Une fois, je lui ai téléphoné. Un copain de l’INRA avait
servi d‘entremetteur. Il venait de sortir son premier livre, chez Belin (une
référence, Belin) et ses directions de recherche m’intéressaient. Ma question
était simple, je cherchais de la bibliographie. Comme tout le monde, quand un
truc me turlupine, je fais la biblio, pour commencer.
Ce qui me turlupinait, c’est qu’il m’arrivait, pour le fun,
de faire cuire ensemble (et donc au mêmes conditions) de la ventrèche
industrielle et de la ventrèche du copain Lahargou, obtenant deux produits
radicalement différents, surtout au niveau du gras dont l’un restait pâle et
livide quand l’autre prenait la couleur
dorée de la peau d‘une blonde bimbo sur la plage de Biarritz.. Sans
parler du goût, incomparable. Résultats différents signifiait, à mes yeux, produits
différents au départ. Et donc, je cherchais de la biblio pour savoir si on
pouvait discriminer les produits. Si un scientifique avait le droit de
travailler sur de la matière différente
et de publier des résultats équivalents. Membre d’une association de
défense du foie gras, il ne pouvait pas ignorer que le foie n’est pas le même
quand les espèces sont différentes.
Il m’a envoyé sur les roses. Poliment, courtoisement. Un
canard est un canard, un cochon est un cochon. Ma question était sans intérêt.
J’ai essayé de dire que le résultat entre le jambon d‘un Large white
danois et le jambon d’un cochon
pie des Aldudes n’était pas le même, il n’en a pas démordu. Moyennant quoi,
plus doué pour la com’ que pour le
goût, il a imposé la cuisine moléculaire. Je viens de lire un papier dans
Libération où il range mes interrogations au niveau du fétichisme. Il vient
d‘une famille de psys. Merci Papa !
Bon. Les copains, vous savez. Votre boulot sur le terroir,
sur les races anciennes, sur la
cuisine traditionnelle, c‘est du fétichisme, c’est à dire une déviation
sexuelle. Du moins accepte t’il
que nos goûts manducatoires ont à voir avec l’orgasme. C’est déjà ça. Ses
disciples l’avaient suggéré. Thierry Marx plaide pour le bouddhisme qui est une
religion du minimum et de l’abstinence.
Mes copains, il se mettent pas à table pour bouffer comme des maîtres de
zen ou des moines chartreux. Ou bouffer des soupes d‘orties comme Milarepa.
D‘ailleurs, Hervé This est membre d‘une association gastronomique qui valorise
l’ortie. Tout se tient.
J’avais alors mis son impasse sur le compte de son
établissement d’enseignements. L’INRA est un établissement lié financièrement à
l’industrie agroalimentaire et à l’agriculture productiviste. Le genre qui
cherche a créer de la nourriture artificielle permettant de garder le label bio
comme si elle état naturelle. Quand ton labo est payé par Delpeyrat, tu sers
Delpeyrat. Faut bien vivre… Et renvoyer les fétichistes à leurs déviations.
Il revient donc au premier plan avec la cuisine « note
à note » sans penser qu’un accord, c’est plusieurs notes en même temps,
sauf sur le galoubet instrument traditionnel et fétichiste. Quant à moi, que
lui demanderai je aujourd’hui ? L’article de Libération m’a suggéré une
voie de recherche à laquelle il n’a pas du penser. En lisant l’article, moi le
fétichiste, je me suis aperçu que j’étais resté au stade anal car la question
qui me taraudait était : « Mais qu’est ce qu’on chie quand on mange
comme ça ? »
J’admets, c’est trivial. Mais la fonction de la nourriture,
c’est d‘être digérée, d’apporter des nutriments et de voir le reliquat évacué.
On mange pour chier. Surtout que le bonhomme affirme se battre pour nourrir
l’humanité qui, notons le, ne lui en demande pas tant.
J’imagine donc une étude coprologique sérieuse et documentée
sur ceux qui se nourrissent note à note. On aurait du le faire pour la cuisine
moléculaire. M’est avis qu’on aurait eu des surprises. J’ai presqu’envie de
créer un page Facebook « Les chieurs du note à note » pour recueillir
les témoignages. Mais je suis trop fainéant et la polémique avec un scientifique
truqueur soutenu par la FNSEA m’épuise d’avance.
On en reparlera…
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