Bon…Quelques pseudo intellectuels veulent enlever de nos
musées ce qu’ils jugent être leur patrimoine culturel, enlevé et quasiment
razzié par les colonialistes. Les Grecs avaient déjà fait le coup avec les
frises du Parthénon.
Et donc j’ai envie de parler de Griaule. Marcel Griaule est
l’initiateur de la première grande expédition ethnographique française,
Dakar-Djibouti, dans les années 1930, avec pour secrétaire Michel Leiris. La
force de Griaule est de réinsérer l’art africain dans un contexte religieux et
social. Il abolit « l’art négre » du vocabulaire en se référant au
peuple dogon dont il passera sa vie à analyser la production artistique.
Griaule s’opposera vivement à Leiris qu’il trouve scientifiquement médiocre
tandis que Leiris critique ses méthodes jugées colonialistes. Vu de loin, les
deux avaient raison.
Moi, ce qui m’intéresse, c’est le regard. Griaule porte sur
les arts primitifs le regard que les historiens « classiques »
portaient sur l’art minoéen ou étrusque. Ce regard qui fait d’un masque un
objet d’étude et de musée. Griaule intègre l’art africain dans la culture
universelle.
Il n’a pas été le seul. Au moment où la Nouvelle-Calédonie
va accéder à l’indépendance, on peut penser à Maurice Leenhardt et à son
travail sur la civilisation kanak ainsi qu’à la création de la chaire de
houaïlou à l’ENLOV. Et oui, Leenhardt fait du houaïlou un universal du langage.
Bien avant Google
Alors, je m’énerve. L’intégration des peuples
« primitifs » à la culture universelle fut le fait du colonialisme.
On peut toujours jeter le bébé avec l’eau du bain mais on ne peut pas nier
l’immense travail accompli par les universitaires occidentaux au service des civilisations
extra-européennes. Nous avons bâti des musées, des archives et des bibliothèques
pour conserver, étudier et magnifier un patrimoine qui n’est pas à nous et lui
donner une dimension universelle.
Je m’énerve quand je vois les innombrables citations de
Fanon qui oublient toutes de dire que Fanon put faire des études de médecine
grâce à une bourse octroyée par le général Salan. Dès qu’ils ne sont plus des
salauds, on occulte les colonialistes.
Pensée manichéiste propre à détruire tout ce qui pourrait
apparaître comme positif dans les relations humaines. Je suis un Blanc
septuagénaire provincial. Détestez moi, je vous emmerde. Le jour où j’irais
mal, je chercherais conseil et réconfort auprès de mon petit frère kanak ou de
mon cousin gwada qui ont la peau noire et l’esprit ouvert. Avec eux, je peux
parler sans trucage, sans anathème, sans mythes. Sans couleur. Sans barrière.
Et si vous vous emmerdez, intéressez vous à Solange Faladé.
Béninoise. Ha ? black, comme Fanon ? On peut le dire comme ça. C’est
pas vraiment pertinent, mais c’est pas faux. Psy. Ha ? comme Fanon ?
On peut le dire comme ça. Fondatrice et première présidente de la Fédération
des Etudiants d’Afrique noire….Bloquez….Il ne s’agit pas des étudiants noirs
d’Afrique. Ce qui est noir, c’est l’Afrique, pas les étudiants. Elle
connaissait le sujet, elle était la petite fille de Béhanzin. C’est de la
légitimité coloniale, ça.
Je sais. Pour ce genre de personne, vous avez inventé un
mot : Bounty. Noir dehors, blanc dedans. Seule compte la couleur. Avec vos
conneries, vous allez détruire le pays qui a permis à Fanon, Senghor, Césaire,
mais aussi Faladé , Monnerville ou Houphouet-Boigny d’exister. C’est se tirer
une balle dans le pied.
Restent Taubira et Sibeth N’Diaye. Je parie qu’elles ne
connaissent pas Solange Faladé. Elles pourraient comprendre que la couleur de
l’épiderme n’influence pas le développement neuronal.
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