J’aimerai, avec ce texte, fermer tout commentaire, toute
discussion avec des centaines de mecs qui ont de la merde sur les yeux, mais
hélas ! pas sur la langue.
Pour être clair : l’ai débuté (et fini) en politique
avec un mentor dont j’étais très proche. Pierre Billotte, général, Compagnon de
la Libération, ministre du Général De Gaulle et chef de file de ce qu’on
appelait les « gaullistes de gauche », par ailleurs très lié avec Zhu
Enlai.
Nous avons vécu plus de trente ans sur un système économique
et social inventé par un gouvernement d’union nationale avec l’appui du Conseil
National de la Résistance. Le fer de lance de ce système était la protection du
citoyen. Citoyen français, ça va sans dire. Citoyen protégé contre les aléas de
la vie grâce à la Sécurité Sociale, mais aussi et surtout citoyen protégé des
assauts des « puissances d’argent ». Tout ce qui était indispensable
au citoyen (les transports, l’énergie, les assurances, par ex.) passait sous
contrôle d’Etat pour assurer au citoyen l’accès le plus fiable et le moins cher
possible aux services indispensables. L’impôt venait couronner le tout pour
affiner l’égalité.
Pompidou meurt. Dans la foulée, Chirac fait ce qu’il a
toujours fait : il trahit. Alors que tous les gaullistes historiques
soutiennent Chaban, le Corrézien priapique prend le parti de Giscard. Billotte
m’appelle : « Chabaud, nous soutenons Mitterrand. Giscard, c’est
Vichy qui revient ».
Je n‘ai jamais oublié cette phrase : Giscard, c’est
Vichy qui revient. Le sens en était clair ; Giscard, c’était la soumission
aux puissances d’argent et aux puissances étrangères, au premier rang
desquelles les U.S.A. en qui les gaullistes historiques (ceux qui avaient fait
la guerre avec De Gaulle) voyaient la menace essentielle pour la France. Il est
vrai que le premier acte de Giscard fut de sacrifier le Concorde qui était avec
Airbus une menace majeure pour l’aéronautique américaine.
Les gaullistes historiques avaient pour eux la légitimité
des armes. Giscard sut s’entourer d’une bande de jeunes branlotins qui
n’avaient jamais rien risqué et qui piaffaient devant des postes qu’ils ne
méritaient pas, qui voulaient gouverner un pays que leurs concurrents avaient
sauvé.
Le détricotage fut long. Pour commencer, Giscard ne
détruisit rien. Il fit pire en introduisant les idées qui battaient en brèche
les principes du CNR. La rentabilité succédait à la protection. L’EDF n’était
pas conçue pour être rentable ; son devoir était d’assurer au même prix
l’énergie électrique à chaque citoyen. Et la lettre que délivrait la poste
portait le même timbre pour un studio parisien que pour une maison forestière
au fond des Pyrénées. L’égalité existait dans les chiffres ; la SNCF
appliquait un tarif au kilomètre.
Insupportable pour les gestionnaires. Trop complexe alors
qu’au fond de chaque gestionnaire sommeille un simplificateur. La complexité
alourdit la gestion des statistiques. Giscard, puis Mitterrand, Chirac,
Sarkozy, Hollande, Macron. La même gestion alimentée par les écoles privées
(non républicaines, HEC, Sciences Po)était à l’œuvre abandonnant les principes
du CNR. Il fallait détruire et non protéger.
Pendant ce temps, un pays reprenait les principes du CNR
dont le plus fort était que le politique commandait à l’économique. La Chine se
transformait, nationalisait ses banques et ses assurances, regroupait son
énergie. Zhu Enlai et ses collaborateurs adaptaient le programme du CNR, y
compris la Sécurité Sociale. Ce travail, commencé il y a trente ans, arrive à
son terme car il s’est poursuivi malgré la mort de Zhu, puis de Deng.
Aujourd’hui, Areva et EDF, privatisés, n’arrivent pas à faire fonctionner un
EPR alors que deux des réacteurs inventés par les Français fonctionnent en
Chine et vont alimenter les chemins de fer des nouvelles Routes de la Soie. La
gestion privée trouve ses limites dans une magnifique inefficacité
En adaptant le programme du CNR, la Chine est devenue la
seconde économie du monde et la première en termes de croissance. La Chine
planifie et tient son cap quand nous voguons au grè des choix étatsuniens.
Les tenants du libéralisme, au vu des résultats, peuvent
comprendre qu’ils soient badigeonnés de mépris. Au vu des résultats, ils ont
détruit et rien créé sauf des hordes de chômeurs et de nouveaux pauvres.
J’attends avec impatience une étude qui montrera quand les
courbes se sont croisées. Il n’y a chez les Chinois, aucune duplicité. Ils ont
choisi le meilleur modèle, le nôtre, que nous avons abandonné. On nous répond
liberté et droits de l’homme quand le seul droit qu’un humain doit attendre de
son gouvernement est la protection du bien-être que construit la Nation.
Où est la liberté quand les médias obéissent servilement aux
puissances d’argent ? Où est la liberté quand les dirigeants politiques
prennent pour boussole autre chose que le bien-être du peuple ? Où est la
liberté quand un chef d’entreprise est félicité pour avoir créé des
chômeurs ?
Ils se moquent de nous dit le peuple. Il le dirait un peu
plus et un peu plus fort si les journalistes, jeunes couillons ou vieillards
cacochymes, montraient la réalité par des comparaisons bien choisies. Tout le
monde sait que la voiture électrique est un échec annoncé, personne ne dit que
la Chine a choisi la voie de l’hydrogène, mais tout le monde félicite Ghosn
pour ses choix stratégiques qui risquent fort de s’avérer calamiteux.
Ils se moquent de nous dit le peuple, sans savoir. S’il
savait……
On en reparlera….
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