Pauvre Ruth ElKrief…Comment qu’elle s’est faite renvoyer
dans ses 22 par Panoramix !! J’avais honte pour elle, mais je dois
admettre qu’elle a été un toro
brave. Plus elle en prenait, plus elle y retournait. Dans l’ensemble, Raoult a
été sympa. Il a eu dix occasions de porter l’estocade dont il n’a pas profité.
Elle ne se rendait absolument pas compte du décalage
épistémologique. Raoult l’a dit à plusieurs reprises, en termes assez galants.
Quand un journaliste cite un journal scientifique de haut niveau et parlant de
ses sources, commence à se remplir la baignoire du mensonge. Personne ne peut
imaginer Madame Ruth lisant Cell
ou le NEJM au petit déjeuner. Elle a ses décodeurs qui lui disent ce qu’il faut
lire et ce qu’elle doit comprendre. Ses vraies sources ne sont pas les
périodiques qu’elle cite, mais les conseillers qu’elle a choisis et dont je ne
sais rien. Elle ment sur ses sources. Tous les journalistes affirment qu’il
faut protéger ses sources ce qui évite d’avoir à dévoiler les sources qui les
protègent.
Le titre du décodeur semble une protection. Sur tous les
plateaux, on a vu se promener les Professeurs de Médecine. Il y en a une
tétrachiée dans le pays, donc y’a du stock. Ce qui permet d’interroger un
urgentiste qui va intervenir en matière de microbiologie. C’est pas comme ça
que ça marche. Il y a dans l’écosystème médical des affinités, des complicités,
des coteries, des intérêts croisés, et même des histoires de cul qui dessinent
des réseaux. Et là, je pense que Madame Ruth ne sait pas dévoiler l’écheveau.
Mais elle en joue parce que son salaire est décidé par ses
auditeurs qui la veulent « sachante » même si elle sait peu ou mal.
Et donc, elle se précipite vers le degré zéro du savoir : la statistique,
cette merveille qui permet d’asséner des chiffres sur tout et n’importe quoi
sans avoir rien à justifier. Avec la prime à la méthodologie qui devient
déontologie pour se parer des plumes de l’éthique. Avec la fuite du toro quand
la pique devient forte : et vous, si je vous propose un traitement et un
placebo, que choisissez vous ? Ce n’est pas le problème. Ben si. C’est
même le seul. Soigner.
En fait, Madame Ruth pense que les chiffres sont une
passerelle qui lui permet de « conduire » son interview. C’est faux, évidemment.
Raoult, il lui a fallu une petite demi-heure pout décrypter l’étude du
Lancet : biblio, analyse des chiffres et de leur origine, un nom ici, une
équipe là, plein de signes lui sont apparus à la lecture. Des signes qui ne
parlent qu’aux pros, ce qui lui permet de conclure :
« foireuse ». Mais
jamais ces signes ne sauteront aux yeux de Madame Ruth, car elle n’est pas une
pro en virologie et parce que ses décodeurs n’ont pas attiré son attention. Sur
le sujet, elle est comme le toro : limpio, naïve. D’où ma comparaison.
48 heures plus tard, le Lancet se rétractait. Ça arrive
souvent qu’une revue se rétracte, mais rarement aussi vite. En général, ça
vient un mois ou deux plus tard, sous forme de compléments ou de nouvelles
informations.. A priori, il y avait le feu au lac.
Raoult, avec tact, l’avait prévenue : nous ne sommes
pas dans le même écosystème. Elle doit avoir des lacunes dans l’écosystème des
revues scientifiques. Dans la vie, il y a ceux qui ont un pistolet chargé et
ceux qui creusent. Raoult a vraisemblablement posé son arme sur la table. Et le
Lancet creuse.
Toute étude a des biais. Mais si tu ajoutes les glissements
sémantiques aux manipulations statistiques, t’as intérêt à être bordé. Madame Ruth, elle croit que les
journalistes sont légitimes quel que soit le sujet dès lors qu’ils pratiquent
l’art de la synthèse qui est à la base de leur travail et qui leur permet de
squelettiser une pensée pour plaire à ceux
qu’ils pensent être leur public. Et donc, elle se vautre et entraine
dans son naufrage une gamine qui devra se reconvertir dans l’art du maquillage.
Elle oublie les bases. Elle a cité Hippocrate en oubliant
Galien. Pour définir la médecine, Galien avait imaginé un triangle : le malade, la maladie, le médecin.
Trois singularités. Dix fois, Raoult l’a ramenée à la singularité. Le problème
n’est pas de gérer des cohortes, mais de soigner des individus. Le problème est
la médecine du talent, pas la médecine du chiffre. Dix fois, elle s’est
dérobée, revenant à son écosystème et se ridiculisant.
Là où j’ai eu le plus de honte pour elle, c’est quand elle a
demandé à Raoult s’il n’avait jamais pensé à émigrer et qu’il a répondu qu’il
était la quatrième génération d’officiers de la Légion d’honneur. Sans
insister.
Entre les deux, le fossé était béant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire