Biarritz ne bruisse que de ça : les Hongkongais vont
sauver le Biarritz Olympique. Complétons l’information.
Tout d’abord, depuis la phrase célèbre de Deng (un pays,
deux systèmes) et depuis le jour où le dernier gouverneur de Hong Kong a descendu
l’Union Jack du mât de sa
résidence, Hong Kong, c’est la Chine. Politiquement, je veux dire. Donc, on
pourrait dire « les Chinois », mais ça écorcherait la gueule de pas
mal de monde.
Sur le delta de la Rivière des Perles, Hong Kong est un
pauvre village de pêcheurs jusqu’à ce que les Anglais s’y installent. La vraie
capitale, économique, culturelle, patrimoniale, commerciale de la région, c’est
Canton. Les Anglais vont renforcer Hong Kong, lui donner sa puissance
financière et son poids touristique. Ça vous rappelle rien ? Un village de
pêcheurs misérables gonflé à l‘EPO par des investisseurs étrangers et qui veut
faire de l’ombre à la capitale historique de la zone ? Hong Kong-Canton,
c’est Biarritz-Bayonne. Les Chinois seront pas dépaysés.
Les Chinois…Là, j’avoue, j’ai du mal. Territorialement, les
investisseurs, ils sont plutôt franco-syriens. Les positions économiques et
politiques de Messieurs Gave ne flirtent pas trop avec la doxa pékinoise. S’ils
ont choisi Hong Kong, ils ont leurs raisons, mais elles m’échappent. La Chine
n’a jamais accueilli Frédéric Bastiat. Tiens ! encore un Bayonnais.
Ils investissent dans le rugby. Faut savoir que Mao a
condamné le rugby comme quoi c’était pas un sport honorable. Tous les Chinois
savent ça. On peut penser que Messieurs Gave veulent se distinguer de la pensée
maozedong. En fait, le rugby est devenu un sport olympique. A 7, mais quand
même. Aux prochains JO, si la Chine prend une toise par le Japon, ennemi
héréditaire et détesté, va y avoir du nettoyage dans les instances olympiques
de Pékin. On peut donc penser que nous sommes face à une pensée stratégique
bien menée. Vu qu’en l’état actuel des choses, le Japon devrait filer une toise
à la Chine. Et donc, Messieurs Gave seront bien placés pour nettoyer l’orgueil
national. Ils sont pas les seuls à penser ça. Voilà quelque temps que des clubs
anglais tissent des liens avec le Guangdong.
Là, je fais une parenthèse géostratégique. Pour les
instances dirigeantes du rugby français, le Pacifique, c’est un endroit où on
va se promener tous les ans pour acheter des mercenaires. J’ai jamais compris
pourquoi la Nouvelle Calédonie ne fournissait pas de joueurs du niveau des
Tongiens ou des Fidjiens. Bon, on peut pas demander à Laporte de regarder une
carte. Hors d‘un casino, je veux dire. Déjà qu'il n'y a pas de rugby en Corse..Alors en Kanaky....
Ceci dit, je ne crois pas à une vision stratégique car une
vision stratégique s’appuie sur la jeunesse. Or, les statistiques sont
claires : hormis quelques grandes écoles (Polytechnique, HEC) les jeunes
Chinois sont obsédés par deux établissements d’enseignement : les Beaux-Arts
de Paris et le Conservatoire de Musique de Paris. Or ce sont deux
établissements accessibles par concours où les intermédiaires-requins n’ont
aucune prise. Ce sont aussi deux établissements pour lesquels les écoles préparatoires de
Bayonne ont pratiquement 100% de
réussite.
S’il y avait eu vision stratégique à Hong Kong, la
construction d’une Maison pour héberger les étudiants chinois aurait coûté bien
moins cher que le comblement du trou biarrot. On pouvait même y prévoir deux ou
trois chambres pour les espoirs du rugby. Pas mettre tous ses œufs dans le même
panier.
Investir dans les énergies vertes est aussi une bonne idée
pour des financiers. Messieurs Gave auraient pu acheter un paquet d‘actions de
China Tianyin, implantée à Bayonne. Bref, une vision stratégique conforme au
weiqi qui choisit comme base la pierre que personne ne considère. Mais tout
ceci repose sur une question encore sans réponse. Les Hongkongais vont ils
accompagner le gouvernement chinois ou pas ?Au vu des informations
publiques sur la famille Gave, je doute, mais un revirement est toujours
possible.
Ou une mauvaise interprétation. On peut penser que Charles
Gave a mieux compris Friedman que la plupart de ses épigones et que
l’opposition Keynes-Friedman est une simplification abusive, pas nécessairement
incompatible avec les positions économiques du gouvernement chinois. Nous avons
peut être une idée biaisée de l’interventionnisme. Pourquoi ne pas imaginer que
Gave est un cheval de Troie posé par la Chine pour miner le sport capitaliste ?
Ce qui expliquerait qu’il n’investit pas dans les clubs de rugby à fort
potentiel (Toulon, Castres, Montpellier) mais dans les canards boiteux.
Mais, là, je me laisse aller.
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