Les mémés à chienchien se lancent tous azimuts..Après la
corrida, après les cosmétiques et la fourrure, après le foie gras et l’abattoir
de Mauléon, voilà qu’elles attaquent la recherche scientifique. Là, on rigole
plus.
Je rendais visite à Michel, dans son labo, au Muséum.
Lequel ? LE Muséum. Au pied du grand escalier, j’avise deux aquariums,
nouvellement installés. Bien installés, d’ailleurs, l’organisme avait des
notions en la matière. Pleins de petits poissons, du type guppies. Mais ce qui
m’intriguait, c’est que dans un aquarium, ils tournaient vers la gauche, dans
l’autre vers la droite.
« Tu regardes les nouveaux ?
—Ben, oui… C’est quoi ? Hémisphère nord contre hémisphère
sud ? »
Va savoir pourquoi, en regardant les fritures, je pensais à
la force de Coriolis qui vide les baignoires en fonction de leur position.
J’avais tout faux. Dans son labo, Michel accueillait des doctorants et l’un
d’entre eux travaillait sur la régénération du nerf optique chez les vertébrés
poïkilothermes.En clair, on avait remarqué que les poissons et les reptiles
pouvaient reconstruire leur nerf optique. Selon quel processus ? Question
fondamentale qui relevait d’un labo de Lyon, associé à la recherche. Pour
plein de mal-voyants, c’était une
question cruciale, c’était la différence entre le jour et la nuit. Et
donc :
« Là, t’as les enucléés de l’œil droit et là, les
enucléés de l’œil gauche »
Faut pas croire. Michel, c’était un humaniste. Les
poiscailles, il avait pas crevé les yeux comme un sauvage. Chacun opéré sous
microscope, anesthésié, aseptisé. Un jour de travail par aquarium. Pas par
amour des poissons. Par amour des bons résultats. Y’avait plein de mecs qui
attendaient le résultat. Et d’abord, pourquoi les vertébrés à sang froid ?
Faut pas rigoler. Quand t’as une saloperie qui te ronge la vision, c’est une
question importante. Merde ! je deviens aveugle et pas les
grenouilles ? C’est un coup à douter de Dieu.
« Demain, on fait les tortues. »
Avec ce boulot (dont j‘ai pas eu les résultats) et plein
d’autres, la microphtalmie a reculé. C’est pas gagné. On a même joint le
strabisme. Les équipes françaises sont en pointe sur le sujet. Alors, oui,
connasse, pour que ton gniard ait pas besoin de culs de bouteille sur le nez,
il faut énucléer de la friture. Et alors ? Tu vas appeler L214 pour te
plaindre ?
J’ai été éditeur scientifique. J’avais plein de copains dans
plein de labos. Tous impliqués dans la protection de la vie sauvage. Au point
de bosser dans et pour des zoos. En y laissant leur santé et même leur vie. Et oui,
ils expérimentaient, ils posaient des électrodes, ils énucléaient, ils
lobotomisaient. Pas par sadisme. Par altruisme. Pour mieux comprendre et mieux
soigner les hommes.
Mais il faut être honnête…. Dans le même temps et le même
labo, une doctorante de Jean-Pierre travaillait sur les pattes des dindes.
Figurez vous que ces grosses salopes de dindes, elles grossissaient tant que
leurs pattes cassaient sous leur poids. Pour l’industrie de la dinde, c’était
de la perte. Et donc un syndicat payait (cher) pour comprendre et corriger. Une
partie des sous de la dinde payait les frais des futurs aveugles. Comme la NASA
vu que Jean-Pierre travaillait pour la NASA. Ben oui, les minables Français
bossent pour les grands Américains quand ils atteignent leurs limites, c’est à
dire souvent.
La vraie vie d’un labo, c’est ça. On prend de l’argent à
ceux qui en ont pour étudier les problèmes de ceux qui n’en ont pas. Avec
toujours le souci d’avancer. En choisissant les protocoles et les expériences
qui permettent d’avancer. On est loin des mémères à chienchien qui pensent d’abord
à choisir le paletot de Mirza pour l’hiver, vu qu’elles pensent plus à Mirza qu’au
gamin dont le nerf optique est rongé par une saloperie.
A celles là, je dirais qu’une chose. Si t’as besoin d’un
chien (ou d’un chat) pour avoir de la compagnie, vas te noyer tout de suite
parce qu’aucun humain n’a besoin de toi, aucun humain ne veut de toi. Et tu en
es responsable.
On en reparlera certainement…
PS : j’ai pas eu les résultats parce que le cœur de
Michel a cessé de battre, un soir d’hiver. Aucun rapport avec ce qui est
ci-dessus. Sauf que tu peux laisser ta vie pour la comprendre. Pour les autres.
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