Mon petit Manu,
Belle intervention, mesurée, sérieuse. Mais….frappée au coin
de la plus totale insincérité. Pour le dire simplement, tu n’es pas crédible.
Belles phrases sur les soignants, dix jours après que le
petit Salachas t’ait interpellé sur la situation catastrophique du système de
santé. Toute la France sait que les soignants sont en grève. Tout le monde sait
que tu as passé ton temps, déjà comme ministre, à fermer hôpitaux et maternités
et à « rentabiliser » le système français, ainsi que le réclament
inlassablement les GOPÉ.
A cet instant, ta mauvaise foi se lisait à livre ouvert sur
ton poupin visage, tout comme elle éclatait quand tu appelais à ôter certains
biens du marché.
C’est précisément ce qu’avait fait le CNR en son temps, en
ôtant du marché les biens indispensables aux citoyens : l’énergie, les
transports, la santé, allant jusqu’à créer une banque (les CCP) pour que chacun
puisse avoir un compte en banque. C’est ce qu’avait fait le CNR et que tu
défais avec une constance qui force l’admiration. C’est la spécificité
française qui pouvait servir de base à une Europe protectrice et égalitaire,
une Europe dont ne veulent pas les dirigeants européens aux ordres desquels tu
te tiens.
Alors, mon petit Manu, tu causes, tu causes, imaginant avec
la naïveté de ton âge que personne ne lit le mensonge dans tes paroles
équanimes alors que la France s’esclaffe : il a peur de rien !!!
Non, tu n’as peur de rien, même pas du réel que tu ignores
avec superbe. Surtout pas du réel dont tu penses que tes mots le changeront.
Vois tu, Manu, à 18 ans, je défilais avec mes copains pour
soutenir des dirigeants marxistes dont j’espérais qu’ils dirigeraient le monde.
Hé be ! voilà ! c’est fait ! La première économie du monde est
dirigée par un parti communiste. Un parti communiste qui applique, peu ou prou,
le programme du CNR dont tes copains affirment qu’il est mauvais. Tes copains
sont comme toi : ils nient le réel quand le réel les dérange.
Là où tu as été mauvais (à mes yeux), c’est dans ton appel incessant à la science.
Une jolie journaliste de Valeurs Actuelles a eu ce mot définitif ce
matin : la science va devoir
retrouver l’humilité de l’inconnu.
Ben oui : la situation est nouvelle et inconnue. Alors,
on brode, on va chercher des chiffres qui peuvent faire croire qu’on maîtrise.
Statistiques de cas, de morts, classement par tranches d’âge. Personne pour
dire : c’est neuf, on ne sait pas, l’histoire ne nous apprend rien, ce qui
serait la seule attitude scientifique. Mais la posture rôde : le
professeur de médecine invité sur un plateau télé ne représente pas que lui. Il
est la science, il doit parler. Même s’il n’a rien à dire.
J’ai eu l’occasion, récemment, de rappeler à une jeune
neurologue que Broca avait décrit l’aire qui porte encore son nom avec un seul
patient, pour conclure : vous avez remplacé la médecine du talent par la
médecine statistique. Je ne lui ai pas fait plaisir.
Je ne sais pas qui analyse ta communication. Mais je suis
certain que cette équipe ignore tout de la France et des Français et de l’épistémologie.
Certain aussi que cette équipe ignore tout des principes de la communication
que la mémoire guide.
A pendre les gens pour des imbéciles, on s’expose à être soi
même victime de l’imbécillité.
Je crois que tu y es
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