Bien. Nos magnifiques Rafales ont mené une magnifique
opération en Syrie et leurs pilotes (les vrais, pas ceux qui étaient dans le
cockpit) nous prennent définitivement pour des cons.
Regardons calmement.
Entre le tweet rageur de Donald Duck et l’intervention
aérienne, trois jours. Largement suffisant pour évacuer les cibles. C’est une
règle stratégique : une réaction doit être rapide pour être efficace. Rapide et silencieuse.
D’ailleurs, nos magnifiques missiles n’ont quasiment pas
fait de victimes. Pas un militaire russe, pas un soldat syrien. Selon les
sources, on indique de trois à dix civils. Sans déconner, des missiles à deux
millions d’euro pour un tel résultat, c’est margarita porcis. Le napalm de
Nixon, c’était plus rentable.
Les images montrées sont tout aussi ridicules. Des murs
déflagrés, certes, mais rien qui marque l’impact d’un beau missile, surtout sur
des stocks de chlore. Sérieux, tu fais péter une cuve de chlore, t’as quelques
kilomètres carrés qui toussent. Tu peux ouvrir une colonne « victimes
collatérales » dans ton communiqué de presse.
Nos magnifiques Rafales sont partis de Saint Dizier, dans
notre belle Lorraine, et sont arrivés en Syrie après ravitaillement assuré par
des AWACS américains, me dit BFM. Et donc, sans Donald Duck, on peut pas
bombarder, pas de quoi être fier. En plus, interview de pilotes et intervention
de la Ministre cornaquée par un général en uniforme ce qui nous permet
d’apprendre que la défense anti aérienne syrienne et l’appui sur place des
Russes ont pas été d‘une efficacité exceptionnelle. Je suis pas un pro, mais de
Saint Dizier à Homs, y’a quelque chose comme deux heures de vol pour un Rafale.
Minimum. Je dois donc admettre que les Russes sont incapables de voir décoller
une escadrille d‘une base qu’ils ne surveillent surement pas, peut être parce
qu’ils ne la connaissent pas. J’admets, je suis bon public. Quand les avions
Dassault approchent de la Syrie, les moyens de détection sur place (navires
essentiellement) remplacent les satellites déficients mais ne bronchent pas
plus. J’admets encore.
Mais j’ai le sentiment d’être pris pour un con. Avec leurs
mensonges, en creux, ils me dessinent un scénario plus réaliste et moins
spectaculaire et qui me va bien. Un diplomate quelconque (et justement, pas
quelconque) a utilisé ces trois jours pour expliquer à Poutine que Donald Duck
ne pouvait pas perdre la face, délai utilisé pour vider les usines et rendre
les objectifs inexistants. Après quoi les Russes nous ont laissé passer avec
une grande politesse (davaï, tovaritch), on a mis dans le mille, et on est
revenus à la maison.
Maintenant, faut voir ce qui va se passer. Moscou se sent
« humilié » dit un porte-parole ce qui ne l’empêche pas de recevoir
Macron à la fin du mois. L’humiliation doit être vite passée. La victoire, elle
est pour Dassault. Donald s’est empressé de tisser des louanges à l’aviation
française, à son professionnalisme et toutes ces choses. Y’a plein d’acheteurs
d’avions qui ont entendu ça. Quand t’as le locataire de la Maison Blanche comme
VRP, ça fait du bien.
Y’aura bien quelques clowns comme BHL pour mettre la seconde
couche sur le décor du théâtre de marionnettes. Demain, on va aller au
Parlement où personne ne va dire l’essentiel. Il y aura quelques gugusses qui
insisteront sur les vetos de la Russie à l’ONU. Ça occupera le temps.
Mais sur le terrain, Poutine n’a mis aucun veto. Il nous a
laissé passer. La facture viendra plus tard. Je crois que les derniers Sukhoi
sont bien meilleurs que je pensais.
On n’a pas fini d’en reparler.
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