Bon, ça sort de partout sur l’intelligence artificielle.
Rien de bien neuf, mais une sorte de consensus se fait jour :
l’intelligence artificielle menace d’abord le boulot des plus cons. Bien la
peine d’être plus intelligent !!!
Ça veut dire d’abord que le sujet est inintéressant. On va
s’intéresser à la répétition, aux processus, au traitement de plus en plus
rapide de millions de données. C’est pas très intelligent, je trouve. Mais
surtout, c’est évident que ça va fracturer la société. Mais finalement pas tant
que ça. Les maîtres de l’intelligence artificielle, ils vont gagner beaucoup
d’argent mais faut pas croire qu’ils vont épargner. Non. Ils vont vouloir jouir et profiter.
C’est génial, voilà des années que toutes nos élites
préparent notre monde à ce changement. L’’agriculture détruite, l’industrie
délocalisée, restent tout le reste : les services. Voilà bien un demi
siècle qu’on entend le credo : les services sont la base de l’économie de
demain. Basons notre société sur le boulot des domestiques. Je déconne
pas : un grand patron du tourisme cherchant à donner à ses services de la
valeur ajoutée n’avait rien trouvé de mieux que de créer des postes de
« concierges ». Des bignoles quoi…Au garde à vous dans l’attente des
étrennes. Si ça, c’est pas un aveu…
D’ailleurs, tout le monde l’affirme. L’avenir de l’emploi
est dans les « services d’aide à la personne ». Je pense à Nanie,
entrée à 20 ans comme « bonne à tout faire » au service de mes
parents mais qui était devenue « auxiliaire de vie » pour son départ
en retraite. Elle faisait le même boulot, sauf qu’en plus, il fallait parfois
torcher Maman.. La définition avait changé, pas le travail. J’en déduis donc
que les services d’aide à la personne recrutent essentiellement des
domestiques. Désormais, on les appelle auxiliaires de vie ce qui est mieux que
torcheur de vieux. Mais bon, c’est pareil.
Même pas. Nanie, elle savait faire des ris de veau
financières (ou panés, ma préférence), des rognons sauce madère ou du foie
frais aux raisins. Avant même d’être auxiliaire de vie. Les domestiques actuels
sont tellement nuls qu’ils ne méritent aucune considération ; Pourtant
leurs employeurs affirment les former. A quoi ? A la cuisine ? Pour
passer un congelé au micro-ondes ? Au ménage ? Pour ne pas savoir
nettoyer un cadre doré à la feuille ? Au repassage ? Pour ne pas
comprendre le repassage d’un smoking ?
Je tiens à l’affirmer haut et fort : je n’ai aucun
mépris pour les domestiques. Ils m’ont élevé. Par contre, je vomis
hyperboliquement les mauvais, ceux qui s’enorgueillissent d’un nom ne
correspondant à rien. Ils n’ont pas compris qu’un domestique est quelqu’un qui
ajoutait de la valeur parce qu’il avait du savoir, mais peu de liberté. Son
planning ne lui appartient pas. Ne pas être formé leur laisse l’impression de
décider. C’est d’autant plus facile que les « maîtres » ne sont pas
non plus formés pour commander. Ou qu’ils en ont honte. Et, en toute hypothèse
qu’ils n’ont aucun sens de leurs responsabilités. Ainsi, ils pensent que
« virer » est l’alpha et l’oméga de leur action. Mais, jadis, on ne
virait pas. Une fois l’engagement confirmé, on gardait. En jaugeant de la
personne, en la formant, je veux dire en la formant vraiment. Et d’abord, en la
mettant en « binôme » avec une vieille bonne qui faisait office de
formatrice. Et c’est ainsi que Bernadette faisait les meilleures allumettes au
fromage du Pays basque et que Rosalie, native de Biscaye, ne se trompait jamais
quand il fallait servir un whisky.
Avoir été formé à la perfection, c’est chiant. Je ne suis
pas parfait mais j’ai été élevé dans un monde qui visait sans cesse à faire mieux. Alors, aujourd’hui, je
m’emmerde et je méprise. Je méprise cette autosatisfaction de l’étiquette. Il
suffit de sortir de la pathétique structure de formation des libraires de
Montreuil où on forme des « libraires » pour Auchan ou Leclerc (une
bouteille d’huile, deux boites de pâté, un roman à la mode). Après quoi on se
colle l’étiquette et on devient un arbitre de la littérature. Putain, les
mecs !!! On vient de Vatel qui s’est suicidé pour avoir choisi un mauvais
livreur de poissons !!!
Cette semaine, je suis en bagarre avec un mauvais caviste
qui m’explique que mon vin sera livré en retard par la faute du transporteur et
ne veut pas comprendre que c’est lui qui l’a choisi et que, donc, il est
responsable de son mauvais choix. Il ne m’a pas encore dit que c’était le moins
cher, mais ça ne saurait tarder.
Voilà ce qui nous attend. Des domestiques incompétents nous
délivreront un service de merde avec des cartes de visite impeccables et
imprimées par Vistaprint. Comparez à des cartes de visite gravées à la main, c’est
de la merde. Oui, mais c’est pas cher. Ha ! bon ! si c’est ça…
On en reparlera…..
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