samedi 22 février 2020

LA MORT DE RENÉ DUMONT

A l’heure où l’écologie tient le haut du pavé, il est peut être temps de parler de René Dumont qui créa, en son temps, l’écologie politique. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : si tu te prétends écologiste sans avoir lu (et intégré) la pensée de Jean Dorst ou René Dumont, t’es juste un gros con. Ça, c’est dit.

Dans L’Afrique noire est mal partie, son livre phare, Dumont explique avec son sérieux d’agronome que l’Afrique crève de l’abandon de son agriculture vivrière au profit d’une agriculture d’exportation. Impossibilité de nourrir sa population, obligation d’importer, destruction des sols, destruction des sociétés traditionnelles et donc du lien social, destruction culturelle autant que culturale, tout est en place pour une paupérisation durable et catastrophique. Livre publié en 1962 dans la collection Terre Humaine.

Bon, ben voilà. C’est la situation de la France. Je me souviens des commentaires sur le livre de Dumont. Les Africains étaient des cons ; c’était le refrain à peu près général. Au même moment, la FNSEA lançait réellement l’agriculture productiviste, on remembrait la campagne en détruisant les haies au grand dam de mon copain François Terrasson qui exposait au Muséum la catastrophe écologique qui se mettait en place.  La mère de Nicolas Hulot changeait ses couches. Pour le dire simplement, le pays prenait la direction de l’Afrique. Suivre les cons peut être reposant. Personne ne peut dire qu’on ne savait pas. Le constat était là. Nos scientifiques étaient au boulot. C’était évitable, à  condition de consulter les scientifiques plutôt que les banquiers

Dumont était le conseiller de Nyerere, président de la Tanzanie, qui était l’épouvantail des néo-colonialistes. Le discours est devenu un credo ; Nyerere ne respectait pas les droits de l’homme au motif qu’il voulait nourrir son peuple. Nyerere se moquait des droits préservés au bénéfice de gens qui vont mourir de faim, vu qu’un mort se fout absolument des droits de l’homme car il ne peut les exercer.

Et donc, malgré l’avertissement de Dumont, la France mit en place une agriculture productiviste et, soixante ans après, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les résultats sont les mêmes. A cet égard, Macron a raison : il hérite d’une situation. Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’il adhère complètement à l’idéologie qui a créé cette situation et qu’il est totalement incapable de la révolution de pensée nécessaire. Il a été reçu à Sciences Po et collé à l’ENS.

Si tu oublies qu’un sol doit d’abord nourrir ceux qui y vivent, tu seras banquier, mon fils.

Si tu oublies qu’on sol produit autant d’humain que de nourriture, tu seras banquier, mon fils.

Si tu oublies que le vivant n’est pas un bien comme les autres, tu seras banquier, mon fils.

Si tu peux truquer les statistiques pour rendre équivalents des biens différents, tu seras banquier, mon fils.

Si tu crois que tes mots sont supérieurs à tes actes, tu seras banquier, mon fils

Si tu crois qu’un humain ne verra pas ton manque d’humanité, tu seras banquier, mon fils

On en reparlera……

Relisez René Dumont….et François Terrasson


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