samedi 4 avril 2020

PUBLIC-PRIVÉ, ep. 2

Je sentais bien que la Réaction était en route. Médiapart nous éclaire. Relayons.

J’ai déjà parlé du Professeur Bricaire, académicien médical dont chaque intervention est un péan à la médecine privée alors que sa carrière est fortement assise sur la médecine publique. La traitrise est révélatrice. Toujours.

Hier, désinformation. Reportage sur LCI. Sujet : le privé vient en aide à l’Ile-de-France. Il s’agit d’infirmières flamandes du groupe Ramsay déplacées de leurs cliniques vers des cliniques Ramsay de région parisienne. Traduction : le privé réorganise ses ressources humaines pour rentabiliser ses établissements. Quand l’Académie de médecine fait équipe avec TF1, y’a congre sous sable.

L’opposiion public-privé est une fausse équivalence. Décryptons comme on dit sur les télés grand public.

La médecine française est fondée sur la notion d’excellence, symbolisée par les concours, et notamment l’internat. Tous les ans, l’hopital public recrute les meilleurs étudiants. Relisez lentement : le public recrute les meilleurs. Le classement permet le choix. Si tu veux les meilleurs profs et les meilleurs services, t’as intérêt à être dans les premiers. Il est évident qu’il y a une prime aux grandes institutions, celles qui ont les meilleures équipes et le plus grand nombre de malades. L’interne de Paris baignera dans la recherche et les cas rares plus que celui de Clermont-Ferrand. C’est pas juste !! Si. Il suffit d’être bien classé. On peut discuter les détails : le système est un grand tamis qui organise les soins, l’enseignement et la recherche. Et ce tamis a été organisé pour et par la médecine publique : le privé n’y a pas sa place.

C’est humiliant. Heureusement, il reste au privé une arme : le fric. Les salaires de la médecine publique sont encadrés mais possibilité est laissée pour des vacations extérieures.  Ainsi, le privé peut s’offrir régulièrement les services des meilleurs. Pas pour tout : il faut également des plateaux techniques et du personnel formé pour les soins les plus élaborés. Mais pour le remontage de nichons, ça va. Nous rentrons là dans la technicité. Je demande un conseil à un ponte pour un truc particulier, très technique. Réponse : il y a deux services en France capables de faire ça : Salpé et la Timone. Et la clinique privée qui traite ma sœur ? Au téléphone, je perçois le haussement d’épaules. J’ai compris.

Naturellement, les arguments techniques n’entrent jamais en ligne de compte. Seule compte la pseudo équivalence : public = privé. C’est le message qu’on veut visser dans nos têtes, le message qui va sous-tendre la fin de la destruction de notre système de santé. Le message que peut comprendre Madame Thatcher et les rédacteurs bruxellois des GOPÉ qui assènent, année après année, que notre système de santé nous coûte trop cher. De quoi je me mêle ?

La médecine est technique. Toute avancée suppose des essais, des expérimentations, des adaptations. Ça, c’est les coûts à la charge du public. Un spécialiste, à la tête d’une équipe, qui cherche et met au point une innovation. Ça échappe complètement à la base financière de l’administration médicale : la tarification à l’acte vu que l’acte n’existe pas encore. Quand l’acte est bien au point, on peut lui attribuer un coût et le faire entrer dans la fausse équivalence public-privé. Pourquoi fausse ? Parce qu’on ne sait rien des investissements, incluant la formation de intervenants et le plateau technique. On suppose que les actes ainsi tarifés sont équivalents dans le moindre détail et que le privé respecte les protocoles et les exigences du public. Or, rien n’est moins sûr. La spécialité-test en la matière est la radiologie. Voilà des années que les radiologues du secteur public travaillent sur les économies permises par la radiologie interventionnelle. On sait ce que c’est : une intervention bénigne en salle de radio évitant opération et hospitalisation. Il faut bien comprendre que les économies ne viennent pas du gestionnaire mais du praticien., le plus souvent issu du secteur public.

C’est pourquoi, une réelle équité serait de réserver au public les actes inventés dans le public et au privé les actes inventés dans le privé. Ce serait une concurrence bien comprise qui préserverait le droit intellectuel du créateur. Et qui règlerait vite la pseudo-équivalence.

Ce n’est pas la voie choisie. Macron, poussé par Bruxelles et suivi par les stupides moutons panurgiens, va achever la destruction de notre système de santé en profitant de la mort médiatisée de quelques milliers de Français, et donc en ajoutant l’ignominie au cynisme. Autour de la sépulture sont perchés les vautours de la mutualité : avez vous remarqué cette floraison de nouvelles mutuelles ? Le cadavre de la santé française est attirant.


Si vous n’avez pas compris, ce n’est pas grave. Pour vous distraire allez voir un film avec Depardieu : 7 morts sur ordonnance. Il est trop tard pout investir dans les EHPAD, la pression se relâche.

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