C’est le bordel dans les facs. Merci qui ? Merci Jack
Lang.
Faut pas avoir étudié longtemps pour comprendre. Jack le
magnifique voulait 100% d’une classe d’âge au bac. En oubliant ce détail :
le bac ouvre la porte des facs. Et les facs sont là pour faire des études
supérieures, pas du rattrapage. 100% d’une classe d’âge ne peut pas faire
d’études supérieures. Parce qu’ils n’ont pas le niveau. Plus simplement parce
qu’ils n’ont pas les possibilités intellectuelles. Et parfois, les deux, car
les deux sont liés. Mais aussi parce que nos facs ne sont pas prévues pour cet
afflux.
En 1967, dans l’Académie de Bordeaux, le taux de réussite au
bac était de 53%. Un môme sur deux. Cinquante ans après on flirte avec les 90%.
Il n’y a que deux explications possibles : ou les candidats ont vachement
progressé. Ou la difficulté a superbement régressé. Dans les deux cas, il y a
plus de mômes qui veulent intégrer la fac. Et pas plus de places. Comment on fait ? On peut pas mettre vingt sardines dans une boite
J’en parle avec un spécialiste. Son analyse ne me convient
pas, elle s’appuie trop sur les instruments de la malmesure de l’homme. Il
m’affirme que le bac à l’ancienne était calibré pour sélectionner les candidats
avec un QI égal ou supérieur à 130, condition sine qua non pour un cursus
universitaire. Et il s’appuie sur les échecs en première année de fac pour me
prouver que le rééquilibrage est inévitable et que le fonctionnement actuel
revient à utiliser les facs pour corriger les conneries du bac. La sélection est inévitable. Y'a que Jack pour supprimer ce qu'on ne peut enlever.
Je rigole. Dans ces conditions, pourquoi ne pas remplacer le
bac par un test de QI ? Ben, j’ai rien compris. Il faut le QI et son
utilisation dans des conditions inconnues, sur des sujets inconnus. Le QI seul
ne suffit pas. Il est nécessaire mais pas suffisant. De toutes façons, m’assène
t‘il, les mentions sont là pour corriger et permettre la sélection. A un poil
près, elles collent avec l’ancienne sélection.
Je suis mal. J’ai jamais pensé que le QI pouvait être un
instrument pertinent. Et j’ai jamais passé mon temps à comparer des
statistiques.
La sélection, je suis pour. Elle vient acter la capacité de
travail et la possibilité d’accumuler des connaissances. Elle aide aussi les
mômes qui ont à cœur de s’intégrer. Même si t’as pas vraiment le QI, en bossant
comme un malade, tu peux réussir. Ça s’appelle la méritocratie. Tu compenses. Bon,
y’en a des qui doivent plus compenser que d’autres. Mon spécialiste, il est
d’accord, et il pense que le premier handicap des enfants, c’est les parents.
Ça, tu peux pas le dire. Les parents votent.
On mélange nos exemples. Avec Bourdieu, je pense qu’une
bonne bibliothèque est un avantage. Lui, il croit que si les parents parlent
bien français, et quotidiennement, l’avantage est suffisant. Il m’emmerde. Il a
plus d‘exemples que moi. Forcément, c’est un spécialiste. Mais enfin, l’un dans
l’autre, on est d’accord : le bac, c’est pour les enfants de la
bourgeoisie, correctement éduqués et drivés par des parents responsables qui
les colleront dans les bons rails pour faire des retraités de qualité, à
condition qu’ils bossent un peu.
Mon spécialiste, il aime bien Hamon. Statistiquement, il
pense que, vu le recrutement, les mômes qui passent le bac, ils seront chômeurs
et donc, vaut mieux leur filer un revenu universel. Déjà, on va faire des
économies sur l’enseignement supérieur. Il est un peu pessimiste, je trouve.
Ceci dit, il est pas tout jeune, comme moi. Les fossés, on les a vus se
creuser. Education, formation, rémunération. Moi, je pense qu’on peut corriger.
Lui est sûr que non. Il me dit qu’une génération narcissique ne peut penser
qu’à elle et qu’une génération sadienne privilégiera le plaisir contre le
travail. J’ai peur qu’il n’ait raison.
Le QI a de beaux jours devant lui.
On en reparlera….
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