vendredi 10 avril 2020

ETAT DES LIEUX/2

Personne ne l’écrira, alors autant que je m’y colle.

Raoult a raison. Pas sur la chloroquine. Je ne suis pas médecin. Sur l’épistémologie, étude philosophique de la science sur laquelle tous, de Finkelkraut à Onfray, gardent un silence coupable. Je ne parle pas des journalistes, tous, parce que je connais leur formation, le plus souvent du niveau du certificat d’études.

Il faut donc rappeler quelques vérités, quelques évidences oubliées de tous.

1/ les statistiques ne sont pas une science, mais une mesure. Mesurer un champ donne sa surface, pas la manière de le cultiver.
Or, le discours général, endoxal, parle de discours scientifique à propos de toute statistique . L’exemple le plus caricatural est ce pauvre Professeur Salomon dégueulant soir après soir, les mêmes chiffres insignifiants (sans signification). Qu’il y ait eu 2923 ou 6537 morts dans les EHPAD n’apporte rien à notre connaissance du virus sauf un changement de mesure

2/ les statistiques montrent des corrélations, pas des causalités. Qu’il y ait plus de cas dans le Grand Est n’apprend rien si on oublie le rôle crucial du pasteur qui a réuni puis dispersé 2000 orants chantonnants dans son église appelée « porte ouverte ». Porte ouverte à la contagion.
Les corrélations peuvent être utiles. Elles peuvent être le premier marqueur de la recherche, à condition de suivre la piste. Piste qui peut être indiquée sans elles. J’ai coutume de dire qu’on a remplacé la médecine du talent par la médecine du chiffre, simplement en regardant l’histoire de la médecine et toutes les découvertes faites avec un seul patient ; Quand on pense que Jenner a découvert la vaccine sans groupe de contrôle avec placebo. C’est un scandale méthodologique !!

Mais au plan épistémologique, les corrélations n’ont aucun intérêt et peuvent même être nuisibles. Je pense à mon ami Sylvain, patron de bar et sidéen. Rapidement assujetti à  la trithérapie, il s’en est libéré tout aussi vite. Trop de contraintes. Et il s’est remis à vivre de Marlboro light et de Johnny Walker. Année après année, sa charge virale baissait et son équipe soignante se félicitait des résultats d’un protocole depuis longtemps abandonné. Sur mon insistance, il a fini par avouer. Naîvement, je pensais que les chercheurs se précipiteraient. En fait, ils l’ont quasiment abandonné. Nous ne saurons jamais si le whisky est plus efficace que les antirétroviraux contre le VIH. Si c’est le cas, c’est impubliable : la piste de recherche est amorale. Ainsi va la science.

3/ au niveau discursif, les statistiques sont le seul discours commun aux sachants et aux décidants, le seul code permettant le partage du savoir et donc du pouvoir. Il s’agit donc d’un marqueur oligarchique fort. Qui parle de chiffres révèle avant tout une volonté d’appropriation du pouvoir, le plus souvent via la manipulation.

On a reproché a Raoult une mauvaise communication !! Mais c’est normal. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, nous sommes revenus au 3ème siècle av. J.C., à l’époque des légistes des Royaumes Combattants en Chine, cette période que Jean Lévi décrit comme « le passage de la communication de manipulation à la manipulation de la communication ». Raoult n’a pas franchi cette étape. Il communique et laisse les autres manipuler. II reviendra vite a la hauteur.

Les moulins du Quichotte étaient nombreux. Mais il s’agissait seulement de moulins.

On en reparlera…..






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