Je le connais bien, je passe devant lui presque tous les
jours, immortalisé par Falguière brandissant vers les hordes teutonnes sa croix
de Lorraine d’évêque de Nancy.
Lui, c’est Charles Lavigerie, cardinal et Bayonnais et bien
oublié. Va savoir pourquoi, ce matin, je pense à lui. Pour sa vie qui fut celle
d’un battant. De nos jours, on saurait pas où le classer. Missionnaire
(horreur !) en Algérie, il crée les Pères Blancs (c’est bien, c’est le
Père de Foucauld), il lutte contre l’esclavage (très très bien) et il met en place des règles
d’évangélisation des populations musulmanes (très mal, ça touche à la culture).
Le règles valent d’être rappelées (parler la langue, manger comme …. vivre
comme…). Les militaires s’inquiètent et craignent que l’évangélisation ne
réveille « le fanatisme musulman ». En clair, foutez leur la paix et
qu’il restent où ils sont.
Mais aujourd’hui, je pense au Toast d’Alger. On est en 1890,
la République française ne va pas très bien, en butte aux attaques, notamment,
d‘une droite catholique et excessive. Lavigerie est archevêque d‘Alger et il
prononce un discours, clair et dont on sait que le Vatican l’approuve : « Quand la volonté d'un peuple s'est nettement affirmée, que la
forme d'un gouvernement n'a rien de contraire, comme le proclamait dernièrement
Léon XIII, aux principes qui peuvent faire vivre les nations chrétiennes et
civilisées, lorsqu'il faut, pour arracher son pays aux abîmes qui le menacent,
l'adhésion sans arrière-pensée à cette forme de gouvernement, le moment vient
de sacrifier tout ce que la conscience et l'honneur permettent, ordonnent à
chacun de sacrifier pour l'amour de la Patrie. […] C'est ce que j'enseigne
autour de moi, c'est ce que je souhaite de voir imiter en France par tout notre
clergé, et en parlant ainsi, je suis certain de n'être démenti par aucune voix
autorisée. »
Tout est dit. La religion doit être
sacrifiée « pour l’amour de la Patrie » dès lors que ce sacrifice
n’est pas contraire aux principes du vivre ensemble. Alors oui, aujourd’hui, je
pense à Charles Lavigerie.
J‘imagine un imam ou un ayatollah
répondant au toast d’Alger par un toast de Paris (ou de Marseille ou de Lunel)
afin d‘expliquer aux musulmans que la religion doit être sacrifiée au vivre
ensemble. Bien entendu, c’est un simple rêve. L’organisation de l’Islam ne le
permet pas. Le mental du clergé, non plus. Je ne vois aucun religieux capable
de prononcer en public d’aussi fortes paroles. Il ne s’agit pas d‘opposer
Marianne à Mahomet, il s’agit de dire qu’ils ne peuvent vivre ensemble, dans le
même lit.
Il y a, toutefois, un fait qui doit être examiné. Dans tout
le pays, grâce à des associations auto-représentatives et des avocats
stipendiés, les détenus musulmans réclament inlassablement des menus adaptés.
En clair, l’Islam qui refuse la République à la pointe du couteau fait appel
aux principes de la même République pour respecter sa religion. Ne hurlez
pas ! Je ne dis pas que tous les détenus musulmans sont des terroristes.
Je dis simplement que pour être en détention il faut s’être plus ou moins placé
hors la loi et qu’il est quelque peu abusif de se réclamer de la protection d’une
loi à laquelle on a dérogé et qu’on a refusée.
La loi sur la laïcité souffre d‘un mal : elle tolère
les religions ce qui revient à les accepter. Mais elle refuse de les prendre en
compte. On ne peut légiférer sur le martyre. Par voie de conséquence, on ne
peut s’en défendre. Les terroristes tuent et attendent la réciproque qui les
enverra d‘un coup au paradis où abondent les vierges. Tu penses bien que, face
à ces félicités, y’a pas grand chose qui tienne. Une défense pourrait être de
les rendre impurs pour annuler le paradis. Comment ? J’en sais rien. Leur
injecter 10 cm3 de sang de porc au moment de l’autopsie, par exemple. Et
prévenir l’imam chargé de l’ensevelissement, qu’il fasse pas d’erreur. Mais la
loi ne le permet pas, parce que la loi n’interfère pas avec la religion. Faut
dire que, rédigée en 1905, la loi avait pas prévu que le paradis serait un
problème.
Il l’est devenu en inversant la problématique : quand
j’étais petit, le problème, c’était l’Enfer. Fallait pas y aller. Ne pas y
aller conduisait au Paradis. On n’avait pas le même code de la route. Faudra s’adapter
au changement et se réhabituer à la virginité.
On en reparlera…
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