He bé voilà que la Catalogne se joint au concert…Pas que. La
même semaine, la Lombardie et la Vénétie s’en mêlent. Les commentateurs se
répartissent entre deux catégories.
1/ les ceusses qui brandissent les oripeaux du nationalisme.
Alors même qu’il ne s’agit pas de nation quoique les zélateurs de ces
indépendances entretiennent le flou, essentiellement par manque de vocabulaire.
Au fil de l‘histoire, il n’y eut jamais de nation catalane, ni basque, ni
vénète. Et pour la plupart, il s’agit avant tout de quitter la nation ce qui
suppose un énorme contresens.
2/ les accumulateurs d’exemples qui cherchent, à juste
titre, à trouver un fil commun et prennent l’Europe comme mètre étalon. Comme
les précédents, ils veulent diaboliser tous ces gens qui ne vont pas dans le
sens de l’Histoire.
Tout ça fait beaucoup de mots, beaucoup de babillage pour
arriver à la même conclusion : la même taille de territoire ne convient
pas à tous
On en a déjà parlé mais ça devient de plus en plus prégnant
avec l’Europe. L’Européen moyen, il se sent tout sauf Européen. Il sait bien
qu’il n’a quasiment rien en commun avec toutes ces nations qu’il confond
souvent allègrement. Prends l’exemple des Tchèques. Voilà des gens qui ont la
chance d’avoir un des villages emblématiques de l’Histoire du monde (faut
oser) : Austerlitz. Et que font ils ? Ils le débaptisent. Ce faisant,
ils disent clairement que la France, son histoire, son orgueil, ils n’en ont
rien à foutre. On peut comprendre. On peut comprendre aussi qu’on se moque de
la fierté des Bohêmiens.
En fait, de l’histoire et de la culture européenne, on ne
sait rien sauf les stéréotypes véhiculés par Erasmus, enrobés de mondialisme
mou. Car, vous leurrez pas, Erasmus, c’est fait pour dire aux jeunes qu’ils
sont tous pareils. Que leur sol soit différent, que leur langue ne soit pas la
même, qu’ils n’aient dans l’Histoire que des guerres à partager, tout le monde
s’en contrefout. La machine à banaliser tourne à plein.
Au point que Juppé doit se gendarmer car les Bordelais
lancent une campagne « Parisien rentre chez toi ».Il doit avoir peur
qu’ils virent aussi les croquemaïs dont il fait partie. Situation
amusante : les Girondins comprennent enfin le danger des Jacobins, ce qui
ne les empêche pas d’avoir les mêmes comportements. Hier au soir, impossible de
me garer dans Bayonne envahie de 33. Ho ! on est pas votre
banlieue !!
Mais on peut pas tenir compte du ressenti de chacun ?
Si. Il faudra bien. Parce que ça commence à devenir ingérable et que ça ne va
pas s’arranger. Et que dans ce ressenti, il y a une dimension démoniaque (aux
yeux des dames patronnesses) : l’égoIsme. Reiser écrivait : Salauds
de pauvres ! C’est pareil.
Les hommes naissent libres et égaux en droits. Ouais. A
condition d’être nés au même endroit. Sans ça… Tiens, tu nais à Kiruna, t’as un
droit de plus que moi : celui d’allumer la lumière toute la journée cinq mois par an. Et l’EDF te propose pas de tarif spécial Père Noel.
Plus que la Lombardie ou l’Ecosse, je trouve le mouvement
des Bordeluches vachement intéressant. Voilà des mecs qui vivent dans un ancien
port qui eut son heure de gloire mais qui aujourd’hui est revenu à son
classement du 13ème siècle pour des raisons géographiques. Les temps
ne sont plus aux havres protégés loin des rivages. Remonter la Gironde est un
handicap. Seule métropole importante, Bordeaux a reçu l’onction jacobine qui en
a fait la capitale d’un territoire qui n’est pas le sien. Et les Bordeluches en
ont déduit qu’ils étaient propriétaires de lieux qui n’en ont rien à foutre et
s’arrogent une autorité sur des populations indigènes qui les vomissent. Si je
suis de Bordeaux, je suis toute l’Aquitaine..
Le drame, c’est que toute cette morgue, cette inculture
historique est essentiellement transportée par les petits bourgeois
bordeluches. Ceux qui savent dire « le Bassin » en pinçant comme il
faut les lèvres pour désigner Arcachon, oubliant qu’un bassin est aussi un
ustensile médical pour collecter la merde. Pour analyser Bordeaux, regardez les
restaurants.. Pas de table d’exception comme à Lyon ou Monaco, le petit
bourgeois bordelais est rat et fréquente des tables à sa hauteur. On pourrait
penser qu’une région vouée au vin aimerait accompagner ses nectars de plats à
la hauteur. La gastronomie bordelaise est inexistante et même la lamproie se
fait rare. La vraie bourgeoisie bordeluche achète au Pays basque comme faisait
Chaban, mais la pression foncière parisienne devient un obstacle. Parisien,
rentre chez toi !
Bref, Bordeaux a oublié Montaigne qui notait que si haut que
soit le trône… Bordeaux a oublié le captal de Buch qui gérait le
« Bassin » pour compte des Albret. Et oui, historiquement, Arcachon
est plus liée à Nérac qu’à Bordeaux. En fait, le territoire historique,
culturel, de Bordeaux est tout
petit. Raison pour laquelle l’avoir choisie comme capitale de l’Aquitaine
« nouvelle » est d’une rare stupidité. De Bayonne à Ussel, tout
le monde déteste Bordeaux. Mais Bordeaux est égoïste et se fout qu'on la déteste tant qu'on parle d'elle. Ben voilà c'est fait.
On en reparlera…
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