Ce matin, j’écoute par hasard, Jean-François Toussaint.
Allez voir sa fiche sur Wikipedia, on gagnera du temps+
En l’écoutant, je pense à quelques vieilles connaissances,
et surtout à Bernard Canguilhem et Nicolas Jaeger, deux médecins également.
Après quoi je farfouille pour comprendre mon ressenti. Toussaint, il est physiologiste,
comme Canguilhem, et spécialiste de l’extrême comme Nicolas. Il est de surcroit
spécialiste du sport et notamment de l’épidémiologie du sport.
Il dit quoi ? Pour simplifier, le gouvernement a tout
faux. Comme Raoult, il pense que l’épidémie est en phase de décrue sans que le
confinement ait joué un rôle. Là, je biche. Comme tout le monde, même mon
épicier portugais, croit aux vertus du confinement, c’est qu’il y a mythologie.
Il est sérieux, il produit des statistiques. Selon lui, comme Raoult,
l’important c’est masques et tests. Pour accélérer la fin de l’épidémie qui est
inéluctable.. La différence avec Raoult, c’est la saisonnalité. Or, il a publié
deux bouquins avec le MNHN et il bosse avec le GIEC, il n’est donc pas un
écolo-puceau.
Toussaint est physiologiste. Son boulot, c ‘est de savoir comment
fonctionne le corps humain. Incluant les conditions exceptionnelles.. C’est
d’ailleurs sa spécialité. Les pathologies émergentes. Comme Raoult. Mais un peu
plus. Il travaille sur les limites du corps, notamment chez les sportifs.
Pensée scientifique pure qui pense que les solutions se trouvent aux extrêmes
de la courbe de Gauss. On en a déjà parlé. Les épiciers regardent la bosse de
la courbe ; les spécialistes analysent les extrêmes. D’ailleurs c’est le
cœur de la pensée de Toussaint : quelles sont les limites du corps
humain ? Ce qui est la première question que pose le sport. Qui fera mieux
qu’Usain Bolt ? est un problème médical, pas médiatique. Quant au dopage,
c’est une question de physiologie, pas de réglementation. Et ça se traite dans
un labo, pas au bistro.
Le discours de Toussaint, comme celui de Raoult, n’est pas
audible par les politiques. Ni par les journalistes qui veulent lécher le cul
de leur public en lui offrant des certitudes alors que la science est doute.
D’ailleurs le résultat le plus net du corona, c’est que de plus en plus de
médecins interviewés disent « Je ne sais pas » ou « on ne sait
pas ». Avoir l’air d’un con a ses limites et quand, jour après jour, tu
dois confronter ta pensée à un réel mouvant, il y a forcément un moment où tu
as l’air d’un con. Le journaliste n’a pas perçu le changement de
paradigme : son boulot, c’est l’actualité. Aujourd’hui. La pandémie a
allongé le temps et l’actualité d’aujourd’hui est celle d’hier comme celle de
demain. Ça influence les méthodes. Tous les jours, il te faut un plateau avec
des invités. Et donc, tous les jours, c’est les mêmes vu que le sujet, c’est le
même. Et il faut qu’ils se renouvellent, actualité oblige. Plus casse-gueule,
y’a pas. Pour l’invité et parfois pour le journaliste.
On a remplacé de triangle de Galien, revisité par Balint
voici quelques années. Médecin- malade-maladie est devenu médecin-journaliste-politique..
Galien était grec et savait que dans la Grèce classique on mettait à mort celui
qui annonçait une mauvaise nouvelle. Or, la mauvaise nouvelle sort toujours de
la bouche du médecin. Impossible pour le politique. Le journaliste, ça dépend.
Tout ceci ne plaide pas en faveur d’une information de
qualité, ni en faveur d’une prise de décision rapide et efficace. Quand on ne
comprend pas le labo, on ne peut pas parler au bistro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire