Ridicule pathétique ce matin. Les pyromanes de la langue
sortent les extincteurs sémantiques pour éteindre un feu sur lequel ils
soufflent depuis des années.
Le mot-mantra, ce matin, c’est « confinement ». Il
faut rappeler qu’on est ici dans un glissement sémantique.
« Confiner » en français classique, c’est toucher : la Savoie
confine à l’Italie. Ce qui est conforme à l’étymologie : confiner, c’est
avoir une frontière commune, cum-finis. Par glissement, le confinement est
devenu synonyme d’isolement : le frontière reste commune, mais chacun
reste de son côté.
Le choix est éclairant : on préfère confiner qu’isoler.
C’est pareil mais isoler c’est renier la mondialisation. Isoler, c’est être
seul. Isoler, c’est rejeter le discours de la doxa, des médias et des
marchands. Confiner, c’est moins sévère, moins contraignant, on glisse de
l’interdiction au prophylactique.
La doxa n’est pas univoque. Elle possède des couches. Ainsi
de Pasteur, icône hygiéniste de la Troisième République dont les prescriptions
les plus basiques restent fichées dans les inconscients collectifs comme des
échardes. Qu’est ce qu’il m’a emmerdé Pasteur avec ses recommandations d’aérer,
de changer l’air chargé de miasmes. Tous les matins, à la maison, les fenêtres
étaient ouvertes, en grand, même en plein hiver et je me gelais pour être
protégé du bacille de Koch. C’était le classico du temps : Pasteur contre
Koch, le Gaulois contre le Teuton, l’ouverture des fenêtres frigorigènes
répétait quasi la victoire de Verdun. Par voie de conséquence, une journée de
soleil martial incite à la sortie hygiéniste dans un lieu chlorophyllé. Le
soleil tue les microbes, chacun sait cela depuis l’antirabique Franc-Comtois.
Et hier, les citadins se sont rués sur les parcs étriqués pour mélanger
allégrement leurs coronavirus, en étant persuadés qu’ils se protégeaient. Ben
oui, personne ne différencie le virus du bacille, c’est rien que des microbes
et nous, les microbes, depuis Pasteur, on connaît.
Je ne plaisante pas. Voilà dix ans que les marchands et leur
séides communiquants répètent qu’il faut être mobile. C’est pratiquement rentré
dans la doxa. Et soudain, la mobilité menace nos vies. Merde ! Qui
croire ?
Mal nommer, c’est ajouter aux malheurs du monde et voilà
qu’augmentent les malheurs du monde.
Et donc, rappelons quelques vérités : les virus ont
permis aux dinosaures d’évoluer. Mais non !! disent ceux qui savent, les
dinosaures ont disparu. Couillons !! la vie ne disparaît pas, elle évolue.
Ce qui disparaît, c’est une forme… Il a fallu du temps pour qu’une musaraigne
du Secondaire devienne Homo sapiens. Ben oui ; notre ancêtre est une
musaraigne, pas un quelconque Néandertalien. Tout ceci est parfaitement
expliqué par Robert Bakker dans un livre que j’ai eu l’honneur d’éditer. Livre qui
m’avait fait un clin d’œil dans une librairie de Washington à cause de son
titre : Dinosaur hérésies. A trente ans, grâce au Galilée de Brecht, je
savais que la vérité scientifique se glisse aisément dans les replis de
l’hérésie. Je me suis fait abondamment flinguer par la presse conforme et
conformiste et j’ai perdu quelqu’argent. Aujourd’hui Bakker est abondamment
cité et conformiste. J’étais le premier à y croire. J’ai sauvé ma dignité
intellectuelle ce qui n’a pas de prix.
« Mais enfin ! Tu vas pas éditer un
facteur !! » Je l’ai entendu également. Le manuscrit était sur mon
bureau, je l’avais lu trois ou quatre fois. Il était bon, solide, étayé. Rien
ne signifiait la petite voiture jaune. J’avais douté mais Michel Lemire avait
levé mes doutes. Le cigarillo au coin des lèvres, celui que je tenais pour le
meilleur naturaliste d’un Muséum qui en comptait quelques wagons, m’avait dit
« Excellent ! Fonce ». Aujourd’hui, le facteur a évolué et dirige la biodiversité dans le même
Museum où Lemire décortiquait l’excrétion du sodium chez les reptiles
sahariens. J’étais le premier à y croire.
L’édition, c’était ça. Repérer partout ceux qui pensaient
mieux. Les béliers du savoir qui conduisent les moutons de Panurge sur les
chemins de la transhumance intellectuelle. Je n’ai fréquenté que de grands
penseurs et je me suis régalé : Michel Le Berre, Bernard Canguilhem et
Jean Boissin, Michel Breuil, Claude Grenot, Michel Delsol, Emmanuel Boutan et
tant d’autres. Un beau paquet d’hérétiques. Même Delsol, royaliste convaincu et
biologiste exceptionnel. Hérétique, Delsol Professeur à l’Université
catholique ?. Mais oui…. De ses travaux, il avait gardé la conviction que
la définition linnéenne de l’espèce devait être revue. Un naturaliste qui doute
de Linné, c’est comme un cardinal qui doute de la Trinité.
C’était le temps où le doute était le flambeau qui éclairait
les avenues de la pensée. J’ai bien vu les certitudes, abjecte marée, monter et
prendre le pouvoir avec les boutiquiers. La certitude rapporte quand le doute
appauvrit et l’argent est désormais le gonfanon des chevaliers de l’intellect.
Piteux chevaliers, plus proches du Quichotte que de Bayard.
J’ai appris la presse avec Lazareff et Beuve-Méry, avec
Bodard et Lacouture, Sabbagh et Desgraupes, peut on me demander d’avoir de la
considération pour « les pantins qui font l’opinion »
aujourd’hui ? J’ai vu Séguéla remplacer Bleustein-Blanchet qui a construit
un empire quand l’autre voulait changer de Rolex. Et Macron s’asseoir dans le
fauteuil de De Gaulle.
Alors, avant de mourir, j’essaye de transmettre. D’expliquer
pourquoi Raoult est un vrai penseur. De décortiquer. Macron se targue de suivre
les « avis des scientifiques ». Mais qui sont ils ? Je peux
discriminer ; j’ai fait ça toute ma vie. J’ai appris à juger les textes
sur leurs biblios. Et les professions sur leurs marges. C’est ainsi que j’ai
développé un profond mépris pour les assureurs, ces petites gens qui accumulent
de petits profits sur de petites primes en remboursant de petits sinistres.
J’ai travaillé avec l’aristocratie de l’assurance : les réassureurs. Leurs
dossiers étaient énormes …et neufs. Sans historique. Il leur fallait apprécier
des risques dont ils ignoraient tout. Je peux dire que ça rigolait pas.
A leur manière, les réassureurs sont des créateurs, des
inventeurs. Des travailleurs, pas des palucheurs de statistiques. Je ne
comprends pas les simplificateurs qui regardent la bio et les travaux d‘un
spécialiste des maladies émergentes avec les mêmes yeux que la bio et les
travaux d’un chef de service comme il y en a dans tous les CHU de France. J’ai
signalé la position de Raoult voici trois semaines. Depuis, il a expérimenté.
Hier, il a publié les premiers résultats : 90 % de baisse de charge virale
sur le groupe témoin. Ça mérite au moins une discussion. Petit groupe ont
décidé les médiocrates. C’est exact. Mais ne pas élargir l’expérimentation est
criminel… Il faut y aller à l’arrache, en Alsace par exemple où a frappé la
malédiction divine. Il y a au moins une bonne raison écologique : le paludisme
combattu par la chloroquine vit bien dans les zones subtropicales où se plait
le coronavirus. Hé, Jadot l’écolo, t’en penses quoi ?
Nos penseurs pas libres sont unanimement silencieux. C’est
bon signe. A mes yeux. Quand ils commenceront à dézinguer Raoult, ce sera mieux
encore. Leurs arguments les dévoileront comme Suzanne avec les vieillards.
On a pas fini
d’en reparler….
PS : plus de chloroquine à Bayonne !! selon le pharmacien,
l’hôpital a tout préempté. J’aimerai que ça soit vrai
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