Je sentais bien que la Réaction était en route. Médiapart
nous éclaire. Relayons.
J’ai déjà parlé du Professeur Bricaire, académicien médical
dont chaque intervention est un péan à la médecine privée alors que sa carrière
est fortement assise sur la médecine publique. La traitrise est révélatrice.
Toujours.
Hier, désinformation. Reportage sur LCI. Sujet : le
privé vient en aide à l’Ile-de-France. Il s’agit d’infirmières flamandes du
groupe Ramsay déplacées de leurs cliniques vers des cliniques Ramsay de région
parisienne. Traduction : le privé réorganise ses ressources humaines pour
rentabiliser ses établissements. Quand l’Académie de médecine fait équipe avec
TF1, y’a congre sous sable.
L’opposiion public-privé est une fausse équivalence.
Décryptons comme on dit sur les télés grand public.
La médecine française est fondée sur la notion d’excellence,
symbolisée par les concours, et notamment l’internat. Tous les ans, l’hopital
public recrute les meilleurs étudiants. Relisez lentement : le public
recrute les meilleurs. Le classement permet le choix. Si tu veux les meilleurs
profs et les meilleurs services, t’as intérêt à être dans les premiers. Il est
évident qu’il y a une prime aux grandes institutions, celles qui ont les
meilleures équipes et le plus grand nombre de malades. L’interne de Paris
baignera dans la recherche et les cas rares plus que celui de Clermont-Ferrand.
C’est pas juste !! Si. Il suffit d’être bien classé. On peut discuter les
détails : le système est un grand tamis qui organise les soins,
l’enseignement et la recherche. Et ce tamis a été organisé pour et par la
médecine publique : le privé n’y a pas sa place.
C’est humiliant. Heureusement, il reste au privé une
arme : le fric. Les salaires de la médecine publique sont encadrés mais
possibilité est laissée pour des vacations extérieures. Ainsi, le privé peut s’offrir
régulièrement les services des meilleurs. Pas pour tout : il faut
également des plateaux techniques et du personnel formé pour les soins les plus
élaborés. Mais pour le remontage de nichons, ça va. Nous rentrons là dans la
technicité. Je demande un conseil à un ponte pour un truc particulier, très
technique. Réponse : il y a deux services en France capables de faire ça :
Salpé et la Timone. Et la clinique privée qui traite ma sœur ? Au
téléphone, je perçois le haussement d’épaules. J’ai compris.
Naturellement, les arguments techniques n’entrent jamais en
ligne de compte. Seule compte la pseudo équivalence : public = privé.
C’est le message qu’on veut visser dans nos têtes, le message qui va
sous-tendre la fin de la destruction de notre système de santé. Le message que
peut comprendre Madame Thatcher et les rédacteurs bruxellois des GOPÉ qui
assènent, année après année, que notre système de santé nous coûte trop cher.
De quoi je me mêle ?
La médecine est technique. Toute avancée suppose des essais,
des expérimentations, des adaptations. Ça, c’est les coûts à la charge du
public. Un spécialiste, à la tête d’une équipe, qui cherche et met au point une
innovation. Ça échappe complètement à la base financière de l’administration
médicale : la tarification à l’acte vu que l’acte n’existe pas encore.
Quand l’acte est bien au point, on peut lui attribuer un coût et le faire
entrer dans la fausse équivalence public-privé. Pourquoi fausse ? Parce
qu’on ne sait rien des investissements, incluant la formation de intervenants
et le plateau technique. On suppose que les actes ainsi tarifés sont
équivalents dans le moindre détail et que le privé respecte les protocoles et
les exigences du public. Or, rien n’est moins sûr. La spécialité-test en la
matière est la radiologie. Voilà des années que les radiologues du secteur
public travaillent sur les économies permises par la radiologie
interventionnelle. On sait ce que c’est : une intervention bénigne en
salle de radio évitant opération et hospitalisation. Il faut bien comprendre
que les économies ne viennent pas du gestionnaire mais du praticien., le plus
souvent issu du secteur public.
C’est pourquoi, une réelle équité serait de réserver au
public les actes inventés dans le public et au privé les actes inventés dans le
privé. Ce serait une concurrence bien comprise qui préserverait le droit
intellectuel du créateur. Et qui règlerait vite la pseudo-équivalence.
Ce n’est pas la voie choisie. Macron, poussé par Bruxelles
et suivi par les stupides moutons panurgiens, va achever la destruction de
notre système de santé en profitant de la mort médiatisée de quelques milliers
de Français, et donc en ajoutant l’ignominie au cynisme. Autour de la sépulture
sont perchés les vautours de la mutualité : avez vous remarqué cette
floraison de nouvelles mutuelles ? Le cadavre de la santé française est
attirant.
Si vous n’avez pas compris, ce n’est pas grave. Pour vous
distraire allez voir un film avec Depardieu : 7 morts sur ordonnance. Il
est trop tard pout investir dans les EHPAD, la pression se relâche.
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