Comme tous, je n’ai pu échapper aux extraits du dernier
spectacle d’Olivier de Benoist. J’ai ri, forcément. Je viens de terminer un
texte sur le « Père indigne » que je suis aux yeux de tous. Texte que
mes amis éditeurs ont repoussé du bout des doigts tels un médecin chinois suspectant le
coronavirus. Il est vrai que je n’étais pas drôle. Vivre dans un monde qui
prétend t’abaisser pour t’aider à élever des enfants, un monde où l’inversion
sémantique est une règle, n’incite pas à l’humour.
J’ai donc cherché pourquoi ce mec pouvait exprimer des idées
que je partage, avec un succès que je ne partage pas.
Et ça m’a soudains sauté aux yeux. Comme Anne Roumanoff, de
Benoist est un sciencepotard. Avec en prime une particule authentique qui a
décoré plus de saint-cyriens que de saltimbanques. Un philosophe aussi, mais
c’est la branche aînée.
Olivier de Benoist est une vaccine. C’est ainsi que Barthes
qualifiait les idéologues masqués, ceux qui semblent rejeter la doxa pour mieux
la célébrer. Dans un régiment de sciencepotards endoxaux, confits dans la doxa
qui assure les carrières, les élections et les prébendes l’institution lâche
parfois un électron libre, comme un pet dans un mariage, auparavant
soigneusement cuirassé.. Comme Roumanoff, de Benoist est protégé par son statut
d’humoriste qui permet tout dérapage. Il ne peut impliquer l’institution qu’il
vaccine en quelque sorte.
Par ailleurs, son statut permet d’évaluer l’évolution des
idées adoxales qui peuvent être adoptées si elles deviennent majoritaires ou
suffisamment importantes pour modifier le marché.
En communication, la vaccine est un système gagnant-gagnant.
Olivier de Benoit bénéficie du soutien de l’institution, avec seulement le
risque d’avoir du succès. Son succès viendra renforcer le prestige de Sciences
Po et un éventuel échec n’aura aucune incidence car personne n’attend Sciences
Po sur ce terrain.
A priori, le public apprécie. Cinquante ans après Lacan, le
public comprend que le père humilié est une invention féminine. Tout
affaiblissement de l’adversaire est un gain stratégique. Spécialiste de
l’anti-féminisme, de Benoit poursuit sur le même thème mais personne n’en tient
compte : c’est de l’humour, n’est ce pas ?
L’humoriste vaccine le public qui l’approuve, il contient
l’approbation dans des limites acceptables. Confiné dans les salles de
spectacles, le virus ne peut infecter le corps social dans son ensemble. La
doxa se protège. Parfois, le virus s’échappe. Dieudonné, Coluche. D’autres
stratégies peuvent être inventées. Zemmour intervient pour renforcer la
vaccine.. A un certain stade, il faut un praticien expérimenté.
Ainsi va la cause des femmes…..avec des idiots utiles…..des
démineurs…de la vaccine. Des anti-mythes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire