, l’irruption du
quantitatif et des promos. Regardez les offres des professionnels de la
commercialisation de masse, je veux dire les agences de voyages de la grande
distribution : 90% de balnéaire ! Sur des plages qui sont au tourisme
ce que le jambon sous vide est à la nourriture
Le produit balnéaire, c’est un bout de sable, du soleil et
des prix cassés : hôtels HLM et paninis au déjeuner. Vu la taille des
océans, tu penses bien que ce type de produit, y’en a partout. Seuls changent
les cocotiers. Certes, il faut de l’aérien mais l’avion se brade comme les
paninis. Voilà bien longtemps que la tendance est en place et que la Croatie
concurrence la Corse, sans parler des Canaries ou des Baléares. Le combat est
inégal et perdu d’avance. Il faut de plus en plus d‘investissements pour
attirer une clientèle dont le pouvoir d‘achat n’assure plus le retour sur investissements.
2 : la météo impacte les résultats. C’est une tendance
récente liée à la multiplication des infos. Jadis, on avait un temps pourri, on
le subissait, on en parlait à la rentrée et on se jurait de ne pas revenir,
serment oublié avant la Noël. Aujourd’hui, on est mobile. On fait 200 bornes
pour changer de station et retrouver le soleil. Si le budget le permet, un
click sur un site spécialisé et on va encore plus loin.
Comme les météorologues peinent à augmenter la durée
temporelle de leurs modèles de prévision et que le changement climatique est
solidement installé à la table des agapes, prévoir l’avenir touristique par
l’anticyclone des Açores va devenir un défi. Tout comme les prévisions de
remplissage de caisse.
3 : la région souffre de l’absence récurrente des
touristes étrangers. En clair, elle manque de stéréotypes, d’images aisément
lisibles comme la Tour Eiffel ou les champs de lavande provençaux. Seul le
vignoble bordelais tire son épingle du jeu mais c’est de la brand communication
pure sur le nom de Bordeaux.
Le discours de tous les professionnels interrogés par
Sud-Ouest est univoque. J’avais le sentiment de lire un numéro vieux de vingt
ans. Forcément, rien n’a changé et surtout pas les salaires des pays
concurrents. Tous les commentaires sont quantitatifs. On est heureux d‘être
juste derrière l’Occitanie qui rafle toute la clientèle de Palavas et alentours
sur un bout de côte aménagé dans ce but. Manquerait plus que ça !
Mais quelle est la stratégie pour demain ? va t’on
s’obséder à compter des nuitées comme s’il fallait savoir qui a la plus
longue ? Pour nous, que compte faire Atout France qui a déposé notre nom
comme marque ?
On parle de bateaux de croisière mais pour quels
ports ? Rien n’est correctement aménagé. A Bayonne, les bateaux de
croisière contemporains n’ont aucun mouillage correct, permettant aux passagers
de se rendre facilement en centre ville. Voilà des années qu’on en parle. Sur
le terrain, rien.
L’attitude face aux touristes est scandaleusement
inefficace. Je ne suis pas partisan d’un tourisme trop important, qui détruira
plus qu’il n’apportera. Mais il faut bien comprendre que le tourisme de
l’avenir est basé sur le patrimoine. Notre Président, en bon disciple de
Jacques Généreux, accepte la di-société, voire la renforce. En clair,
destinations chics pour touristes argentés et destinations pour pauvres. La
communication ne sera pas la même, les retombées économiques non plus.
Je ne prends pas parti. Personne ne prendra parti Et donc,
personne ne prendra de décision… On finira par être trop élitistes pour la
clientèle désargentée et trop bas de gamme pour les premiers de cordée. C’est
une stratégie perdant-perdant. Comme le centre de Bayonne a perdu tous ses
commerces haut de gamme pour les remplacer par des franchises dignes d‘un
centre commercial de Seine-Saint-Denis. On accueille des croisiéristes riches
pour leur offrir les magasins d‘Argenteuil !
Une politique est un ensemble. Rien n’y est indifférent,
rien n’y est insignifiant. La région préfère les plages landaises à la vallée de
la Gartempe ? Elle y gagnera des nuitées et y perdra de l’argent. Et ne me
dites qu’on peut faire les deux, ce serait une insulte.
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