lundi 1 juin 2020

LE 18 JUIN

Il revient ! C’était il y a 80 ans. Chiffre rond. Donc on va commémorer. Le nain qui nous gouverne a pris les devants : De Gaulle à Montcornet.

Il vient de tenter une piètre justification de son combat quasi mondialisé contre le Covid : personne ne pouvait prévoir. D’où la question subsidiaire : De Gaulle pouvait il prévoir l’armistice du 18 juin ? Avait il écrit son appel le 17, voire le 15 ? Ben non. Il a réagi, il s’est projeté dans l’avenir, il a fait le point et il a foncé. Comme un chef. Ce chef que Macron rêve d’être sans en avoir la formation : Saint-Cyr n’est pas l’ENA. J’attends avec impatience le discours qu’il va nous vomir le 18 juin. On n’a pas fini de rigoler.

Après quoi, il va nous refaire le coup avec un plan-santé qui fera l’exact contraire du plan du CNR, corrigé par De Gaulle avec la création des CHU. De Gaulle savait que la santé était un pouvoir régalien de l’Etat. Manu le Micron va privatiser un max en nous expliquant le contraire. Et en faisant plaisir à l’Europe. De Gaulle n’avait pas le fric comme seule boussole. Macron, oui

Après quoi, la com portera justement sur l’Europe dont De Gaulle se méfiait au point de chercher le rapport de force. On appelait ça la politique de la chaise vide.

Clef de conduite : chercher le rapport de force. C’est une attitude de chef. Attitude qu’il est incapable d’avoir. Il louvoie, cherche des compromis, pignole les alliances..C’est le dernier représentant de la République des partis, une sorte de Guy Mollet repeint.

Il façonne les médias à son image. Que se passe t’il en Allemagne, en Espagne, en Slovénie ? Il ne sait pas que les Français s’en foutent. Pour tout Français, un étranger est un casse-couilles qui ne parle pas comme lui. C’est pas ce qu’on apprend à l’ENA . C’est bien ce que je disais. A l’ENA, on n’apprend pas les Français.

A l’ENA, on apprend (on croit apprendre) à changer les Français. On fantasme sur un Français idéal, une sorte de citoyen multiculturel du monde, oubliant que le Français est campaniliste. Le mot est de Leroy-Ladurie pour désigner l’esprit de clocher. A Bruxelles comme à l’ENA, ce mot est une horreur. Tous les ans, Bruxelles demande au pays de diminuer le nombre de clochers. L’ENA est d’accord qui n’est pas foutu d’administrer cette dentelle. L’ENA veut une centaine de villes accolées à leur « arrière-pays », montrant ainsi ses limites. Au delà d’une certaine quantité, les énarques ne savent pas faire mais ils ne l’avoueront jamais.

De Gaulle savait = comment administrer un pays qui a 300 variétés de fromages ? En les connaissant et en les respectant. Pas en inventant des regroupements artificiels pour se faciliter le boulot.

Le système est à bout de souffle. Plus on simplifie l’administration et plus on a de fonctionnaires. La novlangue est au travail : on a un ministre pour « la cohésion des territoires » et personne ne veut avouer que cette cohésion, c’est tout bonnement la Nation. J’aimerai avoir la version bruxelloise des règles qui veulent faire vivre ensemble les Andalous et les Lapons. Parce que, dans ce cas je choisirai la Nation espagnole pour imposer la corrida aux bouffeurs de harengs. Rien n’est simple.

Et c’est bien le problème. Le monde est complexe. Pour avoir quelques éléments pour le comprendre, il faut bosser, chercher, comparer. Douter. Or l’ENA est avant tout une école de fainéants bardés de certitudes et superbement ignorants de l’épistémologie.. L’énarque n’est pas accessible au doute car le doute paralyse la décision et l’action.

Issu de Sciences Po, l’énarque privilégie la synthèse : si un élément n’entre pas dans la vision synthétique, on supprime l’élément. C’est ainsi qu’on supprime des écoles ou des lits d’hopitaux dont la taille gêne la vision synthétique des choses. Leur poids dans le tissu social ne peut être mesuré que par leur suppression. Le plus souvent trop tard.

J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait réfléchir qu’avec le caché, le discret, le pas remarqué. Prends Agnès Verdier-Molinié. Qui c’est Molinié ?
Vraisemblablement un descendant de la famille Molinié. Vieille famille bayonnaise de cordiers. Fabriquer des cordes dans un port aux temps de la marine à voile facilite l’enrichissement. Normal. Molinié est également l’ami, puis le fondé de pouvoir et enfin l’associé de Basterreche. Jean Pierre Basterreche, maire de Bayonne, député, est également le fondateur des Assurances Générales de France. Molinié est son associé, il lui confie les AGF pour l’Espagne. Basterreche est également l’ami de Jacques Lafitte, autre Bayonnais qui le nomme au conseil des régents de la Banque de France. Nous sommes également dans la mouvance de Frédéric Bastiat, l’un des fondateurs du libéralisme économique. Bref, au début du XIXème siècle, la famille Molinié croule sous le fric et les honneurs.
Après quoi, elle quitte Bayonne et disparait de mes faibles radars. Sauf sur un point : la propriété La Corderie existe toujours dans les années 1900, propriété de la famille Barthes.

Pour moi, Molinié a plus de sens que Verdier. La clef d’Agnès est dans son discret conjoint, mais aucun investigateur ne s’en est occupé.

Oui, J’aime les choses complexes. Chercher le fait caché qui peut éclairer l’ensemble d’une insoupçonnée lumière. Sans ça, on va baigner dans le stéréotype, dans l’idéologie petite bourgeoise que la bourgeoisie dominante a choisi comme terreau pour y planter les racines de sa domination.

Molinié détruit la synthèse. C’est donc lui qu’il faut regarder.


Nous, on vient de passer de De Gaulle à Roland Barthes en suivant des chemins non cartographiés. Y’a plus qu’à dessiner la carte.

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