On disait ça au siècle dernier : un vieillard qui
meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Et tout le monde chouinait sur tout ce
savoir qui disparaissait. Surtout dans les pays émergents. Forcément.
Dans le même temps, des tas de professionnels sciencepotards
s’acharnaient à détruire des savoirs pour une seule raison : le salarié
qui sait pèse plus lourd sur le bilan que l’ignorant. Le savoir détruit les
bénéfices.
Comme la présence. Et donc la nouvelle doxa, c’est la
mobilité. Un bon salarié est un salarié qui bouge. En ce moment, on n’entend
que ça : l’horreur du salarié qui ne change pas de boite. Ce n’est
pas verbalisé ainsi. On nous
explique que la carrière linéaire, c’est fini. La norme, c’est de changer de
boite, voire de profession. Que le salarié ait créé des relations de confiance,
voire d’amitié, avec clients et fournisseurs, est dangereux. Plus il sait, plus
son départ est handicapant. On ne va pas virer un mec qui peut passer à la
concurrence avec son réseau. Sauf a contrôler le réseau. Ce qui est possible
dans un fonctionnement de classe. Remplacer un HEC par un autre HEC. Les
petites mains circulent, perdent les avantages liés à l’ancienneté, sont
enfermées dans des procédures qui dévalorisent leur savoir et leur expérience.
Tout va pour le mieux dans un monde sans histoire.
La dévalorisation du travailleur atteint son apogée. On en a
déjà parlé avec les garçons de café. Ce n’était qu’un début. Diplômes
professionnels au rabais type « force de vente », non prise en compte
des acquits de l’expérience, on fait semblant mais ça ne compte pas où ça
compte : sur la fiche de paie ou sur le récapitulatif de carrière.
Valoriser le travailleur pour valoriser les gains de l’actionnaire.
Voilà quelques décennies que la machine est en route.
Quelques années que l’actionnaire n’est pas défini pour ce qu’il est : un
rentier parasite détruisant la société qui l’héberge.
Reste la seule question qui vaille dans le
parasitisme : est ce une symbiose ?
Le parasite vit bien. Mais il court toujours le risque de
tuer son hôte ce qui entraine sa disparition.
Nous n’en sommes pas loin. Le capitalisme financier risque
de s’apercevoir que ce qu’il prend pour un coût est indispensable à sa survie.
C’est une vraie question que pose la réforme des retraites. L’idéal serait de
jeter les retraités à la benne pour se débarrasser du coût humain. C’est le but
final. On commence à s’en apercevoir.
Un pommier sans gui peut vivre. Le gui ne peut pas vivre
sans pommier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire