A l’heure où l’écologie tient le haut du pavé, il est peut
être temps de parler de René Dumont qui créa, en son temps, l’écologie
politique. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : si tu te prétends
écologiste sans avoir lu (et intégré) la pensée de Jean Dorst ou René Dumont,
t’es juste un gros con. Ça, c’est dit.
Dans L’Afrique noire est mal partie, son livre phare, Dumont
explique avec son sérieux d’agronome que l’Afrique crève de l’abandon de son
agriculture vivrière au profit d’une agriculture d’exportation. Impossibilité
de nourrir sa population, obligation d’importer, destruction des sols,
destruction des sociétés traditionnelles et donc du lien social, destruction
culturelle autant que culturale, tout est en place pour une paupérisation
durable et catastrophique. Livre publié en 1962 dans la collection Terre
Humaine.
Bon, ben voilà. C’est la situation de la France. Je me
souviens des commentaires sur le livre de Dumont. Les Africains étaient des
cons ; c’était le refrain à peu près général. Au même moment, la FNSEA
lançait réellement l’agriculture productiviste, on remembrait la campagne en
détruisant les haies au grand dam de mon copain François Terrasson qui exposait
au Muséum la catastrophe écologique qui se mettait en place. La mère de Nicolas Hulot changeait ses
couches. Pour le dire simplement, le pays prenait la direction de l’Afrique. Suivre les cons peut être reposant. Personne ne peut dire qu’on ne savait pas. Le constat était là. Nos
scientifiques étaient au boulot. C’était évitable, à condition de consulter les scientifiques plutôt que les
banquiers
Dumont était le conseiller de Nyerere, président de la
Tanzanie, qui était l’épouvantail des néo-colonialistes. Le discours est devenu
un credo ; Nyerere ne respectait pas les droits de l’homme au motif qu’il
voulait nourrir son peuple. Nyerere se moquait des droits préservés au bénéfice
de gens qui vont mourir de faim, vu qu’un mort se fout absolument des droits de
l’homme car il ne peut les exercer.
Et donc, malgré l’avertissement de Dumont, la France mit en
place une agriculture productiviste et, soixante ans après, les mêmes causes
produisant les mêmes effets, les résultats sont les mêmes. A cet égard, Macron
a raison : il hérite d’une situation. Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’il
adhère complètement à l’idéologie qui a créé cette situation et qu’il est
totalement incapable de la révolution de pensée nécessaire. Il a été reçu à
Sciences Po et collé à l’ENS.
Si tu oublies qu’un sol doit d’abord nourrir ceux qui y
vivent, tu seras banquier, mon fils.
Si tu oublies qu’on sol produit autant d’humain que de
nourriture, tu seras banquier, mon fils.
Si tu oublies que le vivant n’est pas un bien comme les
autres, tu seras banquier, mon fils.
Si tu peux truquer les statistiques pour rendre équivalents
des biens différents, tu seras banquier, mon fils.
Si tu crois que tes mots sont supérieurs à tes actes, tu
seras banquier, mon fils
Si tu crois qu’un humain ne verra pas ton manque d’humanité,
tu seras banquier, mon fils
On en reparlera……
Relisez René Dumont….et François Terrasson
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