Marrant. En 24 heures, Didier Raoult a disparu des médias.
Le mec, il est spécialiste des maladies émergentes, il a un CV long comme le bras et des
résultats scientifiques incontestables, il annonce de bonnes nouvelles
(coronavirus, fin de partie) et personne n’en parle. On doit s’interroger.
Comme souvent, comme toujours, la réponse est
épistémologique. Raoult est inaudible car il utilise des arguments qui vont à
l’encontre des modes de pensée de l’oligarchie où politiques et journalistes
ont le même fonctionnement intellectuel, la même manière de penser le problème
et les solutions. Amusons nous un peu.
Premier point : une épidémie est un phénomène
analysable, avec un début et une fin. Tout le monde peut comprendre ça.
D’ailleurs on cherche le « patient zéro ». Le patient n° 1, on le
connaît, c’est le premier diagnostiqué. Le n° 0, c’est l’inconnu qui a
contaminé le n° 1. Le point de départ supposé. Tout ceci paraît logique.
Renvoyons donc les journalistes au départ chinois de la pandémie. On
s’accordait à attribuer la maladie à un virus d’origine animale ayant muté pour s’adapter à l’homme.
Pour le SRAS, c’était la civette, là, on désignait le pangolin, charmant petit
animal, exotique et informe (je veux dire qu’il ne ressemble à rien de connu,
un cochon ou une poule, ce qui l’éloigne de nous). Pourquoi pas ?
Désormais personne ne parle plus du pangolin. Ni de la mutation.
Pour qu’un virus passe de l’animal à l’homme, il n’est pas
nécessaire qu’il mute. Souvenons nous de Jenner inventant la vaccination à
partir de vaches varioliques. Le covid il a pu passer à l’homme, mais aussi à
une autre espèce animale. Un oiseau, vu la distance. Pourquoi ? Parce que
ça rassure. Et puis, c’est le temps des migrations aviaires dans le
Paléarctique. Hypothèse rejetée. Pourquoi ? Les éleveurs de canards
tremblent. Le gouvernement ne peut contrôler les palombes. Principe de
gouvernement : si je ne peux pas faire, ça n‘existe pas.
Second principe : un scientifique ne doit suivre que
les pistes balisées par les politiques. Or, Didier Raoult, scientifique et
médecin, sait qu’un résultat scientifique est reproductible. L’efficacité des
mesures gouvernementales est donc douteuse. Le médecin prend alors le pas sur
le chercheur : il faut soigner et guérir. Si on ne sait pas pourquoi,
on a le temps de chercher. Ça
devrait plaire, c’est contraire aux enseignements de Marx qui veut faire passer
la théorie avant la pratique et c’est du pragmatisme quasi néo-libéral. Même
pas.
Face à un sujet dont ils ignorent tout, politiques et
journalistes ont un même réflexe : ils balancent du chiffre qui est devenu
le symbole de la pensée scientifique. Trois patients ici, un mort là, ça c’est
de l’info coco. Que les chiffres soient insignifiants et impertinents importe
peu. Ils sont un signe vide mais quasi-religieux. Ils font coup double :
habillant un discours scientifique, ils rendent scientifique tout discours
chiffré, notamment l’économique.
Refusant cette discursivité imbécile, Raoult est inaudible.
Comme était inaudible Galilée. Macron n’est pas le pape et ne peut se cacher
derrière son infaillibilité. Mais c’est toujours le même fonctionnement qu’on
moque avant de le reproduire. Les curés médiévaux relayaient la papale parole,
les curés médiatiques relaient les mots élyséens.
Ceci étant, on n’a pas fini de rigoler. Il n’y a pas de
chloroquine en France. « Rupture chez le fournisseur » me dit mon
pharmacien. Si Raoult a raison (ce que je pense), la pénurie ne manquera pas
d’alimenter la panique. Et les complots. Surtout si la chloroquine est
fabriquée en Chine, ce que j’ignore. Dans tous le cas de figure, le pouvoir est
perdant….Il n’aura pas cru Didier Raoult et il ne sera pas capable de soigner
le peuple.
Vu le prix de la chloroquine, il sera facile de parler de « président
des riches ». Véran, il a intérêt
à bosser ses éléments de langage
On en reparlera
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