Je viens de recevoir un article de Mediapart où Edwy Plenet
étrille Macron.
Bien écrit, bien documenté mais tellement journalistique.
Plenel dézingue le Président pour lequel il a appelé à voter. Mental de
journaliste qui vit, écrit et pense aujourd’hui. Macron est mauvais ? Tu
le savais pas Plenel ?
Trotskyste, Plenel ? Non. Opportuniste et incohérent.
Je connais sa justification. Macron plutôt que Le Pen. La justification de tous
les imbéciles qui ont porté Macron au pouvoir. Pas de vagues. Je pense à Trotsky
debout sur les locomotives militaires qui portaient la guerre aux quatre coins
de la Russie. Le Pen c’était l’assurance du bordel, prélude à la révolution. La
Révolution avec son cortége d’exactions purificatrices.
Plenel porte en lui la haine trotskyste du nationalisme qui
est une pulsion d’échec partagée par de nombreux autoproclamés « gens de
gauche ». Il préfère soutenir un banquier d’affaires qui détruit le code
du travail protégeant le prolétariat. Rien ne justifie ça. Sauf une
déviation psychanalytique. Parce que finalement, toute sa vie, Edwy Plenel
s’est accommodé des prébendes du capitalisme et a fonctionné comme un
journaliste intégré, un idiot utile qu’on augmente quand il sert la soupe.
Plenel pense peu et écrit bien. Il devrait parfois penser à
Hébert et au premier chapitre du Degré Zéro que son épouse doit connaître.
L’écriture est un acte social. Et le pamphlet un acte stylistique. N’est pas
Bloy ou Céline qui veut. Il voudrait, dans son article que Macron soit destitué.
Vocabulaire de menchevik, bien loin de la colère du peuple qui l’aimerait
décapité. C’est que Plenel est un porteur de mots, pas un porteur de colères. Il
écrit pour son monde, le monde policé de l’oligarchie qui se partage le
pouvoir.
Il aime bien son étiquette de trotskyste qui l’identifie
pour un danger politique qu’il n’est absolument pas. En fait, Mediapart est un
peuplier à l’orée d’une forêt de marronniers. Il baigne dans le politiquement correct
et canalise les rancœurs de petits bourgeois qui seraient effarés de tout
passage à l’acte. Résumons : Edwy Plenel n’est pas François Brigneau.
Il n’y a plus de journalistes, plus de polémistes pour
conduire à l’excès. Plenel a levé l’affaire Cahuzac. Pour en faire quoi ? Un
pâle procès qui a laissé l’escroc quasiment indemne. Barthes appelait ça la
vaccine. On dénonce un fait secondaire pour faire oublier le reste. Cahuzac
faisait oublier El Khomry qui préparait Macron et Plenel appelait à voter
Macron.
Plenel a levé l’affaire Benalla lequel plastronne
aujourd’hui et donne des interviews. A quoi ça sert ? Politiquement.
A rien. Aux temps heureux du vieux Général, Benalla aurait eu un accident de
trottinette ou aurait plongé dans une flaque d’eau aux Tuileries.
Mais ça Plenel ne le dira pas : Macron ne peut pas
protéger les Français de la mort parce qu’il est incapable de la donner.
Et donc je pense à Lev Davidovich et aux locomotives ornées
de l’étoile rouge. Quand la politique était une esthétique. Quand Jaurès
dirigeait l’Humanité.
Pourquoi j’ai comparé Plenel à Brigneau ? Parce qu’avec Plenel, on est comme le berger
de Francis Blanche.
On s’emmerde
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