jeudi 27 février 2020

RAOULT ET JENNER

Marrant. En 24 heures, Didier Raoult a disparu des médias. Le mec, il est spécialiste des maladies émergentes, il  a un CV long comme le bras et des résultats scientifiques incontestables, il annonce de bonnes nouvelles (coronavirus, fin de partie) et personne n’en parle. On doit s’interroger.

Comme souvent, comme toujours, la réponse est épistémologique. Raoult est inaudible car il utilise des arguments qui vont à l’encontre des modes de pensée de l’oligarchie où politiques et journalistes ont le même fonctionnement intellectuel, la même manière de penser le problème et les solutions. Amusons nous un peu.

Premier point : une épidémie est un phénomène analysable, avec un début et une fin. Tout le monde peut comprendre ça. D’ailleurs on cherche le « patient zéro ». Le patient n° 1, on le connaît, c’est le premier diagnostiqué. Le n° 0, c’est l’inconnu qui a contaminé le n° 1. Le point de départ supposé. Tout ceci paraît logique. Renvoyons donc les journalistes au départ chinois de la pandémie. On s’accordait à attribuer la maladie à un virus d’origine animale  ayant muté pour s’adapter à l’homme. Pour le SRAS, c’était la civette, là, on désignait le pangolin, charmant petit animal, exotique et informe (je veux dire qu’il ne ressemble à rien de connu, un cochon ou une poule, ce qui l’éloigne de nous). Pourquoi pas ? Désormais personne ne parle plus du pangolin. Ni de la mutation.

Pour qu’un virus passe de l’animal à l’homme, il n’est pas nécessaire qu’il mute. Souvenons nous de Jenner inventant la vaccination à partir de vaches varioliques. Le covid il a pu passer à l’homme, mais aussi à une autre espèce animale. Un oiseau, vu la distance. Pourquoi ? Parce que ça rassure. Et puis, c’est le temps des migrations aviaires dans le Paléarctique. Hypothèse rejetée. Pourquoi ? Les éleveurs de canards tremblent. Le gouvernement ne peut contrôler les palombes. Principe de gouvernement : si je ne peux pas faire, ça n‘existe pas.

Second principe : un scientifique ne doit suivre que les pistes balisées par les politiques. Or, Didier Raoult, scientifique et médecin, sait qu’un résultat scientifique est reproductible. L’efficacité des mesures gouvernementales est donc douteuse. Le médecin prend alors le pas sur le chercheur : il faut soigner et guérir. Si on ne sait pas pourquoi, on  a le temps de chercher. Ça devrait plaire, c’est contraire aux enseignements de Marx qui veut faire passer la théorie avant la pratique et c’est du pragmatisme quasi néo-libéral. Même pas.

Face à un sujet dont ils ignorent tout, politiques et journalistes ont un même réflexe : ils balancent du chiffre qui est devenu le symbole de la pensée scientifique. Trois patients ici, un mort là, ça c’est de l’info coco. Que les chiffres soient insignifiants et impertinents importe peu. Ils sont un signe vide mais quasi-religieux. Ils font coup double : habillant un discours scientifique, ils rendent scientifique tout discours chiffré, notamment l’économique.

Refusant cette discursivité imbécile, Raoult est inaudible. Comme était inaudible Galilée. Macron n’est pas le pape et ne peut se cacher derrière son infaillibilité. Mais c’est toujours le même fonctionnement qu’on moque avant de le reproduire. Les curés médiévaux relayaient la papale parole, les curés médiatiques relaient les mots élyséens.

Ceci étant, on n’a pas fini de rigoler. Il n’y a pas de chloroquine en France. « Rupture chez le fournisseur » me dit mon pharmacien. Si Raoult a raison (ce que je pense), la pénurie ne manquera pas d’alimenter la panique. Et les complots. Surtout si la chloroquine est fabriquée en Chine, ce que j’ignore. Dans tous le cas de figure, le pouvoir est perdant….Il n’aura pas cru Didier Raoult et il ne sera pas capable de soigner le peuple.

Vu le prix de la chloroquine, il sera facile de parler de « président des riches ». Véran,  il a intérêt à bosser ses éléments de langage


On en reparlera

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