Bon. Un gros cochon de producteur américain sautait ou
cherchait à sauter toutes les starlettes qui lui demandaient un rôle. Quand je
lisais Cinémonde, on en parlait déjà. Pas de Harvey Machin, mais de la
promotion canapé. On est pas dans le scoop. Du coup, ça interviewe partout et
même Jean-Michel Ribes s’y colle. Et comme toujours, son regard décape.
En termes mesurés (que je vais décrypter), il affirme que,
lorsqu’on fait un métier de séduction, on s’expose aux dangers de la séduction.
Et c’est vrai que plein d’actrices ne figurent pas au tableau d’Harvey.
Marie-Pierre Casey, par exemple.
C’est caricatural, j’admets. J’aurais pu choisir Jeanne
Moreau ou Alice Sapritch. Ou Maria Casarès. Ou Françoise Seigner. Je vous
laisse compléter la liste. Il y a un paquet d’actrices qui ne quémandent pas de
rôles et, devant l’abondance, auraient plutôt tendance à refuser.
Celles qui acceptaient l’invitation, elles imaginaient bien
que le Harvey allait pas leur faire passer une audition pour tester leurs
compétences dans Lady Macbeth ou Athalie. Elles savaient qu’on était dans la
séduction, cette horreur des rapports humains, cette séduction qui est
l’apanage éternel du plus vieux métier du monde, comme on écrit quand on veut
faire propre. Il faut être deux pour danser le tango et, si j’en crois les
spécialistes, tout le monde savait qu’Harvey était une sorte de DSK du cinéma.
Si tu fais carrière avec tes nichons, t’étonne pas qu’on ait envie de les
malaxer. C’est pour ça que j’ai écrit starlette. Parce qu’on n’est pas dans le
paradoxe sur le comédien, on est dans la digue du cul.
Désormais, les professionnels réagissent comme le grand
public : un bon acteur (une bonne actrice), c’est celui ou celle qui
montre ce qu’il ou elle est. Alors même que c’est exactement le contraire :
un bon acteur est celui qui joue ce qu’il n’est pas. A cet égard, j’irai
certainement voir Omar Sy dans Knock. Faut être gonflé pour succéder à
Jouvet ! Même s’il se plante, le défi mérite notre admiration, encore
qu’un médecin noir aujourd’hui est accepté. Il y aura au moins de quoi
réfléchir. A condition que le texte soit le même.
Quand tu refuses le paradoxe du comédien, tu admets
implicitement que celle qui joue une salope EST une salope, y compris dans la
vie. Hop ! Au lit !! Tout le monde oublie que « jouer »,
c’est un travail, qui passe par des écoles, par un apprentissage. A l’occasion
de la mort de Rochefort, on a fait semblant de découvrir que nos meilleurs
acteurs étaient passés par le Conservatoire. On a fait semblant de découvrir
que, sauf pour jouer un chauffeur de taxi débile, il était nécessaire
d’apprendre et de travailler. Même Depardieu qui n’a pas été l’élève du
Conservatoire mais qui a appris sont métier avec Jean-Laurent Cochet. Faut bien
ça pour qu’un quintal puisse murmurer « un point rose sur l’i du verbe
aimer » en te donnant envie de pleurer.
Un terme de théâtre parle de contre-emploi qui est en fait
la seule définition possible du métier de comédien. Quand tu es un con, jouer
un con est facile. On le voit tous les jours. Mais, mééééh le public. Le public
étant une agrégation de cons n’ira pas voir un Depardieu vieillissant jouer
Rodrigue. Ouah, c’est pas de son âge. Moi, ce qui m’intéresse, c’est
ça…Comment l’acteur va me faire
oublier qu’il n’a pas, dans la vraie vie, l’âge, ou la sveltesse, ou l ‘énergie
du personnage. Mais comment je ne vais pas m’en apercevoir sur la scène ou à
l’écran. Comment il joue, en fait. Comment il fait son boulot.
Mais voilà, je sais que c’est un boulot, que le texte est le
même depuis trois siècles et qu’on ne cause plus comme ça. J’attends pas la
fin, je sais comment ça finit. Je sais que Rodrigue est là car il a filé une
raclée aux Musulmans. Islamophobe, va !!!
A force de filer à son public un brouet nauséabond, le
Harvey, il a fini par y croire….Il a mélangé le vrai et le vraisemblable. C’est
ça qui est un délit, pas de sortir sa queue. Il a contribué à détruire l’un des
plus beaux métiers du monde. Avec plein de complices, dont les directeurs de
casting. (profession qui n’existait pas au temps de Renoir ou Murnau). Quand tu
es face à un texte, ce qui compte ce n’est pas qui représente ce texte, mais
qui peut le dire. Même sans parler. Un mouvement de sourcils suffit parfois.
Faut dire que le texte, à Hollywood….
On en reparlera
Ps 1 : qui peut croire qu'on passe une audition dans une chambre d'hôtel ? Tu vois Barrault ou Vilar faire ça ? Sans parler de Stanislavski. La nana qui va dans une chambre chercher du boulot, elle est certaine de trouver un boulot en rapport avec le lieu. Mais quelle nous la joue pas tapine-la-vertu
Ps 1 : qui peut croire qu'on passe une audition dans une chambre d'hôtel ? Tu vois Barrault ou Vilar faire ça ? Sans parler de Stanislavski. La nana qui va dans une chambre chercher du boulot, elle est certaine de trouver un boulot en rapport avec le lieu. Mais quelle nous la joue pas tapine-la-vertu
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