jeudi 31 décembre 2020

LA MORT ET LE MOU

 Nous sommes en guerre. Expression littéraire. La guerre suppose un ennemi identifié avec lequel un échange est possible. Par exemple pour faire la paix.

 

Nous sommes donc dans la littérature, dans l’expression littéraire, et c’est ainsi que nous devons l’appréhender, comme un jeu de mots. Avec des morts. Et des mots insuffisants.

 

La guerre n’est pas un jeu et surtout pas un jeu de mots. C’est le lieu ultime de l’action politique, le lieu où le chef de l’Etat ramasse tous les matins  les cadavres créés par son action. Ou son inaction.

 

Le chef de l’Etat est un chef de guerre, qu’il le veuille ou non. A regarder, à écouter le notre, je doute qu’il en ait conscience lui qui, quotidiennement, nous explique que nous portons la responsabilité des cadavres que son action aurait évités. Il se pose dans le champ du conditionnel, au milieu des anges qu’il affectionne. C’est tellement confortable !!

 

Notre délicat Président (et ses séides) ne connaît rien à la politique : il veut être aimé Etre aimé c’est être réélu. C’est son obsession. Le volume du tas de cadavres importe peu dès lors qu’il obtient la majorité chez les survivants. Et donc, il navigue au gré de la sondagière estime, oubliant de ce fait que la haine est à la base de l’efficacité politique.

 

Plus personne ne hait Macron et c’est le début de la fin. Les Français n’ont rien à lui reprocher et rien à remercier non plus. Le peuple lui a collé la pire des étiquettes : inactif. Ecoutons les commentateurs de tous bords. Tous attendent un fonctionnement régalien, en clair de l’action, eventuellement coercitive et pas nécessairement efficace. Bref, le peuple attend un chef. Un homme de mort, pas d’amour.

 

Un chef de guerre puisque nous sommes en guerre. Parce que la guerre, c’est betement ça : tuer pour ne pas etre tué. C’est la limite de la littérature quand les mots n’épousent point les choses et quand l’image se dérobe. A convoquer la guerre où elle n’a que faire on se doit d’en vêtir l’uniforme. On se doit d’en adopter les manières et d’y être exemplaire. Murat à Austerlitz.

 

Mais de la guerre, ne reste plus que le vocabulaire. L’armée a disparu du paysage politique après que De Gaulle l’ait sévèrement purgée. Il n’y a plus d’officiers félons pour soulever des  régiments désireux d’ordre. Moyennant quoi, on discute à l’envie de tactique et de stratégie. Et on sent, dans le peuple, comme un désir d’action. De Gaulle enveloppe le monde politique de l’ombre raide du Commandeur.

 

Le Vieux Général avait ses fidèles. Tous combattants, tous issus des cadres de la Résistance et de la France Libre. Ils savaient mettre le pays en ordre de bataille et l’entrainer vers le but assigné. Plus aucun Président n’a ce vivier.  En fait, Macron est seul sans en avoir conscience, multipliant les organes de décision pour celer l’incapacité à décider. On ne regarde jamais assez les points secondaires. De Gaulle avait Pasqua. Qui est le Pasqua de Macron, l’exécuteur des basses œuvres prêt à se salir les mains pour protéger le chef ? Ne poussez pas des cris de chaisière effrayée. La politique a des exigences.

 

Pour répondre à une question, récurrente sur les plateaux télé : oui, l’armée peut….ramener le calme dans les quartiers, organiser la vaccination, sécuriser les frontières et bien d’autres choses. A sa manière qui peut manquer de bienveillance mais pas d’efficacité. La guerre,  soit on la gagne, soit on la perd. Les soldats savent cette vérité que les politiques ignorent qui pensent toujours qu’un communiqué de victoire vaut victoire.

 

Toujours la sémantique : la langue de la guerre n’est pas la guerre. Il faut bien que quelqu'un paie le prix du sang et des larmes

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