Personne ne l’écrira, alors autant que je m’y colle.
Raoult a raison. Pas sur la chloroquine. Je ne suis pas
médecin. Sur l’épistémologie, étude philosophique de la science sur laquelle
tous, de Finkelkraut à Onfray, gardent un silence coupable. Je ne parle pas des
journalistes, tous, parce que je connais leur formation, le plus souvent du
niveau du certificat d’études.
Il faut donc rappeler quelques vérités, quelques évidences
oubliées de tous.
1/ les statistiques
ne sont pas une science, mais une mesure. Mesurer un champ donne sa surface,
pas la manière de le cultiver.
Or, le discours général, endoxal, parle de discours
scientifique à propos de toute statistique . L’exemple le plus caricatural est
ce pauvre Professeur Salomon dégueulant soir après soir, les mêmes chiffres
insignifiants (sans signification). Qu’il y ait eu 2923 ou 6537 morts dans les
EHPAD n’apporte rien à notre connaissance du virus sauf un changement de mesure
2/ les statistiques
montrent des corrélations, pas des causalités. Qu’il y ait plus de cas dans
le Grand Est n’apprend rien si on oublie le rôle crucial du pasteur qui a réuni
puis dispersé 2000 orants chantonnants dans son église appelée « porte
ouverte ». Porte ouverte à la contagion.
Les corrélations peuvent être utiles. Elles peuvent être le
premier marqueur de la recherche, à condition de suivre la piste. Piste qui
peut être indiquée sans elles. J’ai coutume de dire qu’on a remplacé la
médecine du talent par la médecine du chiffre, simplement en regardant l’histoire
de la médecine et toutes les découvertes faites avec un seul patient ;
Quand on pense que Jenner a découvert la vaccine sans groupe de contrôle avec
placebo. C’est un scandale méthodologique !!
Mais au plan épistémologique, les corrélations n’ont aucun
intérêt et peuvent même être nuisibles. Je pense à mon ami Sylvain, patron de
bar et sidéen. Rapidement assujetti à
la trithérapie, il s’en est libéré tout aussi vite. Trop de contraintes.
Et il s’est remis à vivre de Marlboro light et de Johnny Walker. Année après
année, sa charge virale baissait et son équipe soignante se félicitait des
résultats d’un protocole depuis longtemps abandonné. Sur mon insistance, il a
fini par avouer. Naîvement, je pensais que les chercheurs se précipiteraient.
En fait, ils l’ont quasiment abandonné. Nous ne saurons jamais si le whisky est
plus efficace que les antirétroviraux contre le VIH. Si c’est le cas, c’est
impubliable : la piste de recherche est amorale. Ainsi va la science.
3/ au niveau
discursif, les statistiques sont le seul discours commun aux sachants et aux
décidants, le seul code permettant le partage du savoir et donc du pouvoir.
Il s’agit donc d’un marqueur oligarchique fort. Qui parle de chiffres révèle
avant tout une volonté d’appropriation du pouvoir, le plus souvent via la
manipulation.
On a reproché a Raoult une mauvaise communication !!
Mais c’est normal. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, nous sommes revenus au
3ème siècle av. J.C., à l’époque des légistes des Royaumes
Combattants en Chine, cette période que Jean Lévi décrit comme « le
passage de la communication de manipulation à la manipulation de la
communication ». Raoult n’a pas franchi cette étape. Il communique et
laisse les autres manipuler. II reviendra vite a la hauteur.
Les moulins du Quichotte étaient nombreux. Mais il s’agissait
seulement de moulins.
On en reparlera…..
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