Je reviens sur mon billet du 25 octobre. Car c’est en fait
beaucoup plus pervers que l’imaginais. Et ça en dit plus sur la presse.
Vous vous souvenez du lancement de Blabla Car ? On
était dans le délire le plus total. Un site internet pour trouver du covoiturage.
Génial, hurlaient les cons ! Covoiturage = écologie. Covoiturage =
activité participative. Un mec qui va à X… trouve un autre mec pour partager
les frais. Moins cher, moins polluant, Blabla Car était quasi un bienfaiteur de
l’Humanité. Blabla Car surfait sur la doxa et ça ne me plaisait pas.
En fait Blabla Car était le dernier avatar du Fabless de
Tchuruk : une perfection capitaliste. Investissements nuls : les
autos sont achetées par leurs propriétaires. Main d’œuvre nulle : les
autos sont conduites par leurs propriétaires. Il reste seulement des flux
financiers correspondant à un service rendu. Service qui n’est pas imposé. Où
est la TVA ? Et qui la paye ? Tu râles me dit le connard de service,
mais Amazon non plus ne paye pas d’impôt. Ni Uber, ni Deliveroo, aucune de ces
merdes plagiées sur les USA et qui font que notre vie est magnifique. Règle n°
1 : si c’est d’inspiration américaine, danger pour la civilisation. Tout
connard admire l’Amérique et râle après la CPAM sans voir que les deux sont incompatibles.
Hier, j’étais à Bercy gare routière. Pleine des bus de deux
compagnies : les Boches de Flix Bus et les merdeux de Blabla Bus. Ben oui,
Blabla Car a une compagnie de bus, bien polluants, bien tarifés et gérés façon
Yield. On est loin de l‘écologie et du participatif.
Du coup, je regarde. Blabla Bus est simplement le nom
nouveau de Oui Bus, filiale de la SNCF rachetée par Blabla Car. Cher ? Je
ne sais pas encore, aucun article trouvé ne parle d’argent.
La SNCF a toujours été impliquée dans les bus. Au fur et à
mesure qu’il fallait assurer des dessertes d’intérêt public et qu’on
l’empêchait de le faire en train, la compagnie nationale a utilisé des bus. La
loi Macron a accéléré le mouvement.
Reprenons. Blabla Car qui fait rien que mettre en rapport
des gens a suffisamment d’argent dans ses caisses pour racheter 200 bus, même
pas cher. La mise en rapport a un prix.
La SNCF a dépensé beaucoup d’argent pour assurer sa mission
de service public, au point de devoir vendre une de ses filiales. Filiale
présidée par Rachel Picard, grande prêtresse du low cost.
Je regarde et ce que je vois, c’est un immense coup de fric.
Sous quelle forme ? Comme d’hab.
Le public investit, paye, au besoin en s’endettant, le privé rafle la
mise. Les conditions de la vente restent obscures, même le plan de sauvegarde
de l’emploi qui a accompagné la vente. La SNCF a été tirée vers le bas depuis
des années pour augmenter ses pertes, diminuer ses profits afin de la
dégraisser : hommes, retraites car dégraissage veut dire : virer
l’humain. C’est une immense conspiration contre les acquits sociaux du Conseil
national de la résistance, un fantastique complot pour déposséder la nation
dont tous se foutent éperdument. Les retraites sont le dernier fortin avant de
s’attaquer à la Sécurité Sociale. Et là, ça peut être une autre histoire.
Le CNR, c’était l’unité nationale qu’ils ont détruite. Je
voudrais pouvoir expliquer à tous mes amis que ce qui se joue, c’est la tête
qu’ils feront quand ils apprendront que leur dernière maladie ne pourra pas
être soignée parce qu’ils ont voulu détruire les retraites des cheminots. Quel
rapport ? L’unité nationale, justement. Les acquits des uns qui impactent
les droits des autres. Diviser pour régner….. Ils le font très bien dans le
silence total de la presse aux ordres.
La pédagogie macronienne est bloquée. Personne n’explique
que les retraites des cheminots sont dans le même sac que la chimiothérapie des
cancéreux de base. Personne n’explique que chaque citoyen est lié aux autres,
que toucher une pierre de l’édifice menace la construction entière.
Normal, c’est le but du jeu : que l’édifice s’effondre
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