Mon petit Manu,
Je peux t’appeler comme ça. Tu as l’âge d’être mon fils.
Comme tout fils, tu crois être supérieur à ton père puisque l’avenir a de
l’avance sur le passé. Par définition.
Je peux le comprendre. Pas l’admettre, mais le comprendre.
Jusqu’en 2022, tu représentes l’avenir. Après…..
Nous avons, a minima, les mêmes informations, encore que je
suppose (j’espère) que tu es mieux informé que moi. En revanche, je doute que
nous ayons le même logiciel pour les interpréter et je te vois te mettre en
danger en accumulant les conneries, ces mêmes conneries qui font dire à ton
peuple que tu es hors-sol. Hors-sol, c’est une expression qui sent Dauphine ou
la rue St-Guillaume mais qui est une injure terrible pour un peuple qui est
ancré, vissé sur cette terre de France dont tu ne connais rien. Ton peuple ne
peut pas être hors-sol, il est arrimé au sol par des liens familiaux, des
atavismes, les crédits de la maison et l’école des petits. Cette réalité,
difficile, parfois sordide, ton peuple a voulu t’en informer car il croyait en
toi. Tu l’as enterrée dans un grand débat qui n’était pas un débat et qui n’était pas grand. Le « Je vous ai
compris » du grand Charles avait, au moins, de l’allure. Ta tournée des
préfectures sentait Deschanel et l’odeur fétide du pyjama tombé du train. Qu’en
reste t-il un an plus tard ? Des milliers d’espoirs tranchés net, des
têtes emplies de rancoeur et des milliers de pieds qui ne se mettront plus en
marche.
Un désastre tel que tu as cru bon de le reproduire un an plus
tard avec une réforme ni faite, ni à faire. Là, je t’ai admiré. Faire converger
les luttes des avocats et des manœuvres de chez Bouygues, c’est impressionnant,
même Sarkozy n’y était pas arrivé. Et tu n’as pas su voir. Ton peuple te disait
non, d’une même voix, et tu n’entendais rien. Tu étais hors-sol comme Louis
XVI, réparant des serrures dans son atelier versaillais.
Il est vrai que tu es obsédé par la com’, cette com’ qui,
maitrisée, t’a porté au pouvoir. Mais, sérieusement, mon petit Manu, aller
féliciter pour son travail le personnel hospitalier en grève, c’est aller au
devant de l’insulte. Tu as eu de la chance. Le neurologue qui t’a interpellé,
calmement et fermement, je ne le connais pas. Je connais seulement ses parents,
son frère, son oncle (que tu connais également comme tous les Français, demande
des fiches à tes clampins de conseillers) Il a été parfait. Tu n‘as rien
compris ; en termes choisis, il te demandait si tu prenais pas le corps
soignant pour des cons. Il a dit clairement : on n’a pas les moyens (le
fric) pour faire face à une épidémie. Et toi, tu as bredouillé des banalités
ridicules, les mêmes que tu aurais bredouillées dans un amphi de l’ENA lors
d’une épreuve jeu de rôle. Tout le pays t’a vu. Il ne s’agissait pas d’une
épreuve de l’ENA. Il s’agissait d’un médecin de haut niveau car Salpé c’est du
très haut niveau qui te disait que ton pays était en danger. Et sur ce coup,
c’était toi qui n’étais pas au niveau. Le Président redevenait un étudiant
médiocre ayant oublié de réviser une question de cours.
Et pour être sûr d’etre définitivement hors-jeu, tu sors
aussi sec le 49-3. Ne t’inquiète pas, Manu, le corps soignant a compris le message. Le corps soignant cherche dans sa pharmacie comment atténuer
la baffe que tu lui as collée.
Tout ceci fait une bouillie, de mots, de mesures, voire de
mesurettes sans que le peuple ait le sentiment que la barre est tenue. Tu es suspecté (soupçonné) de
préparer l’annulation des municipales qui signeront ta défaite. Quoique tu
fasses, aujourd’hui, tu es le Président de tous les échecs. Même le recul du
chômage est imputé à ton prédecesseur. On a oublié que tu le conseillais.
Tu as accumulé toutes les haines sur ta petite tête de
premier de la classe. Celui qui prenait les claques subreptices et les vicieux
crocs-en-jambes. C’est pas bien. Non mais il en va ainsi. Tu n’es pas capable
de changer l’humain, non plus. Ni même de l’accepter. Tu prends aujourd’hui
dans les dents les coups que tu as évités étant jeune. Les aurais tu pris que
tu aurais développé une résilience qui te fait défaut et des stratégies qui te
manquent. A être trop protégé, on se trouve nu un jour.
Ce que j’observe, c’est que tu n’es plus même capable de
protéger tes proches. La permanence de ton Premier Ministre mise à sac, ton
cher Griveaux livré à la horde médiatique, c’est un début. Un chef, ça doit
protéger. Comme chef, tu es nu. Nul. Ton premier cercle est un cercle de
courtisans. Tu es heureux car ils pensent, ou font semblant de penser, comme
toi. Nous sommes en crise et le pouvoir est uni. Pas de voix discordante. C’est
un mauvais signe, signe que personne ne cherche.
Crise, kruzein en grec, désigne le point culminant d’une
maladie, quand on meurt ou qu’on guérit. Ça passe ou ça casse. Toi, tu veux que
ça passe et tu espères que les mots suffiront. On verra bien. Le problème,
c’est que tu as déjà baissé les bras. Tu as dejà commencé à dire que tu avais
hérité de la situation. Manière de te dédouaner. Les Français comprennent
immédiatement que tu es impuissant. Bébé est dans les jupes de Maman pour dire
« C’est pas ma faute ».
Si tu en es là, tu as perdu, Manu.
On en reparlera….
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