lundi 28 août 2017

PAS FRANCS DU COLLIER

Il y a deux franchises : celles de francs et celle des franchisés. Peut on en déduire qu’un franchisé n’est pas franc ? Bien entendu.

Un franchisé est un imbécile. C’est un mec qui veut entreprendre mais qui en est incapable = trouver un créneau, un nom, aménager un lieu, identifier les fournisseurs, tout ça, il en est incapable. Il n’a ni le savoir, ni les neurones. C’est un gros balourd. Et donc, il va voir quelqu’un qui sait et il achète le savoir qui lui manque. Après quoi il va vanter les mérites de l’entreprise, cette entreprise qu’il a été incapable de créer. Les vrais cons osent tout.

Dans le meilleur des cas, le franchisé sait gérer. Il n’a aucun savoir sur le métier qu’il exerce, c’est inutile, le franchiseur sait pour lui.

A cela, on doit ajouter le terrible appauvrissement que les franchises imposent aux villes qu’elles envahissent+

Les franchises banalisent affreusement les centres villes et sont le fer de lance des zones commerciales qui enserrent nos cités. Les commerces de Pont-à-Mousson sont aussi ceux de Barcelonette, Guinguamp ou Mont-de-Marsan. Cet appauvrissement de l’identité est difficile à mesurer, car il s’agit d’attractivité. On peut simplement noter que les villes se banalisent dans leur offre. Tant qu’il s’agissait de vêtements, on pouvait hausser les épaules. Le mouvement s’étend à la restauration ce qui est nettement plus grave.

On a une indication dans le temps qui nous est donnée par les concessionnaires automobiles qui sont également un type de franchises. Le renforcement de leur puissance est allé de pair avec la disparition de dizaines d’ateliers de mécanique où des mécanos pouvaient entretenir un véhicule quel que soit sa marque et laissaient au consommateur une liberté de choix qui n’existe plus. La banalisation s’acoompagne d’un affaiblissement quantitatif et d’une perte de savoirs.

Mais ce qui est plus grave, c’est le détournement des flux. Dans le commerce, chacun le sait, la marge produit la richesse et le chiffre d’affaires n’a que peu d’intérêt. Englués dans des pratiques commerciales agressives, les franchisés sont encouragés à la réduction des marges qui va de pair avec une délocalisation des fournisseurs. On achète moins cher et plus loin. L’argent glané chez le consommateur local va irriguer d’autres territoires. Lorsque la table du jardin vient de Thaïlande, elle n’enrichit pas le menuisier béarnais ou provençal. Qui, de ce fait, n’aura plus les moyens de faire vivre son voisin maraîcher. Cerise sur le gâteau, une partie de ces flux sert à payer les redevances du franchiseur lequel se trouve rarement dans la rue d’à côté.

Non contents d’être incompétents, les franchisés se trouvent ainsi en position de parasites qui avancent à bas bruit, imposant les pratiques et fonctionnements délétères de la grande distribution. Lorsqu’on regarde les enseignes participant à un salon de la franchise (plus de 250) on s’aperçoit, non sans effroi, qu’aucun secteur n’est épargné. La franchise est venue renforcer le mouvement des succursalistes et des concessionnaires, le mouvement de destruction de l’entreprenariat individuel. Le quantitatif commande à nos vies et nous fait surfer sur la bosse de la courbe de Gauss.

J’avais, en son temps, été approché par des gens qui voulaient reproduire le modèle de ma librairie. Je n’ai jamais donné suite. Un magasin culturel, ce n’est pas un assemblage de statistiques. Aucun des impétrants n’avait la culture et le savoir pour me permettre de dupliquer la formule (pardon, on dit le concept). J’ai surement loupé une occasion de gagner de l’argent.

Mais pour ça, j’aurais du éduquer des cons. Et c’est épuisant.


On en reparlera….

samedi 19 août 2017

BOMBARDER BIARRITZ

Je me suis promené dans Biarritz aujourd’hui. Et j’ai retrouvé, face au Musée de la Mer, la plaque qui commémore le bombardement de mars 1944. Il va de soi que ça m’a fait penser.

Pas à cause des 117 morts. Non. A cause de la manière.

L’objectif était de rendre l’aéroport inutilisable. Pour ce faire, il y avait deux manières, l’américaine et l’intelligente. Comme toujours.

L’intelligente eut consisté à envoyer quelques avions dont certains auraient bombardé l’objectif avec des frappes qu’on qualifie aujourd’hui de chirurgicales. C’était possible, la RAF avait avions et pilotes pour ça. Les Allemands faisaient ainsi avec leurs Stukas. Sans parler des Japonais

Les Américains ont choisi la manière américaine…. Une escadrille de B 24 qui ont lâché un tapis de bombes dès la côte en vue au Port Vieux. Pas très efficace de surcroît. Les bombes tombées près du Rocher de la Vierge n’ont pas fait de mal à l’aéroport. Couper la jambe pour guérir le genou.

Je ne rigole pas. On peut toujours prendre un problème de deux manières, même si je pense qu’une seule est intéressante.

Quand on se trouve face à un corpus, la meilleure manière de faire est de chercher les signes pertinents, ceux qui vont conduire à la solution. Ils sont le plus souvent rares, cachés. Ils demandent savoir, intelligence. Pour un médecin, c’est distinguer dans une cohorte de plusieurs milliers, les deux ou trois cas sur lesquels se concentrer. Mais c’est aussi le cas pour un assureur : trouver dans quelques milliers de sinistres, ceux qui parlent.

Bien entendu, les gens capables de ça sont rares. Comme le pilote capable de détruire un pont au milieu des obus de DCA. Comme le généticien qui va s’attaquer à une allèle signifiante. Et donc, comme ils sont rares, on les remplace par des troupes de brèles, statisticiens ou actuaires,  chargés de baliser le terrain. Un bel exemple fut le séquençage de l’ADN au tournant des années 2000. Le gouvernement américain avait mis sur le sujet des dizaines d’équipes avec quelques millions de dollars et un objectif à 5 ans. Un an plus tard, un homme, Axel Kahn, avec son équipe du Généthon, avait terminé. La science américaine était ridiculisée. L’histoire est connue de tous et pourtant, personne n’y pense.

Comme les gens intelligents sont rares, au lieu de les chercher, on cherche à les remplacer. C’est le bombardement de Biarritz que je pense très caractéristique d’une vision épistémologique qui consiste à analyser beaucoup pour penser peu. C’est la pensée Google : si tu as 3 millions de followers, tu as raison. Si tu vends beaucoup, ton produit est bon…

Celui qui est mal, c’est Galilée…

On en reparlera…



mercredi 16 août 2017

TOURISTES, NATURE ET CULTURE

Bayonne, Porte d’Espgne. Ils sont six, c’est une petite rondouillarde qui parle :

« Ouah, c’est juste trop beau… On va faire une vidéo, on part de là, on suit là… »

Je peux pas m’empêcher :

« Vous laisserez une pièce pour le décorateur ? »

Etonnement, stupéfaction. Le décorateur ? Quel décorateur ? Ben le mec ou les mecs qui entretiennent le décor, qui le nettoient, qui mettent des fleurs dans les vasques. En général, on dit le contribuable. Les gamins, ils me comprennent pas bien. Je suis obligé de faire le vieux con pédagogue. De leur dire que depuis que ça a été construit, il a bien fallu entretenir, reconstruire des fois, réparer, repeindre les volets, entretenir les plantations, bref, dépenser des sous pour le décor de leur vidéo dont ils seront si fiers sur Fesse de Bouc. Ben oui, mais ça vous rapporte. A moi ? Non, ça me coûte. Comme à mon père, à mon grand père, à tous mes aïeux (17 générations dans la même ville, ça fait des sous en euro constants). Les mômes, ils sont dans un camping sur la côte landaise, ils fastfoudent non loin de la guitoune, ils trouvent que le Pays basque c’est pas cher. Ben, quand tu payes pas, c’est jamais cher. Bon, on est chez les rats..On connaît.

Par contre (non, en revanche, juste pour Cécile), ce qui me troue le cul, c’est qu’ils puissent imaginer qu’une ville historique ne coûtait rien. Ben oui, c’est construit, c’est construit…Comme une forêt. Ben non, dans une forêt, y’a des gens qui travaillent, qui coupent des arbres, qui en replantent, qui nettoient. Une forêt aussi ça coûte. Et même un champ. Des que des hommes travaillent, ça coûte. Pour que tu puisses faire ta belle photo qui te vaudra l’admiration des amateurs de cartes postales, de l’argent est dépensé et c’est même pas par toi. Tu prends. Qu’est ce que donnes en échange ? Et surtout en équivalence ? Nous, on te donne de l’histoire, de la beauté, du savoir. Toi, tu crois que le fric suffit. Je repense à ce brave Café qui avait viré un mec de son bistro en lui disant : « Tu m’as acheté un verre, tu l’as eu. Tu n’as pas acheté mon amitié, mon attention, mon goût pour Pradera. Alors, ton verre, je te l’offre et tu dégages ».

A force de faire du fric l’étalon des relations humaines, on en est là. Tout ce qui fait la réalité d’un paysage, les générations qui se sont suivies, les gens qui ont cherché à mieux faire, tout ça est gommé. Le voyageur est devenu touriste, c’est à dire consommateur d’émotions, pas de savoir. Avec un consumérisme arrogant, où on rogne sur tout, sauf sur les stéréotypes. On explique à l’indigène ce qu’il doit penser et savoir de son pays, mais on refuse de payer ce qu’offre ce pays.

Trente ans que je suis dans le tourisme. Mon premier Guide Bleu, je l’ai écrit en 1981. Aujourd’hui, on fait confiance au Petit Futé. Et parfois, à pire. Le niveau moyen de l’information touristique, c’est un catalogue de tour operator. Pas qu’ils soient tous mauvais. Mais aucun n’est bon, aucun ne met en avant ces deux mamelles de l’écriture touristique : la géographie et l’histoire. Là, ça commence à coincer. L’indigène se rebiffe. Quand l’allochtone permettait à son village de vivre, de préserver des maisons, de maintenir des emplois, l’indigène acceptait  les nuisances. C’est fini. Le touriste fréquente les épiceries qu’il connaît, les magasins qu’il a chez lui. La vague des nuisances engloutit la plage des bénéfices.

Pire encore, on transforme les lieux touristiques en berceaux de domestiques. On ne forme plus pour créer ou pour inventer, on forme pour servir. Servir est une activité noble quand le servi ennoblit son serviteur. Mais quel ennoblissement attendre de la plupart des servis ? Ils ne trouveront jamais Vatel chez McDonald


On en reparlera….

jeudi 10 août 2017

LE TERRIER DES RATS

Internet est un trou à rats… Tous les rats, les radins, les matois, les sans-classe s’y retrouvent, s’y pressent, s’y reproduisent.

Neuf messages sur dix sont là pour expliquer que le scripteur est plus malin car il a trouvé…moins cher !! Personne, jamais, n’analyse l’offre, le produit, le service. Le rat ne parle que de fric. De fric économisé et aucun n’imagine renoncer à sa dépense qui lui ferait gagner bien plus encore. Les rats se ruent vers Hubert, Couillaque, Bouquingue ou Rbiyandbi. Ils hurlent pour les 5 euro d’APL sucrés par Macron sans dire que  s’’ils favorisent ceux qui s’échappent fiscalement, y‘a plus de fric pour payer le social. En plus, ils donnent des leçons : la France croule sous les charges qui pénalisent les créateurs.. Mais les créateurs bénéficient de la sécurité sociale et peuvent soigner leurs insignifiantes maladies ou les bobos psychologiques de leurs gosses (bobos dont ils sont généralement responsables). Mais voilà : un bon créateur ne veut pas payer les charges qui l’aident à se soigner.

On en a déjà parlé. Je ne donne pas les liens hypertextes…. Cherchez et vous trouverez, feignasses !

Internet, c’est les 4 par 3 des centres commerciaux, ces trucs qui ne parlent que d’une chose : le prix. Le prix, le degré zéro de la communication commerciale. Degré zéro utilisé par les cancres de la commercialisation. Quand j’étais libraire et que je formais des jeunes gens, je leur expliquais doctement (non, j’étais virulent, mais c’est moins joli dans la phrase) que les Pléiades étaient les livres les moins chers. Naturellement, les jeunes cons réagissaient. Il me fallait donc leur expliquer que ce qu’on doit dépenser pour la Comédie Humaine en poche est bien supérieur au prix en Pléiade qui offre de surcroit un texte vérifié, un appareil critique, une reliure qui passe le temps et une typographie impeccable. Après, j’étais moins gentil.

Un Pléiade, c’est le prix le moins cher à la page de l’édition française. Tous ces jeunes cons vérifiaient le prix au kilo de leurs saucisses, mais n’avaient pas l’idée de faire la même chose pour Balzac ou Zola. Ajoutons qu’on n’achète pas Zola pour le lire une fois, dans un train de banlieue et que, reporté à plusieurs lectures, le prix à la page devenait epsilonique dans la mesure où la durée de vie d’un poche ne dépasse pas ce que vivent les roses.

Je sais gré à la jeune fille qui me dit un jour : « Oui, mais ça fait vieillot ». Ben voilà, ça devait être dit. On parle de prix mais le prix n’est pas l’essentiel.

J’y ai repensé récemment, dans un bouge loué par Bouquinge. Il me fallait un hôtel près du lieu d’une soirée entre copains. Plus près, selon Bouquinge, pas possible. Moi, je pensais que je sortirai calciné comme un cierge lourdais, j’ai pris. Sauf que ma piaule était au quatrième sans ascenseur. Un escalier qu’avec trois grammes, tu peux même pas le regarder. Bon, j’ai assuré. En fait, le client du site, c’était pas moi.. c’était l’hotelier vu que c’était lui qui payait la commission.

Après quoi, on m’a demandé mon avis. J’ai répondu n’importe quoi. J’ai donné mon avis sur des centaines d’hôtels mais j’étais payé pour ça. J’avais un boss et une équipe pour me contrôler, contrôler mes avis et mes infos. Alors, Bouquinge qui me demande mon avis gratos, ça me fait rire. En plus, ils veulent mes photos. Gratos. Ils se touchent ou quoi ? Je vais leur donner des dizaines d’heures de vérifications d’hôtels pour rien ? Après tout, j’ai été baisé, que d’autres le soient aussi, ça me plait. On est dans une tribu, non ?

Sur moi, Bouquinge m’a rien demandé. Je suis un acheteur comme les autres. La com’, connard de Bouquinge, ça commence par définir le lieu de parole de celui qui parle. Tu t’en fous. Et bien, moi, je me fous de toi. Au bout du bout, tu finiras par tout niveler. Pas grave, statistiquement, tu trouveras une justification.

Nous sommes tous égaux dans la critique disent les sites Internet. Pour Tripadvisor que tu ais fait une école hôtelière, ne te donne aucun avantage. Aucune compétence. Youpi ! Nous sommes tous pareils. Egalité parfaite. Ressenti parfait. Millau vient de mourir. Reste plus que Gloaguen, mais lui, il s’accroche. J’aime bien, il est lié à ma jeunesse. Mais il ne sait plus que je l’aime bien.

Au fait…Et s’il était le père des rats ?

On en reparlera….



mercredi 9 août 2017

LE TOURISME ET LES FLUX

A nouveau le même débat : le tourisme est-il ou non une richesse pour une ville ? L’argument est toujours le même : un touriste dépense en moyenne 100 euro/jour. On me donne en exemple une ville qui reçoit 30 000 touristes/jour en me disant que ça fait  3 milllions d’euro par jour. Bien entendu, c’est totalement faux. Ce sont juste des chiffres pipeautés élaborés par des économistes au rabais, le plus souvent avec une visée politique.

Ce qu’un touriste dépense par jour englobe tout, mais ça n’a aucun intérêt.. Ce qui compte ce sont les marges. Ce sont les marges qui restent dans la ville. Exemple simple : un plein d’essence peut coûter 100 euro. La station locale va gagner 10 euro, le reste repartira chez Total ou Esso.

Personne ne peut discriminer LE LIEU de la dépense. Si le touriste visite Biarritz en vivant dans un camping à Bidart, nous ne disposons d’aucune statistique fiable mais il est clair qu’il n’aura pas dépensé son budget dans la ville qu’il visite. Il est tout aussi clair qu’il utilisera les infrastructures (les investissements) prévues pour ceux qui y dorment (parkings par exemple). Le touriste est volontiers parasite.

Ajoutons que l’important, dans ce qui reste, c’est la destination finale de l’argent. Les dépenses sont des flux. L’hôtelier qui reçoit 100 euro va en dépenser une partie dans sa ville. L’autre partie (la commission de Booking, par exemple) file ailleurs. Comme filent ailleurs les redevances des franchisés, les bénéfices des supermarchés ou l’achat de l’essence.  Et donc, même la marge est un paramètre flou puisqu’une partie de la marge sort des rentrées locales. En clair, la ville concernée est loin de bénéficier des dépenses engagées par le visiteur.

Du moins, pensera l’économiste simplificateur, cela crée des emplois…Oui. Le plus souvent occupés par des banlieusards, fiscalisés ailleurs. Car chaque ville a sa banlieue où vivent ceux qui n’ont pas les moyens de vivre dan le centre d’un phare touristique. Ce sont aussi ceux qui vont engraisser les bénéfices des supermarchés et des stations service.

Je ne connais aucun exemple d’une telle analyse…Personne ne l’a faite car elle n’aurait pas de portée générale alors que statisticiens et économistes ne rêvent que de modèles applicables à Bayonne comme à Uzès. Mais c’est pas comme ça que ça marche.. Par contre, si on commence une telle analyse sur un territoire précis, on ne tarde pas à s’apercevoir que le tourisme ne rapporte pas tant que ça. Sauf à l’Etat dont la redistribution pourrait être revue.

Travailler sur des moyennes est de la dernière stupidité. J’ai le souvenir de la phrase du grand maire d’une grande ville touristique qui m’avait dit : « Faire une place de parking me coûte le même prix que l’on y gare une Clio ou une Mercédès. Mes électeurs préfèrent y voir des Mercédès ». C’est rudement dit, mais ça recouvre une réalité qu’on peut contester politiquement, pas économiquement. Accepter des franchises bas de gamme dans un centre ville n’y fera pas venir les clients dépensiers. Au contraire, ça revient à installer des répulsifs.

On a ce problème en ce moment à Bayonne avec les Fêtes. Nous dépensons près de 3 millions d’euro pour permettre à des dizaines de milliers de visiteurs de venir faire la fête. Pour quel bénéfice ? Il y eut un temps un bénéfice d’image. Je le sens en voie de disparition. Quand on accepte d’un cœur léger une société à deux vitesses, on accepte du même coup que le mélange ne se fasse pas.

Tout ceci pose la question de ce qu’on vend…Car le tourisme, c’est de la vente… Si tu vends de la plage, tu te positionnes face à la Croatie ou à l’Ile Maurice..Si tu vends de la cathédrale gothique, y’a moins de concurrents.. Moins de clients aussi, mais ils fonctionnent différemment…Et ils n’ont pas la même carte de crédit dans le larfeuille. Chacun fait son choix. Pour faire simple, tu es dans le camp de Carrouf ou dans le camp de Vuitton. Je sais, c’est pas bien. Faut pas être élitiste…mais quand je regarde et que je vois que tous mes copains connaissent autant La Roque d’Antheron que Bayonne, je me pose des questions.

C’est ça, mon problème…Je me pose des question alors que tout le monde a des réponses.


On en reparlera…

jeudi 3 août 2017

LA SANCTION

Je l’aime bien. Je la connais depuis longtemps. Cursus brillant, études internationales, mondialisation acceptée voire revendiquée… Et l’informatique comme phare…Bref, tout ce que je ne suis pas. C’est pour ça que j’aime parler avec elle. Elle me sert de profondimètre, de mesure pour mes lacunes.

Ce soir, ça roulait sur la responsabilité, étymologiquement, la capacité à répondre de ses actes. Ma jeune cadre est une farouche partisane de la responsabilité, surtout en cas de succès. Face à l’échec, elle est, comment dire, plus réservée…

Le sujet du jour, c’est encore la SNCF. On en  déjà parlé. Ma jeune amie me dit, méprisante, que je ne me rends pas compte de la complexité de la tâche. Parfaitement exact. En revanche, les mecs chargés de cette tâche, la complexité, ils la connaissent. Ils ont été engagés pour ça. Le plus souvent, ils ont postulé. Quand tu postules, c’est que tu te juges capable d’assumer. Ils ont négocié leur salaire comme une preuve de leur capacité. Là, ils se sont plantés.

« Ouais, mais il y a des aléas » rétorque la minette. Ben oui. Y’a toujours des aléas. Tu commandes un bateau, paf ! tu te prends la tempête du siècle. Le chef, c’est celui qui maîtrise les aléas. Sinon, c’est pas un chef…Des fois, c’est con, un aléa. Je me souviens d’un camion renversé après avoir quitté l’imprimerie chargé des couvertures d’un hebdo célèbre. Le responsable de fab s’est tapé un infarc sur le coup. Une semaine de ventes loupées, plus les indemnités aux annonceurs, c’est du lourd dans le budget. C’est vrai que le mec, il pouvait pas prévoir la plaque de verglas. Mais il pouvait prévoir deux camions pour limiter le risque.

Le vrai problème n’est pas là et les citoyens le savent. Qu’un manager soit surpayé, tout le monde peut le comprendre, surtout si le succès est au rendez-vous. Mais en cas d’échec ? Quelle est la sanction ? Ben, en général, on tapote la tête du planté et on le recase dans un autre poste.

A vrai dire, les cadres de la SNCF, je m’en tape. Celui qui m’intéresse, c’est Guilaume Pepy. Lui, depuis 1988, il cumule et accumule les postes de responsabilité. Trente ans ! Trente ans durant lesquels, les trains arrivent de moins en moins à l’heure. Trente ans à choisir ses collaborateurs. Trente ans à voir bouger les choses. Lui, il peut pas dire qu’il a des trucs à découvrir. Il a participé à tous les choix, il  a pris toutes les décisions. Et après trente ans, il se découvre dépassé par le merdier de dimanche dernier. Nous prendrait ils pour des cons ?

Depuis trente ans, ce mec a postulé, intrigué, manipulé pour arriver au sommet. Sa carrière montre ses choix. La vraie question est : que risque t’il ? Quand il réorganise, modifie, choisi,  que risque t’il ? La réponse est : RIEN.

Eventuellement, perdre ses 400 000 euro de salaire, mais ça ne fera pleurer personne. Personne n’a discuté de son salaire en cas de succès, personne n’a imaginé l’échec.

Et donc, Monsieur Pépy peut faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut. Qu’on le veuille ou non, ce mec est un irresponsable car il est inaccessible à la sanction. Les citoyens le savent, surtout les cheminots.

La responsabilité, c’est ça : des bons points quand tu gagnes, le martinet si tu perds. Nous voyons bien que certains sont abonnés aux bons points et nous aimerions voir leurs fesses rougir sous la morsure du martinet. Mais non, impossible…On appelle ça un fonctionnement oligarchique.

Moi, y’a qu’un truc qui m’emmerde vraiment.. Pepy appartient à la promotion Louise Michel de l’ENA. On peut imaginer ce que la bonne Louise aurait écrit sur lui.


On en reparlera…

mardi 1 août 2017

COLETTE ET LE DROIT DU MACAQUE

On touche le fond…


Reprenons. Un photographe animalier bosse sur une population de macaques indonésiens. Il les accoutume, leur file ses appareils et l’un des macaques fait un autoportrait dont les réseaux sociaux s’emparent. C’est vrai que c’est une photo sympa. Là, où c’est moins sympa, c’est quand la photo est pillée et publiée et que le mec touche pas une thune au motif qu’il n’est pas l’auteur de la photo. Celui qui a appuyé sur le bouton, c’est le singe et donc l’auteur, c’est le singe. C’est lui qu’on doit payer….

Déjà, là, on est en plein délire. Le photographe est quand même celui qui a rendu la photo possible. Filer un droit d’auteur qui est un droit de propriété intellectuelle, c’est à dire un droit patrimonial à un macaque, faut oser. Ils ont osé…..Et ils ont gagné…..

Et donc, moi, je me tourne vers ma copine Colette. Colette, tu es juriste. Tu es tellement juriste que tu es intervenue pour faire voter une loi qui accorde aux macaques un droit à la sensibilité. Est ce que tu t’es rendue compte que tu ouvrais une porte ? Parce que ton droit à la sensibilité, il va pas tarder à devenir un droit à la créativité. Voire un droit à l’image. Qu’on pourra conduire dans les prétoires un photographe taurin dont les images auront choqué la sensibilité d’un Miura, de surcroit privé du droit sur son image ?

Je déconne ? Non. Le macaque ci-dessus, il a trouvé des défenseurs. De vrais, beaux, purs défenseurs. Qui vont en justice pour défendre ses droits. Et qui, affirmant qu’ils le représentent, demandent à toucher ses droits. Beaux et purs jusqu’au portefeuille inclus. Le propriétaire de l’appareil et de la péloche, il a tout perdu. Une association de connards décérébrés qui n’ont jamais rien su faire l’ont dépouillé.

Alors, imaginons. Imaginons un procès intenté par des collectivistes anticorridas au nom de la sensibilité des bovins ibériques. En s’appuyant sur le précédent du macaque, ils vont réclamer des sous pour compenser une sensibilité violée. Tu vas l’avoir ta notoriété Colette. Pas exactement comme tu prévoyais… Parce que tu as cru à la sincérité des protecteurs des animaux et que tu as refusé de voir que leur fonctionnement est un fonctionnement purement marketing pour récupérer des adhérents, des cotisations, des aides, des legs, bref du fric et du poids médiatique ou des électeurs. En enlevant les animaux de la catégorie des meubles, tu as ouvert la boîte de Pandore, espérant gratter quelques voix pour assurer ta réélection. Tu es assez jeune pour contempler le résultat de ton action. A moins que tu n’aies prévu de devenir l’avocate spécialisée de la sensibilité animale, une sorte de Collard du poulet en batterie.

Voici quelques années, le droit à l’image était lié à la propriété du support. Les grandes agences fournissaient leurs photographes en pellicules. Propriétaires du support, elles étaient de facto propriétaires de l’image. C’était trop simple mais surtout l’investissement modeste ne faisait pas le poids face aux sommes payées par les médias. Les photographes se sentaient lésés et ils l’étaient. Mais ils étaient aussi mieux protégés. A vouloir se protéger juridiquement, on s’affaiblit. Nous avons accepté que tout un chacun se croit photographe, nous arrivons au bout : un macaque a droit à la propriété intellectuelle, notion pervertie et qu’il faudra bien un jour discuter. Si un macaque y a droit, un enfant de trois ans aussi. Lors du divorce, c’est papa ou maman qui va gérer les droits ?

Dans propriété intellectuelle, le syntagme important, c’est « intellectuel » qui suppose une formation, une réflexion, une préparation, une expérience. Mais c’est « propriété » qui assure le fric. Ce n’est pas nouveau. Déjà des dizaines d’éditeurs ont eu à lutter contre des ayants-droit ou des veuves abusives contrôlant une œuvre à laquelle ils n’avaient aucune part pour s’assurer des revenus.

J’ai décidé de ne plus photographier les chats de mes enfants. Ces saloperies qui chient dans le jardin, qui collent des poils partout et qui ruinent le budget en croquettes hors de prix, pourraient me demander un droit à l’image. Si pas eux, leurs ayants-droit, surtout auto-proclamés. Les fabricants de calendriers publicitaires devraient se méfier. Entre les chatons sur coussins brodés et le regard humide de bovidés au pacage, leur budget risque d’exploser. Depuis le temps qu’ils  exploitent leur sensibilité. Ou la nôtre.


On en reparlera….