lundi 11 octobre 2021

CONSERVER LE CONSERVATOIRE

Le Conservatoire à Rayonnement Régional de Bayonne est menacé. Après 150 ans….

 

Il est menacé parce que l’orchestre est menacé au motif stupide qu’il coute trop cher. Motif de comptable, c’est a dire de con. Un musicien doit jouer tous les jours. Le comptable compte les heures de répétition officielles, celles qui sont rémunérées. Que dirait il s’il devait compter les heures non rémunérées, tout aussi importantes.

 

Mais le comptable ne doit tenir compte que du visible et ignore Platon. Le connaitrait il qu’il pourrait imaginer que les dépenses invisibles peuvent être compensées par d’invisibles recettes. Les gens qui viennent au concert dépensent : les uns vont prendre un pot ; certains dinent, d’autres font le plein de leur voiture, presque tous payent des heures de parking. Tout rassemblement induit des dépenses. Il est évident qu’un match de rugby génère plus de dépenses qu’un concert baroque, question de quantité. Dans une ville qui se veut touristique, les invisibles sont un élément fondamental de gestion mais c’est un élément qui n‘est JAMAIS pris en compte, ni par les élus, ni par les services. Tout simplement parce que c’est impossible.Là est le biais épistémologique : que ce soit impossible à mesurer ne signifie pas que l’objet soit inexistant. Innombrables sont les étoiles dans le ciel qu’on ne peut mesurer mais qui existent. Alors, on va se réfugier derrière le bouclier des imbéciles : le pragmatisme, qualité reconnue à Madame Thatcher, c’est dire. Le pragmatique est un imbécile majuscule qui nie ce qu’il ne peut mesurer. Ou qui casse l’instrument de mesure.

 

Le pragmatique introduit la téléologie dans les activités humaines= a quoi ça sert ? Est ce que l’OSPB est utile à  Ayherre ou Tardets ? On ne se pose plus la question quand un gamin d’Ayherre devient lauréat du CNSM. Mais que fait on de la réponse ?

 

Rien. Tomas Ospital devrait avoir orgue ouvert à la Cathédrale.

 

Admettons : l’orgue a une connotation religieuse et ancienne. Soyons moderne avec les musiques amplifiées.

 

Soyons.

 

Sylvain Luc est l’un des meilleurs guitaristes au monde.

Francis Darizcuren a été récompensé par la Sacem pour la qualité de son enseignement de bassiste.

Les frères Duplantier (Gojira) font partie des maitres du rock métal.

 

Tous Bayonnais. Qui a songé à les inviter pour des master classes de musiques amplifiées ?

 

Personne. Même là, la médiocrité triomphe

 

Et donc ne cherchez pas pourquoi l’orchestre est exsangue et le conservatoire menacé. La musique n’est pas une priorité politique. Elle est invisible et les décideurs sont pragmatiques. Comme Madame Thatcher.

 

Mon vieux copain Roy, ancien élève de Boulez et professeur de musicologie à l’Université de Londres, après m’avoir félicité pour mon travail « fascinant » (c’est un copain) me dit qu’il a compris ; pour les musiciens Bayonne est un lieu d’excellence. Il a raison. Les musiciens sont nombreux et divers et échangent sans cesse.

 

Et donc posons la question de manière à être compris des comptables et des gestionnaires ; est il raisonnable que le conservatoire de Bayonne ait autant d’élèves que le conservatoire de Marseille ? Comptablement ou administrativement, c’est ridicule. Socialement, culturellement, et donc politiquement,, c’est un fait. Indéniable et intangible. Les Bayonnais ne sont pas les Marseillais. Ha, bon ? Et, par voie de conséquence, appliquer les mêmes ratios aux budgets culturels des deux villes, c’est agir comme un con en niant le réel.

 

Comme d’habitude…

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