Ce matin, séisme chez BFM.. Interview de Didier Raoult,
cador médical (il dirige une unité de l’INSERM) qui affirme, sur la base de
publications chinoises, que la chloroquine est efficace contre le Covid-19.
Didier Raoult, je vous en ai déjà parlé en 2011, à propos
des produits lactés qui détruisent nos gosses. Sa spécialité, c’est les
maladies émergentes ce qui l’amène à travailler sur les nouveaux virus et
bactéries.
Problème : quand c’est nouveau, y’a pas d’histoire, pas
de cohorte statistique, aucun parachute mathématique pour « étayer »
les résultats. Le chercheur est face au problème et s’en occupe avec ses
neurones. Normalement, ça doit suffire. Il y a deux mois, je me frittais avec
une neurologue simplette à qui j’expliquais que le grand Broca avait découvert
l’aire qui porte son nom avec un seul patient et non avec une cohorte, en
concluant « vous remplacez la médecine du talent par la médecine du
chiffre ». Elle ne m’a jamais reconvoqué pour le suivi obligatoire. La médecine
de la prestance remplace la médecine de l’urgence.
Didier Raoult se bat contre cette médecine du chiffre qui
autorise toutes les manipulations. Il demande aux pouvoirs publics de s’occuper
de l’accidentologie des cyclistes, plus mortelle que bien des maladies
orphelines. Cela ne signifie pas qu’il néglige les maladies orphelines, au
contraire. Il demande simplement aux politiques d’être cohérents : si seul
compte le chiffre, travaillons d’abord sur le chiffre.
En France, il a mauvaise réputation : on l’affirme
climatosceptique et il ne croit pas au bifidus. C’est un cumulard qui doute à
la fois de Greta et de Danone !! Personne ne voit qu’il met le doigt sur
le vrai problème : Greta et Danone utilisent le même mode de pensée basé
sur la doxa. Et que, forcément, ça ne marche pas. Ni dans un cas, ni dans
l’autre. Le professeur Raoult est le seul successeur intellectuel de Barthes,
car il est seul à lutter contre les mythes. Sa place est autant au Collège de
France qu’à l’INSERM.
Je ne lui ferai pas l’injure de citer sa fiche Wikipedia qui
affirme qu’il est l’un des scientifiques français les plus influents et les
plus cités dans le monde : la base en est purement statistique !!
Je l’ai écouté ce matin. Il a d’abord expliqué qu’il se
basait sur des travaux de collègues chinois qu’il considérait comme aussi
valables que les savants occidentaux, et aussi accessibles grâce à Google
Translation. Le pavé éclabousse : les scientifiques chinois sont à notre
niveau. Et publier en anglais n’est pas obligatoire. Vous le saviez, chers
lecteurs, je l’avais déjà écrit. Me voilà conforté, ça me rassure.
Second point : une molécule mise au point dans les
années 1930-40 peut se révéler aussi efficace ou, à tout le moins, suffisante
en période d’urgence Où va t’on si la nouveauté n’est pas prioritaire ?
Je suspecte l’embrouille capitaliste. Voilà des années que
la chloroquine (nivaquine ou savaquine) est accusée de tous les pêchés du monde
en raison de ses effets secondaires. Pas eu le temps de vérifier mais, en
général, quand ce genre d’argument surgit, c’est que le brevet va tomber dans
le domaine public ou, à tout le moins, qu’il ne génère plus de marges. Je peux
imaginer que la Chine à qui nous sous-traitons la production d’un bon paquet de
médicaments ait privilégié la recherche sur des molécules faciles à produire et
pas trop chères : il y a un milliard et demi d’habitants à protéger.
Gardons l’essentiel du discours de Raoult : le chiffre
n’est pas prédictif. Personne n’en parlera, personne ne décryptera. Le chiffre,
la poursuite de la courbe, est l’instrument prédictif favori des politiques et
des imbéciles. Les mêmes qui se gargarisent « d’effet pervers » quand
Boudon, inventant l’effet pervers expliquait que les phénomènes sociaux
n’étaient pas réductibles aux chiffres. Mais la médecine est différente !!
Non. La médecine, comme la sociologie traite de l’humain.
On n’a pas fini d’en reparler….
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