dimanche 21 juin 2020

L’ART NÈGRE

Bon…Quelques pseudo intellectuels veulent enlever de nos musées ce qu’ils jugent être leur patrimoine culturel, enlevé et quasiment razzié par les colonialistes. Les Grecs avaient déjà fait le coup avec les frises du Parthénon.

Et donc j’ai envie de parler de Griaule. Marcel Griaule est l’initiateur de la première grande expédition ethnographique française, Dakar-Djibouti, dans les années 1930, avec pour secrétaire Michel Leiris. La force de Griaule est de réinsérer l’art africain dans un contexte religieux et social. Il abolit « l’art négre » du vocabulaire en se référant au peuple dogon dont il passera sa vie à analyser la production artistique. Griaule s’opposera vivement à Leiris qu’il trouve scientifiquement médiocre tandis que Leiris critique ses méthodes jugées colonialistes. Vu de loin, les deux avaient raison.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est le regard. Griaule porte sur les arts primitifs le regard que les historiens « classiques » portaient sur l’art minoéen ou étrusque. Ce regard qui fait d’un masque un objet d’étude et de musée. Griaule intègre l’art africain dans la culture universelle.

Il n’a pas été le seul. Au moment où la Nouvelle-Calédonie va accéder à l’indépendance, on peut penser à Maurice Leenhardt et à son travail sur la civilisation kanak ainsi qu’à la création de la chaire de houaïlou à l’ENLOV. Et oui, Leenhardt fait du houaïlou un universal du langage. Bien avant Google

Alors, je m’énerve. L’intégration des peuples « primitifs » à la culture universelle fut le fait du colonialisme. On peut toujours jeter le bébé avec l’eau du bain mais on ne peut pas nier l’immense travail accompli par les universitaires occidentaux au service des civilisations extra-européennes. Nous avons bâti des musées, des archives et des bibliothèques pour conserver, étudier et magnifier un patrimoine qui n’est pas à nous et lui donner une dimension universelle.

Je m’énerve quand je vois les innombrables citations de Fanon qui oublient toutes de dire que Fanon put faire des études de médecine grâce à une bourse octroyée par le général Salan. Dès qu’ils ne sont plus des salauds, on occulte les colonialistes.

Pensée manichéiste propre à détruire tout ce qui pourrait apparaître comme positif dans les relations humaines. Je suis un Blanc septuagénaire provincial. Détestez moi, je vous emmerde. Le jour où j’irais mal, je chercherais conseil et réconfort auprès de mon petit frère kanak ou de mon cousin gwada qui ont la peau noire et l’esprit ouvert. Avec eux, je peux parler sans trucage, sans anathème, sans mythes. Sans couleur. Sans barrière.


Et si vous vous emmerdez, intéressez vous à Solange Faladé. Béninoise. Ha ? black, comme Fanon ? On peut le dire comme ça. C’est pas vraiment pertinent, mais c’est pas faux. Psy. Ha ? comme Fanon ? On peut le dire comme ça. Fondatrice et première présidente de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire….Bloquez….Il ne s’agit pas des étudiants noirs d’Afrique. Ce qui est noir, c’est l’Afrique, pas les étudiants. Elle connaissait le sujet, elle était la petite fille de Béhanzin. C’est de la légitimité coloniale, ça.

Je sais. Pour ce genre de personne, vous avez inventé un mot : Bounty. Noir dehors, blanc dedans. Seule compte la couleur. Avec vos conneries, vous allez détruire le pays qui a permis à Fanon, Senghor, Césaire, mais aussi Faladé , Monnerville ou Houphouet-Boigny d’exister. C’est se tirer une balle dans le pied.


Restent Taubira et Sibeth N’Diaye. Je parie qu’elles ne connaissent pas Solange Faladé. Elles pourraient comprendre que la couleur de l’épiderme n’influence pas le développement neuronal.

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