Avec cette histoire d’infanticide féminin (on peut dire
féminicide prépubère, en novlangue, c’est pas mal), je pense à Bobby Lapointe.
Avanie et Framboise, sont les mamelles du destin.
J’accepte que le rapprochement puisse choquer. En même
temps, comme dit le Président, je pense à Simone. A soixante ans, pas une
gamine, mais assassinée et découpée, sans beaucoup de soin, par un schizo qui
squattait dans son village. BFM TV n’a jamais parlé de Simone. Ni de quelques
autres. C’est imprévisible le schizo. Y’en a qui démembrent avec soin. On sait
jamais, avec eux. Mais, l’un dans l’autre, quand ils refusent les soins,
statistiquement ils « passent à l’acte » comme disent les
spécialistes. Ha bon ? ils peuvent refuser les soins ? Ben oui. Ils
sont responsables, on peut pas leur imposer. Ils ne deviennent irresponsables
qu’après le passage à l’acte.
T’as compris ? Heu, pas très bien. Cette responsabilité
fluctuante, j’ai du maL. BFM TV aussi. Ils choisissent les intervenants. La
Buzin a échappé aux radars tout comme la Belloubet. En échange, on a eu droit à
un psychanalyste qui n’a rien expliqué. Et donc, je suis allé demander à des
psychiatres, des médecins, pas des onanistes du vocabulaire.
Voilà plus de trente ans que les pouvoirs publics ferment
des hôpitaux, y compris des hôpitaux psychiatriques… avec l’aval des
masturbateurs de vocabulaire. Vocabulaire administratif. Le rôle d’un hôpital
psychiatrique n’est pas de soigner… Soigner un fou, un fada, ou comme ils le
disent « une personne avec des antécédents psychiatriques » est
quasiment impossible. Il y faut beaucoup de temps pour un résultat aléatoire….
Mais ce n’est pas le rôle d’un hôpital psychiatrique qui est là, avant tout,
pour préserver les autres des fous. Si, en plus, on les soigne, c’est mieux.
Quand ils sont entre les murs, l’Etat joue son rôle : protéger les
citoyens, Vanille ou Simone. Ou tous ceux qu’on ne connaît pas.
Les journalistes, ça leur va pas. Le fou poignardeur, c’est
une partie de leur fonds de commerce, ça fait de l’audience. Et récidiviste
encore mieux. Facile à percevoir : compter les minutes, les tables rondes
et les écrans de pub. Ouais, mais les erreurs judiciaires, les mecs enfermés
par les familles pour toucher l’héritage et autres joyeusetés ? Oui, ça
arrive, mais c’est pas la majorité. D’Emile Zola à Gilles Perrault, le combat
contre l’erreur judiciaire a mobilisé quelques talents, finalement pas si
nombreux.
La sémantique est toujours un piège : dans hôpital
psychiatrique, l’épithète est essentielle. C’est un hôpital, un endroit qui
abrite des malades, mais ce ne sont pas des malades comme les autres.
Pathologies mal nommées, complexes, le diagnostic à lui seul prend plus de
temps que les soins dans d’autres maladies…pharmacopée mal maitrisée et
surtout, surtout, l’ombre de Foucauld et sa haine maladive de l’enfermement.
Une partie du corps médical a suivi Foucauld en prônant l’abandon de l’asile..
On a donc fermé des lits, puis des établissements au motif que le
« passage à l’acte » est statistiquement rare. Un seul cas
suffit : la petite fille est morte et la fille de Simone est dévastée..
Parce qu’un fou qui passe à l’acte détruit plusieurs vies.
L’Etat n’a pas fait son travail. L’aliénation excuse tout.
Même l’incapacité de l’Etat.
Ce genre de situation est un cas d’école. Chaque expert a
fait son travail, les dépenses de l’Etat ont été diminuées, les fous en liberté
sont heureux pense t’on, les poignardés n’ont pas eu de chance. Il reste aux
survivants à se démerder avec les réponses à leurs questions. A poil devant un
Etat qui a décidé de ne pas les protéger.
Un article de L’information Psychiatrique de 2006 (vol.
82 ; 645-652) fait le point sur la violence des malades psychiatriques. Les auteurs admettent que
« L’abus
de substances est fortement associé à la violence mais, même sans abus d’alcool
ou de drogue, les personnes ayant un trouble mental grave ont trois à quatre
fois plus de risques de commettre un acte violent". Trois à quatre fois plus
de risques ! C’est des chiffres à vous casser l’angélisme. Surtout quand
ils proviennent de pays différents majoritairement occidentaux. On va pas se
briser les neurones avec des statistiques, mais quand on lit que « le
double diagnostic de schizophrénie et d’abus de drogue ou d’alcool multiplie
par 17 le risque de commettre un homicide par rapport à la population
générale », on commence à s’inquiéter. Belloubet, elle doit avoir ces
chiffres quelque part. Puis vient la conclusion : »Plus on
psychiatrise, moins on criminalise »
avec le corollaire « Moins on psychiatrise, plus on désinstitutionnalise,
plus on criminalise ». En clair, plus on ferme d’hôpitaux psychiatriques,
plus on produit d’assassins.
J’aime pas la compassion. C’est une
sorte de ver solitaire qui s’installe dans tes neurones et qui te fait mettre à
tes sentiments les godasses de ta raison. Tu en oublies les vérités premières
et d’abord celle-ci : tu peux tout expliquer, puis tout excuser, le mort
qui est le premier intéressé n’en a rien à faire. C’est trop tard.
Foucauld a bien marqué l’opposition
évidente entre l’Etat et l’individu et il a barbouillé l’individu de compassion
angélique et gaucho-compatible. Comme il était malin, il a éjecté du jeu le
troisième larron, souvent inconnu, souvent invisible : la victime. Il a
omis de mettre en évidence une autre vérité première : l’Etat doit agir
pour protéger. Ça suppose une anticipation : l’aliéné n’a rien fait quand
on l’enferme et on flirte avec les limites du droit. Ça suppose un budget. Ça
suppose surtout des politiques bien conseillés par des experts insensibles aux
sirènes de la communication endoxale.
Bref, ça suppose qu’on n’est plus
capable de faire ce que Pinel, Charcot et leurs copains ont fait quand Mac
Mahon gouvernait la France.
Aujourd’hui, c’est plutôt Mac Macron……
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