dimanche 28 août 2016

LILIANE ET LES NICHONS

Il y a quarante ans, Le Gendarme de Saint Tropez faisait un carton en narrant la chasse aux seins nus par les gendarmes. Aujourd’hui, les mêmes gendarmes s’obsèdent sur les seins couverts. Deux bornes temporelles comme marqueurs d’un changement social qui demande analyse.

Les seins nus étaient alors la première étape de la libération de la femme du pouvoir « phallocrate » (terme inventé par les lumpenlacaniennes de Psy et Po pour définir le pouvoir bénéficiant aux hommes) On trouvait dans l’aile marchante de ces combattantes, beaucoup d’intellectuelles comme Hélène Cixous ou Luce Irigoyen, quelques pseudo-intellectuelles groupées autour d’Antoinette Fouque, les passionarias de Psy et Po déjà nommées et l’habituelle piétaille des sous-bibliothécaires désséchées, des enseignantes racornies et des libraires sous-vitaminées auxquelles souvent le saphisme tenait lieu d’analyse politique.

Ce discours était un copié-collé de l’analyse marxiste où le godemichet remplaçait Das Kapital et acquit bien vite le statut de discours dominant car il ne vint à l’idée de personne que le capitalisme n’avait pas de sexe comme le prouvait déjà le statut de Madame Bettencourt. Dès lors, la cause des femmes remplaça la cause des peuples et la libération de la femme tenait lieu de lutte des classes.

En quarante ans, de lois en décrets, la société s’est féminisée, parifiée, les seins nus ne sont plus un combat valide et les anciennes actrices du porno ont désormais le statut d’intervenantes culturelles, personne n’imaginant que s’appeler Lahaie est un simple appel à se faire sauter. Et on s’excite sur le burkini.

Les sociétés ont une obligation de résultats. La « phallocratie » avait bâtie l’industrie française, mis sur pied un système scolaire performant, conquis un immense empire colonial et assuré un réel développement économique du pays. Le bilan de 40 ans d’anti-phallocratie, ce n’est pas que  le burkini, c’est surtout 10% de chômeurs, des enfants illettrés à l’entrée en sixième, des médias stupides et une société plongée dans le gnangnan de la télé-réalité. Comme souvent, on s’est trompé d’adversaires et on protège Liliane Bettencourt, femme plus que capitaliste ou Elizabeth Badinter, femme plutôt qu’adversaire politique. Bref, nous avons plongé dans la vaginocratie.

Bien entendu, le capitalisme s’est marré. La féminisation offrait de nouveaux marchés ou élargissait les marchés existants tandis que l’essentiel n’était pas mis en cause. Les femmes acceptaient les salaires indécents dont elles avaient besoin et les conditions de travail qu’elles n’étaient pas en mesure de refuser. Déjà, dans Germinal, les femmes rejetaient la grève….

Le burkini est dans la droite ligne : on parle plus des femmes que de l’islam. Elles sont mal les femmes musulmanes, vu qu’il est interdit de « stigmatiser » leurs mecs. Le féminisme baisse le voile, ce n’est plus qu’un moyen de cession et non un moyen de pression, une manière d’évacuer la guerre. Dans le droit fil d’une partie de la pensée féministe qui voit les femmes du côté de la vie qu’elles donnent. Peut être, mais dans l’éternelle lutte, c’est toujours la mort qui gagne. Choisis ton camp, camarade.

Ceci est juste une graine de réflexion. Il est des moments où un bilan est utile. Qui le fera ?

En attendant, vous pouvez lire Chloé Delaume dont le dernier livre Les Sorcières de la République montre la prise d pouvoir des femmes et les catastrophes qui s’ensuivent. Du moins si j’ai bien compris, vu que l’écriture en est féminine et expérimentale et donc inaccessible à un vieux phallocrate comme moi.

On en reparlera…