Il revient ! C’était il y a 80 ans. Chiffre rond. Donc
on va commémorer. Le nain qui nous gouverne a pris les devants : De Gaulle
à Montcornet.
Il vient de tenter une piètre justification de son combat
quasi mondialisé contre le Covid : personne ne pouvait prévoir. D’où la
question subsidiaire : De Gaulle pouvait il prévoir l’armistice du 18
juin ? Avait il écrit son appel le 17, voire le 15 ? Ben non. Il a
réagi, il s’est projeté dans l’avenir, il a fait le point et il a foncé. Comme
un chef. Ce chef que Macron rêve d’être sans en avoir la formation :
Saint-Cyr n’est pas l’ENA. J’attends avec impatience le discours qu’il va nous
vomir le 18 juin. On n’a pas fini de rigoler.
Après quoi, il va nous refaire le coup avec un plan-santé
qui fera l’exact contraire du plan du CNR, corrigé par De Gaulle avec la
création des CHU. De Gaulle savait que la santé était un pouvoir régalien de
l’Etat. Manu le Micron va privatiser un max en nous expliquant le contraire. Et
en faisant plaisir à l’Europe. De Gaulle n’avait pas le fric comme seule
boussole. Macron, oui
Après quoi, la com portera justement sur l’Europe dont De
Gaulle se méfiait au point de chercher le rapport de force. On appelait ça la
politique de la chaise vide.
Clef de conduite : chercher le rapport de force. C’est
une attitude de chef. Attitude qu’il est incapable d’avoir. Il louvoie, cherche
des compromis, pignole les alliances..C’est le dernier représentant de la
République des partis, une sorte de Guy Mollet repeint.
Il façonne les médias à son image. Que se passe t’il en
Allemagne, en Espagne, en Slovénie ? Il ne sait pas que les Français s’en
foutent. Pour tout Français, un étranger est un casse-couilles qui ne parle pas
comme lui. C’est pas ce qu’on apprend à l’ENA . C’est bien ce que je disais. A
l’ENA, on n’apprend pas les Français.
A l’ENA, on apprend (on croit apprendre) à changer les
Français. On fantasme sur un Français idéal, une sorte de citoyen multiculturel
du monde, oubliant que le Français est campaniliste. Le mot est de Leroy-Ladurie
pour désigner l’esprit de clocher. A Bruxelles comme à l’ENA, ce mot est une
horreur. Tous les ans, Bruxelles demande au pays de diminuer le nombre de
clochers. L’ENA est d’accord qui n’est pas foutu d’administrer cette dentelle.
L’ENA veut une centaine de villes accolées à leur « arrière-pays »,
montrant ainsi ses limites. Au delà d’une certaine quantité, les énarques ne
savent pas faire mais ils ne l’avoueront jamais.
De Gaulle savait = comment administrer un pays qui a 300
variétés de fromages ? En les connaissant et en les respectant. Pas en
inventant des regroupements artificiels pour se faciliter le boulot.
Le système est à bout de souffle. Plus on simplifie
l’administration et plus on a de fonctionnaires. La novlangue est au
travail : on a un ministre pour « la cohésion des territoires »
et personne ne veut avouer que cette cohésion, c’est tout bonnement la Nation.
J’aimerai avoir la version bruxelloise des règles qui veulent faire vivre
ensemble les Andalous et les Lapons. Parce que, dans ce cas je choisirai la
Nation espagnole pour imposer la corrida aux bouffeurs de harengs. Rien n’est
simple.
Et c’est bien le problème. Le monde est complexe. Pour avoir
quelques éléments pour le comprendre, il faut bosser, chercher, comparer.
Douter. Or l’ENA est avant tout une école de fainéants bardés de certitudes et
superbement ignorants de l’épistémologie.. L’énarque n’est pas accessible au
doute car le doute paralyse la décision et l’action.
Issu de Sciences Po, l’énarque privilégie la synthèse :
si un élément n’entre pas dans la vision synthétique, on supprime l’élément.
C’est ainsi qu’on supprime des écoles ou des lits d’hopitaux dont la taille
gêne la vision synthétique des choses. Leur poids dans le tissu social ne peut
être mesuré que par leur suppression. Le plus souvent trop tard.
J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait réfléchir qu’avec le
caché, le discret, le pas remarqué. Prends Agnès Verdier-Molinié. Qui c’est
Molinié ?
Vraisemblablement un descendant de la famille Molinié.
Vieille famille bayonnaise de cordiers. Fabriquer des cordes dans un port aux
temps de la marine à voile facilite l’enrichissement. Normal. Molinié est
également l’ami, puis le fondé de pouvoir et enfin l’associé de Basterreche.
Jean Pierre Basterreche, maire de Bayonne, député, est également le fondateur
des Assurances Générales de France. Molinié est son associé, il lui confie les
AGF pour l’Espagne. Basterreche est également l’ami de Jacques Lafitte, autre
Bayonnais qui le nomme au conseil des régents de la Banque de France. Nous
sommes également dans la mouvance de Frédéric Bastiat, l’un des fondateurs du
libéralisme économique. Bref, au début du XIXème siècle, la famille Molinié
croule sous le fric et les honneurs.
Après quoi, elle quitte Bayonne et disparait de mes faibles
radars. Sauf sur un point : la propriété La Corderie existe toujours dans
les années 1900, propriété de la famille Barthes.
Pour moi, Molinié a plus de sens que Verdier. La clef
d’Agnès est dans son discret conjoint, mais aucun investigateur ne s’en est
occupé.
Oui, J’aime les choses complexes. Chercher le fait caché qui
peut éclairer l’ensemble d’une insoupçonnée lumière. Sans ça, on va baigner
dans le stéréotype, dans l’idéologie petite bourgeoise que la bourgeoisie
dominante a choisi comme terreau pour y planter les racines de sa domination.
Molinié détruit la synthèse. C’est donc lui qu’il faut
regarder.
Nous, on vient de passer de De Gaulle à Roland Barthes en
suivant des chemins non cartographiés. Y’a plus qu’à dessiner la carte.
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