J’avais, en son temps (février 2012), épinglé Carlos Ghosn
et sa stratégie industrielle. Je n’ai pas un mot à enlever. Au contraire :
les choix technologiques récents des Chinois me donnent, une fois de plus,
raison. Ghosn a embarqué Renault dans l’aventure électrique sans tenir compte
de l’environnement mondial. Zoé a vécu et Renault ne le sait pas encore.
J’écrivais : « L’erreur de Ghosn, c’est de
sous-estimer l’adversaire ». Il en a donné la preuve avec Nissan. Comment
qu’ils l’ont démoli les cadres aux yeux bridés. Quant la justice l’a saisi, les
dossiers étaient prêts, nickel, les juges n’avaient qu’à piocher. Le PDG
libanais inaltérable n’avait pas seulement sous-estimé l’adversaire : il
ne l’avait même pas identifié. Dans le bureau à côté. Et pendant que les
Nippons frappaient, les Chinois de Dong Feng embauchaient chez Peugeot Carlos
Tavares, son dauphin désigné. Billard a trois bandes.
Faut dire que Ghosn est une caricature de dirigeant
mondialisé. Né au Brésil, élevé au Liban, employé par la France, il oublie
systématiquement la dimension nationale. Pour un spécialiste de l’Asie où cette
notion est fondamentale, c’est ballot. Je l’écrivais, il y a près de dix
ans : « Au nom de l’indépendance et de la
fierté nationale. Seulement voilà : pour un capitaliste occidental, ces notions
sont obsolètes. » Le Ghosn, il avait trois passeports officiels, comment
tu veux qu’il s’y retrouve ?
Le premier qui me traite de ringard,
je l’invite à regarder le monde autrement qu’avec les lunettes du MEDEF ou de
LREM. Le monde prétendument mondialisé est une vaste plaisanterie. Tous nos
concurrents sont organisés en nations, des vraies, avec un sentiment national
déconnecté des Jeux Olympiques. Les Nippons, ils ont commencé à s’énerver quand
Ghosn a menacé Nissan. Mais, me dit un stupide, il avait sauvé Nissan. Oui.
Avec un gros paquet de fric qui lui a permis de payer et d’abandonner dans sa
fuite une caution de 14 millions de dollars. Ce qui permet de rappeler que
Ghosn est un mercenaire. Un domestique. Un domestique riche du pognon qu’il a
piqué à ses maîtres.
Je déconne ? Ghosn, employé par
Renault, dont l’actionnaire principal est l’Etat (toi, moi, nous) a fait de
Renault, fleuron exportateur, un importateur d’automobiles. La balance
commerciale de la France, il n’en avait rien à foutre : son salaire était
indexé sur les résultats de Renault, pas sur les résultats de la France. Nous
l’avons accepté. Nous nous sommes vautrés dans le discours libéralo-mondialiste
servi par nos dirigeants et la presse stipendiée. Les mêmes journalistes qui
détaillent avec gourmandise les avoirs de Carlos Ghosn, résultat de son
activité mortifère pour notre pays.
Mondialiste, ma non troppo. Quand il
s’évade il retourne au Liban, dans son pays, dans sa famille, pays qui va le
protéger et protéger sa montagne de fric piquée à Billancourt et autres lieux.
Il fonctionne à deux vitesses, le Levantin. (Ce n’est pas une injure, c’est
ainsi qu’on désignait le Liban avant qu’il ne se constitue en nation). Comme la
chauve-souris dont il a la tête : un coup rongeur, un coup oiseau.
Macron aime bien les
domestiques ; le même jour, on apprend qu’un incertain Cirilli, énarque,
vient d’être élevé au rang d’officier de la Légion d’Honneur, pour services
rendus au capitalisme américain. C’est la prime à la désertion. Le mec, après
des études payées par l’Etat français, une carrière dans l’administration
française où il a pu se perfectionner et augmenter son carnet d’adresses, est allé se mettre
au service d’un groupe financier américain qui rêve de dépouiller les caisses
de retraite françaises. Pour moi, ce mec est un déserteur ; la guerre
actuelle est économique et un officier supérieur qui passe au service de
l’ennemi relève du Conseil de Guerre et des fossés de Vincennes.
C’est pas le seul ? Pas grave, les
fossés de Vincennes sont larges. Les Américains ne sont pas un ennemi ?
Relis De Gaulle et regarde les « sanctions » dont Trump nous menace
comme un instituteur face à un élève de CP.
Mon copain Benoit, complotiste avéré,
affirme que Macron a fait diversion avec Cirilli pour qu’on oublie Ghosn.
Impossible. C’est donner à Macron la stature de Machiavel alors qu’il a le QI
d’un moineau. Le coup de Cirilli, c’est trois semaines de grève en plus et une
balle dans le pied. Les deux mercenaires se répondent de part et d’autre de
Mare nostrum. Les sommes en jeu justifient toutes les colères, toutes les
exactions. Macron a choisi son camp. Deux fois. Et fait monter la haine.
Il faudra que le réparateur de
Peugeot qui lui sert de Ministre de la Culture lui souffle que les mercenaires,
ça va par sept quand on a du talent.
Mais ce Président quand tu lui parles
de talent, il pense à des multiples de trente. Le prix de la trahison.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire